Programmer des voyages dans le temps, le problème de l’espace

Cet article est la suite du précédent dans lequel il a été établi que les voyages temporels sont en fait des voyages spatiotemporels. Ceux-ci obligent de programmer des coordonnées de temps ainsi que d’espace pour réussir un retour à un moment et dans un lieu précis. L’autre concept est la notion de valeur de référence. La machine à voyager dans le temps doit être alimentée avec des valeurs de référence pour éviter d’envoyer son voyageur à n’importe quel endroit.

Toutefois, le temps et l’espace se comportent différemment, car le temps ne possède qu’une seule dimension et elle coule naturellement du passé vers le futur, elle est dotée d’un mouvement propre, tandis que l’espace possède trois dimensions statiques dans lesquelles on peut se mouvoir à notre guise puisqu’il n’existe pas de devant, ni d’arrière, ni de gauche, ni de droite, ni de haut, ni de bas. C’est uniquement à partir de l’établissement de façon non contraignante d’un point d’origine commun aux trois axes ainsi que notre choix des axes de longueur, de hauteur et de profondeur que les six notions de direction acquièrent un sens pratique.

En ce qui concerne le temps, une référence temporelle commune aux deux dates n’est pas nécessaire. Elle pourrait valoir n’importe quelle valeur puisque dans les équations, elle s’annule avec elle-même. Ainsi, peu importe la référence de temps choisie, le moment du Big Bang, l’apparition de la première forme de vie sur Terre, la naissance de Gengis Khan ou la perte de ma première dent, la différence entre le moment de mon départ et ma valeur de référence temporelle, puis la différence entre le moment de l’arrivée et la même valeur de référence temporelle, si je soustrais les deux chiffres obtenus de ces soustractions, j’obtiens toujours le même nombre, quelle que soit la référence temporelle utilisée, pourvu qu’elle soit la même. Cette référence s’élimine toute seule dans les équations. En fait, pour être plus précis, c’est le temps présent qui sert de temps de référence pour déterminer hors de tout doute le moment exact du passé à atteindre.

Pour ce qui concerne des coordonnées spatiales, le problème se corse puisqu’on ne peut malheureusement pas compter sur l’annulation des coordonnées de référence et c’est là le nœud du problème parce qu’il n’existe aucun point spatial pouvant être considéré comme une référence immuable pour les deux moments, celui du départ et celui d’arrivée.

Un saut instantané d’un espace-temps à un autre semble ainsi impossible, sauf dans le cas où il serait possible de capter le signal GPS pour déterminer la position géographique exacte. Toutefois, il est nécessaire de donner au GPS un repère géodésique pour compenser la dérive des continents. Il existe aussi la précession des équinoxes, un mouvement rotatoire des pôles géographiques terrestres qui peut influencer la lecture d’une position précise. Si on rajoute la nutation, une oscillation de l’axe terrestre, on obtient tout un tas de mouvements aptes à dérégler la mesure du point spatial référentiel.

Évidemment, de cette façon, il est impossible de faire un saut dans le temps plus important que depuis la mise en service du signal GPS et ça ne résout pas entièrement le problème de la dérive des continents qui déplace la localisation d’un point en surface d’une valeur comprise entre un et dix centimètres par année.

Toute erreur de position, même de quelques centimètres, déplacera le voyageur par rapport aux objets de l’enceinte dans laquelle réside la machine spatiotemporelle. Se retrouver la tête prise dans le plancher de béton de l’étage supérieur ne représente pas une solution santé. Pas plus d’ailleurs si le chanceux se retrouve au beau milieu du Pacifique, ou dans le vide intersidéral, ou au cœur du Soleil !

Une référence spatiale solide à travers le temps constitue un sérieux handicap et un défi extraordinaire à relever pour réaliser, mais surtout réussir, des sauts spatiotemporels d’envergure à l’aide d’une machine programmable.

Photo : magazineprestige.com