Le quatrième accord toltèque

Lire le premier, le deuxième et le troisième article de cette série de quatre si ce n’est déjà fait.

Ce quatrième accord cherche à apaiser les tensions engendrées par les trois premiers qui nous demandent d’agir avec discernement, mais dont leur mise en application nous oblige à rester constamment conscients de nos actes. Si notre éducation nous a montré à agir convenablement, en revanche depuis toujours, notre entourage navigue à contrecourant de celle-ci. 

Ça ment à qui mieux mieux, ça se sent visé par tout et chacun, ça présume sans chercher à valider quoi que ce soit. Instinctivement, nous imitons ce mode de fonctionnement afin de jouer dans la même arène. Ce comportement inné qui est à la base de la cohésion sociale reste toutefois passablement dévastateur lorsque plus rien d’important n’est vrai, que la vérité est remplacée par la manipulation des émotions et que des présomptions infondées remplacent les vraies réponses. 

Afin d’encourager nos efforts à basculer du côté lumineux de la force et à nous aider à comprendre que la perfection n’existe pas vraiment, voici le quatrième accord toltèque.

4. Fais toujours de ton mieux
Votre mieux change d’instant en instant, quelles que soient les circonstances, faites simplement de votre mieux et vous éviterez de vous juger, de vous culpabiliser et d’avoir des regrets.

L’humain est une bête intelligente, mais tellement fragile dans ses émotions ! Chercher à s’améliorer demeure la clé des quatre accords. Le succès ne repose pas sur la perfection, mais sur les moments où nous vainquons nos faiblesses.

Il s’avère impossible de modifier notre comportement pour que du jour au lendemain, nous devenions parfaitement francs, totalement détachés des agissements répréhensibles des autres à notre égard et entièrement capables de ne plus rien présumer.

C’est la raison de l’existence du quatrième accord. Il nous demande de nous pardonner de ne pas toujours être capable ou en mesure de respecter les trois premiers. Notre équilibre ne repose pas seulement sur la façon dont nous agissons envers les autres, mais surtout sur notre capacité à se regarder, à s’apprécier, tout en conservant le désir de mieux agir.

Les trois premiers accords nous aident à reconnaitre, à identifier certains comportements qui finissent par nous nuire en sourdine. Le quatrième nous aide à comprendre que cette éternelle bataille ne doit pas noircir la glace dans laquelle nous nous regardons.

Une vérité énoncée, une empathie accordée, une question posée, une estime personnelle haussée. Commencer l’aventure de l’application des quatre accords toltèques par une seule amélioration, une, car le tout est en un.

Le troisième accord toltèque

Lire le premier et le deuxième article de cette série de quatre si ce n’est déjà fait.

Ce troisième accord est celui qu’on peut facilement omettre d’appliquer tellement les situations se multiplient rapidement sans trop de conséquences immédiates, du moins en apparence.

3. Ne faites pas de supposition
Ayez le courage de poser des questions et d’exprimer vos vrais désirs. Communiquez clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.

L’humain est une bête intelligente et tirer des conclusions logiques après une certaine réflexion fait partie d’un processus normal afin de comprendre des mystères ou plus simplement des non-dits.

Pourtant, ce processus exige au préalable d’avoir accumulé le plus d’informations possible sur le sujet en question. Pour combler les trous, il existe quelques solutions.

La première possibilité consiste à le demander directement aux personnes concernées. C’est l’idée émise par ce troisième accord. Malheureusement, parfois on cherche à cacher notre intérêt à comprendre une chose. Ou on redoute les mensonges que peut provoquer notre question directe et tant qu’à obtenir un faux renseignement, on en conclut souvent à tort qu’il vaut mieux se rabattre sur une autre méthode.

La deuxième façon de se renseigner est indirecte. Il faut trouver quelqu’un d’autre qui pourrait connaitre ce qu’on cherche à apprendre. D’abord, ion doit dénicher cet individu et rien n’est moins sûr qu’il voudra nous répondre. Et les mêmes désavantages que précédemment continuent de planer. Sera-t-il totalement honnête ? Que fera-t-il ensuite ? Ira-t-il bavasser ? Et le fait que cette source plus ou moins fiable pourrait ignorer une bonne partie de la réponse nous convainc généralement de trouver un autre moyen.

La troisième solution consiste à attendre et à accumuler les infos en restant vigilant et attentif aux moindres bribes. Mais qui veut patienter avant d’en savoir (peut-être) davantage ?

On se rabat alors sur la quatrième possibilité qui consiste à combler les trous par notre propre logique et c’est là où les suppositions entrent en jeu avec tout leur lot de problèmes.

Qu’on le veuille ou non, on a tous un côté orgueilleux, le même qui nous empêche de poser des questions directes. À la longue, il finit par développer une tendance paranoïde apte à générer tous les types de thèses, de la plus plausible à la plus délirante.

Prendre conscience de nos supputations exige une grande introspection et la capacité de déclencher des alarmes lorsque notre imagination cherche à nous faire échouer au test de l’application du troisième accord toltèque.

Depuis que j’ose éviter les suppositions et qu’au contraire je pose les bonnes questions, mon estime personnelle n’a pas diminué. Je ne me sens pas moins intelligent et mes interlocuteurs non plus. Les gens sentent qu’on cherche à valider une hypothèse et il leur incombe de nous répondre intelligemment, c’est-à-dire avec franchise.

Dans le cas contraire, ils savent que j’attendrai leur dérapage dans la courbe de leur prochain mensonge.

Le deuxième accord toltèque

Lire l’article « Le premier accord toltèque » si ce n’est déjà fait.

Le deuxième accord toltèque

Cet accord s’avère de compréhension plutôt aisée. Mais parfois, quelle calamité pour le mettre en pratique !

2. Ne prends rien personnellement
Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité, de leur rêve. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n’êtes plus victime de souffrances inutiles.

On demande bien souvent aux autres de ne pas prendre nos propos personnellement, soit parce qu’on visait le noir et qu’on a tiré le blanc, soit pour éviter que ça ne dégénère parce qu’on a affirmé une vérité en respectant le premier accord toltèque et qu’elle n’a pas plu, soit parce qu’on était soi-même en vilain mode manipulation et le pot aux roses a été découvert.

Si les rôles s’inversent et qu’on devient la cible, on a tôt fait de ruer dans les brancards en entonnant notre cri de guerre favori, le tomahawk à la main. Si nous possédons peu de moyens de changer les autres, en revanche nous avons toutes les possibilités de modifier nos propres comportements. Puisqu’il sera impossible d’empêcher toutes les attaques sournoises et injustifiées, ce deuxième accord toltèque nous suggère un moyen de nous en sortir honorablement.

Il nous demande simplement de faire abstraction des médisances, des propos peu flatteurs, des insultes d’autrui. Les gens malhonnêtes pensent que tout le monde est comme eux. Puisqu’ils se sentent incapables de vivre sans félonies, ils généralisent leur problème. Du coup, ils interprètent les actes des autres dans le sens de leur propre comportement.

Si on félicite une personne, c’est nécessairement de la flagornerie pour obtenir un avantage en retour. Même chose si on accorde un passe-droit à une personne en difficulté ou dans le besoin. On achète leurs faveurs au rabais. C’est impossible qu’on soit simplement de bonnes personnes, gentilles, avenantes, attentionnées.

Lorsqu’on se fait écorner, écorcher, bousculer par des propos peu flatteurs et désobligeants, le justicier en nous sort de sa tanière pour aller mener une bataille afin de rétablir les faits et démontrer la vérité.

Comportement bien légitime, mais tellement contre-productif ! Les polémistes, les trolls n’attendent que notre réaction pour en mettre une ou plusieurs couches supplémentaires. Ils s’abreuvent à la fontaine de nos attitudes outrées. La meilleure façon de faire cesser leurs attaques est de les ignorer tout en laissant couler leurs insultes comme l’eau sur les galets.

J’ai longtemps été fortement affecté par l’injustice et j’ai livré bon nombre de batailles épiques. J’en ai gagné et j’en ai perdu malgré le cœur que j’y mettais. Faire le jeu de l’ennemi, se battre sur son propre terrain est plus que hasardeux. Au fil du temps, je me suis forgé une carapace et j’ai même adopté certaines stratégies de l’ennemi. Sans pitié, je les embrochais, je les fustigeais, je leur rendais coup pour coup avec encore plus de ferveur.

Mais au bout du compte, devenir comme eux, ne serait-ce que pour me défendre, signait ma véritable défaite. Une fois encore, l’indifférence s’avère être contre eux l’arme ultime. Ils ont perdu les poignées qu’ils avaient espéré avoir greffées sur moi.

Ils ragent de colère lorsque nous faisons comme s’ils n’existaient pas. Durant un certain temps, leur rogne leur fera redoubler d’efforts et leurs attaques seront plus fréquentes et plus violentes. Mais après la tempête, à ne recevoir que du silence, à péter les plombs seuls au milieu d’un océan infini, à crier parmi les dunes d’un désert insouciant, ils déplacent leurs énergies vers une autre victime plus coopérative.

Aujourd’hui, je n’essaye plus de comprendre leurs motivations puisqu’ils n’en valent pas la peine. Je continue de les ignorer.

Avec les personnes mal intentionnées, j’évite de devenir un gars laid, à la place je me transforme en galet.

Le premier accord toltèque

Vous connaissez peut-être les quatre accords toltèques, peut-être pas. Dans une série de quatre articles chacun consacré à l’un d’eux, je ne me contenterai pas de les énoncer, mais je vais aussi vous partager mon interprétation personnelle en ajoutant des exemples concrets de situations vécues où ceux-ci m’ont permis de grandir.

Notez que ces accords ne sont aucunement ésotériques ou hermétiques. Ensemble, ils constituent un code de conduite personnel simple à comprendre qui permet de nous affranchir d’un paquet de problèmes. Je ne ferai pas leur genèse. Vous pouvez facilement vous renseigner grâce à une recherche sur les internets. Je commence donc immédiatement par le premier accord.

  1. Que ta parole soit impeccable
    Parlez avec intégrité, ne dites que ce que vous pensez. N’utilisez pas la parole contre vous-même, ni pour médire sur autrui.

Autrement dit : « Fais toujours ce que tu dis et dis toujours ce que tu fais ». Il faut que tes bottines suivent tes babines.

Évite comme la peste les entourloupes, les mensonges, les médisances. On finit toujours par se faire rattraper par nos propres fuites face aux autres. Affronter immédiatement les situations difficiles et conflictuelles permet de les désamorcer à leur racine.

Il est bien plus facile d’arracher un arbre qui pousse dans un endroit indésirable que d’attendre qu’il ait dépassé la hauteur du toit de la maison.

Si certains sont experts en magouille de toutes sortes, on doit résister à l’envie de les imiter, de jouer dans leur carré de sable. En les isolant, ils deviennent impuissants. Nous les alimentons lorsque nous leur laissons de la place, lorsque nous agissons sans indifférence à leur égard.

Personnellement, je n’ai pas eu trop de problèmes avec ce premier accord. Bien avant de le connaitre, j’étais déjà engagé dans une voie où j’exécrais le mensonge, autant chez moi que chez les autres. Ça n’a pas toujours été de tout repos, mais je suis capable de me regarder dans une glace tous les matins et la personne qui s’y reflète m’est sympathique. Je ne fais jamais de cauchemars qui me remémoreraient des actes répréhensibles.

Ceci dit, je n’aime pas tous les humains, bien au contraire, je garde pour la plupart d’entre eux des sentiments s’étalant de l’indifférence en passant par le dépit ou la révulsion. Je reste humain et je n’ai jamais prononcé le vœu de m’efforcer de tous les aimer. Pour m’aider dans cette mission de respecter l’accord toltèque en question, j’ai réduit à l’essentiel la quantité de gens qui gravitent autour de moi. Ainsi, je n’ai pas à me prostituer à tout bout de champ en faisant d’inutiles salamalecs ou en flattant les susceptibilités des manipulateurs dans le sens du poil.

Si ce premier accord semble simple à comprendre et parfaitement acceptable, en fait on parle ici de gros bon sens, sa mise en pratique quotidienne oblige à déployer de grands efforts, ne serait-ce que pour se rendre compte que nous le violons inconsciemment à de multiples reprises. J’y reviendrai lorsque j’aborderai le quatrième accord.

Le dernier élément de cet accord-ci consiste à l’appliquer non seulement aux autres, mais également à soi-même. La bonté, la sincérité, l’honnêteté, tous les méritent, y compris la personne qui tente d’intégrer ces valeurs à son comportement normal. Mériter la franchise, y compris la sienne, change radicalement le regard des autres sur soi, et aussi sa propre façon de se regarder, de s’évaluer et au final, de s’estimer.

La paix du Corbot

Ça devrait en surprendre plus d’un à la lecture de certains des articles de ce blogue, mais le noir volatile atteste qu’il a enfin trouvé la paix. Difficile de le croire ?

Ouais, bon ! Je vous l’accorde, ce n’est pas la paix totale ni béate ni heureusement la paix éternelle. Certainement pas la paix amoureuse, celle-là ne surviendra probablement jamais, mais j’ai quand même atteint une forme de paix, la paix d’esprit entourant mon rôle social.

Lorsque je voyais la planète se déglinguer, aucun individu sensé ne pouvait laisser ce massacre s’accomplir sans lutter. Le problème est que la guerre était perdue d’avance puisque personne ne voulait combattre. Seule une lutte victorieuse aurait permis à l’humain de survivre et tout le monde s’en est foutu.

Après l’inévitable ahurissement, la déprime tout aussi inévitable m’attendait de pied ferme. Chacun d’entre nous avait le devoir de collaborer à la hauteur de ses moyens et de ses talents. Rien n’a été fait, sauf se donner bonne conscience pour s’en être désintéressé en triant ses recyclables. Wow ! Quel merveilleux accomplissement ! Quels actes héroïques dignes des plus grands champions ! Jeter des « jenveuxpu » dans un bac vert en plastique plutôt qu’une poubelle grise en métal pour qu’ils se retrouvent quand même dans un dépotoir ici ou en Malaisie. Tout un exploit ! Et après on se demande pourquoi on va crever ! L’histoire n’est même pas pathétique, elle est loufoque.

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Être pris entre les mâchoires de l’étau qui se resserrait incessamment me tuait à petit feu. Le maxillaire fixe du froid outil, les humains indolents, imperturbables, inactifs. Et la mandibule, notre système, les industriels, les politiciens qui rapprochent les deux pièces de métal l’une contre l’autre en écrasant tous ceux qui osent se placer entre les deux.

Même les esprits les plus fins, les plus respectés, les plus populaires n’ont pas tenu le coup. Al Gore, David Suzuki et mon compatriote Hubert Reeves, ils ont tous baissé les bras et pavillon. Ils ont jeté l’éponge, la serviette et les armes. Ils ont plié bagage et l’échine. Ils ont mis le genou par terre. Ils ont consciemment ou inconsciemment abandonné leur lutte, car inutile, car impossible. Aucune victoire, aucun progrès, aucun désir perçu, aucun plan valable mis en œuvre, aucun accord respecté, c’est l’échec le plus cuisant de toute l’histoire de l’humanité.

Et malgré cette décrépitude, ou peut-être à cause de celle-ci, j’ai atteint un moment d’intense compréhension du rôle de l’humain sur terre et dans l’univers. Cela m’a suffi pour cesser de me préoccuper de son avenir. D’une certaine façon, une illumination comme j’en ai eu peu dans ma vie. J’ai compris le véritable rôle dévolu à l’humain et il n’a rien en commun avec nos prétentions, nos désirs, nos espoirs ou nos ambitions, j’oserais dire heureusement.

On rêve de conquête spatiale alors qu’il nous est impossible de supporter la microgravité, le vide, le froid spatial, les tempêtes solaires, les particules cosmiques, le temps. On rêve de voyages intersidéraux qui nécessiteraient un recyclage de 100% de toutes nos ressources, y compris nos déjections et nos dépouilles alors qu’on est incapables de mettre le plus petit système fonctionnel ici sur le plancher des vaches où nous possédons tout pour réussir. Il faudrait vivre en vase clos dans un espace restreint et exigu durant des milliers d’années alors qu’il nous est absolument impossible de supporter un voisin à trois maisons de la nôtre.

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On renverra des gens sur la Lune et on plantera même des drapeaux sur Mars. Mais après, on fera quoi ? Où ira-t-on ? Voudrons-nous toujours nous étendre au-delà des limites de la Terre lorsque les astronautes mourront comme des mouches et les survivants développeront des maladies incurables, qu’ils deviendront aveugles, que leurs os se casseront comme du verre, que leur cœur fera patate, que leur cerveau se mettra à leur jouer de très mauvais tours ? Continuerons-nous d’envoyer des équipages dans l’espace lorsque nous perdrons tout contact avec ceux qui s’y seront déjà aventurés ? Continuerons-nous de nous préoccuper des astronautes partis depuis des siècles alors qu’on oublie de visiter nos parents ?

La conquête de l’espace au-delà de notre petit système solaire n’est pas de notre ressort. Nous ne sommes pas constitués pour ce genre de mission, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse. Le transhumanisme ne nous sauvera pas, car viendront rapidement d’autres solutions bien plus intelligentes et efficaces. Par contre, et voilà comment la situation devient ironique, ces solutions viendront de nous-mêmes, les humains. Elles ne consisteront pas à développer des techniques et des équipements pour nous aider à voyager loin dans l’espace. À cause de notre biologie, notre véritable place ne peut être que sur Terre.

Cependant, si nous sommes incapables de prendre soin de nous-mêmes ici et maintenant, la situation actuelle le prouve, nous risquons fort également de rater cet ultime objectif.

Le calme dans ma tête se préparait depuis un certain temps. Ma paix intérieure découle de différents constats. J’ai compris qu’il était inutile de stresser à propos du sort de l’humanité. Qu’elle réussisse ou non à respecter son ultime engagement, qu’elle disparaisse parce qu’elle a failli à ses devoirs essentiels envers elle-même, envers les autres espèces et envers la planète, qu’elle gagne ou perde, qu’elle agisse en idiote ou en sage, notre sort ne fait simplement pas partie de l’équation finale. Se faire disparaitre ne serait pas si pathétique si nous n’entrainions pas des milliers d’autres espèces dans la foulée. Elles ne méritent pas de s’éteindre alors que nous, nous méritons bien pire que l’extinction.

Je sais, tout ceci reste ambigu si vous ignorez quel est ce fameux ultime mandat. Je l’ai récemment écrit, je vous invite donc à le lire en suivant cet hyperlien ainsi les deux articles qui le précèdent (partie1 et partie 2). En substance, sachez qu’en ayant synthétisé des décennies d’informations en une seule fonction logique, mon esprit s’est enfin apaisé.

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Imaginez un jongleur jouant avec des centaines de quilles toutes différentes. Tant qu’il jongle, il est incapable de se reposer et il continue de jongler, car il lui manque la réponse à l’ultime question qui est de savoir quoi faire avec les quilles. Comment s’agencent-elles ? Puis, vient l’illumination. Tout se clarifie, l’acrobate sait maintenant comment les organiser. Il les place par taille, par matériaux, par couleurs, par symboles gravés sur leur ventre. Le jongleur peut cesser de penser, il rattrape chacune des quilles, il les place au sol pour enfin contempler son œuvre. Bien sûr, d’autres combinaisons pourraient exister et l’acrobate en est pleinement conscient, mais celle-ci lui plait suffisamment pour le convaincre de cesser sa quête, de se reposer avant d’entamer un nouveau défi d’une tout autre nature.

Voilà où j’en suis. Je n’ai plus à me préoccuper d’informer la population, d’éduquer mes proches, d’alerter l’humanité, de la défendre contre les bonzes et aussi contre elle-même, de m’en inquiéter outre mesure, de hurler l’urgence d’agir. Tout ce qui me tuait à petit feu a disparu. Et tout ce stress existait parce que j’étais resté anthropocentrique. J’avais considéré l’humain comme la pièce maitresse de l’échiquier alors qu’il n’est que le fou. L’univers peut donc le sacrifier afin d’obtenir sa victoire, une victoire qui, lorsque la partie se termine, que le fou soit resté sur l’échiquier ou qu’il ait été bouffé au cours du combat, qui s’en soucie ?

Certains d’entre vous penseront qu’un tel article vise justement à vous alerter, contrairement à ce que j’affirme. D’autres diront que j’abandonne en cherchant à me justifier. J’essayerai de répondre à ces muettes questions et aux commentaires que vous voudrez bien me laisser dans un prochain article.

T comme dans tout

Aujourd’hui je poursuis ma série d’articles sur un mot commençant par une lettre précise, le hasard a choisi le t. Me restant ensuite à déterminer le mot dont l’entame est un t, je n’ai pas hésité bien longtemps, en fait, pas du tout. C’est tout.

Vous saurez donc tout sur tout, car aujourd’hui je traite surtout de tout et des t qui le composent. Tout. Tout un mot! Et notez qu’il contient 50 % de t.

Cette lettre t [te] possède, elle, la particularité d’être l’homonyme d’un objet ayant sa forme graphique, du moins dans sa graphie majuscule (T), c’est le té du dessinateur. La majuscule est composée d’un trait vertical et d’un trait horizontal appelé traverse placé à son sommet. Elle se distingue de la minuscule dont on a légèrement rabaissé la traverse en la plaçant plus haut que le centre pour ne pas le confondre avec le signe + de l’addition. Le t minuscule possède généralement une patte vers la droite (t).

Quant au mot «tout», pour tout dire, il me parait plutôt court. Et tout peut tout aussi bien devenir un nom masculin, un adjectif, un pronom ainsi qu’un adverbe de quantité. Aussi bien dire qu’il peut pratiquement tout faire.

La dominance de la lettre t dans son orthographe est atténuée par le fait que le dernier t est muet. Quant au premier t, il se prononce [t], une consonne occlusive dentale sourde. En phonétique, tout s’écrit [tu].

Adjectif

Étrangement, tout ne fait pas partie des adjectifs superlatifs. En adjectif qualificatif, il s’apparente aux mots «complet, entier et intégral», pourtant tout n’en est pas un synonyme. Le Grand Robert précise qu’«il a une valeur moins nette, qu’il doit à sa forme monosyllabique et à ses rôles de mot grammatical». Ainsi, tout n’est pas tout. En tant que subtilité de la langue française, il faut le faire! Tout est également un adjectif indéfini exprimant la totalité, sans exception, la globalité ou la généralité ou une périodicité comme dans «tous les jours». Il se fait généraliste comme dans «à tout coup, en tout état de cause, etc.».

Pronom

En tant que pronom, il prend généralement les formes plurielles «tous ou toutes» et il se prononce [tus, tut]. «Ce sont tous de parfaits idiots. Elles vont toutes mourir.» Toutefois, la forme singulière est utilisée en opposition à rien. «Tout ou rien. Tout est parti en fumée. À tout prendre. Bon à tout faire.» Il résume également une liste prédéfinie. «Alcool, drogue, sexe, tout pour ne plus y penser».

Nom

En tout et partout, ce n’est pas encore tout, car tout est aussi un nom masculin. Le tout qu’on subdivise, qu’on partage. «C’est tout ou ce n’est rien du tout». On renforce une négation avec «pas du tout» qui joue alors à l’adverbe (absolument pas). C’est un nom pris dans un sens binaire, sans compromission, dans «le tout ou rien».

Adverbe

Et enfin, il se fait adverbe de quantité pour désigner la globalité, l’entièreté, synonyme de totalement, complètement, entièrement, exactement. Il devrait donc être invariable, mais ce n’est pas vraiment ou toujours le cas. On écrit «les tout premiers», mais dans une expression présentant un adjectif féminin, il s’écrit au féminin «la toute première».

Avec du féminin pluriel il s’accorde également en genre et en nombre «les toutes premières», mais pas nécessairement si l’adjectif féminin commence par un h muet comme dans «tout hivernale» ou une semi-voyelle «tout oisive». Dans ces cas de figure, la règle devient floue, les auteurs divergent d’opinion et on retrouve de tout. Enfin, l’adverbe tout reste invariable dans d’autres circonstances dont je vous fais grâce.

Le mot de la fin

En introduction, j’ai menti lorsque je vous ai écrit que vous sauriez tout sur tout. Tout est l’un des mots les plus complexes de la langue française et le maitriser relève de l’exploit, sinon de la légende urbaine. Et tout urbaine qu’elle soit, la légende de tout connaitre sur tout est surtout surfaite. Tout en ratisse peut-être trop large pour que nous comprenions tout, même en étant tout ouïe. Un point, c’est tout.

Des origines de quelques mots

Voici une revue de quelques étymologies véridiques additionnées de remarques personnelles dont je vous laisse le soin de leur trouver un qualificatif. Amusez-vous.

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Pyjama vient de l’hindoustani (hindi) et signifie «vêtement de jambe». Je ne comprends donc pas comment les Indiens ont réussi à devenir aussi nombreux tout en utilisant ce détestable vêtement.

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Parlant de vêtement de jambe, vous portez plutôt un jean, un blue-jean. Son tissu est en fait un «bleu de Gênes». Il était porté par les gens pauvres de cette région, car sa résistance le rendait apte à supporter les durs travaux. Qu’il devienne le vêtement de toutes les générations et de toutes les modes est aussi ridicule que de croire que la vulgaire pomme de terre deviendrait le légume le plus populaire! Euh! J’ai raté quelque chose?

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Le mot pomme désigne un fruit bien connu. Mais pomme vient du latin poma signifiant simplement fruits. Quant au nom latin de la pomme, c’était malum! C’est pourquoi on utilise toujours aujourd’hui le mot pomme dans le sens de fruit en général comme dans les termes pomme de terre, pomme de pin et les fameuses pommes de route. La vilaine pomme qui tenta les amants du paradis terrestre doit être considérée dans son sens vague et métaphorique de fruit (défendu), sans référence à une pomme telle qu’on le représente aujourd’hui. Comme quoi, une simple pomme peut devenir sujet de Discorde.

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Parlons alors de discorde, dis-corde, absence de corde, de lien. Échec de l’objectif de se corder, d’être ac-cordés. Sincèrement, je préfère l’harmonie. Du mot latin harmonia et du grec signifiant «assemblage». Qui s’assemble se ressemble, et tout ce qui se ressemble s’accorde sans discordance.

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Coriace provient du latin corium signifiant cuir. Alors si vous trouvez un steak coriace, êtes-vous certain que la bête a bien été dépouillée avant sa cuisson?

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Plus d’une bête coriace vivait au Jurassique. Le mot Jurassique fait référence au massif du Jura situé en France et en Suisse où une couche sédimentaire affleurante montre clairement le passage de cette époque géologique chargée entre autres de dinosaures. Réaction d’un paléontologue: «C’est vrai, on me le jura (sic)!»

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Le mot continent vient du latin continens terra, les terres continues, ou encore de continere signifiant «tenir ensemble». C’est pourquoi un incontinent est quelqu’un qui ne peut plus tenir et fuit dans son ensemble.

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Arctique vient du latin arcticus et du grec arktikos. Tous deux font référence aux constellations de la Grande Ourse (Ursa Major) et la Petite Ourse (Ursa Minor). Arktos signifie indistinctement ours, nord ou pôle Nord. La Petite Ourse abrite d’ailleurs l’étoile Polaire. L’ours polaire et son territoire sont donc représentés par un même mot. En revanche, Antarctique, l’anti Arctique n’est pas seulement à l’opposé géographique, mais ce continent est bel et bien exempt d’ours polaires. Est-ce parce qu’avec ce nom, les mammifères carnassiers blanchis ne se sentaient pas les bienvenus?

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On sait que le mot volcan vient du dieu romain du feu Vulcain. Ce qu’on sait moins en revanche c’est que ce ténébreux personnage mythologique a été trompé par sa femme Vénus. Alors si votre ami vous confie avoir été trompé, vous pouvez le traiter de vulcain, un synonyme de cocu. Ce n’est pas très gentil, alors attendez-vous qu’il devienne rouge de colère, qu’il se mette à tressauter et qu’il finisse par exploser en vous crachant à la figure.

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Le mot boson, comme dans boson de Higgs, a été nommé ainsi en l’honneur d’un physicien indien du nom de Satyendranath Bose. S’il s’était nommé à l’inverse, on serait aujourd’hui pris à parler d’un satyendranathon de Higgs. Parfois, rarement, les événements tombent pour le mieux, il faut donc les noter et s’en réjouir quand ça arrive.

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Les restes de l’Australopithèque surnommée Lucy datant de 3,2 millions d’années ont été découverts en 1974 en Éthiopie sur les bords de la rivière Awash. Le soir de sa découverte, les chercheurs répertoriaient les fragments alors que jouait la fameuse chanson des Beatles «Lucy in the Sky with Diamonds», inspirant le surnom de notre ancêtre. Quant au titre de ce tube, il fait référence à la drogue hallucinogène, le LSD. J’ignorais que cette drogue existait depuis si longtemps! Lucy serait-elle morte d’une surdose?

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Plusieurs noms communs masculins ayant une terminaison en -ée d’apparence féminine sont des francisations de mots latins se terminant en  -eum ou -æum. J’en ai répertorié plusieurs, dont apogée, gynécée, hypogée, lycée, mausolée, musée, prytanée et trophée. En anglais, quelques mots parmi ceux-ci ont conservé le suffixe original latin et même la graphie latine complète comme lyceum, mausoleum et museum. Alors quand on dit que l’anglais n’est pas une langue latine, ces contre-exemples anglais, plus latins que leurs équivalents français, montrent bien qu’une langue, c’est plutôt étonnant. À preuve, la langue de ma copine est étonnamment…

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Volubile émane du mot latin volubilis, de volvere signifiant «qui tourne aisément». Une plante volubile s’enroule aisément autour d’un support. Une personne volubile parle beaucoup, avec rapidité et facilité. Vous ai-je déjà parlé de la langue étonnamment volubile de ma copine qui…

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«Lucy, chérie, je t’en prie, n’en fait pas un sujet de discorde! Voilà, d’accord, je me tais. Mes lecteurs ne sauront rien sur ta volubilité linguale. Tiens, prends une pomme et va écouter tes Beatles en lisant mon blogue d’hier sur le boson de Higgs. Ça t’évitera de préparer un plan visant à me déporter sur le continent Antarctique vêtu d’un seul blue-jean ou d’un pyjama. J’ai beau être coriace, on n’est plus au Jurassique où ces terres frôlaient l’équateur. Maintenant, on y gèle tellement que même les ours polaires n’osent pas y mettre la patte. Cet endroit deviendrait mon mausolée. Et le pire, si éloigné de toi et si proche du mont Erebus, je suis certain de me retrouver vulcain.»

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