Vingt ans de 911

Ça y est, voilà vingt ans que l’événement du siècle, ou à tout le moins des vingt dernières années, s’est produit. Tout en a été dit et pourtant on ne sait encore rien avec certitude, preuve que de lourds secrets restent encore bien enfouis sous des kilomètres de mensonges provenant de tous les acteurs, sans égard à leur affiliation.

Aujourd’hui, je n’oserai pas relancer les hostilités autour de ces dégringolades jumelles. Je me contenterai de faire comme bien des gens et me remémorer où je me trouvais et ce que je faisais ce 11 septembre 2001 à 8 h 45.

Lorsque des événements catastrophiques surviennent, notre cerveau implante des souvenirs indélébiles. Ils nous permettent de revivre des moments charnières de la vie humaine. Pour ma part, il serait difficile, voire impossible, de les oublier et vous comprendrez pourquoi si vous osez lire la suite de cet article.

Voici donc le contexte absolument exact de ma situation à l’heure fatidique de cette magnifique journée de septembre 2001.

Le temps radieux s’étend sur toute la côte est de l’Amérique du Nord. Je me trouve dans un avion de la compagnie American Airlines en route pour les États-Unis d’Amérique, plus précisément vers Chicago, où je dois participer à un congrès. Le plus haut gratte-ciel dans ce pays se trouve précisément à Chicago, pas à New York.

Il est presque 9 h et nous survolons le territoire américain depuis un certain temps. Soudain, l’avion tangue avant d’entamer un grand demi-tour. Étrange, puisque cette volte-face n’est pas causée par une manœuvre préparatoire à l’atterrissage qui doit survenir dans une vingtaine de minutes. Étrangement, l’avion conserve son altitude de croisière. Aucune communication n’est encore entamée pour nous expliquer la situation. Finalement, quelques minutes plus tard, nous entendons une personne s’adresser aux passagers à travers un haut-parleur passablement grinçant.

Il dit qu’il est le pilote de l’appareil. Il explique succinctement que nous devons rebrousser chemin, il nous ramène à Montréal. Mais le plus étrange reste la raison de ce virement de bord. Il nous affirme que l’avion est interdit de vol aux États-Unis !

Comment se peut-il qu’un avion américain piloté par des Américains soit interdit de vol au-dessus du sol américain ? C’est d’un. non-sens total ! Est-ce un passager douteux ? Un bris mécanique majeur ? Une bombe à bord ?

Je prends les prochaines minutes pour analyser la situation et y voir plus clair. Durant ce temps, quelques passagers tombent en état de panique. Ça crie, ça se bouscule, ça argumente fort avec les agents de bord. Heureusement, la très grande majorité des passagers gardent leur calme.

L’une après l’autre, je déboulonne mes trois hypothèses précédentes. Aucune ne tient la route face à la situation décrite par le pilote, l’interdiction de vol au-dessus du territoire (complet ?) des É.U.A. Le fait de retourner à notre point de départ au Québec, très éloigné d’autres destinations canadiennes beaucoup plus proches de notre position actuelle, comme Toronto, invalide toutes les hypothèses. Dans mon esprit, il ne reste plus qu’une seule possibilité, mais elle est passablement difficile à croire. Les É.U.A. ont déclaré la guerre. Et si on ramène les Canadiens chez eux, ça doit être une guerre contre le Canada !

« Mais qu’est-ce que Jean Chrétien (alors PM du Canada) a bien pu faire à George W. Bush cette nuit pour que celui-ci nous déclare la guerre ce matin à 9 h ? » Je me suis franchement posé cette question qui n’était pas si sotte, compte tenu des événements et du peu d’informations dont je disposais. Et pour parler de déclaration de guerre, il en a été réellement question, une guerre contre le terrorisme.

Malgré un ciel limpide jusqu’à l’horizon, le pilote a réussi un atterrissage des plus chaotique sur la piste d’où nous avions décollé quelques heures plus tôt. Cependant, avant de nous ouvrir la porte, il a tenu personnellement à nous expliquer la situation actuelle.

Il nous a dit que deux autres vols d’American Airlines avaient été détournés pour perpétrer des attentats suicides, l’un a visé une des tours jumelles à New York. Il a perdu beaucoup d’amis parmi les équipages de ces deux vols. Il en était tout bouleversé. J’ai également senti qu’il avait craint pour sa vie et pour toutes celles qu’il transportait. Un pirate de l’air aurait très bien pu sélectionner ce vol Montréal-Chicago pour percuter la tour Sears, la plus haute du pays.

Tous les gens au bureau où je bossais ont craint pour ma vie alors qu’ils étaient sans nouvelles de mon vol et qu’une rumeur médiatisée faisait état d’un autre appareil détourné qui ne répondait pas aux signaux radio. Heureusement, du moins pour moi, je suis revenu en entier. Ce soir-là, j’ai bu mon verre de vin plus lentement que d’habitude. Je le dégustais goutte après goutte en présentant le talon de mon billet d’avion aux gens à qui je racontais ma folle journée. 

Grâce à un choix délaissé par les pirates de l’air, je suis ici aujourd’hui pour vous partager mes souvenirs incrustés profondément dans mon cerveau au lieu d’avoir eu le cerveau profondément incrusté dans une tour.

Hep ! Bixi !

Le Bixi, c’est le vélo en libre-service de Montréal et de ses environs. Son concept est également exporté dans plusieurs grandes villes comme New York, Londres, Chicago, Boston, Toronto, Melbourne, etc. Son nom est un mot-valise composé de BI-cyclette et de ta-XI.

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Le Bixi est né à Montréal en 2009, il entame donc sa dixième saison. Au début, ses bornes restaient confinées au centre-ville et à ses aires environnantes. Maintenant, on les retrouve un peu partout sur l’ile de Montréal et même au-delà. Avec plus de 5000 bicyclettes en service dans la ville, ce système de transport saisonnier permet d’éliminer un grand nombre de véhicules automobiles.

Plusieurs brevets ont été déposés pour différentes parties du système, mais ce qui attire surtout l’attention c’est son cadre unique fait d’aluminium moulé en forme de boomerang. Le designer industriel montréalais Michel Dallaire s’est occupé de la conception du vélo et sa fabrication a été confiée au fabricant de bicyclettes saguenéen Devinci.

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On peut maintenant dire que les vélos, les bornes de paiement et les stations d’ancrage et de verrouillage sont solidement éprouvés. Toutes les villes qui ont adopté ce système ont économisé énormément de temps et d’argent en profitant des améliorations cumulatives.

Reconnu pour sa robustesse, le Bixi n’a pourtant pas cédé son élégance à cette cause. On a tout sauf l’impression d’enfourcher une bécane déglinguée.

Alors, bon anniversaire, Bixi et longue vie!