Octobre verra l’arrivée de la suite tant attendue du film culte Blade Runner. Il faut être méchamment culotté pour reprendre les rênes des mains de Ridley Scott qui, cependant, agit à titre de producteur pour cette cuvée 2049. Le nouveau réalisateur pour l’occasion est le québécois Denis Villeneuve.
Ici, nous connaissons bien son talent pour l’avoir suivi dans diverses réalisations aux sujets très sensibles, comme la tuerie à la « Polytechnique » de Montréal, il y a eu ensuite « Incendies », « Prisoners », puis « Sicario » et dernièrement, le superbe « Arrival ». Denis Villeneuve a certainement plu à Monsieur Scott pour qu’il lui cède le siège du conducteur pour cette mégaproduction. À mon avis, ils partagent ce même doigté dans l’adaptation d’une œuvre, ce même souci du détail et surtout, cette sensibilité extrême leur permettant tous deux de véhiculer des émotions soutenues par les images et au-delà de celles-ci.
Toutefois, ce nouveau défi constitue un piège dont plusieurs réalisateurs avant lui ont déjà fait les frais pour avoir osé s’attaquer à un monstre sacré. Et dans ce métier-là, bien des gens sont prêts à dire que « le premier volet était bien meilleur », même s’ils ne le pensent pas vraiment. C’est l’apanage des films cultes. Denis Villeneuve est également respecté des producteurs pour sa capacité à réaliser des films rentables. Petits ou gros budgets, ils engrangent plus d’argent qu’ils n’ont eu à en débourser.
Il faut également souligner trois autres points très importants qui le concernent et qui font de lui un réalisateur plus compétent que la moyenne. Tout d’abord, jamais il ne met en doute l’intelligence des cinéphiles. Ensuite, il s’implique à fond dans le montage de ses films. Et enfin, ce n’est pas la moindre de ses qualités, il sait diriger les acteurs avec respect, sensibilité, tout en étant capable de bien les orienter sur ce qu’il veut obtenir d’eux. Espérons que Harrison Ford, Ryan Gossling et les autres grosses pointures du film auront été de cet avis.
Plusieurs films de Villeneuve ont reçu des nominations, mais les grands honneurs lui ont souvent échappé. C’est souvent le destin des réalisateurs d’exception jusqu’à ce que des gens comme Ridley Scott leur fassent confiance. Car, comme dans tous les milieux, bien des gens préfèrent aligner leurs avis sur celles des grosses pointures plutôt que de se faire leur propre opinion.
Cependant, les acteurs reconnaissent son talent et souvent ils accourent pour être dirigés par quelqu’un de sa trempe. Blade Runner sera peut-être pour Denis Villeneuve ce qu’il a été pour Ridley Scott. Je lui souhaite. Il est capable de devenir lui aussi une icône grâce à son talent de réalisateur hors du commun.