À Peine

The loner

Au revoir, puisses-tu être repartie
Tes incursions remplies d’impacts
Caustique tu dissous mes réparties
Malgré l’armistice de notre pacte

Vieille ennemie, nouvelle épreuve
Émerger du cauchemar m’est pénible
Ployant devant le fardeau de la pieuvre
Mes os craquent et tu restes impassible

Peine et haine inséparables
Vilaines ou en frasques
Sœurs jumelles détestables
Je subis vos bourrasques

Demeurer stoïque et froid
Enfoui sous un maitre de fermeté
Marmoréen, solide effroi
Échec du désillusionné

Vieille amie, nous le fûmes jadis
Sous ton poids j’étais, sûr, vivant
Souriant de tes noirs auspices
Une idioties dorénavant

Tapi dans un océan de douleurs
Transparent au corps d’aurélie
Fuyant a tout pris ton malheur
Éloigner ton hégémonie

Cancer dur comme l’acier
Escarre vive, un ulcère
Tu crois en la terre brûlée
Ravage en mes artères

Voyant ton travail de sape
Toujours prête à éclore
En ce jour je te frappe
Pour te passer le mors

À Peine, une faveur
Recouvre ta liberté
Pars et sévis ailleurs
T’ayant déjà tout donné

Connaissez-vous votre E ?

Aujourd’hui, je vous ai concocté un quiz autour de la lettre « e » utilisée en français. Le but principal n’est pas d’évaluer vos connaissances en la matière, mais plutôt de vous rappeler ou de vous apprendre certaines règles et exceptions entourant cette fameuse lettre. Vous trouverez les réponses aux questions à la fin de l’article.

Echoes

Dans le texte, les signes phonétiques sont placés entre crochets [ ]. Vous pouvez trouver la référence sur le site du « Grand Robert » à cette adresse : https://grandrobert.lerobert.com/AideGR/Pages/TableAPI.html

1. En plus des accents aigus, graves et circonflexes sur le « e » (é, è et ê) qui modifient sa phonétique, certains mots possèdent un e non-accentué qui pourtant se prononce [a] comme dans « balle ». Nommez cinq mots provenant de racines distinctes dont le « e » se prononce [a].

2. On sait que le « e » est la lettre la plus employée en langue française. Sa fréquence d’apparition est estimée à 12,1 % et à 14,44 % en incluant les e accentués. Pourtant, un auteur a réussi l’exploit d’écrire tout un roman sans utiliser aucun « e ». Quel titre porte ce livre écrit par un membre de l’Oulipo ?

3. Pourtant, bien que le nom de l’auteur de ce livre (incluant son prénom) ne comporte que onze caractères, on y dénombre quatre « e » pour un pourcentage de 36,4 %. Quel est le nom de cet individu ?

4. Diriez-vous qu’en anglais, le « e » est moins fréquent ou plus fréquent qu’en français ?

5. La plupart des noms féminins se terminant par « té » ou « tié » s’écrivent sans « e » final. Beauté, amitié, santé et pitié en sont de parfaits exemples.

Il existe toute une panoplie d’exceptions, mais elles possèdent souvent un point commun. J’en dénombre une bonne quantité, dont assiettée, charretée, cuillerée, litée, marmitée, pelletée, platée, pochetée, potée, portée, etc. On associe facilement à chacun de ces noms l’autre nom d’origine. Quel est le point commun en question entre tous ces noms se terminant par « tée » ?

6. Le cas du nom « tétée » est particulier bien qu’il fasse également partie de la catégorie précédente. En quoi est-il différent des autres ?

7. Plusieurs autres noms féminins se terminant par « tée » n’entrent pas dans cette catégorie d’exceptions. Ce sont souvent des transformations d’un adjectif (ou d’un verbe) à un nom. Là encore, ils ne sont pas rares. Croûtée, dentée, frottée, futée, heurtée, jetée, jointée, sautée sont tous des noms féminins créés à partir de l’adjectif féminin homonyme. En linguistique, comment se nomme cette transformation d’un adjectif (ou d’un verbe) en nom ?

8. Enfin, certains noms féminins se terminant par « tée » sont dérivés du latin. On les retrouve surtout en science. Les noms actée, galatée, lépidostée et stromatée entrent dans cette catégorie. Selon vous, galatée est le nom d’un astre, une sorte de crustacé, de plante ou de poisson ?

9. Les « e » qu’on prononce [a] n’est pas la seule particularité des e dans la langue orale, il y a aussi les cas du e caduc et ceux du e muet. Les e muets sont légion. Si le mot se termine par e, ce dernier est bien souvent muet. Affaire, cuire, poire, sincère, vous voyez le topo. Le e muet final se prononce parfois lorsque le mot se retrouve dans des chansons. C’est une question de rythme et de rime « La bohèmeeee 🎵».

Le e caduc est, soit muet ou très peu appuyé, soit prononcé. Il se situe à l’intérieur d’un mot et nous sommes libres de le taire ou pas. Il faut toutefois faire attention. Voyons l’exemple suivant. On a le choix de prononcer ou non le e caduc dans le mot « fenêtre » qui devient « f’nêtr ». Le premier e est caduc et le dernier est muet. Cependant, on doit toujours le prononcer dans le mot « fenestration ».  Trouvez deux autres mots dont le e caduc devient nécessairement muet et ensuite deux mots dont le e caduc doit absolument se prononcer.

10. Connaissez-vous l’autre nom donné au e caduc ?

11. Nous savons tous que le français est une langue latine et si ce n’était pas le cas, maintenant c’est fait. Notre langue a hérité de plusieurs mots latins qui n’ont jamais changé de graphie même lorsqu’un caractère ne se trouve pas directement dans notre alphabet. C’est le cas de la ligature du a et du e, le fameux « æ » bien connu grâce au nom « curriculum vitæ ». On le nomme de multiples façons, comme si aucun nom ne lui convenait parfaitement. Ligature, lettres liées, lettres soudées, lettres doubles, voyelles doubles, digramme, on ne s’ennuie pas. Si l’æ est un digramme, nommez-en un autre comportant un e et utilisé en français.

12. En français, comment se prononce l’æ ?

13. Trouvez trois autres mots utilisant le digramme « æ ».

14. On retrouve parfois un tréma sur le « e » (ë) lorsqu’il se situe à la fin d’un mot. Sauriez-vous dire pourquoi ?

15. En français, quel est le maximum de e trouvé dans les mots du dictionnaire ?

16. Sauriez-vous trouver un mot français qui n’est pas un mot composé, ni un verbe conjugué, ni un adjectif au féminin (qui rajoute un e) et qui contient ce maximum de e ?

Comme vous pouvez le constater, notre lettre la plus prolifique est plutôt étonnante, car remplie de particularités et de contradictions.

Réponses

  1. Cinq mots dont le e se prononce [a], le plus commun est certainement « femme ». Il est si commun qu’on oublie facilement sa prononciation exceptionnelle. Vous auriez également pu nommer « moelle, poêle et solennel ». À cette courte liste, se rajoutent toutefois plus d’une cinquantaine d’adverbes se terminant en « emment » comme ardemment, différemment, éloquemment, innocemment, négligemment, etc. Le choix ne manquait pas. 
  2. Le livre sans e s’intitule : « La disparition ». L’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) est un groupe de recherche littéraire créé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais.
  3. Toute une performance de l’auteur George Perec !
  4. Étonnamment, en anglais, la fréquence du « e » est plus élevée qu’en français si on prend seulement le « e » non accentué. Sur le site de Wikipédia, elle a été mesurée à 12,7 % de son contenu en anglais comparativement à 12,1 % en français. Cependant, avec les « e » accentués, la fréquence en français de 14,4% dépasse celle de l’anglais. En anglais, le « e » n’est jamais accentué, sauf pour les mots empruntés au français. Café, fiancé et crêpe font partie de ces rares mots acceptés en anglais qui possèdent un accent sur le « e » et que les gens sont censés écrire tel quel. Cependant, paresse exige, nos amis d’en face « omettent » couramment de les accentuer correctement.
  5. Tous ces noms représentent une quantité, un contenu.
  6. Bien que « tétée » représente aussi une quantité, il n’est pas dérivé d’un autre nom, mais du verbe « téter ».
  7. Transformer un adjectif ou un verbe en nom se nomme « la substantivation ». Un mot qui ne comporte aucun e, et ce malgré ses quinze caractères. Noter que le mot « substantif », donner de la substance, est un synonyme du mot « nom ».
  8. Galatée est un crustacé. Il provient du latin « galathea », lui même tiré du nom propre grec Galathea. Dans la mythologie grecque, Galatée (en grec ancien Γαλάτεια / Galáteia) est l’une des Néréides (nymphe marine), fille de Nérée et de Doris. Ceux qui ont répondu que galatée est un astre ont partiellement raison. Oui, Galatée est bien le nom de la sixième lune de Neptune, dernière planète de notre système solaire, cependant seul le crustacé galatée est un nom commun, il s’écrit donc sans majuscule.
  9. Il existe une foule de mots dont le e caduc est obligatoire. Une série est bien connue, celle des mots avec la terminaison « ement » comme dévouement, paiement, remerciement, etc, mais pas tous. Pensons aux mots abjectement, adorablement, bougrement, département, fermement, etc. qui requièrent tous de prononcer le e. Noter toutefois que dans tous ces mots, le e est précédé de deux consonnes. Avec le m qui suit, cela ferait trois consonnes à prononcer sans voyelle séparatrice. Les prononciations blm, grm, rtm, rmm ne sont pas naturelles et c’est pourquoi le e n’est jamais muet dans ces mots.
  10. Un e caduc est aussi appelé e instable. Le e muet ou caduc muet est aussi appelé un « schwa » [ʃva], une voyelle neutre. Rajoutez-y un « l » à la fin et vous obtenez un cheval dont le e est caduc (ch’val) 😀.
  11. L’autre digramme est aussi bien connu, c’est l’œ comme dans œil, œuf, bœuf, sœur, etc. Noter que pour des raisons souvent techniques, les ligatures œ et æ ne sont pas obligatoires et évidemment elles deviennent inutilisées dans des jeux comme le scrabble ou les mots croisés. Il est cependant recommandé de les utiliser partout où c’est possible. C’est pourquoi la version française de Word possède la capacité de ligaturer automatiquement les mots dont l’orthographe contient un æ ou un œ en tapant simplement les deux lettres consécutivement. Sur Mac avec l’OS X, il est facile de taper directement les caractères æ et œ en utilisant Option + a et Option + q.
  12. En français, on prononce l’æ comme un é, un e fermé, [e]. Cependant, en latin, la véritable prononciation tendait à laisser entendre les deux voyelles, cependant en atténuant le a et en insistant sur le e. J’ai eu un prof de latin qui, lui, détachait carrément le son des deux voyelles [ae] comme si aucune ligature n’existait. Quant au digramme œ, il se prononce généralement comme peur. Son signe phonétique est justement le même [œ]. Mais là encore, des exceptions s’appliquent. Le œ dans alstrœmère se prononce comme le o de sot [o], tandis que celui de amœbée se prononce é, un e fermé [e]. On voit donc que le digramme œ peut prendre plusieurs sons différents dépendant des autres lettres qui l’accompagnent.
  13. Souvent, les mots possédant le digramme æ possèdent également une autre graphie francisée. Cæsium a  césium, cobæa a cobéa, elæis a éléis, et cætera a et cetera, fæces a fèces,  pæan a péan, præsidium a présidium, sæptum a septum, tænia a ténia, etc. Mais d’autres n’ont qu’une seule façon de s’écrire. C’est le cas de æoline, æolis, æschne, æthia, hymenæa, nævus, uræus, vitæ, etc.
  14. Les mots féminins aiguë et ses composés, ainsi que ciguë, exiguë, contiguë, etc., portent un tréma sur le e, car la prononciation du groupe de lettres « gue » sans ce tréma donne [gǝ] (g dur et e ouvert) comme dans « ligue », tandis que tous ces mots se prononcent [gy] (g dur et u comme dans « du »). Le e tréma (ë) nous rappelle la bonne prononciation à adopter.
  15. En français, le maximum de e dans un seul mot est de 6, mais la plupart d’entre eux sont des mots composés, des verbes conjugués ou des adjectifs féminins.
  16. Il existe plusieurs mots contenant 6 e. En voici deux. Dégénérescence et préférentiellement.

Rétrospective 2023

Les fins d’années sont propices aux rétrospectives de toutes sortes. Chacun y va de son top cinq, top dix, ou plus, dans son domaine de prédilection.

Songe à Charlevoix

Cette tradition me fout un peu dans l’embarras, car je ne me connais pas vraiment de domaines privilégié. Je ne peux donc pas vous rapporter certains faits mieux que les spécialistes le font depuis quelques jours.

Par contre, étant le spécialiste incontesté du Corbot, je pourrais sélectionner quelques articles parmi ceux qu’il a publiés en cette année 2023. Mais question de rester dans la simplicité, je me limiterai à seulement cinq articles qui, selon mes propres critères, valent vraiment la peine d’être lus, ou relus.

Voici donc, en ordre croissant de satisfaction, ces cinq meilleurs textes de l’année.

Cinquième position

L’entame s’effectue avec l’article « Les quatre expressions fétiches des Étatsuniens » publié le 27 mai 2023.

Qu’on le veuille ou non, nous sommes tous envahis par des films ou séries télévisées étatsuniennes. À force de les écouter, j’en ai extrait quatre expressions redondantes, voire sciantes. Et en rajoutant un « h » au bon endroit, vous obtiendrez mon opinion réelle sur celles-ci.

Quatrième position

Pour rester un peu dans le même sujet, c’est-à-dire la culture étatsunienne, j’ai fait paraitre « Le paradoxe Thanos » le 3 mars 2023.

Le sempiternel combat du bien contre le mal prend une tournure amère lorsque la solution du méchant garçon semble cependant la meilleure que l’univers pourrait adopter. Malgré la barbarie apparente du geste, couper la jambe d’un gangrené lui sauve parfois la vie, tandis que pleurer son état et ne rien faire le condamne à coup sûr.

Troisième position

Plusieurs peuvent être en désaccord avec mon constat présenté le 27 avril 2023 dans l’article s’intitulant « Comment nous avons perdu le combat pour le climat ».

Pour certains, la lutte n’est pas encore perdue et ce n’est pas le temps de baisser les bras. Pour d’autres dont je fais partie, ce combat est terminé depuis déjà belle lurette et la cause exacte de notre défaite vient tout bonnement de notre…

Deuxième position

Mentir pour protéger ceux qu’on aime est-elle une attitude acceptable ? Je tente de répondre à cette difficile question dans l’article-essai paru le 11 novembre sous le titre « La vérité est-elle bonne pour tous ? »

Première position

J’ai fait paraitre quelques poèmes au cours de cette dernière année. Il s’agit de textes inédits, tous écrits peu de temps avant leur apparition dans mon blogue. L’un d’eux parle des feux de forêt qui ont ravagé ma province au cours de la saison chaude en abordant ce sujet brûlant sous l’angle d’un de ces nombreux pompiers. « Ode au combattant » a paru le premier septembre 2023.

Voilà. J’espère que vous avez aimé leur lecture ou relecture. Bonne nouvelle année à toutes et à tous !

Noël soporifique

Carol of the Bells

Les religions aimaient bien récupérer les fêtes païennes afin de mieux faire passer les transitions d’un mode de croyance à un autre. C’est ce qui s’est produit avec Noël, la célébration de la Nativité. En situant cet événement le 25 décembre, la chrétienté l’amalgamait à la célébration païenne du solstice d’hiver. Petit à petit, le Soleil cessa d’être le centre d’intérêt au profit de la naissance du Christ.

Par la suite, Noël goûta à cette même médecine en perdant son sens religieux au profit d’une fête presque essentiellement commerciale centrée autour d’un personnage fabuleux et fantasmagorique, le père Noël.

Afin de conserver un certain sens du sacré, beaucoup d’efforts ont été effectués pour ramener certaines valeurs morales à l’avant-scène. Au-delà d’un événement religieux, la charité, le partage, le pardon, l’amour et la générosité sont toutes des valeurs qu’aujourd’hui Noël évoque avec fortes insistances.

Ainsi, nous pouvons rendre hommage à ces valeurs universelles, qu’on soit de confession chrétienne ou pas. La « magie » de Noël transforme les gens, ne serait-ce que l’espace d’un instant. Les pingres se voient subitement dotés d’un cœur généreux, les acariâtres deviennent tolérants, les ermites accueillent le voisinage et les menteurs cessent de dire n’importe quoi.

Bien sûr, toute cette bonté ne perdure pas et dès la fête terminée, ce beau monde retourne à ses activités favorites jusqu’au… prochain miracle de Noël.

Une seule journée de bonté dans toute une année, je ne vois pas l’intérêt de fêter victoire. Ce n’est ni plus ni moins qu’un cadeau empoisonné. Noël nous laisse croire que les choses peuvent devenir différentes alors qu’il n’en est rien. Le monde continue d’être égoïste, ambitieux, narcissique, cruel, radin, violent et insensible.

Alors pourquoi devrais-je fêter Noël ? Vous dites que c’est la fête de l’espoir ? Mais pour moi, l’espoir nourrit l’inaction. Si on veut que le monde change vraiment, celui-ci doit cesser de célébrer l’espoir, de recevoir sa dose d’idées soporifiques une fois par année.

Comme par les années passées, cette nuit, je ne célébrerai pas Noël. Je me coucherai tôt et je rêverai plutôt que le monde change vraiment. Ce ne sera qu’un fantasme, direz-vous ! Oui, c’est vrai. Mais je ne me bercerai pas d’illusions, contrairement à ceux qui croient en étant réveillés que Noël changera quelque chose dans leur vie alors que le seul vrai miracle serait qu’eux-mêmes deviennent réellement différents.

Techniques commerciales répréhensibles

On le sait tous, depuis la pandémie, les prix à la consommation ont explosé.

Bach – Prélude et fugue

Certaines hausses peuvent s’expliquer, tandis que d’autres s’inscrivent clairement dans un plan bien orchestré pour gonfler les profits au détriment des consommateurs les plus vulnérables. Et quoi de plus essentiel dans la vie que la nourriture ?

Dans l’alimentation, on a droit à la réduflation. Au lieu d’augmenter les prix, une technique qui demeure  facilement détectable, on diminue les quantités sans nécessairement modifier les dimensions des emballages. Maintenant, si j’achète deux boites contenant chacune cinq barres de céréales, au lieu autrefois de six, les dix unités rentrent aisément dans une seule d’entre elles. Essayez-le, vous verrez.

Une autre technique largement utilisée est celle de l’ascenseur. Durant une semaine ou deux, on gonfle les prix de certains articles pour ensuite inventer de faux rabais en affichant les prix précédents et en les comparant avec les prix gonflés. Plus ces prix ont été artificiellement haussés et plus les économies semblent importantes. La majorité des consommateurs n’y voient que du feu, puisque les articles les plus en solde disparaissent rapidement des tablettes.

On a également droit au mensonge éhonté. Encore plus facile à mettre en place que l’ascenseur, les marchands indiquent simplement que certains articles sont à prix réduit alors qu’il n’en est rien. Ne pouvant afficher l’ancien prix puisqu’il n’a pas changé, ils se contentent tout bonnement d’ajouter un carton marqué « spécial », « prix réduit » ou « baisse de prix », mais ce n’est que de la poudre aux yeux.

L’autre technique bien connue est la disette, celle des soldes menant à des tablettes vides que les épiciers remplissent les semaines suivantes avec les mêmes articles, mais cette fois-ci, à prix réguliers et en quantité astronomiques. Combien de consommateurs se prévaudront de leur droit à obtenir un coupon rabais ? Très peu, compte tenu du temps passé à courir après les gérants qui subitement deviennent injoignables. Ces derniers se défendent en prétextant que les consommateurs ont été trop nombreux à dégarnir les tablettes. Mais si un spécial est censé durer une semaine, les commerçants doivent posséder des quantités conséquentes, alors qu’ils tombent facilement et fréquemment en rupture de stock dès la première journée.

Récemment, le gouvernement a menacé les épiciers de les obliger à réduire leur marge de profits qui est simplement devenue indécente. Mais au lieu de se conformer à cette demande, ils utilisent un florilège de stratagèmes pour passer outre sans se faire taper sur les doigts.

Ils font même courir la rumeur que plus de 50 % des articles vendus sont soldés. J’ai entendu des journalistes « sérieux » relayer cette fausse nouvelle. Pourtant, plus ce pourcentage parait élevé et plus il doit devenir suspect. C’est impossible qu’un commerçant solde 50 % de ses articles courants, et ce à moins de fortement gonfler les prix de l’autre 50 %. Leurs riches amis risqueraient de leur faire des reproches. Mais ils n’ont pas besoin d’en arriver là s’ils s’adonnent à diminuer les quantités, à fausser les prix des articles apparemment soldés ou à simplement les rendre indisponibles.

Depuis l’invention de l’argent, la cupidité a toujours existé puisqu’il est possible d’engranger plus que nécessaire sans perdre ses possessions. Les chasseurs-cueilleurs n’avaient que faire de plus de réserves qui inévitablement finissaient par pourrir. Gaspiller consistait à emprunter aux prochaines saisons des ressources essentielles. Vue sous cet angle, toute réserve en surnombre menaçait ensuite la survie de l’espèce. Il existait un frein naturel à la surconsommation, ce que l’humanité a perdu depuis le travail rémunéré en argent qu’on peut accumuler sans trop risquer de le perdre.

Mais cette cupidité devient indécente et immorale lorsqu’elle empêche la population la moins bien nantie de se nourrir décemment à un coût acceptable. Nous vivons dans des pays où l’abondance existe, mais elle est devenue inaccessible à une tranche de la population de plus en plus importante, et ce, évidemment, au profit grandissant d’une très petite minorité d’individus à l’appétit inassouvissable et au pouvoir incontrôlable puisqu’ils possèdent déjà tout, y compris le peuple, y compris ses dirigeants.

Équilibre ou stabilité

Si le progressiste recherche l’équilibre, le conservateur vise principalement la stabilité.

Greensleeves

L’équilibre est difficile à atteindre et il est éphémère tandis que la stabilité n’existe qu’en pensée puisque tout est constamment en mouvance. Parlez-en à un fildefériste où son trajet est un grossissement, une caricature des aléas de la vie. S’il parvient à se maintenir sur son câble, il ne le doit pas à sa stabilité, mais bien à son équilibre, une moyenne nulle de l’ensemble de ses déséquilibres tridimensionnels.

Si rien dans la nature n’est vraiment statique, doit-on pour autant accepter immédiatement tous les changements qui se présentent à nous ? Courir sur son fil de fer permet d’atteindre plus rapidement l’autre extrémité, mais les probabilités de tomber en chemin croissent en conséquence, et pas seulement qu’un peu ! Avec le changement, la prudence est donc de mise. Il faut savoir bouger, mais ni trop vite ni trop lentement. Une fois de plus, un juste « équilibre » doit exister entre embrasser les transformations sans retenue et l’immobilité morbide.

En général, ce qui distingue les gens de bonne foi, les progressistes modérés des conservateurs également modérés, est justement cette vitesse avec laquelle les changements doivent être acceptés et ensuite assimilés. Le fossé n’est pas si important entre les uns et les autres. En revanche, il devient infranchissable entre les radicaux des deux camps. Tous deux possèdent d’excellents arguments et des besaces remplies d’exemples patents tirés du passé pour étayer leurs convictions. Sur ce terrain, personne ne convainc l’adversaire et un dialogue de sourds s’installe à demeure.

Vivre trop dans le passé ou constamment dans le futur n’accorde personne. Un clivage s’installe dans la société et lorsqu’il a pris ses aises, il devient très difficile de l’en chasser. Par dépit, car ils perçoivent qu’aucune autre option n’est envisageable, les modérés rejoignent les rangs des radicaux puisque les seuls discours galvaudés sont les leurs, remplis de préjugés et de haine pour les opinions adverses.

L’acrobate vacille trop fortement, l’équilibre se rompt. Les ailes radicales écartèlent la même société qui les a vues naitre et prospérer. Sans corps pour les relier, elles disparaissent toutes deux dans la mer des cuisants échecs. Non seulement personne n’a gagné, mais tous ont perdu.

L’Amérique pleure

Aujourd’hui, l’Amérique pleure, l’Europe aussi et dans bien d’autres lieux dispersés sur la Planète, la disparition prématurée de Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys fringants.

L’Amérique pleure

La vérité est-elle bonne pour tous ?

Dans mon précédent article traitant de la fatigue, je concluais sur le principe que la vérité m’a aidé à tracer mon chemin parmi mes difficultés et que me la cacher n’aurait pu que me perdre et retarder mon processus de guérison. Mais est-ce le cas pour tout le monde ?

Sombre piège

À mon avis, la vérité est bonne pour tous. On est porté à cacher la vérité auprès d’une personne qu’on considère comme étant une sorte d’enfant, vulnérable, une personne à protéger, quitte à lui mentir, un moindre mal, pense-t-on. Mais que se cache-t-il sous cette belle excuse ?

Malheureusement, mentir, même à un enfant, n’est pas la solution. C’est une marque de faiblesse de l’adulte qui préfère mentir, une solution simple, plutôt que de trouver une façon élégante et adéquate de lui dire la vérité.

Élever un enfant dans le mensonge fera inévitablement de lui un menteur. Alors, la prochaine fois que vous hésiterez en pensant protéger votre progéniture en lui cachant la vérité, sachez que vous lui donnez le parfait exemple de ce que vous ne voulez pas qu’il devienne plus tard.

Oui, la vérité est bonne pour tous, seules les façons de la dire ne sont pas toujours adéquates. Évitez la facilité, creusez-vous les méninges et osez dire la vérité de la meilleure manière que vous pouvez imaginer. Un enfant saura vous pardonner une déclaration maladroite mais véridique, jamais il ne vous pardonnera de lui avoir menti dans le but factice de le protéger alors que la fainéantise ou la couardise en sont la véritable raison. Et que vous le vouliez ou non, votre leurre ne durera qu’un court laps de temps, car il sait d’emblée discerner la différence.

Même les plus pieux mensonges n’achètent pas de la protection, par contre, uniquement et à coup sûr, de la déception.

Sommes-nous une espèce sociale ?

Sanctuary of Shadows

La question peut paraitre triviale. On a juste à regarder autour de soi pour ne voir que des humains vivant près les uns des autres, échanger des biens entre eux, s’associer pour construire des structures immenses qui profiteront à d’autres qu’à eux-mêmes. Si l’humain n’était pas social, il ne ferait rien de tout cela, pensons-nous.

Et pourtant, tous ces actes « sociaux » sont motivés par une seule idée, celle de recevoir suffisamment pour assurer sa survie et celle de sa famille immédiate. Les personnes suffisamment riches pour être totalement rassurés sur leur confort jusqu’à la fin de leur existence continuent de s’enrichir plutôt que de distribuer leurs richesses au profit des plus démunis. Quand on devient milliardaire, on veut juste devenir multimilliardaire.

Un certain pourcentage de l’humanité n’a pas volé leur titre d’humaniste, mais ce n’est ni la totalité ni la majorité, seulement une toute petite partie. Tout le reste est profondément égoïste. La sociabilité humaine tient principalement de l’opportunisme. L’humain sociabilise par nécessité, par désir de recevoir plus que le coût de donner, par peur de se retrouver sans personne pour lui venir en aide, pas par amour du partage et du don de soi.

Le désintéressement véritable existe, mais il se fait rare. L’humain reste encore une espèce qui voit sa survie dans celle de lui-même et de sa descendance, bien avant celle de sa communauté, celle de sa patrie et encore moins celle de l’humanité. Notre piètre intérêt envers les changements climatiques le prouve hors de tout doute. Les nations qui continuent de se développer à vitesse grand V au détriment de l’environnement le prouvent également.

Comme toutes les autres espèces vivantes, l’humain continue d’évoluer. Ces changements conforteront sa place sur Terre ou le feront disparaitre. Pour survivre à nos impacts négatifs sur la planète, nous devrons augmenter substantiellement notre sociabilité et cesser de regarder la croissance comme seul critère valable de survie.

Personnellement, je garde peu d’espoir en un changement suffisamment radical de nos valeurs pour renverser la vapeur à temps. L’humanité devra s’effondrer avant de pouvoir redémarrer sur de nouvelles bases. Mais quel survivant voudra changer alors que la planète Terre, dégarnie de ses humains, redeviendra apte à être conquise ?

Si l’humain survit à lui-même, il reprendra ses bonnes vieilles habitudes égoïstes. S’il disparait, quelle autre espèce serait suffisamment apte et méritoire pour prendre sa relève ? Par quelle espèce serons-nous remplacés au sommet de notre planète ? Peut-être par aucune en particulier.

Possiblement, l’humain aura été une aberration qui ne reviendra plus du moins, pas sous cette forme aussi dominante. La Terre est peut-être trop petite pour endurer une forme de vie aussi malfaisante, aussi destructrice et génocidaire en regard des autres espèces ainsi qu’envers la sienne.

Notre planète sans humains ne cessera pas de voir les espèces disparaitre. La Nature est ainsi faite qu’avant nous, 99 % de toutes les espèces ayant vécu sur notre caillou se sont éteintes et après nous, les extinctions continueront. Mais comme autrefois, elles seront causées par des bouleversements naturels, pas par une hégémonie.

Le second souffle

C’est le titre d’un film de 2014 que j’ai récemment visionné sur la plateforme Amazon. Il met en vedette la célèbre Hilary Swank dans le rôle principal et Emmy Rossum pour lui répliquer dans le rôle d’une aide-soignante.

Linkin Park – Numb Piano

Mis à part les traits caricaturaux à la mode très américaine de l’aide-soignante maladroite au début du film, ils ne peuvent s’empêcher de la montrer au paroxysme de son incompétence au cas où certains spectateurs seraient trop peu allumés pour comprendre que la personne n’a aucune expérience dans le domaine, le reste du film m’a profondément ému.

Pour ceux qui ne l’ont jamais vue, je ne divulgâcherai pas le sujet abordé dans cette œuvre réalisée par George C. Wolfe qui a joué un rôle obscur dans le film « Le diable s’habille en Prada », les prestations de Rossum et surtout celle de Swank valent leur pesant d’or.

Bien que je sois habituellement un adepte des films aux effets spéciaux démesurés, je ne boude pas mon plaisir de regarder ce genre d’œuvre dont le sujet touche des valeurs humaines même si la facture générale du film demeure modeste.

C’est le genre d’œuvre qui me réconcilie un peu avec la vie d’aujourd’hui. Si le film n’est pas totalement fictif, il existerait donc encore des personnes capables de bontés désintéressées et d’autres pour les apprécier à leur juste valeur !

J’exagère un peu mon désenchantement, mais on ne refait pas un Corbot, surtout s’il ne veut rien savoir du contraire. Être souvent déçu et occasionnellement grandement ravi est préférable, du moins dans ma tête, au contraire. J’exècre ces personnes qui aiment tout, presque également et sans distinction. Les diamants sont rares, les ersatz pullulent, je déteste qu’on essaye de me refiler de la camelote sous prétexte qu’elle brille tout autant.

Dans ce film, on retrouve un crescendo d’émotions bien maitrisé qui ne paraissait pas au moment du dénigrement de l’aide-soignante. Il va vraiment falloir que les Yankees cessent un jour de considérer les cinéphiles comme des imbéciles incapables de comprendre un deuxième degré même pas subtil. Ça gâche la sauce au point où j’ai failli fermer mon téléviseur. Dans ce cas, j’aurais raté le meilleur en me fiant au pire, mais à ce moment j’ignorais la teneur de la suite. Je me félicite d’avoir tenu tête face à leur stupidité initiale.

Conclusion, si vous n’avez jamais visionné ce film, empressez-vous de le regarder et dans tous les cas, faites-moi part de vos commentaires à son sujet.