Féliciter son vélo

Au début juin de chaque année à Montréal se tient le Tour de l’ile, une balade à vélo d’une soixantaine de kilomètres dans les rues fermées pour l’occasion à toute circulation automobile.

Where times collide

Ce n’est pas vraiment le tour complet de l’ile qui nécessiterait de pédaler près de 250 km. Le circuit varie d’une année à l’autre afin éventuellement de visiter tous les quartiers.

J’y ai participé à quelques reprises, surtout à ses débuts. Je m’en suis lassé depuis pour de multiples raisons. L’événement se veut familial. Les jeunes en âge de soutenir cette distance pour la première fois apprennent à persévérer et à dépasser ce qu’ils croyaient être leur limite. Quant aux parents qui n’ont pas pédalé depuis plusieurs années, eux réapprennent entre autres choses le sens du terme « mal au cul ».

Cette année, les innombrables troupeaux à deux roues passaient près de chez moi et lorsque je me suis rendu à pied au bord de la rivière, je les ai croisés une fois sur l’aller dans leur boucle et une autre fois sur le retour. Et à ces occasions, quelque chose a violemment attiré mon attention. Une forte proportion de cyclistes possédaient l’assistance électrique, à vue d’œil, pas loin du quart ou du tiers des participants.

Autrefois, on se congratulait pour avoir parcouru la distance, on était fiers de l’accomplissement. On partageait une victoire avec les autres cyclistes, car tout du long, on avait aidé les enfants et les autres cyclistes novices prêts à abandonner. On pédalait pendant un segment du circuit à côté d’eux, histoire de les encourager. On leur donnait des conseils. Durant l’heure du lunch, on ajustait la hauteur de leur selle ou de leur guidon qui étaient bien souvent trop bas, réduisant de beaucoup l’efficacité de la moulinette.

Mais quel est maintenant l’intérêt de participer à un tel événement si c’est pour l’effectuer en se faisant tracter ? Au bout du circuit et du compte, il ne reste plus maintenant qu’à féliciter notre vélo de ne pas nous avoir lâchés en cours de route.

3 commentaires sur “Féliciter son vélo

    1. Je ne me souviens pas du kilométrage exact, mais je sais qu’il y avait beaucoup d’abandons, raison probable pour laquelle les organisateurs l’ont diminué. Comme dans toutes les choses, eux aussi préfèrent niveler par le bas. Et avec les vélos assistés, l’effort et la persévérance ne sont plus des obligations, ni même des options, ils sont devenus des inutilités ringardes. Ainsi vont nos sociétés actuelles à l’ère des IA comme ChatGPT où l’on obtient des diplômes en se faisant assister, comprendre ici, remplacer, par de la matière inorganique.

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