Aimiez-vous le capitaine James Tiberius Kirk ? Auriez-vous désiré vous comporter comme lui ?
Oui, oui, celui-là même qui a affronté tant d’ennemis qu’il est devenu un modèle de courage et de sang-froid, d’imagination et de débrouillardise !
Jeune, j’ai fait partie de la génération qui a regardé chaque émission un nombre incalculable de fois. Toutefois, le personnage principal n’a jamais été pour moi un héros ou un modèle à suivre. Je ne possède pas cette faculté, je pourrais dire ce défaut, de transformer ses comportements d’autrui en désirs. Je gardais et garde encore une bonne distance entre la fiction et la réalité. Mon intérêt se portait plus sur les créatures qu’il rencontrait et sur le développement des intrigues que sur les exploits d’un héros en mal de sensations fortes. Par contre, j’aimais bien ce trio d’amis dépareillés faisant l’éloge de la différence.
Plus tard, j’ai compris plusieurs choses au sujet de cette série et surtout de son personnage principal. Tout d’abord, ses quatre traits de caractère présentés ci-devant n’étaient pas les plus importants. Le personnage était d’abord et avant tout d’une témérité suicidaire. Pire, il entrainait dans son sillage l’ensemble de son équipage et bien des pertes humaines étaient principalement dues à son entêtement à ne pas suivre les règles pour le simple plaisir de ne pas suivre les règles.
Bien entendu, la série aurait été d’un ennui mortel s’il avait fallu qu’il soit timoré ou qu’il suive aveuglément la procédure. Et voilà exactement où la fiction doit rester de la fiction. Mon père utilisait cette formule : « Il s’en sort parce que c’est arrangé avec le gars des vues. » Et c’est parfaitement exact. Peu importe les étourderies, niaiseries, imprudences ou imbécillités du capitaine, le gars des vues faisait mourir et vivre ceux qu’il voulait sans égards à leurs mérites ou exactions. Mais dans la vraie vie, les chances de crever croissent avec l’usage de la stupidité et quand notre numéro est tiré, il n’existe pas de seconde chance. Ce serait moins catastrophique si la mort ne durait pas si longtemps, malheureusement, on la dit éternelle. On a le temps de s’ennuyer solidement !
Cette propension à imposer aux autres des dangers inconsidérés que l’on veut soi-même défier est animée par un amalgame funeste de comportements essentiellement axés autour de sa propre personne insouciant des dommages collatéraux. J’ai connu quelques personnes dans ma vie qui se comportaient de façon assez semblable au capitaine de l’Enterprise. Des gens infus d’une inutile témérité portant préjudice à leur entourage. Des conséquences parfaitement évitables s’ils s’étaient servis d’un minimum de jugeote. C’est pourquoi j’ai inventé cette entité psychologique facilement reconnaissable qu’est le syndrome du capitaine Kirk.
Mon prochain article décrira une activité à laquelle j’ai participé en compagnie d’un émule de JTK.
Photo: Radio-Canada.ca