Premier juillet des déménagements

Sur les internet, le premier juillet est marqué comme la fête du Canada. Je reste au Canada, pourtant, cette date ne me titille aucune fibre patriotique. Depuis que j’ai ma majorité et ainsi l’âge de voter, je suis convaincu que ma province ferait bien mieux sans son grand frère omniprésent qui cherche constamment à imposer des vues diamétralement opposées. Juste à penser aux économies engendrées par le dédoublement des paliers qui dégageraient la marge de manœuvre nécessaire pour se forger un avenir des plus enviables par toute la planète. Me considérant comme une personne normalement constituée, je n’accorde aucune qualité à la bicéphalie.

Heureusement, au Québec, le premier juillet correspond également à la date des déménagements. Hé oui, nos baux se terminent à date fixe, le 30 juin. Il n’y a pas que des désavantages, surtout pour les enfants qui ont terminé leur année scolaire et qui évitent les désagréments d’un changement de classe en plein cœur d’année.

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Faisant d’une pierre deux coups, on évite de fêter le Canada en rendant service aux copains-copines aux prises avec leur déménagement sans déménageurs. Hé oui! Fallait y penser, les camions et les gros bras ne poussent pas comme par magie lorsque arrive cette date fatidique. C’est alors la course à toutes les ressources pouvant offrir une quelconque utilité, pick-up, remorques, automobiles, diables, courroies, cordes, bacs, cartons, boites, bâches et plusieurs heures d’efforts de trois amis en échange de trois pointes de pizza accompagnées de trois bières par personne quand le travail est terminé.

Grâce au jour férié de la fête du côté canadien, l’aide ne manque pas à qui sait le moindrement s’organiser. Bon an mal an, les déménagements forment des processions de véhicules pleins à ras bord de toutes sortes de cargaisons pas toujours bien arrimées. La prudence est de mise et il n’est pas rare de rencontrer des vêtements, des chaises, un matelas, quand ce n’est pas un frigo faisant des tonneaux et même une remorque entière se dandinant en marche arrière.

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L’amateurisme du beau-frère se paye parfois très cher lorsque ses superbes nœuds lâchent subitement ou lorsqu’il a omis de poser les chaines de sécurité à la remorque et qu’il n’est pas équipé d’une boule de la bonne dimension pour la cavité de la barre d’attelage.

Dans les rues étroites, les véhicules de déménagement bloquent parfois totalement la circulation et on ne peut pas y faire grand-chose, mis à part de reculer tous les véhicules qui se sont engouffrés dans la trappe.

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Si la disponibilité, l’énergie, la prudence et la patience sont les qualités du jour pour ceux qui offrent leur temps et leurs efforts à aider une connaissance pas du tout intime, en revanche les autres qui, comme moi, se tiennent maintenant à bonne distance de ces activités casse-cou et casse-rein devront endosser la tolérance.

Très tôt le matin jusqu’à très tard dans la nuit, le premier juillet est ponctué de klaxons impatients, de moteurs bruyants, de directives criées, de rires nerveux, de bruits de vaisselle cassée, d’ahanements répétés, de chialages de découragement, de pleurs de fatigue et de livreurs de pizza trop pressés.

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Mais, quelque part, cette chaise musicale nationale possède quelque chose de particulièrement sympathique. On dit adieu à des voisins et on accueille les nouveaux. Mais par-dessus tout on peut caler plusieurs bières fraiches totalement méritées sans prononcer une seule fois le mot Canada.