Astroblème de 600 km de diamètre au Québec

L’astroblème (cratère d’impact) a un diamètre deux fois plus grand que la plus grosse cicatrice météoritique terrestre visible connue à ce jour, soit l’astroblème de Vredefort en Afrique du Sud.

Le diamètre de la météorite géante à l’origine de l’astroblème de 600 km mesurait entre 50 et 70 km. En comparaison, l’astéroïde responsable de la disparition des dinosaures mesurait 10 km de diamètre.

Il nous faut des comparaisons pour bien saisir l’ampleur de l’empreinte laissée par ce caillou spatial démesuré. Le diamètre de son cratère d’impact équivaut à la distance Paris – Toulouse à vol d’oiseau ou à celle de Montréal – New York. Il a causé une cicatrice d’une superficie équivalente à celle de la moitié de la France métropolitaine ou de l’état entier du Nevada aux USA.

L’astroblème est situé au cœur du territoire québécois. Il serait vieux de 2,2 milliards d’années, si vieux que presque toutes les preuves se sont envolées, effacées par l’érosion, raison du scepticisme de la plupart des géologues. Mais voilà le problème, les méthodes utilisées normalement pour confirmer l’existence d’une cicatrice d’origine météoritique ne valent pas cher lorsqu’il est question d’une météorite de cette taille, lorsqu’il faut remonter aussi loin dans le temps sur un territoire aussi érodé que celui du Québec. 2,2 milliards d’années, c’est la moitié de l’âge de la Terre. C’est 33 fois l’âge de l’astroblème de Chicxulub au Mexique, lieu d’atterrissage de la météorite tueuse de dinosaures.

Toutefois, certains signes restent visibles à commencer par la forme de plusieurs lacs, dont le triple arc des lacs Mistassini et Albanel qui décrivent une partie d’un astroblème à anneaux multiples se formant lorsque certaines conditions sont réunies, dont les dimensions exceptionnelles de la météorite en cause. Les monts Otish au Nord et la ville de Québec au Sud délimitent l’astroblème.

Le géologue derrière cette affirmation extraordinaire est Dominique Forget. Il n’en est pas à ses premiers faits d’armes puisqu’il est à l’origine de la découverte des mines d’uranium au Québec. Il n’est pas le seul ni le premier québécois à croire en ce cratère d’impact, mais il fait certainement partie de ceux qui peuvent le prouver hors de tout doute.

Mis à part cet astroblème, le territoire québécois en compte neuf autres officiellement répertoriés. Toutefois, je me suis amusé à étudier la carte du Québec. On peut facilement apercevoir de nombreuses cicatrices circulaires qui pourraient très bien correspondre à d’autres astroblèmes. J’en ai dessiné une bonne douzaine non répertoriés. Nous oublions parfois que la croûte terrestre a été bombardée au moins aussi souvent que celle de la Lune, toutes proportions gardées. Nous n’avons qu’à regarder notre satellite naturel sur Google Moon pour voir comment cette surface est grenelée. Celle de la Terre présenterait au moins autant de cicatrices si le surfaçage permanent dont elle a été victime n’avait pas été à l’œuvre depuis ces temps immémoriaux.

À cause de l’âge exceptionnel et des dimensions importantes du territoire québécois, il est peut-être le seul endroit au monde où l’on pourra encore trouver des traces multiples de la chute de météorites. Mais pour ce faire, les mêmes géologues qui nient tous les astroblèmes terrestres sans nier pour autant ceux existant sur la Lune devraient cesser de se rebuter et commencent plutôt à chercher sérieusement les preuves dont ils ont besoin. Les signes leur parlent et ne mentent pas. Il serait temps qu’ils cessent de prétendre à leur mutisme et usent enfin d’imagination et de sueur au lieu de dénégation et de paresse.