Apollo 20, une leçon à tirer

Officiellement, le programme spatial américain Apollo s’est terminé en 1972 par le décollage d’une fusée Saturn V et le retour de la Lune de la cabine Apollo 17. Toutefois en avril 2007, une série de vidéos apparait sur le web laissant croire qu’il y aurait eu une mission Apollo 20 envoyée sur la face cachée de la Lune.

Le fait qu’à la fin officielle du programme Apollo il soit resté plusieurs étages fonctionnels de fusées Saturn V pourrait laisser croire à cette possibilité. L’équipage de la prétendue mission était composé de deux astronautes américains, une femme et un homme répondant aux noms de Snyder et Rutledge, ainsi que d’un cosmonaute russe du nom de Leonov.

Le nodule lunaire aurait atterri près d’un vaisseau spatial aperçu lors d’une mission précédente et les astronautes auraient ramené le corps momifié ou en hibernation d’une extraterrestre aux traits humanoïdes. Les vidéos sont plutôt bien conçues, montrant l’intérieur réaliste de la capsule spatiale ainsi que la figure et le corps de l’extraterrestre.

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On peut même trouver l’insigne de la mission (photo entête).

Le sculpteur et vidéaste français Thierry Speth a reconnu être à l’origine du canular le 9 juillet 2007, soit seulement trois mois après la sortie des vidéos. Mais encore aujourd’hui, les vidéos continuent d’être régulièrement consultées malgré les démystifications prouvant hors de tout doute que les vidéos provenant de la NASA aient été tournées durant des missions Apollo antérieures et rendues publiques bien avant 1976. Quant à la fusée Saturn V qui aurait été utilisée, elle l’a plutôt été pour lancer Skylab. Les autres sont exposées dans divers musées.

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Je trouve cette histoire plutôt comique. D’un côté, il existe une série d’individus prétendant haut et fort que nous n’avons jamais mis les pieds sur la Lune et de l’autre on trouve une mission Apollo supplémentaire faisant grimper le total à sept alunissages.

ASinside

Plus de onze ans après la divulgation du canular, il continue de faire des adeptes et des victimes. Y croire peut paraitre sans grandes conséquences puisque aucun individu hameçonné ne verra son existence chamboulée par ce faux récit. Pourtant, créer ce genre d’histoire irréelle ne serait pas un geste tout à fait anodin.

Si vous avez lu mon blogue d’hier traitant du mensonge institutionnalisé, vous comprenez que cet acte banalisé s’avère bien plus pernicieux qu’il n’ose paraitre. En tant que citoyen, notre devoir est de bien s’informer et alors de dénoncer et autrement combattre les fausses nouvelles institutionnelles.

Mais si, en tant que citoyens, nous nous auto-empoisonnons en inventant n’importe quelle histoire, nous devenons les complices des leaders menteurs cherchant à tout prix à nous faire avaler leurs prochains gazouillis.

Nous devrions partager une même idéologie lorsqu’il est question de créer ou de partager de l’information, celle d’adopter une attitude irréprochable et de s’assurer que nos informations demeurent impeccables. Personne n’aime se faire berner. Nous méritons tous d’obtenir l’information la plus juste et la plus précise possible. Efforçons-nous donc de produire ou de relayer une information de qualité, une information comme nous aimons l’obtenir.

Et cessez de croire que seulement relayer des informations de sources étrangères vous déresponsabilise de leurs exactitudes. En jouant à la courroie d’engrenage, en devenant un diffuseur, vous encouragez autant les auteurs sérieux que les menteurs.

Si une information vous semble douteuse, pourquoi ne pas simplement l’oublier ? Aujourd’hui, vous trouverez de multiples références pour une seule fausse rumeur et vous en deviendrez une de plus. Recouper l’information n’est plus une technique suffisante pour garantir sa véracité. Il faut en faire bien plus si vous voulez faire un travail sérieux, mais surtout utile pour vos concitoyens.

Falcon Heavy vs Big Falcon Rocket

Elon Musk a de quoi se réjouir. Sa nouvelle fusée Falcon Heavy a réussi hier son vol d’essai quasiment à la perfection. Cette fusée s’avère être un assemblage de trois fusées Falcon 9 mises en sandwich dont celle du centre est surmontée d’un deuxième étage et de sa coiffe transportant la charge utile. Ainsi, cette fusée munie de 27 moteurs Merlin a envoyé vers Mars le roadster Tesla de l’excentrique milliardaire.

Les deux fusées auxiliaires sont revenues se poser au cap Canaveral presque simultanément. Ce fut tout un spectacle de voir ces atterrissages contrôlés. Par contre, Spacex a cessé de diffuser avant qu’on sache ce qui est advenu de la fusée principale. Elle était censée atterrir comme ses deux autres sœurs, mais sur une barge en mer puisqu’en propulsant plus longtemps la charge utile, le retour sur la terre ferme devenait impossible. Cependant, dans le passé, cette opération s’est fréquemment déroulée sans incident.

Je vous propose de regarder la vidéo du lancement de la fusée Falcon Heavy survenu hier. Si vous n’avez jamais assisté à un lancement d’une fusée de la compagnie Spacex, ne boudez pas votre plaisir et regardez les données de vol, vitesse et distance, retransmises jusqu’à la mise en orbite. C’est fascinant. Vous aurez aussi l’occasion de voir la Tesla rouge une fois en orbite qui joue « Space Oddity » du regretté David Bowie.

Préparatifs et lancement du lanceur Falcon Heavy

Lancement de la fusée Falcon Heavy : Aller à 21min30s
Atterrissage des deux fusées auxiliaires : Aller à 29min30s

L’idée est de faire un peu comme la navette spatiale, de la récupération d’équipement pour diminuer les coûts de lancement. On peut remarquer que cet exercice reste périlleux. Toutefois, il est déjà certain que Musk a gagné ce pari. Les autres lanceurs auront de la difficulté à le concurrencer sur ce terrain.

Dans un article précédent, je m’interrogeais sur les contrats que pouvait bien avoir Spacex dans son carnet de commandes pour lancer une charge utile de 63,8 tonnes, la plus importante charge utile pour l’instant, puisque les spécialistes s’accordent à dire que c’est trop ou trop peu. Trop pour le lancement de satellites normaux qui peuvent parfaitement être mis en orbite avec la Falcon 9 et les autres lanceurs dans cette catégorie, ou trop peu pour penser transporter des humains vers Mars.

Mais voilà que ce rêve du cofondateur de PayPal deviendra possible avec un autre projet qu’il est en train de réaliser, une fusée totalement distincte des Falcon actuelles, la Big Falcon Rocket (BFR) déjà surnommée la Big Fucking Rocket. On comprend ce surnom lorsque sont mises côte à côte la fusée Saturn V, la fusée la plus puissante jamais construite (missions Apollo), et cette nouvelle fusée. La BFR pourra transporter vers Mars une charge utile de 500 tonnes ! Suffisamment pour démarrer un projet de colonisation. Après les succès retentissants de ses trois plus importants projets, Pay Pal, Tesla et Spacex, celui de la fusée BFR semble soudainement réalisable.

Dimensions comparées entre les fusées Saturn V (missions Apollo) et la future BFR

SaturnV-BigFalconHeavy

Dimensions comparées entre la future fusée BFR et un humain

BFR-maison