L’évolution de ma pensée sur l’évolution

Ce titre évoque, exprime, résume bien à lui seul le concept de ma pensée sur le sujet.

Phase I: La naïveté et l’exubérance de la jeunesse

Jeune, lorsque j’ai commencé à réfléchir au principe d’évolution, je m’étais fait une opinion plutôt tranchée. Ce début de processus me semble normal puisqu’il me manquait tout un tas d’informations et d’expériences pour être en mesure de nuancer ma pensée et mes propos.

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Ainsi, je considérais tout empêchement à l’évolution comme un moyen d’infléchir le destin de l’humain dans la mauvaise direction. Je ne parvenais pas à comprendre les réacs qui tenaient mordicus à des traditions devenues incohérentes, inappropriées et même déplacées par rapport à la situation actuelle. Mais le plus dérangeant n’était pas leur peur de perdre le passé, mais leur refus du futur. Je considérais ce refus d’évolution comme un refus de survivre.

À partir du moment où on voit la vie comme un véhicule, celui-ci n’a d’utilité que s’il bouge pour se rendre d’un point à un autre afin de trouver quelque chose de différent, de nouveau, d’inédit et de potentiellement merveilleux.

Il devient donc totalement inopportun d’atteler l’avant et l’arrière d’une charrette. On peut s’obstiner sur la direction à emprunter, sur la destination finale et les relais où se reposer, mais pas sur un ancrage ou un équilibre des forces destinées à maintenir le véhicule plus ou moins en place.

Instinctivement, je voyais la vie en constante mouvance et la stagnation comme un recul. Sans plus me questionner, je considérais une évolution quasi irréfrénée comme le seul moyen de dépasser les autres et de maintenir cette avance, bref de devenir le meilleur et de le rester.

Voilà où j’en étais lors de la première phase de mon évolution sur l’évolution. Cette étape a bien duré deux décennies. Petit détail qui prendra de l’importance dans le futur, à cette époque, je n’avais pas encore lu Darwin.

Phase II: L’utilité certaine de certains freins

Ma meilleure connaissance de la nature et de ses lois m’a fait comprendre que des freins doivent exister afin de garantir une évolution constante, progressive, potentiellement susceptible d’être suivie.

Si l’Univers ne possédait aucune force antagoniste à l’évolution, il se serait détruit en une fraction de seconde. L’évolution aurait été si fulgurante que l’Univers serait passé par toutes ses phases évolutives en un rien de temps. Ainsi, pour le bien de l’équilibre évolutif, la nature doit mettre en action deux forces opposées, l’une capable de créer du changement et l’autre permettant de réfréner les ardeurs de la première.

Si l’Univers a besoin de se réguler de la sorte, j’avoue que je me sentais alors plutôt prétentieux de chercher la plus grande vitesse d’évolution à tout prix. Une dynamique n’a de sens que si on peut prendre le temps de l’apprécier dans tous ses stades. Visionner un film vingt fois plus rapidement ne sera pas plus satisfaisant qu’à vitesse normale.

Ainsi, la Nature a concocté un moyen de se réguler, de prendre du temps pour faire les choses, de les faire évoluer de façon progressive et à un certain rythme.

Prenons seulement la production des 92 éléments chimiques naturels. L’Univers a débuté seulement avec de l’hydrogène (H), de l’hélium (He) et une trace de lithium (Li). Tous les autres éléments chimiques ont été produits au cœur des étoiles et lors de l’explosion de supernovæ. Des milliards d’années ont été requises pour que le milieu duquel notre système solaire est apparu soit suffisamment riche en éléments chimiques pour qu’il puisse engendrer la vie. Chaque étape devait durer suffisamment longtemps pour que la mécanique reste efficace.

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J’ai alors comparé l’évolution à un amplificateur électronique que je connaissais bien. À l’étape du design, on crée des appareils ayant le plus fort taux d’amplification possible. Un million, dix millions, cent millions. Ensuite, on écrase ce taux à une valeur plus normale de dix, de cent, grâce à une boucle de rétroaction. Ce faisant, ce qu’on délaisse en quantité est gagné en qualité.

L’évolution débridée, incontrôlée ressemblerait à un amplificateur laissé en boucle ouverte et n’aurait aucune utilité. La réduction volontaire de certaines de ses performances améliorerait les autres. Les réactionnaires ne me semblaient plus aussi antipathiques qu’auparavant. Même si je ne m’étais pas retrouvé à faire partie de ce groupe, je pensais mieux comprendre leur utilité.

Phase III: Les nuances et les distinctions

Je continuais cependant à garder un malaise certain face aux réactionnaires. Quelque chose dans ma tête refusait de croire en leur réelle utilité, car même les avant-gardistes devenaient de plus en plus rébarbatifs aux changements, surtout lorsque cela touchait les fondements des changements qu’ils avaient contribué à introduire dans la société. Je me retrouvais devant un poids deux mesures. Si on avait subi la stagnation, l’évolution s’avérait utile jusqu’à ce qu’elle nous avantage, peu importe ensuite si le nouveau gel devait nuire aux autres. J’avais compris que l’égoïsme engendrait le désir de stagnation ou d’évolution, pas les besoins de la société.

C’est également à cette époque que j’ai lu Darwin où j’ai bien compris la différence entre l’évolution et l’amélioration. Évoluer, c’est simplement changer. À savoir si ce changement est bénéfique ou non est une tout autre histoire. La même évolution placée dans deux environnements différents s’avérera positive et négative. Ce n’est donc pas l’évolution ni même la direction prise par l’évolution qui peut être qualifiée, mais seulement la façon dont elle subit son environnement ou sait en tirer profit.

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La gracilité d’homo sapiens le prédestinait à être supplanté par la robustesse d’homo neanderthalensis, bien mieux adaptée à supporter les rigueurs du climat de cette époque. Et pourtant, nos ancêtres ont survécu, pas Néandertal, car lorsque la viande s’est faite rare, leur exigeante constitution les a menés à l’extinction. Voilà comment un même caractère peut jouer en faveur ou carrément devenir nuisible.

Toutes mes convictions se nuançaient. Si auparavant je créais des synonymes entre évolution, changement et amélioration, ce n’était plus du tout le cas. J’ai cessé de penser en matière d’évolution, car on ne peut la contrecarrer. L’ADN au cœur des gènes est une formidable machine de réplication. D’une fiabilité impressionnante à cause de sa simplicité fonctionnelle, l’ADN n’est pourtant pas totalement infaillible. De légères erreurs se glissent constamment et celles-ci sont souvent rejetées, mais pas toujours. Les changements permanents se nomment mutations.

La Nature fonctionne à partir d’un mécanisme réplicatif permettant la stabilité, la constance, mais elle s’est également dotée d’un moyen naturel d’évoluer, de casser la routine, de muter afin d’éviter la stagnation absolue.

Phase IV: Presque le retour au point de départ

La distinction entre les réacs et les freins naturels est au cœur de la suite de mon raisonnement.

gentillesse-2L’évolution naturelle peut très bien se passer des réactionnaires puisqu’elle possède ses propres freins. Ces derniers ne jouent donc pas le rôle précieux de maintenir une certaine cohésion par de la retenue. 

Lorsque je vois des gens s’époumoner à dénoncer des changements apportés à des lois, à des règlements, à des règles du jeu de la société, il est rare que j’aie de la sympathie pour leur cause, à moins qu’elle touche des valeurs très fondamentales et que ce changement représente une perte absolue sans aucune contrepartie valable. Ex.: esclavagisme, violence faite aux enfants, etc.

Finalement, tout n’est qu’une question d’égoïsme. On ne veut rien déranger de ce qui nous arrange et on veut réarranger tout ce qui nous dérange.

Je vois donc aujourd’hui tous les freins non naturels à l’évolution comme des crises d’enfants gâtés prêts à tout pour conserver leurs petits avantages grappillés au détriment d’autres personnes et qui ne veulent surtout pas se retrouver dans les mêmes souliers que leurs anciennes victimes.

Ainsi, mon instinct de jeunesse ne m’avait peut-être pas vraiment trompé. Après avoir complété un tour de roue, me voilà presque revenu à mon point de départ. Cependant, on sait tous que lorsque la roue de la charrette a complété un tour, sa position a tout de même changé. Une évolution est nécessairement survenue dans ma pensée, ne serait-ce que sa richesse accrue.

Conclusion

Et qui sait! Peut-être vivrai-je une cinquième phase qui serait impossible sans avoir vécu les précédentes. L’évolution de ma pensée semble suivre les schèmes de la grande Évolution. Elle atteint certains paliers, mais semble toujours devoir reprendre son inexorable cheminement.

Et je n’essayerai pas de contrecarrer ce mouvement. Je tenterai tant bien que mal de le suivre et de l’analyser pour mieux le comprendre.

Distinguées

C’est une vérité de La Palice, je le sais, mais je dois ici l’affirmer une fois de plus, la vie est injuste. Que ce soit à cause de notre patrie, de notre famille, de notre état de santé ou de notre apparence physique, on nait avec nos gènes et on vit dans un milieu qui ne nous apporte pas les mêmes chances de succès ou les mêmes années d’existence.

Cependant, de toutes ces injustices, l’une d’elles se démarque des autres et c’est l’apparence physique. Déjà, le mot le proclame, c’est une apparence. Cela ne signifie rien, sauf si on compare les personnes à un modèle bien défini. Si on peut compter l’argent pour connaitre quelle famille est la plus riche. Si on peut dresser un bilan de santé pour découvrir les maladies des gens. Si on peut comparer les régimes politiques et même si on ne peut pas définir précisément les meilleurs, on peut certainement définir les pires en dressant des bilans sur l’âge moyen des décès, le niveau de scolarité moyen, le PIB et autres statistiques plus ou moins révélatrices.

Mais l’apparence physique, la beauté, que du vent ! Nos canons féminins actuels auraient autrefois été relégués au rang de rachitiques souffreteuses juste bonnes à garder le lit. Et ce n’est que l’affaire d’un petit siècle si on pense autrement. Plus loin dans le passé, les vénus étaient replètes, bedonnantes et portaient fièrement le double menton. Et encore plus loin, on les aimait non seulement grasses, mais grosses, car elles avaient plus de chance de terminer leur grossesse et de bien allaiter le dernier et aussi les autres mioches précédents. La beauté est totalement subjective et c’est ce hqui en fait un critère de comparaison déloyal, injuste et sournois.

Petite anecdote. Plus jeune, j’étais en voyage dans une ville européenne réputée pour ses jolies filles et de fait, au bistro-bar de mon hôtel, je regardais les beautés débarquer chaque soir pour l’apéro ou pour la danse. Après seulement le deuxième soir, j’ai commencé à constater un phénomène pour le moins étrange. Toutes les jolies demoiselles que je croisais se résumaient en fait à seulement trois styles, tous plus ou moins semblables. Cheveux longs, lisses, blonds avec ou sans queue de cheval. Jeans et cuissardes, jupe en cuir et talons aiguille ou pantalons beiges et escarpins. Blouse blanche avec plus ou moins de dentelles, petite veste en jeans, ou veste en suède. Bref, il n’y avait que trois modèles pour trois-cents filles. Oui, le premier soir, j’en étais étourdi à force de faire pivoter mon cou, mais ensuite, elles se ressemblaient tellement toutes qu’elles n’avaient plus beaucoup d’attraits.

C’est alors que je me suis mis à repenser aux Montréalaises. Effectivement, la densité des canons de beauté stéréotypés est plus faible au mètre carré, mais en contrepartie, les femmes sont toutes très différentes les unes des autres. C’est là que j’ai compris tout le charme de la métropole. Sur une terrasse en été, en vingt minutes, on peut voir et admirer une foule de belles femmes qui auront fait l’effort de se démarquer, qui auront créé leur propre style et qui porteront fièrement leurs propres couleurs. Pas d’embrigadement ni de mode uniforme. Chacune y va de son style qui, en plus, variera d’une soirée à l’autre. C’est tellement plus agréable et ça permet à chacune de mettre en valeur ses propres attraits. Ainsi, la beauté prend des milliers de facettes dont chacune brille d’un éclat très distinctif. Bien entendu, comme tous les hommes, j’aurai mes préférences, mais gageons qu’elles ne ressembleront pas aux trois-cents clones européennes, car j’ai compris alors que la beauté, ce n’est pas l’affaire de se ressembler, mai au contraire, c’est celle de se distinguer.

Le danger dans tout cela, c’est qu’au lieu de tomber en amour une seule fois, l’homme se retrouve dans la pire des situations possibles, soit celle de tomber amoureux des milliers de fois. Alors, mesdames, pour la Saint-Valentin, ne nous jugez pas trop sévèrement puisqu’il est très difficile pour nous de résister à vos innombrables et si distinctives beautés.

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