Le Carnien est un étage géologique datant entre -237 et -227 millions d’années. Il fait partie du Trias, un système géologique faisant lui-même partie de l’ère Mésozoïque. Petit avertissement, les datations varient énormément au fur et à mesure que les techniques s’affinent. J’utilise la datation de la Geological Society of America v5.0 mise à jour en 2018. Ne vous surprenez pas si des références plus anciennes situent le Carnien à des moments différents.
Durant cette période, un événement climatologique inhabituel s’est produit aux environs de -230 millions d’années, on le nomme « l’épisode pluvial du Carnien » (il porte également plusieurs autres noms).
Cet événement fut précédé d’une longue période de sécheresse qui se termina avec un réchauffement climatique de +3 ou +4°C. La pluviométrie, l’érosion et les sédiments se sont grandement accrus. Toutefois, ce phénomène fut régulièrement interrompu par de courts épisodes d’aridité plus prononcée.
Cependant, ces variations climatiques apportèrent des changements majeurs à la biodiversité, la Terre vécut des d’importantes extinctions ou raréfactions. Parmi les extinctions les plus notables, notons plusieurs types d’algues vertes, de multiples coraux ainsi que les plus anciens dinosaures connus, les eoraptors, une bête de seulement une dizaine de kilogrammes. On peut constater que le gigantisme n’avait pas encore atteint ces futurs dominateurs du règne animal.
Comme c’est souvent le cas, on attribue ces importants changements à une période de volcanisme intense. Cette fois-ci, il est question du Wrangellia, une très abondante effusion de basalte survenue en Alaska, au Yukon et en Colombie-Britannique exactement à cette époque où l’on vit les taux de CO2 et SO2 grimper en flèche. Cet épisode contribua à l’avènement des dinosaures géants.
Les émissions actuelles des gaz à effets de serre se rapprochent beaucoup du dégazage des volcans en période de forte intensité. Les extinctions actuelles dont celles des coraux, le réchauffement de l’atmosphère et des océans, la pluviométrie en hausse, cela ressemble presque en tous points à cette période charnière du passé de la Terre. On peut donc anticiper quelques effets sur notre écosystème actuel en constatant comment celui du Carnien a évolué. En résumé, ça ne présage vraiment rien de bon pour l’humain !