Dans ma série d’articles consacrés à un nom commençant par une lettre précisée, voici venu le tour de la lettre E et d’un mot qui ne rate jamais de me faire grincer des dents, le terme « excellence ».
Ce mot fourre-tout sert d’outil d’évaluation, mais surtout d’outil de dénigrement démagogique, car l’excellence n’est jamais définie avec précision. Pour bien évaluer les caractéristiques de quelque chose, on utilise plutôt le mot « qualité » qui possède ses règles propres, ses systèmes, ses standards, ses cadres de références, ses méthodes et ses outils. Mais pour l’excellence, les choses se compliquent, car le terme cultive les flous.
Tout d’abord, l’excellence suppose un classement sous-jacent et celui-ci exige donc une évaluation préalable. Toute bonne évaluation repose sur des principes précis. Savoir ce qu’on veut exactement évaluer est la première question à se poser. Ensuite viennent les éléments mesurables susceptibles d’apporter une partie de la réponse. Ces mesurables doivent être pondérés pour former un ensemble de critères aux poids relatifs. Une série de questions sera élaborée afin de constituer les sondes qui mesureront ces critères. Enfin, l’analyse des résultats permettra de tirer des conclusions.
Cependant, tous ceux qui parlent d’excellence se moquent des évaluations faites dans les règles de l’art puisque leur but se situe ailleurs, à la frontière d’un discours manipulateur. Ou plutôt, ils prononcent des discours servant à manipuler qu’ils déguisent en discours rationnels, puisque le mot excellence est un vide qui absorbe tout, mais qui ne restitue rien.
Pourquoi ? Parce que personne n’est excellent. Pourquoi personne n’est excellent ? Parce que l’excellence n’existe pas. Pourquoi l’excellence n’existe-t-elle pas ? Parce que personne ne peut la définir suffisamment précisément selon les contextes pour qu’elle serve d’outil de mesure. Et pourtant elle est utilisée pour mesurer. Mais mesurer quoi ?
La seule chose que le mot excellence mesure c’est la capacité à se culpabiliser. Plus on se sentira coupable du travail accompli, plus on tendra à croire qu’on peut offrir de l’excellence.
Ce mot sert uniquement aux dirigeants démagogues à exiger plus en ne donnant rien, à rendre les gens honteux et coupables des problèmes engendrés au sommet de la pyramide, à persécuter moralement des innocents en camouflant les vraies causes et les vrais responsables des échecs ou des piètres performances.
Comprenez le mot « excellence » comme une tentative de manipulation infondée, injustifiée et fort probablement injustifiable. Ne vous laissez pas emberlificoter par un discours mettant en valeur ce terme qui s’apparente grandement à un trou noir.
J’entends souvent les gens utiliser le mot « excellent » lors d’échanges verbaux et la télévision est particulièrement riche en la matière lors d’entrevues ou durant les bulletins de nouvelles. Voici un exemple.
« La catastrophe a fait plus de cent morts et au moins le double de blessés. » Et le lecteur de nouvelles de répondre au reporter pour clore l’entretien : « Excellent. »
Qu’est-ce qui est si excellent ? La catastrophe ? Le nombre de victimes ? Les images d’horreur ? La cravate du reporter ? Ah ! Peut-être le reportage en lui-même, mais sur quels critères est-il qualifié d’excellent ?
Pour les raisons préalablement décrites, rien ne peut être qualifié d’excellent sans évaluation précise et précisée, mais cet exemple démontre la nullité du terme, tout comme la stupidité de son utilisation et sa banalisation, mais ça fait chic en donnant l’impression d’une appréciation rationnelle et juste, alors qu’il n’en est absolument rien.
Alors, comment avez-vous trouvé mon article d’aujourd’hui ? Excellent, peut-être ? Puisque je vise toujours l’excellence…
Un texte à niveaux dont je partage totalement l’analyse. Au niveau de l’éducation par exemple, l’excellence produit des élites et ces élites bien que minoritaires concentrent tous les pouvoirs : politique, économique, technologique, social…, et manipulent à loisir pour défendre leurs intérêts propres et non l’intérêt général. Un groupe fermé à l’instar de celui des diamantaires où ne peut y être admis que celui qui répond à un certain nombre de critères spécifiques. Quant aux autres, ils auront Echouer, Errer et avec un peu de chance Epanouir. Trop sombre le tableau? A peine. Je ne sais pas si mon propos est clair mais le vôtre est limpide et frappe au coin du bon sens. Exce, Oups ! Ah, ces déterminismes ! Merci à vous pour votre article très intéressant, et de votre visite aux Belles Sources.
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Oui, l’excellence, l’élitisme sont des outils de ségrégation informels, mais bien réels. Merci de votre commentaire.
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Merci pour ce partage, on ne voit plus le mot excellent de la même manière… c’est un peu comme spectaculaire… ici lors d’un accident ils disent un accident spectaculaire alors qu’il y a des morts… je trouve cela terrible… Bise, bon vendredi dans la joie et la douceur!
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Bise et bonne journée à toi !
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C’est très intéressant cette manière d’analyser les mots dans tout ce qu’ils comportent aussi de phénomènes sociaux et autres. Bon travail… 😉
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Merci. J’apprécie beaucoup votre commentaire.
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En lisant l’article, je me disais que je vais faire une blague, que je vais mettre en commentaire ‘excellent article », mais non, pas possible, l’article était trop excellent pour ça. Je vais donc me contenter du second choix: C’était un article d’une qualité sublimissime! 😀 🙂 👍
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Ha ! Ha ! Oui, Leresidue, joli choix d’épithète.
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