Zénitude et sacrifice

Je n’utilise pas un néologisme, zénitude fait bien partie du dictionnaire. Ce mot se comprend sans vraiment devoir l’expliquer, un mariage évident entre zen et plénitude.

D’entrée de jeu, la zénitude ne m’habite pas. Au mieux, j’ai appris à relativiser les situations difficiles et les émotions qu’elles me provoquent. Pour être plus précis, je ne colle plus au plafond à chacune de mes frustrations relatives aux humains ou à leurs moindres imbécillités volontaires. Si la zénitude et moi étions parents, elle serait la grand-mère de la tante de la fesse gauche de l’arrière-petit-fils du cousin germain de mon beau-frère. Vous voyez tout de suite le lien de parenté étroit qui nous unit.

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Pourquoi la zénitude n’a-t-elle pas élu domicile chez moi ? Probablement parce que je reste extrêmement sensible à plusieurs facteurs dont la liste qui suit n’est sûrement pas exhaustive. Comme les radis, je tolère très mal la bêtise humaine, le mensonge qui accompagne toujours la bêtise humaine, l’égoïsme qui accompagne toujours le mensonge, la mauvaise foi qui accompagne toujours l’égoïsme et enfin la cupidité qui accompagne toujours la bêtise humaine, le mensonge, l’égoïsme ainsi que la mauvaise foi.

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J’ai compris que la zénitude m’obligerait à faire comme les trois singes, me fermer les yeux, les oreilles et la bouche. Être dans un camp de concentration, c’est-à-dire en mode survie totale, j’y parviendrais, parce que la situation m’y obligerait. Mais de mon plein gré et pour les affaires de la vie courante, la zénitude serait pour moi la pire des prisons.

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Je veux tout voir, tout entendre, tout comprendre et tout commenter. Je veux me faire une opinion sur tout ce qui s’approche de moi, je veux l’émettre et être en mesure de la défendre. Je veux parler des abuseurs de tout acabit. Je veux délier les écheveaux trop emmêlés qu’ils semblent inextricables et jeter les fils démêlés à la face de ceux qui se croyaient plus fins en concevant ce motton compact. Je veux prendre le parti de ceux qui risquent d’être victimes de ces gens. Je veux mettre leurs vils desseins sous les projecteurs pour que l’ombre ne puisse plus les camoufler.

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Tout ceci me parait bien incompatible avec la zénitude. Je ne vivrai probablement pas aussi vieux, mais chaque petite victoire de la lumière sur les forces de l’ombre me comble de joie, une joie qui mérite qu’on y sacrifie plusieurs années… de zénitude.

5 commentaires sur “Zénitude et sacrifice

  1. J’ai adoré cet article, en particulier ce passage  » Je veux tout voir, tout entendre, tout comprendre et tout commenter. Je veux me faire une opinion sur tout ce qui s’approche de moi, je veux l’émettre et être en mesure de la défendre. Je veux parler des abuseurs de tout acabit. Je veux délier les écheveaux trop emmêlés qu’ils semblent inextricables et jeter les fils démêlés à la face de ceux qui se croyaient plus fins en concevant ce motton compact. Je veux prendre le parti de ceux qui risquent d’être victimes de ces gens. Je veux mettre leurs vils desseins sous les projecteurs pour que l’ombre ne puisse plus les camoufler »

    C’est parfois difficile de survivre quand on a bon cœur où quand on a soif de vérité, ça l’est d’autant plus quand on est les deux….

    Très très bel article en tout cas !

    Aimé par 1 personne

  2. C’est un angle de vue intéressant. Je rejoins en majeur partie ceci : « Je veux tout voir, tout entendre, tout comprendre »; d’ailleurs, c’est souvent ce que je rétorque aux bonnes mères qui me sortent que « sans la péridurale », elles ne s’en sortiront pas ! « la douleur, ah non, très peu pour moi, ce n’est pas possible ». Ou le parti pris de l’accouchement dans la zénitude…. Pure folie. Après, on tolère le mal ou on ne le tolère pas, mais le discours de base me semble inadéquat. C’est une forme de sensibilité mal placée, reflétée par ces trois petits singes qui ont toujours bon dos pour ça.
    Tu vas me dire que tu saisis mal le lien que je peux être amenée à faire avec cette histoire de péridurale (simple anecdote servant de fil conducteur), mais quand j’entends ces discours d’aseptiques (je voudrais employer le terme de névrosées, mais je ne voudrais pas trop heurter cette catégorie de femmes qui demandent la péridurale avant même de tomber enceintes), je suis sceptique quant à leur capacité à vivre dans ce monde, à réagir décemment et dignement face aux difficultés, aux conflits, à tout élément pernicieux, cruel, pervers, mesquin. La douleur (le sacrifice) fait partie du processus. Comprendre son corps, comprendre le monde, c’est selon moi inévitable et évident, impératif sinon impérieux si l’on veut pouvoir résister et survivre dans ce monde de fous, de menteurs, de cupides, d’égoïstes et d’idiots sans nom.

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    1. Je te rejoins très bien dans ta réflexion et dans le lien que tu fais avec la peur de la peur d’avoir mal, de souffrir, des microbes, etc. Vivre est un jeu… dangereux… et il le restera toujours, quoi qu’on fasse. Ce n’est pas en restant sur les lignes de côté qu’on vit. Mieux vaut, au risque de se faire mal, vivre pleinement. De toute façon, la fin sera la même pour tous, mais il nous appartient de nous donner le plus de moments de plaisirs intenses et seule la vraie vie en est capable, pas celle sous un dôme de verre, pas la vie en secte fermée. J’ai toujours parlé de mes cicatrices comme des preuves d’existences, je les préfère de loin à des plaies de lit, aux sens propre et figuré.

      Aimé par 2 personnes

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