Devon

L’ile Devon n’est pas une nouvelle destination vacances. Bien peu de gens la connaissent parce qu’elle se situe tout au nord du Canada dans les territoires du Nunavut. C’est la plus grande ile inhabitée de la planète. Alors que peut bien receler cette ile pour qu’on en parle ces temps-ci ?

En réalité, elle fait parler d’elle depuis 1999 dans certains milieux scientifiques. C’est là que la NASA effectue certaines expériences lorsqu’elle a besoin de simuler l’environnement de Mars. Lorsqu’on effectue un survol de ces terres désolées, on voit très bien la ressemblance avec la petite sœur de la Terre.

Mais actuellement, il existe une autre raison pour laquelle ce milieu désertique est populaire. Des scientifiques ont par hasard découvert le premier lac sous-glaciaire canadien. Il existe dans le monde près de 400 de ces lacs dont le plus célèbre est probablement le lac Vostok en Antarctique, mais celui de l’ile Devon est très particulier.

Il est fait d’eau hyper chargée en sels minéraux, ce qui pourrait la faire ressembler à l’eau contenue sous la croûte glacée d’Europe, l’énigmatique lune de Jupiter. En étudiant cette eau, elle pourrait peut-être nous donner des indices sur la faune vivant sous la glace d’Europe.

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Due à la pression de la glace, la température de l’eau du lac de l’ile Devon avoisinerait les -10 °C même si elle reste à l’état liquide. Ce deuxième critère de ressemblance possible avec les eaux d’Europe encourage et excite les exobiologistes.

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Cela fera pour l’ile Devon une raison supplémentaire pour recevoir en été de nouveaux scientifiques. Comme quoi les terres désolées ne sont pas si inutiles qu’elles peuvent sembler.

Les conspirationnistes affirment que jamais personne n’a envoyé de rovers sur Mars et que toutes les images proviennent de l’ile Devon. Je leur répondrais qu’ils ne sont certainement pas des rocket scientists (intellos, nerds) pour oser avancer de telles affirmations sans aucune preuve, constat ou observation autres que leur scepticisme. Qu’importe, puisque ce sont les mêmes qui prétendent que la Terre est plate. La seule chose qui est plate est l’étendue infinie de leur désolante ignorance.

L’Orchestre Métropolitain (OM) part en tournée européenne.

L’Allemagne, les Pays-Bas et la France accueilleront l’Orchestre Métropolitain dans les prochains jours. Hier soir j’étais en salle, ici à Montréal, pour entendre presque l’intégralité des deux programmes qu’ils exécuteront au cours de leur tournée avec leur chef vedette, le Québécois Yannick Nézet-Séguin.

Ils partageront la scène avec différents solistes, dont la contralto Marie-Nicole Lemieux, une autre compatriote mondialement célèbre. Hier soir et durant la tournée, elle chante Les nuits d’été de Berlioz, six pièces qui exigent un registre étendu, mais également une grande variété d’émotions que la diva rend admirablement bien grâce à la puissance et aux subtilités tout en douceur de sa voix. Nézet-Séguin adapte parfaitement son orchestre aux couleurs de la soliste et l’ensemble est tout simplement admirable.

Le Concerto pour main gauche de Ravel exécuté par Alexandre Tharaud n’avait pas ce même fini. À plusieurs reprises, le concertiste a tapé du talon pour remplacer l’appui de sa main inutile et le chef a semblé surpris à quelques moments par la fougue et le tempo mal contrôlés du soliste qui, à l’évidence, n’en faisait qu’à sa tête. Malgré ces quelques ratés, l’œuvre ne manquait pas de caractère, mais requiert quelques ajustements qui, je l’espère, se feront avant la tournée.

Le concerto pour violoncelle no 1 de Saint-Saëns fut et sera interprété par le jeune Jean-Guihen Queyras. Cette fois, l’orchestre et le soliste étaient parfaitement à l’écoute l’un de l’autre. On a pu apprécier la tessiture de l’instrument bien contrôlé par Queyras. Si l’on peut reprocher à Tharaud d’y avoir mis trop de cœur et pas suffisamment de retenue, on peut dire l’inverse de la performance de Queyras. Un petit peu plus de vigueur n’aurait pas fait de tort. Toutefois, je préfère de loin une œuvre admirablement bien interprétée, même si elle manque un soupçon d’émotion, à l’inverse.

Une fois l’exécution des trois solistes terminée, l’orchestre s’est attaqué à La Mer de Debussy. Bon, je l’avoue, cette œuvre m’a toujours laissé plutôt froid, mais j’avais hâte de voir ce qu’en ferait Nézet-Séguin. Il réussit souvent à faire des miracles avec des œuvres dont une bonne lecture a semblé échapper aux autres chefs. L’interprétation sans faille de l’orchestre qui répond aux moindres subtilités exigées par Nézet-Séguin vaut la peine d’être entendue. Et comme toujours, les finales sont spectaculaires et rodées au quart de tour. Malgré cette impressionnante interprétation, l’œuvre demeurera malheureusement dans ma colonne des mal-aimées. Je ne ressens toujours pas, ou si peu, la fameuse mer dont il est censé être question. Debussy serait-il resté loin des flots, bien campé sur la terre ferme ? Je n’en serais pas étonné outre mesure puisque sa Mer semble terriblement manquer de consistance. Peu importe les qualités du chef et de son orchestre, il ne peut malheureusement pas réécrire l’œuvre.

Soulignons également l’usage du spectaculaire contrebasson là où les œuvres le demandaient.

Le rappel, par contre, les Variations Enigma d’Elgar valent le spectacle à elles seules malgré leur brièveté. C’est là que s’exprime tout le génie de Nézet-Séguin. On retient difficilement ses larmes devant la beauté de cette interprétation dosée intelligemment, avec une compréhension intime et absolue de son créateur et de son œuvre.

Je souhaite à l’Orchestre Métropolitain, à son chef Yannick Nézet-Séguin et aux concertistes le succès qu’ils méritent. Je mets ici le lien vers la programmation de leur tournée. Et si un jour vous avez l’opportunité d’aller à un concert de Nézet-Séguin et de son Orchestre Métropolitain, ne laissez surtout pas passer votre chance.