Xer, Ixer, Musker, quoi choisir ?

Dans un ancien article, je fustigeais la société pour la création de verbes inutiles à partir des noms d’applis technos modernes.

Wings

Je recommandais de toujours utiliser le verbe « écrire » en rajoutant le nom de la plateforme si nécessaire ou si désiré. L’avenir m’a donné raison.

Ouais, vous direz que « LeCorbot » et « être dans le vrai », c’est du pareil au même. Je vous en remercie, je le savais déjà. Cette petite bête noire n’est pas la bête noire des gens pour rien. LeCorbot se plait à démontrer des vérités qui désirent rester cachées au plus profond de l’inconscient individuel et collectif. Vous pensez que plus ça fait mal, plus il jubile, et pour une fois vous n’avez pas entièrement tort.

Trêve de vérité sans plaisanterie, que direz-vous maintenant quand vous voudrez écrire des idioties sur l’appli qu’on nommait « Twitter » jusqu’à tout récemment ? Vous n’écrirez plus un twit, vous ne twitterez plus. Vos gazouillis sentent le gaz bouilli. Maintenant, vous xez ? Ou préférez-vous ixer ?

Tant qu’à inventer un verbe imbuvable, je pencherais pour « musker ». Contrairement à la noble intention de rendre les nouveaux mots universels et pérennes, celui-ci ne vivra que quelques années, à l’instar de « twitté » qui aujourd’hui a perdu tout son sens grâce à lui.

Si les linguistes avaient recommandé d’utiliser le verbe « écrire » comme je le recommandais moi-même, ils ne seraient pas pris avec le problème de savoir quoi faire maintenant avec « twitter » et par quoi le remplacer. Ne commettez pas la même erreur ! NE LE REMPLACEZ PAS ! Utilisez simplement « j’ai écrit » en rajoutant si nécessaire « sur X ».

Mais à votre place, pour régler définitivement le problème, du moins sur cette plateforme, cessez donc d’y écrire quoi que ce soit. Ça vous évitera d’inventer un verbe verbeux et inutile. Et ce Musk, croyant pouvoir tout se permettre, pour une fois, il en prendra une dans les dents.

Et puisque j’aspire moi aussi à apparaitre dans les dicos, pourquoi ne pas corboter cette directive à tous vos contacts ?

Corboter : Verbe transitif.

❨1❩ Dire, asséner une vérité difficile, désagréable à entendre, à accepter.

❨2❩ Ressasser une même phrase censée être vraie jusqu’à exaspération.

Pourquoi la Falcon Heavy ?

Dans le domaine des lanceurs spatiaux, mettre des charges utiles (payloads) lourdes en orbite exige de faire appel à des fusées de plus en plus puissantes.

Le 6 février prochain, notre milliardaire vedette Elon Musk va procéder au lancement inaugural d’une fusée Falcon Heavy capable de mettre en orbite une charge utile de 63,8 tonnes. À titre de comparaison, la navette spatiale américaine avait une charge utile maximale de 24,4 tonnes, la fusée Saturne V, la championne toutes catégories, pouvait se permettre une charge de 118 tonnes. Quant à Ariane 5, elle plafonne à 21 tonnes. Toutes ces masses sont valides pour la mise en orbite basse. On comprend que pour atteindre les orbites géostationnaires qui sont bien plus hautes, ça exige plus de carburant, donc la masse utile diminue.

Cependant, le marché des satellites se contente de fusées de moyenne capacité, car le poids de nos yeux spatiaux fait généralement quelques tonnes. La fusée Ariane 5 pouvait donc se permettre de lancer plusieurs satellites à la fois, réduisant d’autant la facture individuelle.

Toutefois, les spécialistes s’accordent à dire qu’il n’y a pas de débouchés actuellement pour une fusée pouvant mettre une soixantaine de tonnes en orbite basse et vingt-cinq tonnes en orbite géostationnaire. Alors pourquoi Elon Musk s’intéresse-t-il à ce segment commercial imaginaire ?

Dernièrement, il a fait des déclarations en parlant de Mars. Mais Spacex organise des lancements, pas des missions spatiales et personne n’est prêt à envoyer des humains sur Mars en ce moment.

Bon, la mise au point de la Falcon Heavy reprend l’architecture de la fusée Delta IV Heavy qui se permet de plus lourdes charges en accolant deux propulseurs latéraux supplémentaires à la fusée. Ce concept est plus simple à développer que s’il fallait repartir de zéro avec une toute nouvelle fusée. Qu’importe. Quelle mission Spacex a-t-elle actuellement dans son carnet de commandes pour la Falcon Heavy ? On l’ignore. Il faut donc s’attendre à une annonce fracassante de la part de son PDG advenant le succès de ce lancement.

Petite anecdote, les constructeurs de satellites attendent qu’un lanceur ait fait ses preuves avant de risquer leur œuvre sur un nouveau lanceur. Ainsi, Elon Musk utilisera sa Tesla Roadster personnelle comme charge payante. Fallait pas s’attendre à moins de sa part.

Photos : Steve Jurvetson