À Peine

The loner

Au revoir, puisses-tu être repartie
Tes incursions remplies d’impacts
Caustique tu dissous mes réparties
Malgré l’armistice de notre pacte

Vieille ennemie, nouvelle épreuve
Émerger du cauchemar m’est pénible
Ployant devant le fardeau de la pieuvre
Mes os craquent et tu restes impassible

Peine et haine inséparables
Vilaines ou en frasques
Sœurs jumelles détestables
Je subis vos bourrasques

Demeurer stoïque et froid
Enfoui sous un maitre de fermeté
Marmoréen, solide effroi
Échec du désillusionné

Vieille amie, nous le fûmes jadis
Sous ton poids j’étais, sûr, vivant
Souriant de tes noirs auspices
Une idioties dorénavant

Tapi dans un océan de douleurs
Transparent au corps d’aurélie
Fuyant a tout pris ton malheur
Éloigner ton hégémonie

Cancer dur comme l’acier
Escarre vive, un ulcère
Tu crois en la terre brûlée
Ravage en mes artères

Voyant ton travail de sape
Toujours prête à éclore
En ce jour je te frappe
Pour te passer le mors

À Peine, une faveur
Recouvre ta liberté
Pars et sévis ailleurs
T’ayant déjà tout donné

Connaissez-vous votre E ?

Aujourd’hui, je vous ai concocté un quiz autour de la lettre « e » utilisée en français. Le but principal n’est pas d’évaluer vos connaissances en la matière, mais plutôt de vous rappeler ou de vous apprendre certaines règles et exceptions entourant cette fameuse lettre. Vous trouverez les réponses aux questions à la fin de l’article.

Echoes

Dans le texte, les signes phonétiques sont placés entre crochets [ ]. Vous pouvez trouver la référence sur le site du « Grand Robert » à cette adresse : https://grandrobert.lerobert.com/AideGR/Pages/TableAPI.html

1. En plus des accents aigus, graves et circonflexes sur le « e » (é, è et ê) qui modifient sa phonétique, certains mots possèdent un e non-accentué qui pourtant se prononce [a] comme dans « balle ». Nommez cinq mots provenant de racines distinctes dont le « e » se prononce [a].

2. On sait que le « e » est la lettre la plus employée en langue française. Sa fréquence d’apparition est estimée à 12,1 % et à 14,44 % en incluant les e accentués. Pourtant, un auteur a réussi l’exploit d’écrire tout un roman sans utiliser aucun « e ». Quel titre porte ce livre écrit par un membre de l’Oulipo ?

3. Pourtant, bien que le nom de l’auteur de ce livre (incluant son prénom) ne comporte que onze caractères, on y dénombre quatre « e » pour un pourcentage de 36,4 %. Quel est le nom de cet individu ?

4. Diriez-vous qu’en anglais, le « e » est moins fréquent ou plus fréquent qu’en français ?

5. La plupart des noms féminins se terminant par « té » ou « tié » s’écrivent sans « e » final. Beauté, amitié, santé et pitié en sont de parfaits exemples.

Il existe toute une panoplie d’exceptions, mais elles possèdent souvent un point commun. J’en dénombre une bonne quantité, dont assiettée, charretée, cuillerée, litée, marmitée, pelletée, platée, pochetée, potée, portée, etc. On associe facilement à chacun de ces noms l’autre nom d’origine. Quel est le point commun en question entre tous ces noms se terminant par « tée » ?

6. Le cas du nom « tétée » est particulier bien qu’il fasse également partie de la catégorie précédente. En quoi est-il différent des autres ?

7. Plusieurs autres noms féminins se terminant par « tée » n’entrent pas dans cette catégorie d’exceptions. Ce sont souvent des transformations d’un adjectif (ou d’un verbe) à un nom. Là encore, ils ne sont pas rares. Croûtée, dentée, frottée, futée, heurtée, jetée, jointée, sautée sont tous des noms féminins créés à partir de l’adjectif féminin homonyme. En linguistique, comment se nomme cette transformation d’un adjectif (ou d’un verbe) en nom ?

8. Enfin, certains noms féminins se terminant par « tée » sont dérivés du latin. On les retrouve surtout en science. Les noms actée, galatée, lépidostée et stromatée entrent dans cette catégorie. Selon vous, galatée est le nom d’un astre, une sorte de crustacé, de plante ou de poisson ?

9. Les « e » qu’on prononce [a] n’est pas la seule particularité des e dans la langue orale, il y a aussi les cas du e caduc et ceux du e muet. Les e muets sont légion. Si le mot se termine par e, ce dernier est bien souvent muet. Affaire, cuire, poire, sincère, vous voyez le topo. Le e muet final se prononce parfois lorsque le mot se retrouve dans des chansons. C’est une question de rythme et de rime « La bohèmeeee 🎵».

Le e caduc est, soit muet ou très peu appuyé, soit prononcé. Il se situe à l’intérieur d’un mot et nous sommes libres de le taire ou pas. Il faut toutefois faire attention. Voyons l’exemple suivant. On a le choix de prononcer ou non le e caduc dans le mot « fenêtre » qui devient « f’nêtr ». Le premier e est caduc et le dernier est muet. Cependant, on doit toujours le prononcer dans le mot « fenestration ».  Trouvez deux autres mots dont le e caduc devient nécessairement muet et ensuite deux mots dont le e caduc doit absolument se prononcer.

10. Connaissez-vous l’autre nom donné au e caduc ?

11. Nous savons tous que le français est une langue latine et si ce n’était pas le cas, maintenant c’est fait. Notre langue a hérité de plusieurs mots latins qui n’ont jamais changé de graphie même lorsqu’un caractère ne se trouve pas directement dans notre alphabet. C’est le cas de la ligature du a et du e, le fameux « æ » bien connu grâce au nom « curriculum vitæ ». On le nomme de multiples façons, comme si aucun nom ne lui convenait parfaitement. Ligature, lettres liées, lettres soudées, lettres doubles, voyelles doubles, digramme, on ne s’ennuie pas. Si l’æ est un digramme, nommez-en un autre comportant un e et utilisé en français.

12. En français, comment se prononce l’æ ?

13. Trouvez trois autres mots utilisant le digramme « æ ».

14. On retrouve parfois un tréma sur le « e » (ë) lorsqu’il se situe à la fin d’un mot. Sauriez-vous dire pourquoi ?

15. En français, quel est le maximum de e trouvé dans les mots du dictionnaire ?

16. Sauriez-vous trouver un mot français qui n’est pas un mot composé, ni un verbe conjugué, ni un adjectif au féminin (qui rajoute un e) et qui contient ce maximum de e ?

Comme vous pouvez le constater, notre lettre la plus prolifique est plutôt étonnante, car remplie de particularités et de contradictions.

Réponses

  1. Cinq mots dont le e se prononce [a], le plus commun est certainement « femme ». Il est si commun qu’on oublie facilement sa prononciation exceptionnelle. Vous auriez également pu nommer « moelle, poêle et solennel ». À cette courte liste, se rajoutent toutefois plus d’une cinquantaine d’adverbes se terminant en « emment » comme ardemment, différemment, éloquemment, innocemment, négligemment, etc. Le choix ne manquait pas. 
  2. Le livre sans e s’intitule : « La disparition ». L’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) est un groupe de recherche littéraire créé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais.
  3. Toute une performance de l’auteur George Perec !
  4. Étonnamment, en anglais, la fréquence du « e » est plus élevée qu’en français si on prend seulement le « e » non accentué. Sur le site de Wikipédia, elle a été mesurée à 12,7 % de son contenu en anglais comparativement à 12,1 % en français. Cependant, avec les « e » accentués, la fréquence en français de 14,4% dépasse celle de l’anglais. En anglais, le « e » n’est jamais accentué, sauf pour les mots empruntés au français. Café, fiancé et crêpe font partie de ces rares mots acceptés en anglais qui possèdent un accent sur le « e » et que les gens sont censés écrire tel quel. Cependant, paresse exige, nos amis d’en face « omettent » couramment de les accentuer correctement.
  5. Tous ces noms représentent une quantité, un contenu.
  6. Bien que « tétée » représente aussi une quantité, il n’est pas dérivé d’un autre nom, mais du verbe « téter ».
  7. Transformer un adjectif ou un verbe en nom se nomme « la substantivation ». Un mot qui ne comporte aucun e, et ce malgré ses quinze caractères. Noter que le mot « substantif », donner de la substance, est un synonyme du mot « nom ».
  8. Galatée est un crustacé. Il provient du latin « galathea », lui même tiré du nom propre grec Galathea. Dans la mythologie grecque, Galatée (en grec ancien Γαλάτεια / Galáteia) est l’une des Néréides (nymphe marine), fille de Nérée et de Doris. Ceux qui ont répondu que galatée est un astre ont partiellement raison. Oui, Galatée est bien le nom de la sixième lune de Neptune, dernière planète de notre système solaire, cependant seul le crustacé galatée est un nom commun, il s’écrit donc sans majuscule.
  9. Il existe une foule de mots dont le e caduc est obligatoire. Une série est bien connue, celle des mots avec la terminaison « ement » comme dévouement, paiement, remerciement, etc, mais pas tous. Pensons aux mots abjectement, adorablement, bougrement, département, fermement, etc. qui requièrent tous de prononcer le e. Noter toutefois que dans tous ces mots, le e est précédé de deux consonnes. Avec le m qui suit, cela ferait trois consonnes à prononcer sans voyelle séparatrice. Les prononciations blm, grm, rtm, rmm ne sont pas naturelles et c’est pourquoi le e n’est jamais muet dans ces mots.
  10. Un e caduc est aussi appelé e instable. Le e muet ou caduc muet est aussi appelé un « schwa » [ʃva], une voyelle neutre. Rajoutez-y un « l » à la fin et vous obtenez un cheval dont le e est caduc (ch’val) 😀.
  11. L’autre digramme est aussi bien connu, c’est l’œ comme dans œil, œuf, bœuf, sœur, etc. Noter que pour des raisons souvent techniques, les ligatures œ et æ ne sont pas obligatoires et évidemment elles deviennent inutilisées dans des jeux comme le scrabble ou les mots croisés. Il est cependant recommandé de les utiliser partout où c’est possible. C’est pourquoi la version française de Word possède la capacité de ligaturer automatiquement les mots dont l’orthographe contient un æ ou un œ en tapant simplement les deux lettres consécutivement. Sur Mac avec l’OS X, il est facile de taper directement les caractères æ et œ en utilisant Option + a et Option + q.
  12. En français, on prononce l’æ comme un é, un e fermé, [e]. Cependant, en latin, la véritable prononciation tendait à laisser entendre les deux voyelles, cependant en atténuant le a et en insistant sur le e. J’ai eu un prof de latin qui, lui, détachait carrément le son des deux voyelles [ae] comme si aucune ligature n’existait. Quant au digramme œ, il se prononce généralement comme peur. Son signe phonétique est justement le même [œ]. Mais là encore, des exceptions s’appliquent. Le œ dans alstrœmère se prononce comme le o de sot [o], tandis que celui de amœbée se prononce é, un e fermé [e]. On voit donc que le digramme œ peut prendre plusieurs sons différents dépendant des autres lettres qui l’accompagnent.
  13. Souvent, les mots possédant le digramme æ possèdent également une autre graphie francisée. Cæsium a  césium, cobæa a cobéa, elæis a éléis, et cætera a et cetera, fæces a fèces,  pæan a péan, præsidium a présidium, sæptum a septum, tænia a ténia, etc. Mais d’autres n’ont qu’une seule façon de s’écrire. C’est le cas de æoline, æolis, æschne, æthia, hymenæa, nævus, uræus, vitæ, etc.
  14. Les mots féminins aiguë et ses composés, ainsi que ciguë, exiguë, contiguë, etc., portent un tréma sur le e, car la prononciation du groupe de lettres « gue » sans ce tréma donne [gǝ] (g dur et e ouvert) comme dans « ligue », tandis que tous ces mots se prononcent [gy] (g dur et u comme dans « du »). Le e tréma (ë) nous rappelle la bonne prononciation à adopter.
  15. En français, le maximum de e dans un seul mot est de 6, mais la plupart d’entre eux sont des mots composés, des verbes conjugués ou des adjectifs féminins.
  16. Il existe plusieurs mots contenant 6 e. En voici deux. Dégénérescence et préférentiellement.

Hubert a rejoint ses étoiles

We are cursed

Rarement plus d’une personne par génération a la capacité d’influencer positivement l’humanité tout entière et Hubert Reeves a été l’une d’elles. Son amour pour la science, pour l’écologie, pour la langue française, mais surtout pour les gens a façonné sa nature profonde et incidemment la nôtre.

Contrairement aux discours démagogiques qui enflamment les esprits, le sien, dépourvu de hargne, a toutefois engendré de très grandes passions. Comme quoi l’éducation et les explications simples et claires valent autrement mieux que les phrases incendiaires dépourvues de sens.

Ce Montréalais de naissance et Français d’adoption savait que la science avait causé les catastrophes environnementales que nous connaissons aujourd’hui, mais il croyait également qu’elle pouvait nous en affranchir si on la mettait au service de notre bien-être. La science n’est ni bonne ni mauvaise, elle fait ce pour quoi on la harnache. Malheureusement, l’incurie permanente de nos dirigeants en matière de protection de la Nature l’a profondément bouleversé et l’a peut-être en partie anéanti.

Nous sommes tous des poussières d’étoiles comme nous sommes tous devenus des fragments d’Hubert Reeves, de sa pensée, de ses préoccupations et de ses amours.

Merci, Hubert, d’avoir été présent dans nos vies.

Mélange de couleurs

Une rose violette, une violette bleue, un gros bleu jaune, un jaune d’œuf orange, une orange verte, un vert-de-gris, gris est l’azur auparavant rose, une rose violette…

Et l’on s’étonne que les gens connaissent mal leurs couleurs !

Blue Jean Blues

Évidemment, nommer un objet du nom de sa couleur est, à mon avis, une très mauvaise bonne idée car, comme dans le cas des roses ou des violettes, des mutations leur octroient une panoplie d’autres couleurs qui n’ont plus rien à voir avec les originales.

Le jaune d’un œuf entre également dans cette catégorie des objets nommés en fonction de sa couleur la plus fréquente. Il aurait mieux valu nommer ce centre coloré d’une autre façon. Je suggère le terme plus juste et plus représentatif de « cellule ». Hé oui, un jaune d’œuf, qu’il soit de poule ou d’autruche, n’est en fait qu’une seule et unique cellule biologique. Ensuite, celle-ci peut bien prendre la couleur qu’elle veut, on ne confond plus une couleur avec un objet.

À l’inverse, avant que l’Europe ne connaisse les oranges, il n’y avait pas de mot désignant cette teinte comprise entre le jaune et le rouge et c’est ce fruit qui est à l’origine du mot désignant cette couleur.

Quant à l’azur, le ciel, hé bien, tout le monde sait qu’il s’accapare toutes les couleurs sauf celles proches du vert. Prendre l’azur et en faire un synonyme d’une seule de ses couleurs, en l’occurrence le bleu, est-ce pécher par trop d’optimisme ?

Et pour les bleus qu’on dissimule avec grande gêne, on sait tous qu’ils se présentent rarement bleus, mais plutôt mauves, violets et jaunes. Ici, est-ce un abus de langage ou une réduction inadéquate ?

Pour le vert-de-gris, il faut plutôt chercher son origine du côté de la Grèce. Le « vert de Grèce » désignait cette patine verte se formant sur le cuivre lors de son oxydation. L’usage l’a ensuite graduellement transformé en vert-de-gris.

Il est facile de donner un nom à une nouveauté en adoptant la première idée venue en tête, mais celle-ci est rarement bonne. Elle finit souvent par créer de la confusion voire pire, des contradictions.

Les mots popularisés par un usage rapide généralisé qui sont issus d’une autre langue ou d’une apparente évidence finissent souvent, malheureusement, par devenir la norme. Il ne nous reste plus qu’à les accepter malgré tous leurs défauts et les embêtements récurrents qu’ils nous occasionneront pour les siècles à venir.

Blogue blague bluffant

Le dimanche, c’est jour de repos et d’humour. Une journée où rien ne doit être pris trop au sérieux, y compris l’écriture et la lecture. C’est pourquoi, à l’instar du titre de cet article, je vous ai concocté quelques calembours qui, je l’espère, vous feront sourire, malgré les difficultés d’élocutions que certains vous causeront.

Tundra
  • À mon tour de faire le tour de la tour pour jouer un tour aux alentours.
  • Enfin en fin de vie, j’enfreins tout sans faim ni freins.
  • J’étire la tire avant de partir au stand de tir de Tyr.
  • À la vie à la mort, à l’avis de la mort, la vie la mord d’envie.
  • Le comte compte les contes racontés au comité du comté.
  • Un éclair clair éclaire Claire.
  • Un rat rose rusé enroué rasé ras embrase les rues.
  • Parmi la flicaille la racaille caille des écailles.
  • Que serait Samson sans son sens du sensas ?
  • Dans l’étable je table sur une véritable table stable.
  • La moue pour moult mouts mous.
  • Crotte ! Carole, dans le car, rote la carotte.
  • Je m’émeus de l’émeu des sables mouvants émouvants.
  • J’en ai marre du marc sur l’amarre à la mare, le barbare se barre au bar.
  • Avec ma tante, sans attente ni détente, je tente la plante de trente tentes en Otrante.
  • S’il vit, c’est Sylvie. Pour Winnie, ni oui ni non, Ninon !
  • Mon marrant mari mormon marmonne qu’il a mis ma molle marmotte mourante dans la manne de maman.
  • Devant passer par-devant, je montre mon derrière avant de passer par-derrière.
  • Le visage pêche, j’ai la pêche lorsque je pêche une perche avec une pêche au bout d’une perche sans que je ne m’empêche ni ne pèche.
  • Je nie, Janine n’est ni jeune ni ne jeûne.
  • Jeûne-je ou mange-je ? Mes gènes se jouent de ma joue sans gêne du Diogène.
  • Une boule roule parmi la foule de poule soules, des moules qui coulent sous la houle.
  • Je crois en la croix qui croît en toi jusqu’au toit.
  • À l’envers, les vers trouvèrent un trou vers un verre vert.
  • Mon fol ami a mis la mie mi-molle dans un bol au sol. Vol ! Dol !
  • L’orgasme ne me menace plus ni ne me mène à Némésis.
  • Mon père a dit : « Pardi ! Pare, hardi ! Car le paradis part à dix parts. »
  • Montre mon ciment à Simon, s’il ment, mon mont scie son son.
  • Une fausse fosse et sept fossettes en porte-à-faux s’il en faut, le fossile porte des faux cils.
  • Une harde hardie de harpies ourdit dans l’ordre sur ordi une horde d’orques hors de l’are d’or.
  • J’avoue, je vous voue en vain vingt vies et je vis le vin vis-à-vis l’avis qui vint, mais je vis et je vaincs.

Je vous invite vite et vous incite icitte à rajouter vos propres calembours en commentaire.

Xer, Ixer, Musker, quoi choisir ?

Dans un ancien article, je fustigeais la société pour la création de verbes inutiles à partir des noms d’applis technos modernes.

Wings

Je recommandais de toujours utiliser le verbe « écrire » en rajoutant le nom de la plateforme si nécessaire ou si désiré. L’avenir m’a donné raison.

Ouais, vous direz que « LeCorbot » et « être dans le vrai », c’est du pareil au même. Je vous en remercie, je le savais déjà. Cette petite bête noire n’est pas la bête noire des gens pour rien. LeCorbot se plait à démontrer des vérités qui désirent rester cachées au plus profond de l’inconscient individuel et collectif. Vous pensez que plus ça fait mal, plus il jubile, et pour une fois vous n’avez pas entièrement tort.

Trêve de vérité sans plaisanterie, que direz-vous maintenant quand vous voudrez écrire des idioties sur l’appli qu’on nommait « Twitter » jusqu’à tout récemment ? Vous n’écrirez plus un twit, vous ne twitterez plus. Vos gazouillis sentent le gaz bouilli. Maintenant, vous xez ? Ou préférez-vous ixer ?

Tant qu’à inventer un verbe imbuvable, je pencherais pour « musker ». Contrairement à la noble intention de rendre les nouveaux mots universels et pérennes, celui-ci ne vivra que quelques années, à l’instar de « twitté » qui aujourd’hui a perdu tout son sens grâce à lui.

Si les linguistes avaient recommandé d’utiliser le verbe « écrire » comme je le recommandais moi-même, ils ne seraient pas pris avec le problème de savoir quoi faire maintenant avec « twitter » et par quoi le remplacer. Ne commettez pas la même erreur ! NE LE REMPLACEZ PAS ! Utilisez simplement « j’ai écrit » en rajoutant si nécessaire « sur X ».

Mais à votre place, pour régler définitivement le problème, du moins sur cette plateforme, cessez donc d’y écrire quoi que ce soit. Ça vous évitera d’inventer un verbe verbeux et inutile. Et ce Musk, croyant pouvoir tout se permettre, pour une fois, il en prendra une dans les dents.

Et puisque j’aspire moi aussi à apparaitre dans les dicos, pourquoi ne pas corboter cette directive à tous vos contacts ?

Corboter : Verbe transitif.

❨1❩ Dire, asséner une vérité difficile, désagréable à entendre, à accepter.

❨2❩ Ressasser une même phrase censée être vraie jusqu’à exaspération.

Un mot français à la fois

« J’ai débunké un slide du speaker venu faire un speech sur le redshift ».

Et à ce qui parait, on parle encore français !

« J’ai déboulonné une diapo du conférencier venu parler du décalage vers le rouge. »

Oreste

Bien entendu, j’ai mis dans la même phrase plusieurs termes anglais entendus dans des conférences scientifiques sur YouTube. On peut facilement comprendre qu’avec l’hégémonie de l’anglais, celui-ci s’immisce partout.

En revanche, il est désolant de voir comment nous le laissons faire sans réagir. Nous acceptons et utilisons les termes anglais alors que nous avons l’équivalent français. Pour faire comme tout le monde, on préfère utiliser débunker plutôt que déboulonner, slide plutôt que diapo et redshift au lieu de décalage vers le rouge.

Adopter un mot anglais n’est pas un problème si le français n’a aucun terme équivalent. Mais choisir volontairement d’ignorer une expression française qui existe, c’est mépriser sa propre langue.

De plus, on ne francise plus les termes. Par exemple, bien des gens préfèrent utiliser la graphie « bug » plutôt que « bogue ». En français, le u dans « bug » devrait se prononcer comme dans « but » et pas comme un o comme dans « bogue ».

Lorsque nous parlons, lorsque nous écrivons, forçons-nous un peu. Choisissons de le faire en utilisant des termes en français. Respectons notre langue, ses mots, ses termes et ses règles de prononciation.

Un mot français à la fois, nous préserverons notre langue, car un mot anglais à la fois, nous la perdrons à coup sûr.

Origines oubliées de 6 mots (U à Z)

J’ai précédemment écrit quatre articles dans lesquels je donne l’étymologie de cinq mots commençant par A à E puis de F à J, ensuite de K à O et enfin de P à T. Vous pouvez également retrouver tous ces articles en cliquant le lien suivant : Thème « Culture – Le français »

Je termine maintenant cette liste en vous proposant six derniers mots communs dont chacun commence par l’une des six lettres U à Z.

Solitude

La fin de l’alphabet ne donne accès qu’à peu de mots, mais j’ai quand même pu y dénicher quelques étrangetés étymologiques.

Lorsque j’écris la définition moderne d’un mot, j’utilise celle communément comprise aujourd’hui, la plus courante, peu importe les autres formes ou sens possibles pour un même mot. Je ne prétends pas qu’il n’existe que cette seule définition toujours en usage.

Voici donc ces six derniers mots accompagnés de quelques remarques personnelles.

U : unir (verbe transitif)

Définition moderne : Mettre ensemble de manière à former un tout, une réunion perçue comme une. Ajouter une chose à un tout, joindre à.

Étymologie : Vers 1165 ; du verbe latin unire, de unus « un » ; « unir un conte » « réunir les éléments d’un récit ».

Commentaire : Il n’était pas très difficile de déduire la racine latine unus pour « un ». Cependant, l’utilisation première très limitative de « unir », celle de la réunion d’éléments pour la composition d’un conte, d’un récit, m’a quelque peu étonné.

V : vaste (adjectif)

Définition moderne : Très grand, immense, spacieux, dont la portée ou l’action est très étendue.

Étymologie : 1088, wast, guast du latin vastus « vide, désert, abandonné » ; 1495 « dévasté, inculte ».

Commentaire : On note une déviation du sens initial qui ne concerne pas la « vastitude » d’un endroit, mais plutôt sa désolation, son aspect déserté ou désertique, infertile. Devenu maintenant synonyme d’immense, une immensité dimensionnelle, l’apparence absolue d’un lieu désert, vide et triste a été évacué de son sens actuel.

W : wallon – wallonne (nom et adjectif)

Définition moderne : Belge de la Belgique du sud, de langue et de civilisation romanes. Dialecte parlé par les Wallons.

Étymologie : XVIe, wallin. Du latin médiéval wallo, wallonis, du francique et du germanique walha « les Romains, les peuples romanisés ».

Commentaire : Noter que la lettre « W » n’existe pas en latin antique. La généralité signifiant « (tous) les peuples romains (romanisés) » est devenue régionale et limitée à la Wallonie actuelle. Un parallèle peut être fait avec les Américains, actuellement considérés comme étant les habitants des États-Unis d’Amérique, alors que tout habitant des deux Amériques est de fait un Américain.

X : xérus (nom masculin)

Définition moderne : Petit rongeur d’Afrique et d’Asie (Scuridés) proche de l’écureuil, aux poils durs et épineux, communément appelé « rat palmiste ».

Étymologie : 1893 ; du latin xerus, grec xêros « sec », à cause de la rigidité des mamelles pectorales.

Commentaire : Les zoologistes ont toujours eu beaucoup d’imagination pour nommer des animaux à partir d’une de ses particularités physiologiques, de son comportement ou de son habitat. Ici, ils se sont uniquement concentrés sur l’apparence de ses mamelles, mais c’est compréhensible puisque le reste de son corps ressemble énormément à celui des autres écureuils.

Y : ysopet (nom masculin)

Définition moderne : Au moyen âge, « recueil de fables ».

Étymologie : XIIe siècle, du latin  Aesopus « Ésope ».

Commentaire : La graphie « isopet » existe aussi. Ésope est un écrivain grec du VIIe siècle avant notre ère. On lui attribue la paternité de la fable, raison pour laquelle le mot ysopet a été inventé.

Z : zigzag (nom masculin)

Définition moderne : Ligne brisée formant des angles alternativement saillants et rentrants. Mouvement qui suit une ligne sinueuse, irrégulière.

Étymologie : 1662, zigzac.  Assemblage articulé de pièces en losange pouvant s’allonger et se replier à volonté.

Commentaire : Comme le montre l’image précédente, un zigzag était une sorte de pièce articulée se déployant en accordéon. Ce pouvait être une pince ou un support extensible. On le retrouve aujourd’hui dans les plateformes élévatrices modernes. Étrangement, je ne trouve presque aucune trace de ce mot dans les publicités modernes pour décrire ce mécanisme alors que la définition existe bel et bien dans les dictionnaires et lexiques actuels. Aujourd’hui, le zigzag se rapporte presque exclusivement à un tracé simple comme le louvoyage.

Pour conclure : 

Pour composer un ysopet, un écrivain wallon a uni plusieurs observations d’un xérus alors qu’il parcourait en zigzag son vaste territoire.

J’espère que vous avez apprécié cette série de cinq articles consacrés à l’étymologie de vingt-six mots commençant chacun par une lettre différente de notre alphabet. N’hésitez-pas à laisser un commentaire.

Origines oubliées de 5 mots (P à T)

Il existe trois précédents articles dans lesquels je donne l’étymologie de cinq mots commençant par A à E puis de F à J et ensuite de K à O. Je poursuis maintenant cette liste en vous proposant cinq autres mots communs dont chacun commence par l’une des cinq lettres P à T.

Aurora

Il est étonnant de se rendre compte que bien des mots très usités et parfaitement clairs ont des origines obscures ou étranges, des sens autrefois bien différents de ceux qui ornent maintenant nos phrases. Une langue vivante comme le français évolue se transforme, dévie et foisonne, multiplie les sens et les définitions alors que d’autres s’éteignent dans l’oubli le plus total.

Lorsque j’écris la définition moderne d’un mot, j’utilise celle communément comprise aujourd’hui, la plus courante, peu importe les autres formes ou sens possibles pour un même mot. Je ne prétends pas qu’il n’existe que cette seule définition toujours en usage.

Voici donc ces cinq prochains mots accompagnés de quelques remarques personnelles.

P : piaffer (verbe intransitif)

Définition moderne : Se dit d’un cheval qui, sans avancer, frappe la terre en levant et en abaissant alternativement chacun des pieds de devant (et de derrière). Frapper le sol des pieds de devant. Piétiner.

Étymologie : Ses origines sont incertaines, peut-être est-ce une onomatopée. Cependant son sens original n’a rien à voir avec un cheval. Au début du XIIe siècle, « piaffer » au participe passé était utilisé pour décrire une façon de parler. Ainsi, « des paroles piaffées » signifiait autrefois « faire de l’embarras » ou « se donner de grands airs », « fanfaronner ».

Commentaire : Ce sens originel a été perdu sinon il est devenu extrêmement rare. Aujourd’hui, le sens figuré issu du sens propre moderne prédomine. Les expressions consacrées « piaffer d’impatience » et « piaffer à la porte » imagent bien ces deux actions, l’une étant de « ne plus tenir en place », de «taper du pied » et l’autre de « cogner avec insistance et fougue ».

Noter que cette impatience maintenant devenue la marque indélébile du verbe « piaffer » dans son sens figuré n’est pas présente dans les gestes d’un cheval qui piaffe, qui effectue un piaffer, nom tiré du verbe. Le fait que ce mouvement soit saccadé a donné l’idée, l’impression, d’une impatience. Quant au sens initial, il ne montre pas vraiment d’impatience, on comprend plutôt « placer quelqu’un dans une position délicate ou confuse, » « le déconcerter » ou « faire l’important ».

Q : querelle (nom féminin)

Définition moderne : Contestation, différend dispute, opposition vive et passionnée pouvant entraîner un échange d’actes ou de paroles hostiles.

Étymologie : Au XIIe et XIIIe siècle, la querelle avait un sens bien plus concret. Il s’agissait d’un procès, d’une plainte en justice. Une querelle était une plainte auprès des autorités ou par extension, les intérêts de quelqu’un dans un litige. On utilisait « quereller », la forme non pronominale du verbe.

Commentaire : Dans le sens actuel, aujourd’hui, personne ne va au tribunal ou devant une autorité quelconque pour se « quereller », mais pour présenter ses arguments et ses évidences. La querelle précède la demande de trancher le litige par un tiers.

En amour, les querelles sont fréquentes lorsque des conflits éclatent dans un couple. Elles se résument la plupart du temps à des joutes verbales, un désaccord, une divergence, une dispute, une polémique, une controverse, une scène. Entre des enfants, la querelle prend souvent un tournant physiquement violent sous forme d’altercation, d’empoignade, de bagarre.

R : robinet (nom masculin)

Définition moderne : Appareil placé sur un tuyau de canalisation et que l’on peut ouvrir et fermer pour régler le passage d’un fluide. Une valve.

Étymologie : 1285, figure ornant un instrument à cordes. 1401, Robin, robinet, nom donné au moyen âge au mouton, les premiers robinets étant souvent ornés d’une tête de mouton. Ou était-ce la forme du robinet qui ressemblait à celle d’une tête de mouton ? Les sources ne sont pas très précises et sont discordantes à ce sujet.

Commentaire : Au sens figuré, un robinet représente ce qui retient ou laisse passer un flux quelconque. De l’argent, des paroles, des idées, des mots, « c’est un vrai robinet » pour parler d’un bavard.

Et bien sûr, le robinet d’un jeune garçon se situe entre ses deux jambes. Il est l’un parmi de nombreux mots utilisés pour désigner un jeune ou un petit pénis.

Il existe un joueur français de football américain qui se nomme « Robin Mouton ». En ancien français, il se nommerait « Mouton Mouton », rien pour effrayer l’adversaire !

S : sage (adjectif et nom masculin)

Définition moderne : D’une manière habituelle, qui fait preuve d’un jugement sûr, de bon sens, qui est avisé, sensé, prudent dans sa conduite.

Étymologie : Origines incertaines. 1050, savie. Peut-être du latin populaire sabius ou sapius (sapiens) qui désigne une personne intelligente et raisonnable. Il pourrait aussi provenir du latin sapidus signifiant « qui a du goût » « de bon goût ». Au XVIe siècle nait l’idée d’un mode de vie éloigné des divertissements vulgaires. Dans les premiers écrits, le mot sage définissait une personne savante, érudite, mais aussi une personne de bon conseil. À cette époque éloignée, la connaissance semblait faire de pair avec la sagesse.

Commentaire : Il existe d’autres sens populaires au mot sage. On n’a qu’à penser à « sois sage » lorsqu’on s’adresse à un enfant, être « sage comme une image ». On le veut calme, qu’il cesse de grouiller. Le nom « sage » est ensuite repris au XXe siècle pour désigner des conseillers expérimentés, souvent institutionnels, « comité des sages », « conseil des sages », etc.

T : tuer (verbe transitif)

Définition moderne : Faire mourir quelqu’un de mort violente. Causer volontairement la mort de quelqu’un d’une façon rapide et directe.

Étymologie : Étrangement, ce mot aujourd’hui d’une parfaite clarté a des origines incertaines et son sens a divergé. À partir de 1130 jusqu’au XVIIe siècle, il signifiait « éteindre », tirant peut-être cette définition du latin tutare « éteindre » comme dans tutare candelam « tuer la chandelle », l’éteindre. Dès 1150, le sens « abattre » est pourtant aussi présent. En ancien français. « tuer » signifie d’abord « frapper », « battre » « assommer », comme le latin tundo. À ce moment, la mort semblait donc absente des intentions, seulement une conséquence possible d’actes violents. Maintenant, tuer ne laisse aucun doute sur le résultat final attendu. La mort est toujours au rendez-vous.

Commentaire : Je me souviens étant jeune, « tuer le feu » était une expression courante pour éteindre le feu de camp avant d’aller dormir. À l’époque, je croyais simplement à une métaphore, je ne la reliais pas à cette antique définition. Le verbe « tuer » est amplement utilisé, tant dans son sens propre que dans son sens figuré. Je pense à « tuer le temps ». S’il existe quelque chose qu’on ne pourra jamais tuer, c’est bien le temps ! En revanche, lui, il tue facilement. D’ailleurs, il tuera tout le monde. Tuer le temps pour l’empêcher d’avoir une emprise sur soi, c’est patienter en s’occupant à faire autre chose. Mais on ne pourra jamais le tuer, ni l’assommer, ni l’éteindre.

Pour conclure : 

Suis-je encore sage si je piaffe à l’idée de tuer cette querelle dans l’œuf, celle m’opposant à ce robinet à paroles ?

Origines oubliées de 5 mots (K à O)

Il existe deux précédents articles dans lesquels je donne l’étymologie de cinq mots commençant par A à E puis par F à J. Je poursuis maintenant cette liste en vous proposant cinq autres mots communs dont chacun commence par l’une des cinq lettres K à O.

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Les mots sont le reflet des sociétés qui les utilisent. Pour des raisons souvent pratiques, ils se transforment pour s’adapter à des situations changeantes. Et comme ces sociétés, au fil du temps, leurs sens vivent puis disparaissent en laissant la place à d’autre façons de les interpréter.

Lorsque j’écris la définition moderne d’un mot, j’utilise celle communément comprise aujourd’hui, la plus courante, peu importe les autres formes ou sens possibles pour un même mot. Je ne prétends pas qu’il n’existe que cette seule définition toujours en usage.

Voici donc ces cinq prochains mots accompagnés de quelques remarques personnelles.

K : kaïd (nom masculin)

Oui, le mot caïd possède bien deux graphies dont celle avec un k, plus rarement utilisée et qui trahit des origines arabes comme beaucoup d’autres mots commençant par un k.

Définition moderne : Chef d’une bande de mauvais garçons ; personnage considérable dans le milieu.

La définition actuelle ne concerne pas seulement les jeunes chefs de bande. Elle inclut également celle des garçons ayant une forte emprise et une influence négative sur les autres jeunes de leur entourage, à l’école ou ailleurs. Ils menacent et terrorisent leurs compagnons sans nécessairement faire partie d’une bande.

Étymologie : 1308, caïte. De l’arabe qā’ǐd, signifiant « celui qui conduit » puis « chef de tribu » et finalement au XXe siècle « chef de bande ».

Commentaire : Autrefois, ce terme n’avait pas de connotation nécessairement négative. En Afrique du Nord, c’était un fonctionnaire musulman qui cumulait les attributions de juge, d’administrateur, de chef de police, et autres. Il devait exister de bons et de mauvais kaïds. On comprend aisément que des personnes possédant autant de pouvoirs puissent en abuser, ce qui conduisit à la définition moderne d’un jeune voyou-tyran. L’utilisation de ce mot pour désigner un adulte est possible, mais alors il n’est pas absolument associé à un voyou, plutôt à une personne aux immenses pouvoirs, en somme son sens originel.

L : lubie (nom féminin)

Définition moderne : Idée, fantaisie soudaine, capricieuse et parfois saugrenue, extravagante, déraisonnable.

Étymologie : Ses origines sont incertaines et on lui en attribue plusieurs dont leur sens ne coïncident pas toujours. 1636, muse normande. Du latin lubere, libere, « trouver bon », « faire plaisir ». Du moyen français, le verbe hubir signifie « croitre », « se développer » et au figuré « se réjouir ». En francique, il signifiait « résister contre une contrainte ».

Commentaire : On ne voit pas toujours très bien le lien entre ces différents sens. Probablement que plusieurs d’entre eux n’existent tout simplement pas. Aujourd’hui, on utilise « lubie » face à soi-même comme un plaisir coupable et les autres l’emploient à la limite de l’insulte pour qualifier nos fantaisies. On n’a plus beaucoup de « trouver bon », de « croitre » ou « se développer » et encore moins de « résister contre une contrainte ». Dans une langue vivante, le langage exerce sa prérogative d’évolution. Il dépouille les mots de certains de ses sens pour leur en faire revêtir de nouveaux, parfois très éloignés de ceux d’origine.

M : moite (adjectif)

Définition moderne : Légèrement humide.

Étymologie : 1190 muste, origines incertaines, du latin mǔscĭdus « moisi », mǔsteus « juteux », mustum « moût » ou encore un dérivé du verbe latin muscitare « mélanger », comme dans « mouiller le vin d’eau ».

Commentaire : La véritable racine du mot moite est plus probable du côté de mǔscĭdus puisque le moisi se développe effectivement avec une légère l’humidité. Aujourd’hui, on retrouve principalement « moite » dans la cooccurrence « mains moites », des mains humides sous l’effet de la transpiration. « Moite » est également assez fréquent lorsqu’on parle d’un temps lourd et humide, « une atmosphère moite » qui engendre de la « moiteur » sur notre corps.

N : néanmoins (adverbe et conjonction)

Définition moderne : Malgré ce qui vient d’être dit ; en dépit de (cela).

Étymologie : 1160, « naient moins ». 1549, « néanmoins », de « néant » et « moins ». Nombreuses variantes en ancien français dont « nenmains » au XIIIe siècle, « niantmoins » au XIVe siècle et « néantmoins » du XVe au XVIIe siècle.

Commentaire : J’avoue que cette ligature « néant moins » et la définition de néanmoins « en dépit de (cela) » m’ont toujours causé une douleur cérébrale. Dans les dictionnaires, on explique « néanmoins » ainsi. Comprendre « nullement moins », « en rien moins » ou « il n’en est pas moins vrai que… ». On utilise « néanmoins » pour rajouter de l’information parfois d’une autre nature ou d’un autre aspect, sans contredire les propos précédents. Oubliez l’explication « moins que le néant » puisqu’il n’y a rien de moins que le néant. Et pour les petits rigolos, « nez en moins » n’est pas une manière valable de le comprendre.

« Néanmoins » est un bon exemple de ces mots nés d’une tournure d’esprit un peu tordue qui caractérisait parfois nos ancêtres à l’époque médiévale. Étaient-ils justement créés par désir de séparer les roturiers des nobles en les rendant incompréhensibles aux rustres ?

O : omelette (nom féminin)

Définition moderne : Mets fait avec des œufs battus et cuits à la poêle avec du beurre, auxquels on peut ajouter divers éléments. Fricassée d’œufs.

Étymologie : Le mot « omelette » provient-il de « œufs mêlés » ? Oui ? Non ? En fait, cette étymologie n’est qu’anecdotique. Même s’il est vrai qu’une omelette est composée d’œufs mêlés, les origines de ce mot se situent ailleurs et sont bien plus complexes.

Va pour le « o », il découle probablement du mot latin ovum, œuf, mais la suite du terme est bien plus intéressante. Elle proviendrait du mot « amelette ». Attention, ne pas confondre avec âmelette, une petite âme. Le mot « amelette », lui, proviendrait de l’italien animella, de ce mot on a formé « animalette » pour finalement arriver à « amelette ». Mais ce n’est pas terminé. « Amelette » devint « aumelette » puis enfin « omelette ».

Cependant, d’autres sources offrent une cascade de mots bien différente, des transformations issues de métathèses (altération d’un mot par déplacement, interversion d’un phonème, d’une syllabe). Partons de « lemelle » ou « lamelle » puisqu’une omelette étant mince, elle était comparée à une lame. On en vint à « alumelle » puis « alumette (1 seul L), et vint « alemette » puis enfin « amelette ». La suite et la fin, vous la connaissez.

Commentaire : Alors qu’il n’y a vraiment rien de bien compliqué à concocter une omelette, ce ne fut certainement pas le cas pour son nom qui vécut une aventure des plus rocambolesque. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces métamorphoses carabinées, dont certainement l’absence ou la rareté des dictionnaires. Le premier dictionnaire de la langue française, le Richelet, date de 1680. Il fut suivi par celui de Furetière en 1690, et ensuite par la première édition du Dictionnaire de l’Académie française en 1694.

Pour conclure : 

Ma lubie était de serrer la main du kaïd, néanmoins je ne soupçonnais pas qu’elle serait aussi molle et moite qu’une omelette baveuse.