Fausses bonnes idées

Une fausse bonne idée consiste à trouver une solution à un problème qui, lorsqu’on l’applique, engendre des conséquences plus graves que les avantages apportés par sa résolution. Le bilan global d’une fausse bonne idée se révèlera mitigé, désastreux et même abominable selon la superficialité de la réflexion ayant mené à son élaboration.

La cause de l’édification des fausses bonnes idées est à chercher du côté de la simplicité du raisonnement. L’humain aime bien les équations à une seule variable qui n’apportent qu’une seule réponse. Elles deviennent faciles à démontrer puisque l’évidence semble sauter aux yeux. Les gens, peu ou aucunement au courant du sujet traité, abondent facilement dans le sens de la fausse bonne idée.

Il faut bien comprendre le principe de base universel que rien dans la vie n’est totalement bien ou entièrement mal. En éradiquant une source apparente de mal, on élimine également la source de ses bienfaits. Étant ignorants de ceux-ci, seuls ses effets négatifs nous sautent aux yeux et l’idée de s’en prendre à leur cause apparait pleinement justifiée puisque pleinement avantageuse.

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Il faut développer le réflexe de toujours questionner ce qui semble trop évident, trop simple, trop direct, trop beau pour être vrai. Un avantage cache toujours au moins un désavantage et souvent bien plus qu’un seul. Alors, même si une situation semble simple à comprendre, triviale, facile à analyser, l’adage populaire recèle une grande vérité, le diable se cache dans les détails.

L’autre principe de base à toujours garder en tête est que rien n’est aussi simple qu’on voudrait bien le voir ou que d’autres voudraient bien nous le faire croire. Il existe en toutes choses de multiples interactions et nos connaissances actuelles sur un sujet quelconque demeureront toujours fragmentaires, pour ne pas les qualifier tout bonnement de simplistes.

Le doute, la circonspection et même la suspicion doivent accompagner n’importe quelle démonstration, pas nécessairement pour faire dérailler les projets qu’on nous présente ou pour créer volontairement de l’immobilisme morbide, mais pour prendre de meilleures décisions à partir d’une plus grande quantité d’informations qui, souvent, se présenteront contradictoires.

Ainsi, grâce à de meilleures données, nous pouvons contrecarrer certains effets délétères de nos actes dès leur mise en œuvre plutôt que de tenter plus tard de renverser la vapeur, opération qui s’avèrera souvent extrêmement coûteuse, voire carrément impossible.

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Toutes les fois où nous nous substituons à la Nature, où nous prenons des décisions à sa place, toutes les fois où nous nous croyons plus intelligents qu’elle, le boomerang nous revient toujours en pleine figure. Destructions d’habitats, envahissements territoriaux, extinctions d’espèces animales et végétales, migration d’espèces, effets boule de neige imprévus, fragilisations ou brisures des chaines symbiotiques et alimentaires, transformations des sols et de l’hydrographie, chambardements dans les cycles naturels, tous ces impacts imprévus, négligés ou cachés nous rappellent qu’aucune équation n’est simple ni ne se résout d’un seul tenant.

Il en va ainsi avec la Nature tout comme avec la nature humaine. Aucune personne ne se comporte comme si elle était constituée d’une seule variable. Interagir avec les humains exige d’être conscient qu’ils possèdent leurs sensibilités propres, leurs faiblesses intrinsèques et leurs craintes parfois irraisonnées. La sagesse nous dictera un certain degré de prudence et de tact à leur égard. Elle nous gardera constamment à l’écoute des impacts de nos paroles et de nos gestes, même si nous sommes convaincus de notre bonne foi, de véritablement venir en aide, d’agir en vue d’apporter notre soutien. L’être humain s’avère bien plus complexe qu’on le perçoit.

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Cependant, cette complexité ne doit pas totalement nous décourager d’agir, mais il est possible que certaines de nos paroles ou certains de nos gestes s’avèrent finalement avoir été de fausses bonnes idées. Nous ne sommes pas exempts d’erreurs, bien au contraire, nous en faisons et en ferons sans cesse. C’est pourquoi nous devons constamment rester à l’écoute des autres, continuer infailliblement à observer l’impact de nos actions afin de corriger un tir mal ajusté, une parole blessante, une intention incomprise, un choix douteux.

Nous devons impérativement réfléchir avant d’agir et pour ce faire, il devient préalablement essentiel d’accumuler des informations pertinentes sous forme de questions-réponses ou par des observations-analyses. Ces précautions n’existent pas pour freiner une démarche d’aide, mais pour la nuancer, la bonifier, la rendre plus pertinente et pour réduire les effets collatéraux plus nuisibles qu’ils y paraissent parfois.

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Notre vie sera jonchée de fausses bonnes idées, les nôtres et celles des autres, et parfois on ne s’en rendra compte que bien trop tard. Ce sont les aléas de l’existence, mais si nous demeurons conscients des mécanismes qui les engendrent, nous pourrons en prévenir quelques-unes et en démonter quelques autres qu’on essaye de nous faire avaler.

Tout ceci se rapporte à un grand principe sur lequel je reviens constamment dans les articles de mon blogue, celui de toujours réfléchir, de se servir de ses connaissances, de son jugement et de ses doutes pour progresser, pour s’améliorer, pour parfaire ses compétences en toutes choses.

7 commentaires sur “Fausses bonnes idées

    1. Je vois les fausses bonnes idées comme de belles œuvres inachevées, des grains de poussière autour desquels doivent se greffer d’autres idées, d’autres réflexions afin de devenir réellement pertinentes et efficaces. Créer tout un tas de fausses bonnes idées est louable, les ériger en dogmes et les faire avaler aux autres plutôt que de s’en débarrasser sur le Bon Coin, voilà surtout ce qui me dérange.

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  1. Ces propos sont d’une Sagesse implacable!
    Malheureusement, nous n’accordons plus de temps pour des discussions collectives. Nous ne formons plus une ‘unité’ de village, de quartier… Nous accordons trop d’importance aux couleurs politiques et aux décisions qui seront prises par rapport à telle ou telle tendance. Quel dommage!
    Mais il appartient à chacun de réfléchir, de se documenter avant de prendre une décision. C’est fort bien exprimé dans cet article.
    Merci pour ce partage.

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  2. Merci pour cet article pertinent qui relève, d’une belle synchronicité, et fait la synthèse d’une discussion abordée hier soir avec mon ami. En soit, que tout est nuancé et qu’il est impossible de créer des certitudes sur un mouvement donné sans tenir compte du reste. On parlait principalement dans le domaine thérapeutique et alimentaire. Devenir extrêmiste et sectaire d’une opinion devient dangereux, étriqué et complètement en désaccord avec la complexité de la vie, de la nature, humaine aussi, et des variations possibles et infinies. Je pense quand même que cela n’empêche pas d’avoir le courage de nos convictions car ce sont eux également qui permettront d’approfondir une voie et d’avoir accord à la profondeur de son enseignement. Être ouvert sur tout ou perméable aux champs des possibles infinis ne doit pas nous rendre superficiel et ne faire que tâtonner les choses et les idées. Mais encore une fois, c’est sentir et avoir l’humilité de reconnaître que ma conviction a autant sa raison d’être que celle qui sera en contradiction avec la mienne. Il est tout à fait possible d’argumenter avec justesse et pertinence pour des idées, croyances ou désirs opposés. Car toutes ont leur vérités. Pour moi cela vient à s’écouter, honorer les désirs de son cœur, ouvrir son esprit et étendre sa connaissance sur ce qui crée une forme d’enthousiasme en soi et arpenter les sentiers de la vie avec ce moteur là. Mais être prêt également à s’enrichir des contraires, des opposantes, des autres par leur richesse, car c’est ça qui unit et nourrit une forme de compassion, sensibilité et qu’en sommes nous en sommes tous au mêmes désirs, nous cultivons tous les mêmes valeurs. Seules les formes sont parfois distinctes. Enfin voilà je m’emballe pour changer, cher Mathis.
    Je trouve aussi que nous devions être « vigilant » sur la façon de communiquer, réfléchir peut être avant de poser certains actes m, afin d’envisager les conséquences d’une fausse bonne idée mais je pense aussi, et cela va encore dans l’idée que toutes les idées ont leur pesant d’or, il ne faut pas perdre la spontanéité, les intentions du cœur. Même si c’est maladroit, même si cela pourra être mal interprété. Ce que je veux dire par là c’est que nous pouvons être responsable de notre manière d’interagir avec les autres mais que nous aurons aucun impact, ni aucune responsabilité sur la façon dont ils interpréteront ni comme ils recevront l’interaction. Et vice-versa, bien entendu.

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    1. Il y a des fautes, de français et aussi des mots modifiés automatiquement par mon dictionnaire, loupés par l’écriture rapide. C’est un message à décoder par moments. Sourire

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    2. Merci, Vénus, pour ce généreux commentaire avec lequel je partage une grande partie des idées. À la toute fin, vous abordez la spontanéité. Je conçois qu’elle est importante lors d’un échange constructif où toutes les idées se mêlent et s’entrechoquent pour faire progresser les opinions de chacuns. On peut apparenter ce genre de discussion à un atelier créatif. Cependant, tous les participants doivent conscientiser, accepter et partager cet état d’esprit pour éviter des dérapages. Je pense toutefois que nous restons toujours responsables de nos paroles. Quant à leur interprétation, la responsabilité est partagée. D’une part, il existe des personnes usant de démagogie, ou trop insécures, trop peu confiantes en elles-mêmes qui savent tirer profit de ces discussions à bâtons rompus pour créer chez les autres des intentions malveillantes imaginaires. Et il y a les locuteurs indifférents ou insouciants des sensibilités d’autrui qui parlent sans restreindre leurs ardeurs, sans filtres, sans mesurer leurs paroles. Dans un cas comme dans l’autre, la table est mise pour engendrer un beau gros problème, car le respect a été écarté des discussions.

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      1. Cela allait de soi pour moi que nous sommes responsables de ce que nous émettons comme parole ou dans nos interactions. Responsable dans le respect de la liberté et l’espace de l’autre. Quand nous entrons en interaction. Sinon chacun est libre de sa pensée et de ce qu’il choisit d’exprimer.

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