Robert Leroy Johnson

Très peu de gens connaissent Robert Johnson, vous y compris, probablement. Il fut un guitariste et chanteur de blues américain dans la première moitié du siècle dernier.

Crossroads

Notez qu’il influença rien de moins que les plus grands noms de la guitare, dont Eric Clapton, Jimi Hendrix, Brian Jones, Jimmy Page, Bob Dylan et Keith Richards. Ce dernier disait de Johnson qu’il « devait avoir deux cerveaux » lorsqu’il a pris connaissance des enregistrements, puisqu’il croyait y entendre deux guitaristes.

En 2003, le magazine Rolling Stones lui a décerné le titre de cinquième meilleur guitariste au monde et pourtant il reste inconnu du grand public. Il n’est précédé que de Jimi Hendrix, Duane Allman (The Allman Brothers Band), B. B. King et Eric Clapton et il précède Chuck Berry, Stevie Ray Vaughn, Ry Cooder, Jimmy Page et Keith Richards. C’est tout dire !

Né dans l’état du Mississippi en 1911, il est mort dans le même état en 1938, faisant de lui le premier du Club des 27, la série d’artistes maudits tous morts à l’âge de 27 ans. Pensez à Janis Joplin, Amy Winehouse, Kurt Cobain, Jimi Hendrix, Brian Jones et Jim Morrison. Robert Johnson est le plus souvent absent des listes et images de ce Club des 27. Ici, il est représenté à gauche.

Certains pensent qu’il a été empoisonné par un mari jaloux, d’autres qu’il est mort de la syphilis ou d’une pneumonie. Il se pourrait qu’il soit mort d’un cocktail des trois. Son certificat de décès ne donne aucune indication de la cause exacte, celle-ci n’ayant été déterminée par aucun médecin. Même son lieu de sépulture est équivoque. Trois endroits se disputent le titre avec des pierres tombales symboliques.

Jeune, il se fait remarquer pour son jeu… à l’harmonica ainsi que pour massacrer la guitare qu’il tente d’apprivoiser. Le guitariste Son House lui conseille d’abandonner la guitare. Ensuite, le bluesman Ike Zimmerman s’occupe de sa formation musicale. Deux ans plus tard, Son House, émerveillé par les progrès réalisés par Robert Johnson, se considère comme dépassé par son talent.

Il existe une légende concernant son acquisition stupéfiante d’autant d’habiletés en si peu de temps. Certains ont parlé d’un pacte avec le diable. Lui-même ne s’est pas gêné pour reprendre cette rumeur à son compte alors qu’elle est peut-être due à un autre guitariste bluesman homonyme (Tommy Johnson). La chanson Crossroads placée au début de cet article, sa toute dernière chanson, reprend cette légende d’un esprit vaudou hantant les carrefours, qui aurait accordé sa guitare avant de jouer quelques notes sublimes, signe du pacte.

Ramblin’ On My Mind

Si vous n’êtes pas guitariste, vous ne remarquerez peut-être pas tout son talent, surtout que la qualité des enregistrements à cette époque laissait largement à désirer. Vous noterez cependant avec quelle facilité il joue de la guitare tout en chantant. Robert Johnson a maitrisé son instrument plus par persévérance et travail plutôt qu’avec l’aide d’esprits bénémaléfiques. Mais une chose est certaine, il aura laissé sa trace dans l’esprit de bien des maitres guitaristes de blues et de rock. Alors, lorsque vous entendrez vos riffs préférés à la guitare, il est bien possible qu’il y ait du Robert Johnson là-dessous.