Le quatrième accord toltèque

Lire le premier, le deuxième et le troisième article de cette série de quatre si ce n’est déjà fait.

Ce quatrième accord cherche à apaiser les tensions engendrées par les trois premiers qui nous demandent d’agir avec discernement, mais dont leur mise en application nous oblige à rester constamment conscients de nos actes. Si notre éducation nous a montré à agir convenablement, en revanche depuis toujours, notre entourage navigue à contrecourant de celle-ci. 

Ça ment à qui mieux mieux, ça se sent visé par tout et chacun, ça présume sans chercher à valider quoi que ce soit. Instinctivement, nous imitons ce mode de fonctionnement afin de jouer dans la même arène. Ce comportement inné qui est à la base de la cohésion sociale reste toutefois passablement dévastateur lorsque plus rien d’important n’est vrai, que la vérité est remplacée par la manipulation des émotions et que des présomptions infondées remplacent les vraies réponses. 

Afin d’encourager nos efforts à basculer du côté lumineux de la force et à nous aider à comprendre que la perfection n’existe pas vraiment, voici le quatrième accord toltèque.

4. Fais toujours de ton mieux
Votre mieux change d’instant en instant, quelles que soient les circonstances, faites simplement de votre mieux et vous éviterez de vous juger, de vous culpabiliser et d’avoir des regrets.

L’humain est une bête intelligente, mais tellement fragile dans ses émotions ! Chercher à s’améliorer demeure la clé des quatre accords. Le succès ne repose pas sur la perfection, mais sur les moments où nous vainquons nos faiblesses.

Il s’avère impossible de modifier notre comportement pour que du jour au lendemain, nous devenions parfaitement francs, totalement détachés des agissements répréhensibles des autres à notre égard et entièrement capables de ne plus rien présumer.

C’est la raison de l’existence du quatrième accord. Il nous demande de nous pardonner de ne pas toujours être capable ou en mesure de respecter les trois premiers. Notre équilibre ne repose pas seulement sur la façon dont nous agissons envers les autres, mais surtout sur notre capacité à se regarder, à s’apprécier, tout en conservant le désir de mieux agir.

Les trois premiers accords nous aident à reconnaitre, à identifier certains comportements qui finissent par nous nuire en sourdine. Le quatrième nous aide à comprendre que cette éternelle bataille ne doit pas noircir la glace dans laquelle nous nous regardons.

Une vérité énoncée, une empathie accordée, une question posée, une estime personnelle haussée. Commencer l’aventure de l’application des quatre accords toltèques par une seule amélioration, une, car le tout est en un.

Le troisième accord toltèque

Lire le premier et le deuxième article de cette série de quatre si ce n’est déjà fait.

Ce troisième accord est celui qu’on peut facilement omettre d’appliquer tellement les situations se multiplient rapidement sans trop de conséquences immédiates, du moins en apparence.

3. Ne faites pas de supposition
Ayez le courage de poser des questions et d’exprimer vos vrais désirs. Communiquez clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.

L’humain est une bête intelligente et tirer des conclusions logiques après une certaine réflexion fait partie d’un processus normal afin de comprendre des mystères ou plus simplement des non-dits.

Pourtant, ce processus exige au préalable d’avoir accumulé le plus d’informations possible sur le sujet en question. Pour combler les trous, il existe quelques solutions.

La première possibilité consiste à le demander directement aux personnes concernées. C’est l’idée émise par ce troisième accord. Malheureusement, parfois on cherche à cacher notre intérêt à comprendre une chose. Ou on redoute les mensonges que peut provoquer notre question directe et tant qu’à obtenir un faux renseignement, on en conclut souvent à tort qu’il vaut mieux se rabattre sur une autre méthode.

La deuxième façon de se renseigner est indirecte. Il faut trouver quelqu’un d’autre qui pourrait connaitre ce qu’on cherche à apprendre. D’abord, ion doit dénicher cet individu et rien n’est moins sûr qu’il voudra nous répondre. Et les mêmes désavantages que précédemment continuent de planer. Sera-t-il totalement honnête ? Que fera-t-il ensuite ? Ira-t-il bavasser ? Et le fait que cette source plus ou moins fiable pourrait ignorer une bonne partie de la réponse nous convainc généralement de trouver un autre moyen.

La troisième solution consiste à attendre et à accumuler les infos en restant vigilant et attentif aux moindres bribes. Mais qui veut patienter avant d’en savoir (peut-être) davantage ?

On se rabat alors sur la quatrième possibilité qui consiste à combler les trous par notre propre logique et c’est là où les suppositions entrent en jeu avec tout leur lot de problèmes.

Qu’on le veuille ou non, on a tous un côté orgueilleux, le même qui nous empêche de poser des questions directes. À la longue, il finit par développer une tendance paranoïde apte à générer tous les types de thèses, de la plus plausible à la plus délirante.

Prendre conscience de nos supputations exige une grande introspection et la capacité de déclencher des alarmes lorsque notre imagination cherche à nous faire échouer au test de l’application du troisième accord toltèque.

Depuis que j’ose éviter les suppositions et qu’au contraire je pose les bonnes questions, mon estime personnelle n’a pas diminué. Je ne me sens pas moins intelligent et mes interlocuteurs non plus. Les gens sentent qu’on cherche à valider une hypothèse et il leur incombe de nous répondre intelligemment, c’est-à-dire avec franchise.

Dans le cas contraire, ils savent que j’attendrai leur dérapage dans la courbe de leur prochain mensonge.

Le deuxième accord toltèque

Lire l’article « Le premier accord toltèque » si ce n’est déjà fait.

Le deuxième accord toltèque

Cet accord s’avère de compréhension plutôt aisée. Mais parfois, quelle calamité pour le mettre en pratique !

2. Ne prends rien personnellement
Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité, de leur rêve. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n’êtes plus victime de souffrances inutiles.

On demande bien souvent aux autres de ne pas prendre nos propos personnellement, soit parce qu’on visait le noir et qu’on a tiré le blanc, soit pour éviter que ça ne dégénère parce qu’on a affirmé une vérité en respectant le premier accord toltèque et qu’elle n’a pas plu, soit parce qu’on était soi-même en vilain mode manipulation et le pot aux roses a été découvert.

Si les rôles s’inversent et qu’on devient la cible, on a tôt fait de ruer dans les brancards en entonnant notre cri de guerre favori, le tomahawk à la main. Si nous possédons peu de moyens de changer les autres, en revanche nous avons toutes les possibilités de modifier nos propres comportements. Puisqu’il sera impossible d’empêcher toutes les attaques sournoises et injustifiées, ce deuxième accord toltèque nous suggère un moyen de nous en sortir honorablement.

Il nous demande simplement de faire abstraction des médisances, des propos peu flatteurs, des insultes d’autrui. Les gens malhonnêtes pensent que tout le monde est comme eux. Puisqu’ils se sentent incapables de vivre sans félonies, ils généralisent leur problème. Du coup, ils interprètent les actes des autres dans le sens de leur propre comportement.

Si on félicite une personne, c’est nécessairement de la flagornerie pour obtenir un avantage en retour. Même chose si on accorde un passe-droit à une personne en difficulté ou dans le besoin. On achète leurs faveurs au rabais. C’est impossible qu’on soit simplement de bonnes personnes, gentilles, avenantes, attentionnées.

Lorsqu’on se fait écorner, écorcher, bousculer par des propos peu flatteurs et désobligeants, le justicier en nous sort de sa tanière pour aller mener une bataille afin de rétablir les faits et démontrer la vérité.

Comportement bien légitime, mais tellement contre-productif ! Les polémistes, les trolls n’attendent que notre réaction pour en mettre une ou plusieurs couches supplémentaires. Ils s’abreuvent à la fontaine de nos attitudes outrées. La meilleure façon de faire cesser leurs attaques est de les ignorer tout en laissant couler leurs insultes comme l’eau sur les galets.

J’ai longtemps été fortement affecté par l’injustice et j’ai livré bon nombre de batailles épiques. J’en ai gagné et j’en ai perdu malgré le cœur que j’y mettais. Faire le jeu de l’ennemi, se battre sur son propre terrain est plus que hasardeux. Au fil du temps, je me suis forgé une carapace et j’ai même adopté certaines stratégies de l’ennemi. Sans pitié, je les embrochais, je les fustigeais, je leur rendais coup pour coup avec encore plus de ferveur.

Mais au bout du compte, devenir comme eux, ne serait-ce que pour me défendre, signait ma véritable défaite. Une fois encore, l’indifférence s’avère être contre eux l’arme ultime. Ils ont perdu les poignées qu’ils avaient espéré avoir greffées sur moi.

Ils ragent de colère lorsque nous faisons comme s’ils n’existaient pas. Durant un certain temps, leur rogne leur fera redoubler d’efforts et leurs attaques seront plus fréquentes et plus violentes. Mais après la tempête, à ne recevoir que du silence, à péter les plombs seuls au milieu d’un océan infini, à crier parmi les dunes d’un désert insouciant, ils déplacent leurs énergies vers une autre victime plus coopérative.

Aujourd’hui, je n’essaye plus de comprendre leurs motivations puisqu’ils n’en valent pas la peine. Je continue de les ignorer.

Avec les personnes mal intentionnées, j’évite de devenir un gars laid, à la place je me transforme en galet.