Ce n’est pas un canular, une sorte de requin peut vivre à l’année dans certaines eaux du Québec. La première question qui nous vient en tête est de se demander comment il peut résister aux eaux frigorifiées de notre hiver. Pourtant, cette question n’est pas judicieuse. En fait, il faudrait se demander comment il fait pour supporter les eaux chaudes de nos étés, car ce super poisson ne vit que dans des eaux froides.
Son nom est le requin du Groenland ou requin des glaces ou somniosus microcephalus. Ce prédateur est plutôt discret puisqu’il n’a été découvert qu’en 1930 et photographié pour la première fois en 1995. Il est de la taille à rivaliser avec le grand requin blanc, car il peut atteindre 7,5 mètres de long. Toutefois ses habitudes de vie sont diamétralement opposées.
Le fait qu’il nage toujours dans des eaux plus froides que 12 °C, idéalement de 1 à 7 °C, en plus il affectionne les profondeurs de 200 à 400 mètres, fait de lui un poisson plutôt difficile à rencontrer. Les eaux des océans Arctique, Atlantique Nord et Pacifique Nord n’attirent que très peu d’afficionados des bikinis, mais lui s’y sent très à l’aise.
Au Québec, il patrouille à l’année dans les eaux du fjord du Saguenay, car la rivière du même nom atteint une profondeur de 300 mètres, ce qui garantit une température de l’eau et une profondeur en conformité avec ses exigences. En hiver, il peut retourner en mer en empruntant le fleuve Saint-Laurent ou l’inverse s’il remonte le courant vers le fjord du Saguenay.
Fait étrange, sa vitesse de croisière très lente, un tiers de mètre par seconde, ne semble pas le prédisposer à être un grand prédateur. Il tire pourtant très bien son épingle du jeu. Des parasites bioluminescents affecteraient ses yeux, faisant de ceux-ci des leurres particulièrement efficaces. Il profiterait également des phoques endormis et autres créatures en sommeil.
Mais sa plus grande particularité est très certainement sa longévité. On l’évalue à 400 ans, mais on croit qu’elle pourrait atteindre 500 ans et même plus. Il atteint sa maturité sexuelle dans les environs de 150 ans, une sacrée attente à regarder les adultes sans rien faire, vous ne trouvez pas ?
Tiens, le prochain ado qui enquiquine avec ses nouvelles hormones, je l’envoie chez la sorcière pour le transformer en requin des glaces. Il va enfin comprendre ce que signifie la phrase « prends ton temps » !
Photo: Radio-Canada – Sedna