Dernières nouvelles du Higgs

Le prochain paragraphe testera votre capacité à résister aux coups sur la tête.

Le réputé boson de Higgs est une particule qui, comme tous les bosons, véhicule une force, obéit à la loi de Bose-Einstein et désobéit à celle de l’exclusion de Fermi. Son spin est un nombre entier, et permet aux trois bosons de jauge W± et Z0 d’acquérir une masse par brisure de symétrie.

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Bon, là, êtes-vous bien assommés? Pas grave! Avant de parler des dernières nouvelles concernant cette damnée particule (goddamn particle, pas God particle), revoyons lentement quelques notions entourant cette pierre angulaire de notre théorie standard des particules.

Retour sur quelques principes

La matière, désignée sous le terme fermions, ne peut pas occuper des états quantiques identiques, c’est le principe d’exclusion de Fermi qui fait en sorte que les électrons, heureusement, ne se percutent pas.

Vous trouverez un petit résumé des particules élémentaires dans cet article.

En revanche, les bosons qu’on ne considère pas comme de la matière, mais comme des vecteurs de forces se foutent éperdument d’avoir des sosies. Ainsi, ils s’amusent parfois à tous se ressembler et se rassembler, ce qui permet d’obtenir une lumière cohérente (les lasers), de la superfluidité, de la superconductivité, ainsi que des champs comme les champs électriques, magnétiques et de Higgs.

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Les bosons ont un spin obligatoirement entier valant 0, 1 ou 2. Le boson de Higgs possède un spin de zéro, faisant du champ de Higgs un champ scalaire, c’est-à-dire sans orientation ni direction.

Champ scalaire, vous dites? Ça se mange des scalaires?

On a tous vu un champ magnétique grâce à une barre aimantée, une vitre et de la limaille de fer. La forme caractéristique des lignes du champ magnétique montre que celui-ci possède une orientation et une direction, c’est un champ vectoriel.

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En revanche, la température dans une pièce est un champ scalaire semblable au champ de Higgs. À chaque point de la pièce, on peut mesurer une température comme on peut mesurer le champ de Higgs à chaque point d’un espace défini.

Désintégration

Le boson de Higgs est une particule évanescente. Elle se désintègre quasi instantanément pour former des fermions, plus particulièrement deux quarks bottom (b), dans 60 % des cas.

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Cette désintégration est si rapide que le boson de Higgs n’a jamais été lui-même aperçu. Au mieux, on avait entrevu les sous-produits de la désintégration des sous-produits de la désintégration du Higgs. La nouveauté est d’avoir pu directement voir les sous-produits immédiats qui viennent d’être confirmés par le CERN, six ans après la découverte du dernier boson à composer la théorie dite du modèle standard.

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Cette nouvelle était attendue et n’apporte aucune surprise aux physiciens théoriques. Si leur théorie s’en voit renforcée, en revanche, elle n’entrouvre aucune brèche qui leur permettrait de pousser la physique des particules un peu plus loin. Le modèle standard tient bien la route alors qu’on sait pertinemment qu’il sera pris en défaut un jour ou l’autre. Il faudra donc chercher la faille ailleurs.

 

Ce boson n’a pas dit son dernier mot

La question fondamentale qui taraude les physiciens à propos du boson de Higgs et du champ de Higgs est de savoir pourquoi chaque particule élémentaire du modèle standard acquiert une masse distincte, voire aucune masse comme dans le cas du photon.

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Pourquoi chaque particule réagit-elle différemment au champ de Higgs uniforme? Comment se joue cette interaction entre ce champ scalaire et les particules, cette affinité qu’on appelle le couplage, qui fait qu’elles obtiennent chacune une masse distincte et précise?

Certains pensent trouver la réponse dans la théorie de la supersymétrie (SuSy) qui permet l’existence de plusieurs bosons de spin 0 et donc des possibilités multiples de couplage. Ce n’est pas le premier exemple où la supersymétrie sauverait la logique comportementale de la physique. Malheureusement, aucune particule prévue par la supersymétrie n’a encore été détectée malgré des efforts immenses en ce sens, laissant fortement douter de son existence ailleurs que dans la tête des physiciens théoriciens.

Trois générations

La Nature s’avère économe, elle préfère les processus utilisant moins d’énergie, préfère les états stables de moindres niveaux. La Nature peut également se montrer généreuse, parfois sans raison apparente, surtout pour disséminer les aigrettes des pissenlits. Mais qui sommes-nous pour la juger alors que nous ne connaissons presque rien de ses modes opératoires ?

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Cependant, on oserait croire que certains de ses mystères aient une raison valable d’exister et que celle-ci finisse par nous être connue. Par exemple, l’existence de trois générations de particules élémentaires nous dépasse totalement. Mais commençons par le début, par la première génération de particules, celle de tous les jours.

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Toute la matière de l’Univers est composée de quatre particules fondamentales appelées fermions. On compte deux leptons et deux quarks. Nous connaissons très bien le premier lepton qui régit toutes les réactions chimiques, il s’agit de l’électron. Le second lepton est beaucoup moins connu, il est électriquement neutre, possède une masse extrêmement faible et ne réagit que très rarement avec le reste de la matière, c’est le neutrino. Quant aux deux quarks, ils se regroupent trois par trois pour composer les protons et les neutrons, ce sont les quarks up et down. On compte deux quarks up et un down dans le proton, un up et deux down dans le neutron.

Voilà, c’est tout. Vous connaissez toutes les particules élémentaires de la matière qui nous entoure. Quatre particules réellement indivisibles (à ce qu’on sait) créent tout le reste, à commencer par les 118 éléments chimiques. Selon l’état actuel de nos connaissances, la Nature aurait très bien pu s’arrêter là, mais la réalité diffère de ce scénario minimaliste et on ne se l’explique toujours pas.

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Il existe deux générations supplémentaires de particules élémentaires imitant la principale dans sa forme et sa nature. Elles se différencient par les masses qui se situent bien au-delà, des centaines, des milliers, voire des centaines de milliers de fois plus importantes, mais personne ne comprend le rôle que jouent ces deux générations supplémentaires de particules puisqu’elles ne peuvent persister à l’état naturel.

Gageons que derrière ce bestiaire plus important que prévu de particules élémentaires existe une raison fondamentale qui nous échappe encore, une raison qui engendrerait un monde bien différent sans elles, une raison qui nous enlèverait probablement toutes chances d’exister.

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Il suffit maintenant de comprendre cette Nature pour encore mieux apprécier comment elle est parfaitement réglée pour favoriser l’émergence de la vie et lui permettre d’évoluer.

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Notez que les particules présentées dans cet article se limitent aux fermions, les particules de matière. Il existe une autre série de particules nommée bosons dont le plus connu est le photon. Cependant, il n’existe pas de générations de bosons, seulement des bosons différents. Vous avez probablement entendu parler du boson de Higgs, le dernier à avoir été découvert.