Notre vie est jonchée de moments tristes ou sombres. Nous sommes appelés à traverser des déserts, des moments intercalaires épisodiques où l’existence nous fait suer de ténébreuses mers ou pleurer d’impétueux fleuves sitôt absorbés par la sécheresse existentielle du moment.
Ces situations inconfortables, indésirables, nous incitent à tracer une route directe à travers ces terres arides avec l’espérance de rapidement retrouver la luxuriance de périodes plus prospères et plus heureuses.
La pauvreté superficielle et apparente du désert nous incite fortement à trouver une issue rapide, sinon immédiate. La ligne droite étant le plus court chemin connu entre deux points, nous prenons une grande respiration et nous fonçons tête baissée dans le but de mettre rapidement derrière nous ces moments misérables.
Les caravaniers savent pourtant que le chemin le plus rapide ne s’avère jamais être la ligne droite, mais celui qui permettra de survivre en suivant la ligne des oasis. La ligne droite amènera à l’épuisement des ressources et, inévitablement, aux conséquences qui s’ensuivront.
Peu importent les difficultés petites ou grandes rencontrées au cours de notre existence, il me parait sage de progresser en louvoyant d’oasis en oasis. Avancer sans s’épuiser, se reposer régulièrement, reprendre des forces et son souffle, prendre conscience de sa progression, évaluer ses besoins pour traverser la prochaine étape avant de reprendre la route. Toutes ces actions apparemment inefficaces apportent de grands bénéfices peu faciles à évaluer et pourtant essentiels. Lorsque le corps et l’esprit profitent de moments de relâche et de calme, ils trouvent bien meilleures conseillères.
Nous sommes constamment poussés à nous surpasser, à faire mieux et plus vite, à tout exécuter plus efficacement. La tentation de couper certaines activités apparemment dispensables peut sembler judicieuse afin de rencontrer les standards imposés ou satisfaire à nos propres attentes. Cependant, notre bilan à long terme souffrira inévitablement des petits et gros abus commis contre notre personne.
Résister à la pression sociale de performance exige une bonne dose de confiance en soi. Cette pression nous pousse également à en exiger trop des autres personnes gravitant dans notre entourage, nos parents, nos enfants, notre conjoint, des employés sous notre responsabilité, nos amis et même de simples connaissances avec lesquelles nous interagissons.
Les oasis, même si elles rallongent notre parcours de vie et ne permettent pas de maximiser nos bénéfices, parviennent par contre à les optimiser. Vivre plus heureux et moins stressés en se contentant d’un peu moins vaut amplement une vie où l’on se sera toujours foutu de notre bien-être quotidien. Nous devons cesser d’associer l’oasis à l’oisif. Comme toute source de vie, l’oasis rend l’humain meilleur.