Écrire de la fiction

Je trouve une sorte d’équilibre dans l’écriture en orientant mes travaux le long de deux pôles. Les premiers sont consacrés aux œuvres de fiction. Romans, nouvelles, poèmes, je garde normalement ces écrits à l’extérieur de mon blogue, sauf à l’occasion, un poème, puisque son format se prête à celui d’un article de blogue. Ce sont les seules œuvres de fiction que je m’autorise à placer ici, car oui, ma poésie est fictive. Tous les autres articles écrits depuis trois ans ne contiennent que du contenu original et sont exempts de fiction. Vous pouvez donc être assuré de lire ce que je pense parce que je pense chaque mot que j’écris.

Comment faire alors pour écrire ce que l’on ne pense pas ? Comment écrire de la fiction ? Il n’est pas donné à tout le monde d’inventer de toute pièce et aisément des histoires crédibles. Certains signes peuvent aider à savoir si ce travail pourrait s’avérer plutôt facile ou, au contraire, passablement ardu.

J’avise immédiatement le lecteur. Mon opinion ne vise aucunement à décourager quiconque d’écrire de la fiction. Elle présente plutôt une façon de reconnaitre des talents innés, ou à se préparer à vivre quelques difficultés conséquentes. Rien n’est impossible lorsqu’on accorde le temps, les techniques et les efforts adéquats.

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La page blanche. Tout d’abord, voyons ce syndrome un peu embêtant pour un auteur de fiction. Si la page blanche l’assaille systématiquement, écrire de la fiction risque d’être un exercice difficile puisque celle-ci exige en général une imagination abondante et une inventivité flexible. Car, non seulement faut-il créer une histoire tirée (presque) du néant, mais elle devra bien souvent être triturée pour qu’en version finale, l’histoire coule le plus fluidement possible.

L’introspection versus l’extrospection. Un auteur plus à l’aise avec l’introspection pourrait trouver son style dans le récit, la biographie, le portrait, la poésie, les œuvres techniques plutôt que les œuvres de pure fiction. Tous les styles apportent leur lot de difficultés, mais choisir le plus naturel pour soi, du moins au début, permet d’accomplir et de terminer plus efficacement ses premières œuvres.

L’observation. C’est possible d’inventer des personnages ex nihilo qui ne sont pas des entités extraterrestres quelconques. La plupart des auteurs s’en tiennent à créer des humains. Les expériences de vie et les observations portées sur le monde entrent grandement en ligne de compte dans la facilité qu’aura l’auteur à imaginer une brochette de gens aux comportements distincts sans qu’ils soient des copies d’autres personnages, de personnes de son entourage ou de lui-même. Observer, c’est accumuler une panoplie de comportements différents permettant de créer une banque d’idées servant ensuite à composer des caractères originaux crédibles.

L’analyse. Inventer des personnages et des histoires ne suffit pas à écrire de la fiction. Un auteur doit posséder certains talents d’analyste pour revoir tous les aspects de son œuvre. La cohérence est ici le mot clé de toute bonne histoire de fiction puisque l’auteur désire faire d’une irréalité une vérité plausible aux yeux de son lectorat.

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L’autocritique et l’humilité. Une histoire fictive n’est pas bornée par la réalité, cette grande liberté contient également les germes menant à l’invraisemblance. Un auteur de fiction doit donc appliquer une autocritique à chaque étape de son travail. Sans cette capacité de se relire comme étant une personne distincte de l’auteur, écrire de la fiction risque d’engendrer des œuvres défaillantes et causer plus de frustrations que de plaisirs. Reconnaitre sans effort, sans gêne et sans amertume les faiblesses dans son travail apporte les outils permettant son amélioration et son peaufinage.

Les dialogues. Presque essentiels à toute œuvre de fiction, les dialogues se doivent d’être crédibles et percutants. Deux ou plusieurs personnes, la plupart du temps très différentes, échangent, s’opposent et s’influencent mutuellement. Il ne peut pas exister un seul style de langage, les gens sont différents et parlent différemment. Si l’auteur trouve difficile d’imaginer des mots dans la bouche d’autres personnes que lui-même ou ses proches, des mots qu’il n’a jamais entendus ou prononcés de sa vie, des mots qu’il n’ose pas prononcer ou même imaginer, des façons de dire qui ne sont pas les siennes, ces limites peuvent rendre l’écriture de fiction plus complexe.

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L’abandon. Enfin, le dernier mais non le moindre, pouvoir abandonner une mauvaise idée, un mauvais chapitre, une mauvaise décision, un mauvais personnage semble plus facile à penser qu’à faire. Tuer une partie de son œuvre n’est jamais simple pour un auteur ayant mis tout son cœur dans une idée qui s’avère être une erreur parmi le reste de l’œuvre. Je me suis donné un truc pour accepter de me débarrasser d’un personnage ou d’une idée inappropriée. Il ne faut jamais jeter ses idées ou ses personnages aux orties. Ce sont des produits parfaitement recyclables. Un jour viendra peut-être où l’idée ou le caractère laissé en plan viendra alimenter une autre œuvre.

Tout travail doit quand même commencer par l’essentiel et écrire de la fiction n’échappe pas à cette règle de base. D’abord et avant tout, se faire plaisir.

Bien du courage

Autrefois, je me questionnais souvent à savoir si j’étais presque le seul à penser ceci ou cela. Pas que je m’inquiétais outre mesure de mes opinions, j’ai réglé cet aspect de ma personnalité alors que je devais être âgé de 12 ans. Je me le demandais, car ma vision semblait rester marginale malgré mes arguments logiques forts et une analyse solide pas si complexe. Et cette inadéquation entre l’apparente simplicité d’une relation causale et l’incompréhension quasiment générale qu’elle provoquait autour de moi avait le don de me subjuguer.

Plus jeune, je ne pouvais croire que l’évidence crasse semblait rester invisible aux yeux des autres. Je décuplais d’efforts pour faire comprendre mes points de vue… jusqu’à ce que, devenu plus âgé et moins idiot, je saisisse enfin que les gens comprenaient fort bien, tout en simulant l’inverse. Lorsque j’étais récompensé par des faces ahuries, je semblais si souvent sortir d’une boite à surprise qu’il était facile de penser que mes idées ne valaient pas la peine d’être émises et encore moins d’être défendues.

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La vérité est que je regardais les événements du mauvais côté de la lorgnette et ainsi je me méprenais sur le sens exact de leurs expressions et de leur gestuelle. Je présente l’interprétation la plus juste de ces comportements sous forme d’un questionnement.

«Pourquoi faut-il que tu déclares ce qu’on essaye tous de taire?» Voilà ce que j’aurais dû décoder bien plus facilement si mes tendances pédagogiques avaient été moins exacerbées et si je m’étais moins questionné sur mes capacités à bien me faire comprendre. Aujourd’hui, mes doutes à cet effet ainsi que sur la pertinence de mes idées ont cessé et j’interprète différemment les silences gênés, les yeux écarquillés, les détournements des regards.

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Parfois je prends le temps d’écrire un billet d’humeur. Cette activité ne vise pas à me défouler, ni à cracher du venin bien macéré dans de la bile verte, ni à convaincre le plus grand nombre de gens à penser comme moi. Alors pourquoi est-ce que je continue d’écrire publiquement?

Je vise parfois à faire le point sur mes propres idées. L’écriture confronte mes opinions à la logique argumentaire et me permet d’intégrer des faits nouveaux dont je n’aurais pas encore pris compte. D’ailleurs, j’abandonne régulièrement l’écriture de certains articles en construction, toutefois le but pour lequel j’avais entrepris cette tâche a quand même été atteint puisque publier des articles n’a jamais été une de mes obligations. Je préfère garder un texte sur la touche plutôt que de regretter ultérieurement de l’avoir publié.

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Un autre objectif de mon écriture est d’expliquer, de tracer un itinéraire d’idées et de le parcourir. Lorsque je me transforme en lecteur, si je parviens à me comprendre, j’estime que d’autres le pourront. Et à partir de là, les pensées de ceux qui osent et prennent le temps de me lire pourront évoluer de manière autonome. Je ne vise jamais à convaincre les autres ou à les endoctriner. Bien au contraire, je vise à donner des ailes en affermissant certaines bases de connaissances. Ensuite, plus les chemins développés seront nombreux et variés, plus j’aurai le sentiment d’avoir vraiment donné de la valeur à mes articles.

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J’estime posséder un certain bon sens. J’assortis à ce constat une obligation morale, celle d’avoir le courage d’émettre et de partager certaines de mes opinions. Et qu’en est-il pour vous?

Nous devons cesser de mettre en scène notre timidité, car elle ouvre toute grande la porte aux autres, à ceux qui veulent à tout prix nous faire penser comme eux, non pas d’une façon logique, mais en utilisant des arguments tendancieux et des craintes fondées sur des préjugés.

Si, ensemble, nous avions tenu tête aux mandarins des énergies fossiles voilà 30 ans plutôt que de les laisser docilement nous emmener dans le gouffre, nous aurions aujourd’hui une planète et un avenir bien différents. Nous avons raté cette occasion passée, raterons-nous également celles qui se présentent actuellement?

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Nous devons mordre les molosses aux jarrets en affirmant haut et fort nos opinions lorsque nous sommes convaincus d’avoir compris une problématique. Bien trop souvent, nous laissons toute la place aux gueulards cherchant à impressionner par le truchement de déclarations enflammées, mais elles ne sont qu’écrans de fumée servant à dissimuler la faiblesse des arguments sous-jacents.

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Et si tout autour vous causez des regards ahuris, des visages qui se détournent, des yeux exorbités, interprétez ces signes de la bonne manière. Vous venez de toucher à des vérités trop lourdes de conséquences pour être facilement admissibles. La majorité des gens préfèrent une vie pépère, ils ne veulent pas trop se poser de questions et ils détestent par-dessus tout ceux qui se permettent d’en donner des réponses compréhensibles, mais qui demandent pour les réaliser… bien du courage, courage dont ils sont dépourvus.

Le trou noir s’en vient !

Titre alarmiste, je sais. J’aurais dû titrer «L’image du trou noir s’en vient». Voilà à peine plus d’une semaine, j’écrivais un article dans lequel je cassais du sucre sur le dos de l’équipe de l’EHT pour avoir promis l’image réelle d’un trou noir en 2017, puis en 2018, et ensuite pour avoir gardé le silence depuis près de 9 mois.

Vous pourriez croire que mon article de la semaine passée était «arrangé avec le gars des vues» (expression chère à mon père lorsque la fin d’un film tombait un peu trop bien, afin que le bon gars puisse toujours gagner, sans égard à l’improbabilité des événements). Qui sait si mon article était véritablement dû à la chance pure, à une probabilité réaliste ou si j’ai profité d’informations non publiques?

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Dans moins de deux jours, l’équipe de l’EHT a convié la presse internationale à une annonce exceptionnelle. Ça ne prend pas la tête à Papineau (expression québécoise consacrée) pour comprendre ce qu’ils veulent nous révéler. Ils vont nous montrer une image du trou noir qui se terre au cœur de notre Galaxie, le fameux Sgr A*. Tout le suspens ne se situe pas à ce niveau, mais ce à quoi l’image du trou noir ressemblera. Bien des gens ont misé sur le fait qu’on ne verra rien de semblable aux belles simulations numériques et je suis pas mal en accord avec ceux-ci.

Mon scepticisme ne se situe pas au niveau de l’existence du monstre galactique situé en plein cœur de la Voie lactée, je suis pas mal certain qu’il existe réellement. Je me questionne sur son apparence, sur ce que révèlera l’image prise de lui.

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Noir. Le trou noir sera noir, me direz-vous. Ce serait plutôt logique qu’un trou noir réputé pour ne rien recracher de ce qui a traversé son «horizon des événements», lumière incluse, paraisse noir. Et pourtant, un trou noir de cette masse, 4 millions de Soleils, qui bouffe des nappes de gaz ayant eu le malheur de s’aventurer trop près, risque de nous surprendre.

Tout d’abord, on en sait très peu sur sa vitesse de rotation. Comme tout ce qui se trouve dans l’Univers, ce trou noir tourne sur lui-même. Son environnement immédiat est affecté par cette vitesse de rotation et le résultat pourrait nous surprendre.8300758-3x2-700x467

Il faut savoir que cette image n’est pas un instantané, mais un montage très complexe de données diverses prises par tout un tas de télescopes différents, à de moments différents, à des longueurs d’ondes différentes, couplés en interféromètres simples ou multiples.

Ensuite, j’ai toujours douté de l’exactitude des représentations théoriques des effets relativistes. Quelque chose me dit que la vraie vie fera apparaitre une complexité bien plus grande et donc un trou noir bien moins évident à décortiquer et à analyser.

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Et enfin, même avec tout le respect qu’on doit à ce cher Einstein pour ses équations qui ont révélé la potentielle existence de ces monstres galactiques aux couleurs du Corbot, les trous noirs fricotent aussi bien du côté relativiste de la physique que du côté quantique et c’est là tout son intérêt. Cet objet unique en son genre réussit à exister en poussant les deux théories antagonistes dans leurs derniers retranchements.

Exprimé autrement, le trou noir établit un pont qui n’existe pas actuellement entre nos deux théories et seulement pour cette raison, l’image qu’on s’attend de lui ne peut pas parfaitement lui ressembler.

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Dans moins de deux jours, on en saura un peu plus sur Sgr A*, mais il faut également s’attendre à ce que nous nous forgions tout un tas de nouvelles questions à son sujet. C’est ainsi que progresse la science, par théories et par preuves observationnelles, et on recommence sans jamais voir la fin.

Si l’équipe de l’EHT a réussi un petit miracle et qu’elle nous dévoile une image à la hauteur des attentes, on le saura assez rapidement. Si elle est seulement parvenue à obtenir un résultat duquel aucune conclusion ne peut être tirée et ainsi à renvoyer la balle vers une autre expérience encore plus ambitieuse, on le saura aussi.

Soyez toutefois certain que je ne manquerai pas l’occasion de commenter le contenu de cette conférence de presse dès que j’aurai le temps de l’analyser suffisamment pour écrire quelque chose de personnel et, espérons-le, intelligent, à son sujet.

Fausses bonnes idées

Une fausse bonne idée consiste à trouver une solution à un problème qui, lorsqu’on l’applique, engendre des conséquences plus graves que les avantages apportés par sa résolution. Le bilan global d’une fausse bonne idée se révèlera mitigé, désastreux et même abominable selon la superficialité de la réflexion ayant mené à son élaboration.

La cause de l’édification des fausses bonnes idées est à chercher du côté de la simplicité du raisonnement. L’humain aime bien les équations à une seule variable qui n’apportent qu’une seule réponse. Elles deviennent faciles à démontrer puisque l’évidence semble sauter aux yeux. Les gens, peu ou aucunement au courant du sujet traité, abondent facilement dans le sens de la fausse bonne idée.

Il faut bien comprendre le principe de base universel que rien dans la vie n’est totalement bien ou entièrement mal. En éradiquant une source apparente de mal, on élimine également la source de ses bienfaits. Étant ignorants de ceux-ci, seuls ses effets négatifs nous sautent aux yeux et l’idée de s’en prendre à leur cause apparait pleinement justifiée puisque pleinement avantageuse.

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Il faut développer le réflexe de toujours questionner ce qui semble trop évident, trop simple, trop direct, trop beau pour être vrai. Un avantage cache toujours au moins un désavantage et souvent bien plus qu’un seul. Alors, même si une situation semble simple à comprendre, triviale, facile à analyser, l’adage populaire recèle une grande vérité, le diable se cache dans les détails.

L’autre principe de base à toujours garder en tête est que rien n’est aussi simple qu’on voudrait bien le voir ou que d’autres voudraient bien nous le faire croire. Il existe en toutes choses de multiples interactions et nos connaissances actuelles sur un sujet quelconque demeureront toujours fragmentaires, pour ne pas les qualifier tout bonnement de simplistes.

Le doute, la circonspection et même la suspicion doivent accompagner n’importe quelle démonstration, pas nécessairement pour faire dérailler les projets qu’on nous présente ou pour créer volontairement de l’immobilisme morbide, mais pour prendre de meilleures décisions à partir d’une plus grande quantité d’informations qui, souvent, se présenteront contradictoires.

Ainsi, grâce à de meilleures données, nous pouvons contrecarrer certains effets délétères de nos actes dès leur mise en œuvre plutôt que de tenter plus tard de renverser la vapeur, opération qui s’avèrera souvent extrêmement coûteuse, voire carrément impossible.

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Toutes les fois où nous nous substituons à la Nature, où nous prenons des décisions à sa place, toutes les fois où nous nous croyons plus intelligents qu’elle, le boomerang nous revient toujours en pleine figure. Destructions d’habitats, envahissements territoriaux, extinctions d’espèces animales et végétales, migration d’espèces, effets boule de neige imprévus, fragilisations ou brisures des chaines symbiotiques et alimentaires, transformations des sols et de l’hydrographie, chambardements dans les cycles naturels, tous ces impacts imprévus, négligés ou cachés nous rappellent qu’aucune équation n’est simple ni ne se résout d’un seul tenant.

Il en va ainsi avec la Nature tout comme avec la nature humaine. Aucune personne ne se comporte comme si elle était constituée d’une seule variable. Interagir avec les humains exige d’être conscient qu’ils possèdent leurs sensibilités propres, leurs faiblesses intrinsèques et leurs craintes parfois irraisonnées. La sagesse nous dictera un certain degré de prudence et de tact à leur égard. Elle nous gardera constamment à l’écoute des impacts de nos paroles et de nos gestes, même si nous sommes convaincus de notre bonne foi, de véritablement venir en aide, d’agir en vue d’apporter notre soutien. L’être humain s’avère bien plus complexe qu’on le perçoit.

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Cependant, cette complexité ne doit pas totalement nous décourager d’agir, mais il est possible que certaines de nos paroles ou certains de nos gestes s’avèrent finalement avoir été de fausses bonnes idées. Nous ne sommes pas exempts d’erreurs, bien au contraire, nous en faisons et en ferons sans cesse. C’est pourquoi nous devons constamment rester à l’écoute des autres, continuer infailliblement à observer l’impact de nos actions afin de corriger un tir mal ajusté, une parole blessante, une intention incomprise, un choix douteux.

Nous devons impérativement réfléchir avant d’agir et pour ce faire, il devient préalablement essentiel d’accumuler des informations pertinentes sous forme de questions-réponses ou par des observations-analyses. Ces précautions n’existent pas pour freiner une démarche d’aide, mais pour la nuancer, la bonifier, la rendre plus pertinente et pour réduire les effets collatéraux plus nuisibles qu’ils y paraissent parfois.

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Notre vie sera jonchée de fausses bonnes idées, les nôtres et celles des autres, et parfois on ne s’en rendra compte que bien trop tard. Ce sont les aléas de l’existence, mais si nous demeurons conscients des mécanismes qui les engendrent, nous pourrons en prévenir quelques-unes et en démonter quelques autres qu’on essaye de nous faire avaler.

Tout ceci se rapporte à un grand principe sur lequel je reviens constamment dans les articles de mon blogue, celui de toujours réfléchir, de se servir de ses connaissances, de son jugement et de ses doutes pour progresser, pour s’améliorer, pour parfaire ses compétences en toutes choses.

Votre pensée est marginale ? Lisez ceci

Il est tentant de lier les esprits marginaux à des esprits de contradiction. Ne sont-ils pas toujours en train de tout critiquer? De tout virer à l’envers? De transformer les plus sûres valeurs en défauts qui, selon eux, devraient être éradiqués?

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Pour ceux qui empruntent et se font transporter par le courant principal – mainstream en swahili – sans même nager, ce rapprochement facile leur est naturel. Habitués de ne pas se poser de questions sur la valeur de leurs propres agissements pourvu que la société ne les critique pas, ne les défende pas, ne les marginalise pas, ils appartiennent au clan des bons et ceux qui osent penser différemment se retrouvent automatiquement dans celui des mauvais.

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Les suiveurs ne pensent pas, ils laissent d’autres gens penser à leur place et ils adoptent d’emblée leurs opinions, du moins celles rendues publiques. C’est là où réside l’astuce de l’élite, des élus. Leurs opinions personnelles restent un secret bien gardé. Celles qu’ils publient, qu’ils laissent filtrer dans la sphère publique sont des instruments utilisés pour orienter le flux de pensées commun dans une seule direction.

Ce processus est aussi vieux que les élections. En soi, il regorge de qualités, mais également de défauts. Que tout le peuple marche d’un même pas s’avère un objectif essentiel pour générer et conserver la cohésion des actions. Que tous les gens avancent toujours à l’unisson deviendra une stratégie très néfaste, car une fois la cadence et la direction adoptées, la nation s’échouera sur n’importe quel obstacle sans même se douter des dangers environnants.

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C’est dans ce contexte où les vertus de la marginalité doivent entrer en ligne de compte. Comparons les marginaux à des vigies. Elles ne tiendront jamais la barre, elles ne commanderont jamais l’équipage, mais elles possèdent un pouvoir immense, celui de voir au loin et ainsi d’aider à éviter les naufrages.

Mais la tentation de les traiter d’oiseaux de malheur s’avère trop grande. On préfère ignorer leurs avertissements, on brouille leurs transmissions, on les dépouille de leurs jumelles, on cherche à les ramener au niveau du pont et parfois même on les enferme dans la cale, un bâillon dans la bouche et un bandeau sur les yeux sous celui bienveillant du capitaine, certainement plus heureux et fier de commander une bande de marionnettes qu’à éviter les échecs. Après tout, c’est lui qui est au pouvoir, pas ce foutu prétendant prétentieux croyant tout savoir de ce qu’on trouve au loin!

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Le marginal n’est pas une menace, sauf envers les aveugles idiots désireux par-dessus tout de s’en passer. Décidément, ça fait pas mal de gens au compteur.

Mais d’où vient le problème avec les marginaux? Pourquoi les personnes les détestent-elles tant?

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Le problème réside toujours aux deux mêmes endroits, dans l’usurpation et dans l’abus. Un marginal ne possède pas un titre régi par l’Ordre des professionnels en marginalité. Ainsi, ce rôle essentiel de vigie est laissé sans surveillance. Des tas de zigotos grimpent alors au grand mât afin d’occuper la minuscule plateforme. Dépourvus de tout instrument d’observation et d’analyse fiable, ils n’utilisent pas cette position pour mieux voir les alentours, mais plutôt pour mieux faire entendre leurs opinions, déjà toutes bien ficelées, sans égards aux réalités de la mer environnante, au plus grand nombre de gens possible.

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Ainsi, départager les vraies vigies des usurpateurs s’avère souvent une tâche délicate et difficile à accomplir avec justesse. La solution la plus simple consiste alors à entasser tous les prétendants à ce poste dans un coffre, à bien le lester avec du plomb et à le laisser couler au fond de l’océan. Puisque se fier à de fausses ou à de mauvaises vigies comporte autant de risques que de s’en passer, la stratégie commandée et utilisée par l’élite dirigeante revient à tous les dénigrer en bloc.

Et voici la preuve que cette élite peut également se montrer idiote, car il existe un moyen de résoudre ce dilemme des fausses vigies, mais elle entraine certaines contraintes essentielles qui sont généralement rejetées d’emblée par ignorance.trouver-electricien-web-solution.jpg

Pour trier le grain de l’ivraie, ça prend un tamis et une technique appropriés. Il faut passer au crible les assertions des marginaux afin d’en analyser la teneur et la valeur. Mais pour ce faire, l’élite doit vouloir y consacrer des ressources en temps et en matière grise, ce que très peu acceptent, imbues de leurs pouvoirs et convaincues de leur infaillibilité.

Et voilà comment les libres penseurs avant-gardistes visionnaires se retrouvent dans la même marmite que les gens munis d’un simple esprit de contradiction. Parce que ceux qui gouvernent ne prennent pas le temps et l’énergie nécessaires pour accomplir ce tri, préférant se passer de conseils avisés.

Voici le destin quasi certain de tous les marginaux, celui d’être comparés à des simplets illuminés criant bien trop souvent au loup. Ils seront ainsi traités en conséquence.

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Faire connaitre sa marginalité n’amène aucun confort, ne comporte aucun avantage et n’apportera aucune reconnaissance des élites au pouvoir. Bien au contraire, l’ostracisme attendra toute personne suffisamment inconsciente pour monter au grand mât afin d’exécuter minutieusement les tâches dévolues à une vigie dans la société. Car le peuple a décidé qu’il est trop compliqué de prendre quelques moyens simples et efficaces pour reconnaitre les vraies vigies des fausses.

Mais quels sont ces moyens simples dont je parle? Ce sont des analyses professionnelles réalisées en bonne et due forme. Préparer des questions pertinentes et les utiliser adéquatement. Analyser correctement les réponses et en tirer les conclusions qui s’imposent. Enfin et surtout, s’y fier afin de prendre les dispositions nécessaires. Mais plus personne ne se donne la peine d’apprendre ces techniques essentielles.

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Peu importe le sujet, son ignorance engendre presque toujours la même réaction. On considérera qu’il n’a donc aucun intérêt. Et voilà comment les nations préfèrent voguer sans vigies sur les flots agités et remplis d’écueils plutôt que se prémunir des dangers en recrutant des gens marginaux compétents afin de leur servir de vigie.

2449223399_1Un rôle de marginal vous tient-il toujours à cœur? Si oui, alors vous en avez, mais on fera tout pour vous l’écraser. Sachez-le.

 

L’inattendu

Certains craignent l’imprévu par-dessus tout, ils se sont fabriqué une vie en conséquence. Mais l’existence réelle se révèle bien différente et lorsque survient l’improbable, ces gens apparaissent totalement démunis. Le piège est de se représenter la vie comme une voie pavée, balisée, marquée et signalée.

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J’ai entendu cette réplique dans une série télé.

— Comment parer à l’inattendu?

— En s’attendant à tout.

Bel effort du scripteur, mais cette réponse se veut tout sauf logique puisqu’il restera toujours une part d’inattendu, peu importe sa préparation. Toutefois, je comprends et j’adhère au principe de chercher à prévoir. Par exemple, en informatique, ça évite les pannes applicatives. Pour ce faire, on crée des processus où chaque étape n’engendre aucune boucle infinie et ne finit jamais dans un cul-de-sac. Pour un début, il existe une ou plusieurs fins dont l’une d’elles sera irrémédiablement empruntée afin de terminer le processus.

Mais la vie se veut n’importe quoi sauf un processus sous contrôle. On doit donc trouver mieux que de développer simplement des séries d’étapes afin de se préparer à l’inattendu. Pour bien faire, la solution intelligente passe par un judicieux outillage.

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De bons outils et une bonne préparation à les utiliser adéquatement permettront d’affronter les aléas de l’existence. Parmi ceux-ci, deux me semblent essentiels dans un cadre individuel: le sang-froid et l’analyse. Le premier atout assure de garder toute sa tête afin d’utiliser le second intelligemment et efficacement. Dans un cadre social, vous ne serez pas surpris si je vous dis que l’outil magique s’avère être une excellente capacité de communication. Équipé de ces trois atouts, un humain est capable d’affronter bien des situations inconnues et de s’en sortir grandi.

En transportant ces trois outils tout en se préparant méticuleusement surgira une foi en ses capacités de relever les défis prévisibles et imprévisibles, la clé véritable de la réussite.