Le deuxième accord toltèque

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Le deuxième accord toltèque

Cet accord s’avère de compréhension plutôt aisée. Mais parfois, quelle calamité pour le mettre en pratique !

2. Ne prends rien personnellement
Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité, de leur rêve. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n’êtes plus victime de souffrances inutiles.

On demande bien souvent aux autres de ne pas prendre nos propos personnellement, soit parce qu’on visait le noir et qu’on a tiré le blanc, soit pour éviter que ça ne dégénère parce qu’on a affirmé une vérité en respectant le premier accord toltèque et qu’elle n’a pas plu, soit parce qu’on était soi-même en vilain mode manipulation et le pot aux roses a été découvert.

Si les rôles s’inversent et qu’on devient la cible, on a tôt fait de ruer dans les brancards en entonnant notre cri de guerre favori, le tomahawk à la main. Si nous possédons peu de moyens de changer les autres, en revanche nous avons toutes les possibilités de modifier nos propres comportements. Puisqu’il sera impossible d’empêcher toutes les attaques sournoises et injustifiées, ce deuxième accord toltèque nous suggère un moyen de nous en sortir honorablement.

Il nous demande simplement de faire abstraction des médisances, des propos peu flatteurs, des insultes d’autrui. Les gens malhonnêtes pensent que tout le monde est comme eux. Puisqu’ils se sentent incapables de vivre sans félonies, ils généralisent leur problème. Du coup, ils interprètent les actes des autres dans le sens de leur propre comportement.

Si on félicite une personne, c’est nécessairement de la flagornerie pour obtenir un avantage en retour. Même chose si on accorde un passe-droit à une personne en difficulté ou dans le besoin. On achète leurs faveurs au rabais. C’est impossible qu’on soit simplement de bonnes personnes, gentilles, avenantes, attentionnées.

Lorsqu’on se fait écorner, écorcher, bousculer par des propos peu flatteurs et désobligeants, le justicier en nous sort de sa tanière pour aller mener une bataille afin de rétablir les faits et démontrer la vérité.

Comportement bien légitime, mais tellement contre-productif ! Les polémistes, les trolls n’attendent que notre réaction pour en mettre une ou plusieurs couches supplémentaires. Ils s’abreuvent à la fontaine de nos attitudes outrées. La meilleure façon de faire cesser leurs attaques est de les ignorer tout en laissant couler leurs insultes comme l’eau sur les galets.

J’ai longtemps été fortement affecté par l’injustice et j’ai livré bon nombre de batailles épiques. J’en ai gagné et j’en ai perdu malgré le cœur que j’y mettais. Faire le jeu de l’ennemi, se battre sur son propre terrain est plus que hasardeux. Au fil du temps, je me suis forgé une carapace et j’ai même adopté certaines stratégies de l’ennemi. Sans pitié, je les embrochais, je les fustigeais, je leur rendais coup pour coup avec encore plus de ferveur.

Mais au bout du compte, devenir comme eux, ne serait-ce que pour me défendre, signait ma véritable défaite. Une fois encore, l’indifférence s’avère être contre eux l’arme ultime. Ils ont perdu les poignées qu’ils avaient espéré avoir greffées sur moi.

Ils ragent de colère lorsque nous faisons comme s’ils n’existaient pas. Durant un certain temps, leur rogne leur fera redoubler d’efforts et leurs attaques seront plus fréquentes et plus violentes. Mais après la tempête, à ne recevoir que du silence, à péter les plombs seuls au milieu d’un océan infini, à crier parmi les dunes d’un désert insouciant, ils déplacent leurs énergies vers une autre victime plus coopérative.

Aujourd’hui, je n’essaye plus de comprendre leurs motivations puisqu’ils n’en valent pas la peine. Je continue de les ignorer.

Avec les personnes mal intentionnées, j’évite de devenir un gars laid, à la place je me transforme en galet.