L’insomnie pour contrer la bonne conscience

Regardez attentivement les initiatives prises en faveur du climat, de la pollution, des espèces en danger. Si vous les jugez honnêtement, vous constaterez que la plupart d’entre elles n’ont jamais été sincères. Elles furent prises simplement pour nous donner bonne conscience d’avoir agi. La preuve est qu’au fil des ans, on s’aperçoit que le recyclage ne fonctionne pas, la préservation de la biodiversité ne fonctionne pas, les changements climatiques s’accélèrent et ils causeront des ravages inqualifiables.

Le passé est garant du présent. Rien de ce qu’on entreprend aujourd’hui ne fonctionnera parce qu’on ne prend pas la peine de regarder l’ensemble du problème et de mettre en place des solutions globales.

On ne fait qu’effleurer la réalité, car dès qu’on creuse un peu, le bilan complet des conséquences de nos actes est pétrifiant tellement il est négatif. On préfère se bercer d’illusions plutôt que se retrousser les manches et tout changer.

Bien entendu, il faudrait tout refaire, de la cave au grenier. Tout le monde le sait et personne ne le fera. On tape ici et là sur quelques têtes de clous qui dépassent en se donnant l’illusion qu’on a bien rénové. C’est toujours une question de se donner bonne conscience.

Usine-fumée

Le jour viendra où nos risibles efforts ne suffiront plus à abrier l’incurie. Lorsque nos sociétés s’écrouleront, nous clamerons à l’unisson : « Nous aurions dû faire quelque chose pendant qu’il en était encore temps ». Mais une fois de plus, pour nous donner bonne conscience, nous rajouterons : « Mais comment aurions-nous pu savoir ce qui allait survenir ? »

Encore et toujours de piètres mensonges afin de se donner bonne conscience !

Je comprends et j’accepte mes insomnies. Elles s’opposent à cette tendance de me fabriquer, moi aussi, une bonne conscience artificielle. Elles me gardent lucide sur l’itinéraire funeste qu’a choisi l’humain. Elles me répètent chaque nuit que rien de ce que nous faisons n’est une solution. Elles me disent que nous allons bientôt subir le retour du balancier.

Plutôt que de dormir en paix et mourir angoissé, je préfère dormir angoissé et mourir en paix avec ma conscience pas très bonne, mais intacte. Bonne nuit !

3 commentaires sur “L’insomnie pour contrer la bonne conscience

  1. Joli texte, bien réaliste ! (que je découvre au lendemain de l’accouchement au forceps de la COP 25… d’ailleurs on ne sait pas trop ce qui est venu au monde, mais on sait que ce fut long et pénible !) Je viens de découvrir ton blogue et c’est un bonheur de te lire ! merci

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  2. Ah! La bonne conscience, les lunettes roses et l’aveuglement… Que dire, Mathis, si ce n’est qu’encore une fois nous sommes à l’unisson. La bonne conscience n’est qu’une fuite en avant, un symptôme de l’inconscience collective. Autant demeurer lucide… Par contre, ça fait un bon moment que j’ai arrêté d’angoisser parce que ça ne sert à rien…
    Bonne journée d’hiver, ami Corbot!

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    1. J’ai aussi mis un terme à mon angoisse et aux nuits blanches lorsque j’ai compris qu’il n’y avait plus rien à faire. D’un problème irrésolu, je l’ai ensuite qualifié d’insoluble. Depuis, mon sommeil est revenu.

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