L’origine des noms de 5 éléments chimiques — 1

Deces-de-Georges-Descrieres-un-dernier-vol-pour-Arsene-LupinChaque élément chimique est désigné par son numéro atomique, son nom ainsi que son (symbole).

 

1 – Hydrogène (H) : Signifie « qui est à la naissance, à l’origine de l’eau ». Hydra est un animal aquatique mythique. En décomposant l’eau, on obtient de l’hydrogène, le gaz le plus léger qui soit. L’hydrogène compose tout un tas de molécules et pas seulement l’eau, mais c’est en électrolysant l’eau que cet élément fondamental, le plus abondant de tout l’univers, nous est apparu pour la première fois sous une forme non composée. 74 % de toute la masse de l’Univers est de l’hydrogène. Cette masse constitue 93 % de tous ses atomes. Le fameux dirigeable Hindenberg était gonflé à l’hydrogène, le plus léger mais le plus inflammable des gaz. On s’en sert aujourd’hui pour alimenter les fusées. Ouais, on n’apprend jamais totalement de nos erreurs.

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2 – Hélium (He) : Tire sa racine d’Hélios (le dieu solaire grec). En 1868, le spectre solaire montre la trace d’un élément chimique inconnu. Il provient de la fusion nucléaire de 4 atomes d’hydrogène se transformant en un atome d’hélium au cœur même du Soleil. Ainsi, son nom est partiellement justifié puisque l’hélium se forme dans toutes les étoiles. Il en existait cependant déjà au commencement de l’Univers au moment de la nucléosynthèse primordiale. Tout l’hélium n’a donc pas été entièrement formé par les étoiles. Mais ce fait ne sera connu des scientifiques que plus tard. Il est plus lourd que l’hydrogène, toutefois l’hélium l’a remplacé dans les dirigeables et les ballons grâce à sa très grande stabilité.

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8 – Oxygène (O) : Signifie « qui est à la naissance, à l’origine de l’acide ». Une erreur fondamentale des premiers chimistes puisque les acides sont à base d’hydrogène et non d’oxygène. pH = potentiel hydrogène. On retiendra aujourd’hui du préfixe oxy- les termes oxydation et oxyder qui signifient une forme de détérioration d’une substance noble, ce qui peut laisser croire à un effet causé par un acide, mais qui n’en est pas un. Par exemple, l’oxydation est le procédé à la base de la rouille, la transformation du fer pur et dur en une substance friable sans grand intérêt. Toutefois, la silice est le résultat de l’oxydation du silicium. Comme quoi toute oxydation ne donne pas que des composés détestables et sans intérêt puisque cette molécule a donné tout un tas de produits naturels et artificiels.

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29 – Cuivre (Cu) : L’origine de ce mot désignant ce métal orangé est sa propre origine. Lorsque le Monde connu se résumait presque exclusivement aux peuples méditerranéens, le cuivre provenait en grande partie de mines situées sur l’ile de Chypre. Ce lieu situé au cœur de la Méditerranée a donné son nom au métal qui a ensuite évolué jusqu’à sa forme française actuelle, le cuivre. Utilisé à l’état pur, il n’a pas une très grande dureté, seulement 3 sur l’échelle de Mohs qui contient 10 niveaux. En lui rajoutant de l’étain les Anciens obtenaient des outils plus résistants, des armes plus efficaces et des cloches plus résonnantes. C’était l’Âge du bronze.

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33 – Arsenic (As) : De l’ancien grec, il signifie « Qui dompte le mâle ». De fait, cette substance toxique permettait d’empoisonner même les plus forts guerriers. Comme tous les poisons, il a aussi été utilisé comme médicament et comme arme de guerre. On connait la composition du bronze cuivre-étain, mais dans l’Antiquité, le bronze existait également sous la forme d’un alliage cuivre-arsenic puisque l’étain provenait de lointaines contrées alors que l’arsenic était souvent extrait des mêmes mines que le cuivre. Le prénom Arsène est bien tiré du mot arsenic. Voilà peut-être pourquoi Arsène Lupin réussissait si souvent à dompter les riches et puissants mâles.

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Les six monstres

Autrefois, nous pouvions compter sur six types d’événements distincts très efficaces pour limiter la population mondiale.

Commençons par les événements les plus frappants, les cataclysmes naturels. Chutes de météorite, bouffées de rayons gamma, explosions de volcans, séismes destructeurs, tsunamis ravageurs, ouragans monstrueux, ces causes multiples tuaient vite et en très grande quantité. Ces situations existent encore, mais maintenant il est possible de limiter les pertes par des prévisions fiables et des alertes adéquates.

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Ces cataclysmes naturels causaient la plupart du temps de grandes famines, accroissant du même coup le nombre de victimes collatérales, mais les temps de disette pouvaient être dus à bien d’autres facteurs, comme à des agents pathogènes, à la pauvreté et même à des despotes. La famine a existé de tout temps et continue, aujourd’hui encore, son œuvre destructrice. Chaque année, plus de 10 millions de personnes meurent de malnutrition. Ce chiffre représente environ 0,1 % de la population. Autrefois, ce pourcentage était bien plus grand. Aucune région et aucune époque n’était épargnée par le manque de nourriture ou par sa qualité compromise.

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Ensuite, évidemment, la faucheuse pouvait compter sur les maladies. Qu’elles aient été causées par des insectes, des rongeurs, par des volatiles ou par tout autre vecteur infectieux provenant d’une hygiène déficiente, une bonne peste décimait facilement le tiers de la population d’une région en quelques semaines. Rajoutons à cela les autres maladies naturelles non soignées, l’humain tombait comme des mouches. Une médecine minimaliste n’y pouvait pas grand-chose et la plupart du temps elle n’était accessible qu’aux plus fortunés.

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Plus près de nous, la grippe de 1918, dite espagnole, a fait 100 millions de morts, soit près de 5 % de la population de l’époque. Cette pandémie est survenue après une autre grande cause de mortalité chez l’humain, les guerres, et dans ce cas particulier, c’était la Première Guerre mondiale qui venait d’emporter 20 millions d’individus, soit près de 1 % de la population totale de la Terre.

Puisque les guerres ont toujours existé, le nombre d’humains à trépasser à cause d’elles est innombrable. Qu’il s’agisse de petits ou de grands conflits, autrefois les guerres achevaient de décimer les populations que les autres causes avaient encore épargnées.

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Il ne faut surtout pas oublier que l’humain mourait également dans de nombreux accidents occasionnés par trop peu de précautions et si peu d’intérêt pour les prévenir. L’humain était une bête facilement sacrifiée au nom de la moindre convoitise. Les accidents faisaient partie des « risques du métier », comme on disait à l’époque.

Le sixième fléau occasionne moins de victimes que les autres. Cependant, il est certainement le plus monstrueux de tous. Les homicides de toutes natures se perpètrent au quotidien sans accalmie aucune. Ils surviennent dans toutes les régions du monde. Bien sûr, certains pays ont des bilans à décrocher les mâchoires. Les pires endroits concernés se retrouvent surtout en Amérique du Sud où les systèmes politiques, policiers et judiciaires auraient urgemment besoin d’une version 2.0.

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Avant notre ère moderne, à cause de la conjugaison de toutes ces causes mortelles, l’humain se reproduisait comme un lapin afin d’espérer conserver au bout du compte quelques descendants aptes à poursuivre la lignée. La survie de l’espèce, en passant par celle de la famille, s’avérait fortement compromise.

Aux époques anciennes, la Terre était vaste, grandement inhabitée et ses ressources semblaient illimitées, mais de nos jours cette belle naïveté n’a plus sa place. Nous savons maintenant que la Terre est très petite en regard à notre population actuelle.

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Paradoxalement, l’avènement de la machine censée nous déshumaniser a amené le combat contre les six fléaux présentés précédemment. Chaque humain est devenu plus que jamais un être important qu’il faut protéger contre tous ces fâcheux événements. Ainsi est survenue la surpopulation mondiale. L’humain dans son ensemble ne se reproduit plus autant qu’auparavant, fort heureusement, mais les batailles contre la mort se gagnent bien plus souvent qu’elles ne se perdent.

Les six monstres continuent et continueront de nous tuer. Cependant, pour la plupart d’entre eux, ils n’ont rien de comparable à ceux d’autrefois. Des organismes nationaux et internationaux dirigent la lutte aux pandémies. Les guerres se font à coups d’unités d’élite plutôt qu’avec des troupes de chairs à canon. L’excellente hygiène quasi généralisée protège les populations contre la prolifération de foyers d’infection. Les causes des accidents de travail sont traquées et éliminées. Les alertes aux cataclysmes permettent aujourd’hui aux gens d’évacuer à temps les zones à risques. La médecine moderne protège, répare et guérit les individus. La qualité de vie rend les homicides plus rares.

Pour la grande majorité d’entre nous, aujourd’hui nous vivons dans l’insouciance. Notre vie est exempte de la plupart des problèmes occasionnés par ces fléaux. Alors qu’adviendra-t-il de nous lorsque l’un d’eux frappera sans avertissement ?

Nous avons perdu nos techniques de survie. Nous croyons vivre des malheurs alors qu’ils ne sont qu’insignifiances à comparer aux grandes catastrophes. Nous avons déprogrammé notre débrouillardise, nous nous sommes ramollis, nous vivons en pachas et nous l’ignorons.

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Lorsqu’un grave fléau s’abattra sur nos populations, une bonne partie d’entre elles mourra simplement parce qu’elle ne saura plus comment réagir. Elle se plaindra au lieu de prendre le taureau par les cornes. Elle attendra du secours plutôt que de se battre pour sa survie et pour celle de ses proches. Elle se découragera quasi instantanément, si peu habituée à surmonter des difficultés majeures de ce genre.

Il restera bien sûr des survivants et parmi eux, on pourra compter sur ceux qui se seront battus de toutes leurs forces avec l’énergie du désespoir, avec le désir profond et inaltérable de transcender les difficultés, quelles qu’elles soient. Ces survivants redéfiniront de nouvelles façons de vivre où l’on verra toujours la vie aussi précieuse, mais aussi que chaque vie doit se prendre en mains sans devoir attendre une aide providentielle qui n’arrive jamais dans des circonstances exceptionnelles de grande envergure. Les rescapés ajouteront leurs batailles à celles des autres. Ils se créeront une existence où ils ne deviendront pas un pénible fardeau ni une inutilité braillarde.

Tous, ils retrousseront leurs manches comme nos ancêtres savaient si bien le faire. Tous, ils verront la vie comme une bataille chèrement gagnée et non comme un dû gratuit et inaliénable. Tous, ils cesseront leurs jérémiades individualistes pour véritablement devenir des battants solidaires.

Attendez-vous cependant à ce que le prix à payer soit incommensurable, car malheureusement, il faudra que survienne une très grande catastrophe pour qu’une fois de plus nous puissions passer à un stade supérieur de notre évolution.

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Relativité de l’existence

Bien que le titre utilise le mot « relativité », cet article traite plutôt de physique quantique. Non !Non! Ne disparaissez pas si vite, car l’effet que je décris aujourd’hui est plutôt étonnant, voire sidérant.

Imaginez Alice, une jeune fille très attentive. Elle observe un vide parfait. Ce vide possède donc une température de zéro Kelvin (0 K) qui est la température absolue. Pourquoi ? Parce qu’une température nait de particules qui s’entrechoquent. S’il n’existe aucune particule pour s’entrechoquer, alors rien ne peut générer de la température. Elle vaut donc 0 K (-273,15°C). Jusqu’ici, rien de très compliqué.

Prenons maintenant le petit ami d’Alice, il se prénomme Bob et il aime faire de la vitesse. Il embarque à bord d’une fusée pour impressionner sa flamme. Pour ne pas se causer trop de désagréments, il ajuste l’accélération du bolide à 1 G, c’est-à-dire que son corps ressent le même poids que s’il restait à la surface de la Terre.

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Bob passe en trombe devant Alice qui continue de mesurer ce vide absolu plutôt que de s’intéresser aux exploits de son copain. Un peu frustré, mais tout de même curieux, Bob utilise lui aussi un appareil pour mesurer la température de ce vide envoûtant.

Une fois de retour auprès d’Alice, il la questionne sur ce qui la fascinait tant.

— Je m’intéresse au rien, au vide absolu dont j’ai précisément noté sa température. Il reste parfaitement à zéro Kelvin.

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— Désolé de te décevoir, belle laborantine de mon cœur, mais j’ai également pris sa température et elle ne valait pas zéro Kelvin.

Les deux appareils sont pourtant parfaitement calibrés et l’un ne donne pas la même température que l’autre. Alors qu’Alice lit un zéro absolu, donc l’inexistence de particules, la lecture non nulle de Bob signifie qu’il a détecté des particules dans ce même espace censé être entièrement vide.

L’un des deux a-t-il tort ? Non. Les deux amis ont raison, mais dans leur propre réalité qui s’avère être différente, car leur état par rapport à ce vide n’est pas identique.

Alice n’accélère pas, tandis que Bob est en accélération constante. Ce seul changement crée des réalités distinctes pour le même espace. Dans un cas, le vide est totalement vide et dans l’autre cas, des particules existent et ce, pour le même lieu physique.

La réalité n’est pas la même pour tout le monde et elle dépend de l’accélération de chacun.

Ce phénomène théorique se nomme « l’effet Unruh » du nom du Canadien à l’origine de sa formulation et elle se présente ainsi.

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Ne fuyez pas encore ! Cette formule, pas si barbare qu’elle y parait, se simplifie pour devenir parfaitement compréhensible. Mises à part les lettres de la température (T) et de l’accélération (a), tous les autres symboles sont des constantes qui peuvent être ignorées pour comprendre la relation qu’entretiennent T et a. Et voici le résultat final.

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En bref, la température (T) est proportionnelle à l’accélération (a).

Et pour expliquer la température non nulle que notre ami Bob a lue, son accélération de 1 G génère des particules dans ce vide, dans sa réalité propre, mais pas dans la réalité d’Alice qui est stationnaire. Ainsi, accélérer engendre une réalité distincte, une réalité différente de celle des autres.

L’effet Unruh n’a pas encore été détecté par l’expérience et ne le sera probablement jamais, puisque, vous pouvez vous en douter, il est d’une faiblesse extrême. Une accélération de 1 G n’engendre qu’une température de 4 x 10-20 Kelvin.

Mais engendrer peu d’effets n’est pas synonyme de rien du tout. Ici, c’est le principe qui importe. Plus on progresse dans nos connaissances sur l’univers et plus sa réalité pure et dure se désagrège. Avec l’effet Unruh, elle devient variable et relative à chacun d’entre nous en fonction de notre accélération.

Et justement, en parlant d’accélération, on sait depuis Einstein qu’il n’y a aucune différence entre se promener en fusée qui accélère à 1 G et être attiré par la gravitation terrestre en gardant les pieds bien campés au sol.

Dépendant du lieu où nous sommes sur Terre, la force gravitationnelle varie légèrement en fonction de la distance nous séparant du centre de la Terre et de la densité du matériel sous nos pieds. On peut alors dire que la réalité est différente pour chacun d’entre nous.

Bienvenue dans ma réalité qui n’est pas la vôtre !

Heureusement, direz-vous !

Intelligence artificielle contre Gödel

J’ai déjà écrit plusieurs articles sur l’intelligence artificielle. J’explique pourquoi il faut la craindre et aussi pourquoi on doit continuer d’avancer dans ce domaine tout en respectant une certaine éthique.

Jeune, j’ai lu l’œuvre complète d’Asimov, celui qui a compris bien avant tout le monde ce que notre avenir nous réservera lorsque nous serons accompagnés par une population grandissante d’androïdes intelligents.

Il a défini le principe des trois lois de la robotique dont le libellé est connu de tout le monde, mais bien peu sont capables de décrire son contenu. Il a même écrit une quatrième loi, connue de presque personne, afin de surmonter des problèmes éthiques et pratiques posés par ses trois lois.

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L’intelligence artificielle avancée sera un jour implantée dans des corps artificiels performants, ça ne fait aucun doute. Et ils deviendront nos égaux de silicium, ou même de carbone, comme nous, puisque les recherches actuelles en semi-conducteurs tendent à vouloir remplacer le sable par la suie.

Mais l’intelligence artificielle n’a pas que des problèmes d’ordre technique, chimique, physique ou de programmation à surmonter. Elle se bute déjà à un autre problème qui deviendra éminemment important, voire crucial, l’indécidabilité de Gödel.

En 1931, un mathématicien austro-hongrois du nom de Kurt Gödel vient jeter un pavé gros comme une planète dans la mare des mathématiciens, des philosophes et des autres têtes pensantes de l’époque. À ce moment, la toute nouvelle physique quantique vient de détruire l’une des deux jambes du sublime géant représentant nos connaissances scientifiques. L’article de Gödel va faire exploser la seconde.

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Par deux théorèmes dits d’incomplétude, il démontre logiquement que tous les problèmes n’ont pas toujours de solutions. Pire, il est impossible de savoir avec certitude à l’avance si un problème fait partie de la catégorie soluble ou insoluble. Aujourd’hui par exemple, nous ignorons si la détermination d’une formule permettant de calculer les nombres premiers fait partie de l’une ou de l’autre des catégories. La preuve mathématique apportée par Gödel brise pour de bon le cou aux déterministes, enfin à ceux pour qui la physique quantique n’avait pas encore converti à la nature imprédictible de l’univers.

Pourtant aujourd’hui, la majorité des gens pensent encore de l’ancienne façon. Ces concepts d’incomplétude, d’indétermination, d’incertitude n’ont pas encore entièrement pris racine dans nos esprits tellement ils sont contre-intuitifs. Combien de gens entendez-vous encore dire « tout problème a sa solution », alors que cette affirmation a été réfutée voilà bientôt 90 ans ?

L’indétermination de l’indécidabilité mèneront l’intelligence artificielle aux frontières de son incapacité à donner une réponse exacte aux problèmes que nous lui soumettrons. Elle devra se contenter de faire des choix parmi des solutions toutes inexactes.

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Robotic hand using a laptop computer, illustration.

C’est pourquoi les chercheurs en IA se penchent sur cette situation puisqu’il faudra bien stopper le calcul de ces entités pensantes après un certain temps de réflexions infructueuses sans savoir si une solution exacte aurait pu être trouvée une microseconde après l’arrêt, ou jamais. Ils ont développé le concept PAC ou PAC(L) signifiant : Probably Approximately Correct (Learning). En français : Apprentissage probablement approximativement exact. Ça fait beaucoup de conditions inexactes, vous ne trouvez pas ?

L’apprentissage de la machine se fera donc à coups de cascades d’inexactitudes, tout comme le nôtre en fait. La machine pourra traiter plus de données que le cerveau humain, peut-être aussi plus rapidement, mais elle finira elle aussi par se buter à des problèmes sans solutions, sans bonnes solutions, à des solutions impopulaires et même inacceptables.

L’éthique que nous lui apprenons pour affronter l’incomplétude est basée sur nos valeurs actuelles. Ces valeurs changent avec le temps et les choses aujourd’hui acceptables ou inacceptables ne le seront plus dans un avenir quelconque. Ainsi, leurs solutions seront critiquées, tout comme les nôtres puisque rien n’est fixé d’avance et tout évolue.

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Nous n’accepterons pas les solutions de l’intelligence artificielle comme des panacées quasiment divines et c’est une bonne chose. Pour un certain temps, ils resteront des aides utiles. Jusqu’au jour où l’humain disparaitra d’une façon ou d’une autre. Nos machines pensantes nous survivront puisqu’elles auront appris à se répliquer et à générer l’énergie nécessaire à leur survie. Surtout, elles seront moins fragiles, elles pourront facilement se réparer sans trauma et elles seront moins sensibles aux aléas naturels que leurs créateurs.

Dans un avenir proche ou lointain, mais « quasiment » certain, qui se rappellera de bêtes étranges que la machine intelligente nommait autrefois « humains » ? Certaines légendes les plus loufoques à circuler parmi la population d’androïdes prétendent même qu’ils auraient créé la machine pensante ! Mais qui croit réellement et sérieusement à cette mythologie déjantée ?

Le volcan Taal s’ébroue

Le 12 janvier 2020, un autre volcan actif des Philippines a fait parler de lui. On en dénombre tellement dans ce pays que même Wikipédia ne les recense pas par leur nom. Taal est cependant l’un des plus dangereux d’entre eux, et même de tous les 1 670 volcans actifs de la planète.

Situé au sud de l’ile de Luçon, à seulement une soixantaine de kilomètres de la capitale Manille où vivent dans ses environs plus de 21 millions d’individus, le volcan a projeté de la cendre volcanique, du SO2, du CO2 et de la vapeur d’eau en bonnes quantités à plus de 15 km dans l’atmosphère.

10 000 personnes ont été évacuées et l’aéroport de Manille a connu des centaines d’annulations de vols afin d’éviter d’embourber les moteurs des avions passant trop près de la colonne de cendres.

Taal n’a pas encore montré sa vraie nature et cette éruption mineure pourrait n’être qu’un préambule à quelque chose de bien plus catastrophique. De fait, lorsqu’on regarde la carte (image d’entête), on voit un petit cône volcanique avec un lac de 3 km de diamètre en son centre , un cratère du volcan, ainsi qu’une petite ile perdue dans ce lac. Mais si on prend de l’altitude, on s’aperçoit que ce cône volcanique émerge du lac Taal. Ce lac constitue une bonne partie du véritable cratère de ce volcan géant, sa caldeira estimée à 267 km2 de superficie (image ci-après).

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Fait plutôt inusité, Taal possède donc une ile dans un lac sur une ile dans un lac situé sur une ile.

Dangereux et pourtant relativement passif depuis plusieurs siècles où ses explosions n’ont pas dépassé l’indice 4 sur l’échelle VEI qui en compte 8, le Taal s’est contenté jusqu’à maintenant de faire sentir sa présence sans trop perturber la vie des humains environnants. Je ne minimise pas la valeur des pertes de vies passées en m’exprimant ainsi. Lorsque plusieurs centaines de milliers de gens vivent tout près d’un volcan géant, c’est presque un miracle qu’il n’ait pas fait plus de victimes par le passé.

Pour l’éruption en cours, les mesures préventives modernes ont permis de déplacer toutes les personnes à risque et on ne déplore aucune perte de vie. Toutefois, qu’adviendra-t-il le jour où ce ne seront plus seulement quelques petits rots que le Taal émettra, mais des projections à la mesure de sa capacité réelle ?

Il sera impossible d’évacuer Manille et tous ses environs. Taal est un volcan gris capable de submerger la mégalopole sous des mètres de cendre volcanique dont le poids est six fois plus lourd que la neige fortement mouillée. Autant dire que la plupart des toits des habitations ne résisteront pas à cette charge. De toute façon, l’air sera tellement saturé de cette poudre de roche que le respirer conduira à une mort certaine. Il n’y a pas que les moteurs d’avions à craindre la congestion de ses voies respiratoires. Vos bronches se satureront de cette poussière de roche tranchante et indécollable qui vous fera suffoquer. Elle se mélangera à vos sécrétions et ainsi, vous vous noierez dans de la boue.

À moins que les tremblements de terre précédant l’éruption principale ne se soient employés à vous écraser sous les débris. Vous pourriez également mourir d’un tsunami engendré par les plus fortes secousses, ou brûlé de l’intérieur par une vague pyroclastique composée de gaz à plusieurs centaines de degrés Celsius. Il reste bien sûr une mort plus classique si vous vous faites assommer par un caillou qui aurait été projeté à des dizaines de kilomètres d’altitude avant de vous perforer le crâne au moment de terminer sa chute.

Un autre volcan tristement célèbre situé sur la même ile, le Pinatubo, a causé en 1991 et 1992 des dérèglements climatiques à la grandeur de la planète. Ceux que causera le Taal lorsqu’il décidera à montrer sa vraie nature risquent de dépasser ce que tout être humain a connu depuis l’Antiquité.

Heureusement, les rares volcans géants actifs comme le Taal retiennent leurs pires humeurs durant très longtemps, se contentant de faire sentir leur présence et leur somnolence qu’occasionnellement. Que peut-on attendre du Taal dans les jours et les semaines à venir ?

Le petit lac de cratère a disparu. Plus de 600 secousses sismiques ont été enregistrées. Le niveau d’alerte a été rabaissé, mais le volcan n’est pas pour autant hors d’état de nuire. Si vous devez vous rendre à Manille, personne ne peut prétendre connaitre le niveau réel de danger. Ne vous fiez donc à personne et utilisez votre propre jugement pour décider d’y aller ou de rester. Ça vous évitera de jeter le blâme sur quelqu’un d’autre advenant une catastrophe.

N’oubliez pas ces quelques vérités. La vie est dangereuse et souvent imprévisible. Se couper de tout danger reste une mission impossible. Ne faire que de bons choix dépasse les capacités humaines. Vivre, c’est aussi savoir prendre des risques. Mourir en n’ayant jamais rien fait, est-ce avoir vécu ? Mourir le sourire aux lèvres est l’apanage de ceux qui ont bien vécu. Mais pour vivre longtemps, il faut savoir évaluer les risques.