L’Allemagne, les Pays-Bas et la France accueilleront l’Orchestre Métropolitain dans les prochains jours. Hier soir j’étais en salle, ici à Montréal, pour entendre presque l’intégralité des deux programmes qu’ils exécuteront au cours de leur tournée avec leur chef vedette, le Québécois Yannick Nézet-Séguin.
Ils partageront la scène avec différents solistes, dont la contralto Marie-Nicole Lemieux, une autre compatriote mondialement célèbre. Hier soir et durant la tournée, elle chante Les nuits d’été de Berlioz, six pièces qui exigent un registre étendu, mais également une grande variété d’émotions que la diva rend admirablement bien grâce à la puissance et aux subtilités tout en douceur de sa voix. Nézet-Séguin adapte parfaitement son orchestre aux couleurs de la soliste et l’ensemble est tout simplement admirable.
Le Concerto pour main gauche de Ravel exécuté par Alexandre Tharaud n’avait pas ce même fini. À plusieurs reprises, le concertiste a tapé du talon pour remplacer l’appui de sa main inutile et le chef a semblé surpris à quelques moments par la fougue et le tempo mal contrôlés du soliste qui, à l’évidence, n’en faisait qu’à sa tête. Malgré ces quelques ratés, l’œuvre ne manquait pas de caractère, mais requiert quelques ajustements qui, je l’espère, se feront avant la tournée.
Le concerto pour violoncelle no 1 de Saint-Saëns fut et sera interprété par le jeune Jean-Guihen Queyras. Cette fois, l’orchestre et le soliste étaient parfaitement à l’écoute l’un de l’autre. On a pu apprécier la tessiture de l’instrument bien contrôlé par Queyras. Si l’on peut reprocher à Tharaud d’y avoir mis trop de cœur et pas suffisamment de retenue, on peut dire l’inverse de la performance de Queyras. Un petit peu plus de vigueur n’aurait pas fait de tort. Toutefois, je préfère de loin une œuvre admirablement bien interprétée, même si elle manque un soupçon d’émotion, à l’inverse.
Une fois l’exécution des trois solistes terminée, l’orchestre s’est attaqué à La Mer de Debussy. Bon, je l’avoue, cette œuvre m’a toujours laissé plutôt froid, mais j’avais hâte de voir ce qu’en ferait Nézet-Séguin. Il réussit souvent à faire des miracles avec des œuvres dont une bonne lecture a semblé échapper aux autres chefs. L’interprétation sans faille de l’orchestre qui répond aux moindres subtilités exigées par Nézet-Séguin vaut la peine d’être entendue. Et comme toujours, les finales sont spectaculaires et rodées au quart de tour. Malgré cette impressionnante interprétation, l’œuvre demeurera malheureusement dans ma colonne des mal-aimées. Je ne ressens toujours pas, ou si peu, la fameuse mer dont il est censé être question. Debussy serait-il resté loin des flots, bien campé sur la terre ferme ? Je n’en serais pas étonné outre mesure puisque sa Mer semble terriblement manquer de consistance. Peu importe les qualités du chef et de son orchestre, il ne peut malheureusement pas réécrire l’œuvre.
Soulignons également l’usage du spectaculaire contrebasson là où les œuvres le demandaient.
Le rappel, par contre, les Variations Enigma d’Elgar valent le spectacle à elles seules malgré leur brièveté. C’est là que s’exprime tout le génie de Nézet-Séguin. On retient difficilement ses larmes devant la beauté de cette interprétation dosée intelligemment, avec une compréhension intime et absolue de son créateur et de son œuvre.
Je souhaite à l’Orchestre Métropolitain, à son chef Yannick Nézet-Séguin et aux concertistes le succès qu’ils méritent. Je mets ici le lien vers la programmation de leur tournée. Et si un jour vous avez l’opportunité d’aller à un concert de Nézet-Séguin et de son Orchestre Métropolitain, ne laissez surtout pas passer votre chance.
Et ce sont nous, Québécois, qui avons le bonheur de pouvoir entendre et voir d’aussi grands talents musicaux, dans cette splendide Maison Symphonique, à Montréal. Je suis tout à fait d’accord, quelle chance nous avons là !
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