Les Petits-Gris — 3 — Et s’ils étaient inventés ?

Ce troisième article traitant des Petits-Gris est moins factuel et ne traitera que de la possibilité qu’ils soient simplement issus de l’imagination des gens. J’aborderai la question des conséquences liées à leur éventuelle réalité dans un quatrième article. Mais tout d’abord, voyons si cette apparence qui aurait pu avoir été entièrement inventée possède quelque rationalité.

Il existe des facteurs très logiques qui expliquent leur aspect à la fois semblable et différent de celui des Terriens. Tout d’abord, le plus important, ils se présentent sous des traits humanoïdes. L’humain étant, selon lui, l’être le plus évolué de sa planète, préfèrera imaginer des extraterrestres ayant la capacité de lui rendre visite sous une forme semblable à la sienne. Ça prend beaucoup d’audace, une bonne dose d’imagination, mais surtout beaucoup d’humilité, caractère souvent absent chez l’espèce humaine, pour inventer des extraterrestres pacifiques, très évolués et ayant l’apparence d’un cafard géant, d’une autruche ou d’un tricératops. Les inventer avec une vague ressemblance préserve l’estime personnelle, malgré l’obligation de leur reconnaitre des compétences scientifiques et technologiques supérieures. Ainsi l’humain espère faire comme eux et arpenter les étoiles à la recherche de civilisations rendues elles aussi à l’inflexion de leur évolution.

Toutefois, il n’est pas anodin de voir les extraterrestres qu’on surnomme les Petits-Gris affublés d’une constitution fluette. S’ils dominent largement les Terriens du point de vue technologique, ces derniers les supplantent sans conteste sur le plan physique. Un certain équilibre des forces en présence s’instaure entre l’homme et sa créature. Aujourd’hui encore, l’homme physiquement puissant jouit de bonnes considérations quasi instantanément de la part de ses semblables, car juger le potentiel physique d’un simple regard est chose possible. En revanche, l’intelligence supérieure ne se découvre qu’après avoir soumis les sujets à une batterie de tests et souvent la précision des résultats est fortement discutable. Les Petits-Gris ne supplantent pas les humains sur tous les plans puisque leurs capacités physiques, le plus important critère inconsciemment utilisé, restent bien en deçà de celles des habitants de la Terre.

Toujours dans le contexte où l’homme aurait forgé de toute pièce l’existence des Petits-Gris, leur discrétion ne se discute donc pas. On ne peut pas utiliser ce critère ni pour appuyer ni pour discréditer la thèse en leur faveur. Il en va de même de leur côté pacifiste, car s’ils étaient réels et guerroyeurs, il ne resterait plus beaucoup d’humains sur Terre pour tergiverser à leur sujet.

Inventer ce type de visiteurs permet à l’humain de diminuer son angoisse provoquée par le grand questionnement existentiel sur la présence possible d’autres formes de vies évoluées dans l’Univers et par incidence, sur la banalité de sa propre existence en tant qu’espèce distincte. Avec l’accroissement des connaissances, la place de l’humain dans l’Univers n’a cessé de régresser. Un jour viendra où il aura la preuve formelle qu’elle est effectivement très ordinaire. Ainsi, il s’y prépare en se projetant dans ce futur où il côtoiera des races venues des confins de la Galaxie ou simplement au tournant de son étoile voisine. Les Petits-Gris seraient donc la représentation de ses espérances plutôt que de ses frayeurs. Au cinéma on retrouve ces deux extrêmes par l’entremise de E.T. de Steven Spielberg qui s’inscrit exactement dans l’optique des mignons gentils, alors que le film Alien de Ridley Scott varlope dans la direction totalement opposée. Entre les deux, le choix des créatures est nombreux et varié. Les Petits-Gris pourraient fort bien n’être rien d’autre que l’une d’entre elles. Ils auraient par contre bénéficié de la plus importante récupération en dehors des salles de cinéma. Voilà peut-être un bon moyen de contrôler la xénophobie galopante inhérente à notre race.

Dans la communauté ufologique, il existe un phénomène relativement bien connu que je nomme abduction. On peut considérer ce terme comme un calque de l’anglais. Je l’utiliserai tout de même, et ce malgré l’usage des mots enlèvement, rapt, kidnapping ou même ravissement. Le mot abduction possède déjà deux définitions bien différentes en français, mais je rajouterai cette troisième qui consiste à enlever des gens, les amener dans un laboratoire, communément à bord d’un vaisseau spatial, afin de leur faire subir différents tests scientifiques pour ensuite les ramener à leur point d’origine. Toute cette opération s’effectue sans violence, mais sans consentement, car les sujets disent avoir été paralysés. Un gap temporel associé à un trou de mémoire est remarqué au moment du retour.

Les personnes abductées auraient subi un lavage de cerveau afin d’effacer ces moments traumatisants de leur mémoire. Cette dernière opération semble plus ou moins bien fonctionner, puisque les gens disent souffrir de différents maux post-traumatiques. La résurgence de certains moments parviendrait à se faire sous hypnose. Certains témoignages de gens sans aucune relation entre elles concordent sur plusieurs points, dont l’apparence des ravisseurs qui est souvent associée à celle des Petits-Gris.

Si on applique le principe du rasoir d’Occam qui consiste à choisir la cause la plus simple comme étant généralement la vraie, nous devons accepter que ces abductions ne soient que de mauvais rêves effectués en état de semi-conscience au moment de s’endormir ou de se réveiller. La paralysie s’explique par un trouble du sommeil appelé parasomnie. Cette maladie est bien connue, très bien documentée, et aucun extraterrestre n’envahit les cliniques du sommeil lorsque les patients vivent une crise qui provoque les effets paralytiques décrits par les abductés.

N’en déplaise à bien des gens, ces abductions hypothétiques ne sont pas des preuves évidentes et convaincantes de l’existence des extraterrestres parmi la population, puisque des cauchemars associés à des phases de parasomnie pourraient causer les mêmes douloureuses réminiscences. Toutefois, à l’inverse, l’existence avérée de cette maladie ne peut pas totalement exclure de possibles abductions. Un détail étrange a toutefois été rapporté à plusieurs reprises par des personnes différentes. Il semblerait qu’une fois à bord de leur vaisseau, les gens auraient été confrontés à des Petits-Gris passablement plus grands que ceux décrits habituellement. Cet élément aura son importance dans le prochain article qui tentera de répondre à la question inverse: «Et si les Petits-Gris n’étaient pas inventés?»