La chanteuse

Je terminais parfois mes journées de travail dans un resto-bar situé à quelques rues de chez moi. La cuisine était excellente pour un prix plutôt acceptable. La clientèle cible consistait en gens d’affaires, majoritairement des hommes, et en de petits groupes de deux à quatre femmes, parfois plus lors d’événements comme un anniversaire ou une sortie organisée par un employeur.

I Will Survive

J’étais relativement discret et contrairement à beaucoup d’hommes sur place, je ne cherchais pas nécessairement à terminer la soirée dans un plumard en compagnie d’une joliette. Préférant les discussions intelligentes aux banalités rebattues de la séduction hormonale, j’ai eu nombre d’amies ainsi que quelques amantes. Ces femmes avaient en commun de fuir comme la peste les hommes très entreprenants et superficiels, soit les mâles majoritaires en ces lieux.

De la musique
Lorsque les consommateurs avaient bien mangé et bu quelques verres, la soirée se poursuivait pour certains sur la piste de danse. Un duo formé d’un musicien multi-instrumentiste et d’une chanteuse enchainait les tubes dans des styles musicaux variés et entrainants. Sophie semblait connaitre les paroles de toutes les chansons, jeunes ou vieilles, et ce tant en français, en anglais ou en espagnol. Elle parvenait toujours à satisfaire les clients munis de leurs demandes spéciales.

Elle pratiquait son métier avec amour et grande passion. Quand elle chantait, ses yeux projetaient des éclairs vers les couples et groupes de danseurs. Son énergie était absolument enivrante et contagieuse.

Un des fantasmes masculins les plus courants est de « se faire la chanteuse », surtout si elle dégage une féminité et un charme hors du commun, ce qui était le cas de Sophie. Consciente de son aimantation irrésistible, elle portait une attention particulière durant ses pauses à repousser gentiment et poliment toutes les offres non sollicitées ou non désirées.

Première discussion
Elle était habituée à me voir au bar ou à danser et je n’ai jamais cherché à l’aborder directement, non pas qu’elle m’était indifférente, je cherchais simplement à ne pas l’importuner avec un énième papier tue-mouche. Un soir où un enquiquineur de la pire espèce s’acharnait à lui tenir une conversation forcée, elle est venue s’assoir près de moi en actant d’être ma copine. Étant donné ma discrétion naturelle, elle avait confiance que j’agirais adéquatement. J’ai joué le jeu jusqu’au départ du crampon. Ensuite, nous avons poursuivi notre conversation normalement. À partir de ce moment et tous les soirs suivants, lorsqu’elle terminait un set, elle venait systématiquement s’assoir avec moi sans jamais l’avoir invitée. Elle semblait toujours heureuse de me voir, de me parler et de garder les autres hommes à bonne distance. À part la musique, elle avait de nombreux sujets d’intérêt variés et aucun n’était tabou entre nous, même les plus intimes.

Le voyage
Un jour, subitement, elle m’annonce partir en voyage en Australie. Elle avait parlé à un client qui provenait de ce pays et sur un coup de cœur, elle avait décidé d’aller le rejoindre. Je connaissais la fin probable de ce genre d’histoire d’amour, mais je me suis abstenu de lui dire quoi que ce soit de négatif. Elle fut de retour un mois plus tard, déçue, démoralisée, décatie. Je me suis employé à lui tenir compagnie, à lui laisser le choix de m’en parler ou de discuter d’autres sujets.

Son moral s’est raffermi avec le temps qui passait, je m’en réjouis et je me suis senti soulagé. Accompagner une personne en peine d’amour n’est pas vraiment de tout repos lorsque l’idée de jouer à la bouée de sauvetage n’est pas une option envisageable. Le fil du rasoir est très mince et il est facile de se couper ou de couper l’autre profondément. J’aurais pu m’éloigner, mais j’ai rarement été apeuré par ce genre de difficulté.

Un ami entremetteur
La première fois où elle m’a invité à souper chez elle, son état d’esprit était revenu au beau fixe. Elle était bonne cuisinière, j’ai très bien mangé et bu suffisamment durant le repas pour ensuite couper l’alcool et laisser le temps passer avant de prendre le volant.

Elle avait un golden retriever répondant au nom de Buddy. Un très gentil toutou vraiment affectueux, du moins avec moi. Semblerait qu’il ne l’était pas toujours avec tout le monde. Nous étions toujours attablés lorsque le chien disparait en haut des escaliers. Sophie semble un peu intriguée par cette balade inhabituelle avant l’heure du dodo. Mais Buddy revient presque immédiatement dans la salle à manger… Il tient un objet dans sa gueule.

Soudainement, le visage de Sophie devient pivoine. Le chien dépose sa trouvaille à mes pieds, une belle brassière lilas toute en dentelle. Évidemment, dans ce genre de circonstance, il est nécessaire de gronder l’animal entremetteur indiscret. Sophie me regarde en excusant son animal de chien. Je ris de bon cœur. Encore un peu honteuse, elle finit par m’imiter.

L’invitation
Finalement, je n’aurai pas le temps de réduire suffisamment mon alcoolémie pour conduire. Sophie tient son excuse pour m’inviter à ne prendre aucun risque. Elle me fera une place dans son lit, proposition que j’accepte avec plaisir et honneur, sans toutefois être capable de me départir de cette gêne de « me faire la chanteuse ».

Nous avons partagé musique, discussions, repas et couette durant un certain temps en compagnie de son fidèle compagnon toujours bien intentionné à mon égard. Notre relation s’est finalement interrompue pour une raison que je garderai dans mes plumes noires de Corbot. Sachez simplement que la rupture s’est effectuée sans aucun heurt, sans animosité, bien au contraire.

Je garde pour Sophie une admiration sans bornes, comme à l’instant où je la vis pour la première fois chanter sur scène « I Will Survive ».

Tu es la plus belle !

Quelle femme ne désire pas entendre ces mots de la bouche d’un amoureux? Pourtant, ils sont lourds de conséquences pour vous, mesdames.

J’ai connu deux relations amoureuses durant lesquelles les femmes étaient jalouses. Ce défaut étant absent chez moi, ce sentiment s’avère difficile à comprendre sur le coup et ses motifs, motivations et mécanismes sous-jacents restent nébuleux. J’ai simplement constaté un empoisonnement constant et croissant de mes deux relations sans que je puisse y faire grand-chose.

shutterstock_114489376_1

Lorsqu’un homme ose déclarer à une femme qu’elle est la plus belle, c’est un mélange de vérité et de sentiments personnels indéfinissables. J’oublie les frimeurs, les menteurs, les manipulateurs qui ne se gênent aucunement à utiliser cette phrase comme un papier collant. Je parle des hommes qui le pensent sincèrement, et ce malgré l’extrême formule utilisée.

Lorsqu’un homme se déclare de la sorte, il ne veut aucunement dire qu’il ne vous trouve aucun défaut physique ou psychologique, ni même que vous êtes la reine de beauté de tout l’Univers. Il devient donc inutile de lui dresser une liste des défauts que la femme se reconnait.ventre-cuisses-fesses-les-francais-sont-complexes.jpeg

«Mon ventre n’est pas plat, mes seins tombent trop à mon goût, j’ai des vergetures, de la cellulite, une tignasse, des grains de beauté mal situés, le gras des bras mous, les gros orteils déviés, un nez aquilin, de trop grosses fesses» et tutti quanti.

couple-mains.jpg

Que croyez-vous, mesdames? Qu’il n’avait rien vu de tout cela? Vous croyez vraiment qu’il est aveugle ou imbécile? Quand un homme déclare que vous êtes la plus jolie, il inclut tous vos propres reproches dans son appréciation. Il dit pourtant la vérité, car selon l’homme, la beauté féminine comporte bien plus qu’une simple facette, votre beauté se situe au-delà d’une appréciation physique cruelle. Pourtant, combien d’entre vous croient le contraire

Pour en arriver à ce constat bien personnel, il vous a comparé à d’autres femmes qui n’ont pas fait le poids lorsqu’il a tout mis les aspects de la beauté dans la balance. Mais pour avoir comparé, il a observé d’autres femmes. Et c’est seulement parce qu’il a comparé qu’il peut déclarer sincèrement que «vous êtes LA plus belle». Sans comparaison, vous ne pouvez pas être mieux que simplement « belle ».

cils.jpg

Regarder sans concupiscence d’autres femmes est normal. Il voit sa compagne, il voit aussi les autres femmes et les aguicheuses ne peuvent nier leur pouvoir en ce sens. Ce processus permet au bout du compte de déclarer sans mentir que «vous êtes la plus jolie». Celles qui reprochent à leur amoureux certains regards en direction de la gent féminine les privent du moyen essentiel permettant de leur dire avec le plus grand sérieux du monde qu’elles sont à leurs yeux la plus belle de toutes les femmes.

Elles risquent en revanche de transformer ses simples regards en œillades, ses compliments en mensonges et ses projets d’avenir en issues de secours. La jalousie injustifiée constitue d’abord et avant tout une injustice et l’homme est conçu pour fortement y réagir.

La jalousie n’a jamais empêché l’infidélité, au contraire elle l’attise. Bien peu d’hommes trouvent la jalousie sexy, de bon goût ou adéquate. Le plaisir de se sentir désiré cède rapidement devant les désagréables conséquences d’une jalousie constante.

Je-suis-jalouse-de-la-reussite-d-un-proche-c-est-normal_width1024.jpg

De plus, elle privera la femme du plus beau cadeau qu’un homme puisse faire à une femme, lui dire de manière honnête et amoureuse: «Tu es la plus belle».

Pour celles qui possèdent de bonnes raisons de douter de la fidélité de leur compagnon, encore une fois la jalousie ne règle rien. Le contrôler par ce moyen ou par un autre échouera lamentablement. En contrepartie, les femmes gardent le contrôle de leurs propres pensées, décisions et actes.

Quitter un homme affublé d’un défaut impossible à tolérer reste la meilleure des solutions. Accepter son défaut reste un choix difficile, voire impossible, mais un meilleur choix tout de même que de tomber dans la jalousie lorsque la séparation est écartée de l’équation. Passer un pacte librement et mutuellement consenti n’aura de sens que si les termes sont clairs et réalistes.

jalousie.jpg

Lorsqu’un homme déclare à une femme jalouse qu’elle est la plus belle, vous pouvez être assurés qu’il ment. On doit plutôt y comprendre: «Ce compliment va-t-il calmer tes sangs?»

3566.jpg

Si déclarer sincèrement à une femme qu’elle est la plus belle revient à l’homme, il revient à la femme de faire en sorte qu’il se sente honnête lorsque viendra le temps de le répéter.

Le jongleur

J’habitais chez un collègue à une dizaine de kilomètres de notre lieu de travail. Un joli chalet loué durant la saison froide tandis que ses propriétaires se la coulaient douce en Floride, lieu de résidence d’un grand pourcentage des snow birds, nos chers compatriotes québécois à la retraite.

Systématiquement, le soir après le boulot, mon ami pratiquait l’art de la jonglerie. Il n’était pas du genre à lancer cinq quilles, sept haches ou onze torches. Non, il gardait son art minimaliste. Seulement trois balles toutes blanches, phosphorescentes, de la grosseur de pamplemousses, voilà quels étaient ses seuls outils de travail. Une partie de sa routine se déroulait à la lumière et la seconde à la noirceur la plus totale.

Durant ce second épisode, grâce à des gestes fluides sans le moindre défaut, ses balles dessinaient des figures géométriques variées parfaitement bien formées. Notre persistance rétinienne nous faisait voir des carrés, des pentagones, des cascades, des pyramides alors que seules existaient trois sphères blanches. Ses enchainements étaient spectaculaires, on aurait pu croire à des ovnis tellement le ballet était minutieusement chorégraphié et exécuté à la perfection.

C’est à ce moment que j’ai commencé à exercer cet art puisque je pouvais compter sur un prof privé juste à côté de moi. Toutefois, je n’ai jamais beaucoup pratiqué, j’avais trop d’autres intérêts, dont les activités de plein air et la flûte traversière.

Tous les deux célibataires, nous avions chacun nos charmes propres lorsque le vendredi soir venu, les clientes débarquaient à l’auberge pour séjourner durant le weekend. J’étais à l’accueil et lui s’occupait de garnir le foyer de bûches, les haut-parleurs de musique apaisante et de faire connaissance avec les nouvelles venues.

Nous avions rarement les mêmes attirances et si cela survenait, jamais nous ne jouions du coude. Comme chez les oiseaux, nous laissions toujours la gent féminine décider avant tout. Une fois, cependant, nous avions accroché sur la même fille. Elle avait un quelque chose de différent, de mystérieux et de profondément attirant. C’est donc elle qui fit son choix et ce fut mon ami qui eut l’honneur de la faire tomber dans ses bras.

Durant la semaine qui suivit, j’ai déménagé mes pénates puisque sa demoiselle passerait le prochain weekend chez lui. Je me suis donc déniché un autre chalet abandonné jusqu’au retour des feuilles. Quelques semaines ont passé durant lesquelles je n’ai pas vraiment échangé avec mon ami, trop occupés au travail et lui ensuite à passer ses soirées avec sa nouvelle copine.

Ce début de relation avait rendu mon ami joyeux, mais plus le temps passait, plus il semblait devenir distant, renfermé, renfrogné. Je sentais que ce nouveau couple battait déjà de l’aile, mais j’ignorais tout de la réalité des choses. À cette époque, nous étions habitués lui et moi à n’entretenir aucune relation stable avec nos conquêtes. En conséquence, son attitude m’intriguait un peu, mais elle ne m’inquiétait pas. Je ne croyais pas qu’il était tombé éperdument amoureux en si peu de temps.

Un soir alors que je lisais Le loup des steppes de Hermann Hesse assis au coin du feu, j’entends quelqu’un cogner à ma porte. C’est lui. Les yeux exorbités, le teint livide, la gorge nouée, il me demande péniblement s’il peut entrer. Évidemment !

Il m’explique alors ce qu’il vivait depuis quelques semaines. Nous ne nous étions pas fourvoyés sur la jolie fille. Elle était chaude comme la braise et mon ami au début en avait bien profité. Mais plus les jours passaient, plus elle commençait à adopter des attitudes pas tout à fait conformes aux attentes du jongleur. Le sexe, elle en voulait plus, bien plus, énormément plus. Ensuite, ce fut les menaces qui ont pris des proportions sans précédent, jusqu’à le menacer de mort. C’est à ce moment qu’il s’est enfui sans rien prendre, qu’il l’a laissée seule à son chalet et qu’il est venu habiter chez moi le temps qu’elle disparaisse.

Nous, les hommes, nous connaissons mal ce genre de situation. On entend beaucoup trop souvent des histoires d’horreur dont les victimes sont des femmes, rarement les gars. L’état psychologique de mon ami m’a permis de m’approprier en quelque sorte ce renversement de la situation.

Bien entendu, jongler avec plusieurs belles, le risque d’en échapper une croît avec le temps. Mais se retrouver avec une belle trop différente des autres, dont le comportement est totalement étranger, pour un jongleur professionnel, vaut mieux éviter de rajouter cette figure dans sa routine.

Amours, Everest et Marianne

L’amour rend-il heureux ? Toutes les fois où je fus en amour, non seulement ça s’est mal terminé, mais ces relations ont toujours été les plus compliquées et les moins saines. Donc, pour moi, l’amour ne rend pas heureux, il rend plutôt fou. En fait, je devrais spécifier qu’il rend les gens encore plus fous, parce qu’il faut déjà être passablement fêlé pour se jeter corps, cœur et âme dans ce genre de situation périlleuse de haute voltige, sans filet, sans préparation, sans expérience et sans sa tête.

Ça pue l’échec cent kilomètres à l’avance, sauf pour le pauvre idiot qui a jeté tous ses radars au fond de l’océan de ses passions. Le résultat est conséquent à la hauteur de la chute et la douleur d’autant plus vive.

Everest_North_Face_toward_Base_Camp_Tibet_Luca_Galuzzi_2006_edit_1.jpg

Je peux comparer le grand amour à l’ascension de l’Everest. Tout commence comme un fabuleux rêve, puis l’on se rend rapidement compte qu’on doit offrir d’énormes efforts pour peu d’avancement. Rapidement, la tête nous tourne et on manque d’oxygène sans vraiment comprendre lequel est la cause et l’autre l’effet. Ce qu’on appelle progression équivaut à se retrouver en pire position et en plus grand danger que la veille. Seuls l’orgueil et le désir de vaincre nous empêchent de rebrousser chemin, ce que tout humain intelligent ferait sans hésiter.

Les derniers efforts, surhumains, autodestructeurs, insensés nous emmènent là où on ne peut pas réellement rester plus que quelques instants. Essoufflé, épuisé, frigorifié, esseulé, décati, on regarde tout autour un paysage lunaire qu’on qualifie de beau juste parce qu’il est rare et difficile à observer, pourtant, la réalité n’est que froidure et désolation.

165-IUUPm-fosse-mariannes|x240-KUM

Une fois redescendu au niveau de l’océan, une plongée aussi périlleuse nous attend au fond de la fosse des Mariannes afin de récupérer ses radars abandonnés dans la vase. Nous pourrions tout autant nous perdre et rester au fond des eaux ténébreuses qu’au sommet du mont glacé. Une fois encore, seuls l’orgueil et le désir de vaincre nous empêchent d’abandonner, ce que tout humain moins intelligent ferait sans hésiter. Lestés de poids énormes mais essentiels à la poursuite de notre vie, nous entamons la remontée, lente, imperceptible, jusqu’au moment où l’oxygène s’épuise, nous laissant de nouveau à bout de souffle.

Tout de même étrange qu’au tréfonds ou au sommet du grand amour, dans les deux cas, l’oxygène vient à nous manquer. Heureusement, au même instant, hasard ?, notre tête émerge enfin pour la première fois depuis des lustres.

PlatPays

Nos pieds foulent finalement le sol normal, un terrain banal dépourvu de monts gigantesques ou d’océans profonds, un lieu ordinaire, plat, plate, presque dépourvu de dangers, du moins de dangers évidents et hautement périlleux. L’esprit vacille, ne sachant ce qu’il doit maintenant désirer le plus ardemment : les délices du danger amoureux ou le confort du repos salvateur.

Celui qui a gravi la plus haute montagne, celui qui s’est ensuite retrouvé au plus profond des abysses, y reviendra à jamais transformé. Ses yeux ne verront plus jamais la vie comme ceux des autres. Ayant simultanément profité des plus passionnantes voluptés et enduré les plus douloureux enfers, il comprendra, parfois, peut-être, que le sublime se paye très cher. Le tribut se prend à même sa personne, l’ablation des engelures de son âme et l’addition de souffles permanents au cœur.

Il repensera souvent à sa Marianne, son Everest, ses grandes amours. Il s’en ennuiera tout en sachant pertinemment qu’y rester, ça aurait été y mourir. La montagne qui durera toujours où tant de gens reposent pour toujours. La ténébreuse Marianne aux passions abyssales nous engloutissant à tout jamais.

Char ou fille ?

« L’humour, c’est l’art de dire des trucs horribles à quelqu’un en lui faisant perdre le désir de vous tuer. » LeCorbot

Lecteur, lectrice, voici un billet d’humour pour se relever du dimanche annonçant nostalgiquement la fin des vacances.

Au Québec on utilise beaucoup le mot « char » pour désigner son véhicule personnel. C’est un terme plutôt archaïque, mais la culture perpétue les vieilles expressions. Il existait des chars pour transporter des denrées, du foin, mais il y avait également des chars de guerre, de course, d’apparat, de défilé.

Top-Supercar-Wallpaper-1

Je ne voudrais pas péter la bulle des filles, mais certains signes ne trompent pas. Vous devriez être convaincue que vous passez au second plan, après l’automobile de votre copain, si vous entendez ce genre de phrases.

*****

plus_de_300_voitures_au_8e_rdl_A_2010723144241_600-620x348.jpg

La jupe

Pourquoi j’appelle mon auto « Émilie » ? Tu vois, elle porte des jupes. Émile, ça aurait fait travelo.

J’aime quand tu mets ta jupe en cuir, tu sens le char neuf.

Oui, un autre week-end à exposer ma caisse au club des voitures modifiées. J’ai toujours eu l’âme d’un pédagogue. Mets ta petite jupe serrée rouge, elle s’harmonisera parfaitement avec celles d’Émilie.

Voiture-modifiée.jpg

L’air provenant de la trappe remonte ta jupe ? Les déflecteurs sont bloqués ? Émilie est mon amie, après tout.

La fille

J’adore ton pare-chocs arrière, tu sais ! Tu as juste un petit problème de hauteur inégale avec tes amortisseurs avant.

oups-hotesse.jpg

Tu es de quel type, déjà ? Démarreur ou cylindre ?

Le temps de ta vidange mensuelle, c’est quand ?

Tu es la plus bielle.

Les fuites de ton radiateur, ça se colmate ?

Je te préfère en V plutôt qu’à plat.

britney-cuissardes-copie-1

Oui, je retire ses pneus d’hiver pour les remplacer par ses pneus d’été. Pourquoi je refuse de retirer tes bottes cuissardes quand tu me le demandes ? Boulot sans boulons, tu peux faire le travail toute seule.

La relation intime

Je ne caresse pas ma caisse, je la bichonne. La différence ? Tu me caresses, je la bichonne.

accessories-26

J’aime quand tu ronronnes si sensuellement ! Quoi ? Je ne te parlais pas !

Menace-moi d’aller coucher dans le garage ! Pourquoi tu ferais cela ? Pour me… punir !

Tu mérites au moins autant d’attentions que j’en accorde à Émilie ? Elle ne me menace pas de me quitter si parfois je la néglige.

Possessivité et jalousie

Émilie ne me fait aucune scène lorsque je regarde une autre bagnole. Elle ne cherche pas à se comparer à une Ferrari non plus.

Tu t’inquiètes pour rien, parce que je ne voudrais jamais d’une Ferrari. Trop chère à entretenir. Par contre, je ferais bien une petite balade.

photos-for-ferrari-supercar-wallpaper-hd-farrari-super-car-images-laptop

Ne me demande plus si tu peux conduire Émilie. Comme tu vois, elle n’est pas équipée d’une conduite à droite.

Tu aimerais partir en balade ? Pas certain qu’Émilie ait envie que tu l’accompagnes.

Sexy

Si je te trouve sexy ? Surtout avec des auto…collants.

Et tu es très sexy avec avec tes talons aiguille, car impossible de conduire avec ces échasses dans tes pieds !

d3896

Évidemment, tu es sexy ! Sinon, jamais tu n’embarquerais à bord d’Émilie !

Le cinéparc

Une soirée au cinéparc ? Tu n’y penses pas ! Côtoyer tous ces tacots et guimbardes !

130606_ns1zs_cine_parc_sn635-635x330

Si j’accepte, tu vas m’offrir une gâterie ? Seulement si tu me promets de ne rien laisser tomber sur le siège.

De choses et d’autres

Ton huile d’olive a quel indice SAE ?

Prendre notre douche ensemble ? Bien sûr ! Je me préparais justement à laver Émilie.

Ton parfum interfère avec celui du petit sapin.

Conduire-Pieds-Tableau-Bord-Securite-Danger-2

Tu mets encore tes pieds sur mon tableau de bord ! Je comprends ta façon de conduire maintenant !

Tu sens que j’aime plus mon char que toi ? Les femmes ! Toujours des idées stupides en tête. Pas surprenant qu’on préfère passer plus de temps derrière le volant et moins en votre compagnie !

Êtes-vous démocrate dans l’âme ?

Vous vous targuez d’aimer la démocratie, vous la voulez plus belle, plus pure, vécue de plus près. Cet article vous prouvera le contraire. Pour la très grande majorité d’entre vous, la démocratie restera une utopie, car vous avez choisi ou vous opterez pour un mode de fonctionnement bien différent. Commençons votre désillusion.

Vous vivez déjà ou rêvez de vivre en couple. Cependant, votre couple est-il ou deviendra-t-il une institution démocratique? Vous le croyez? Je ne vous connais pas et pourtant je sais pertinemment que ce bel objectif ne surviendra probablement jamais.

Tout d’abord, la démocratie est basée sur l’acceptation d’une proposition à majorité simple. Dans un couple, cette majorité simple se confond avec l’unanimité, qu’elle penche en faveur ou contre l’idée du projet. Dans le seul cas qui reste, la division parfaitement égale du vote, cette impasse ne s’avère qu’apparente. Dans une démocratie utopique de couple, l’impasse se transforme habituellement en dictature.

couple-rupture-arreter-de-se-battre-

Disons que je propose à ma tendre moitié de voyager ensemble en Inde. Après avoir discuté d’un tas de facteurs, je demeure fermement décidé à y aller, mais je n’ai pas convaincu ma partenaire de démocratie, et accessoirement ma bien-aimée, de m’accompagner. Décision partagée. Pourtant, de ce débat au résultat divisé, il en ressortira quand même un gagnant. À égalité, le non l’emporte et l’emportera toujours. Le poids du non est prépondérant sur celui du oui. Nous ne verrons pas le Taj Mahal ni les trapps du Deccan.

Trapps-Deccan.png

Certaines personnes ont vite compris les avantages que procure le fait de voter non et son droit prépondérant se mue rapidement et très souvent en tentative de coup d’État pour instaurer une dictature à l’intérieur du noyau familial. Tant qu’à vivre dans une fausse démocratie utopique de couple, pourquoi ne pas la transformer en dictature? Un régime bien plus performant, qui exige moins de temps pour discuter, négocier, et où convaincre l’autre camp devient accessoire.

Real-Couples-Who-Played-Couples-TV

Contrairement à la démocratie, la dictature ne constitue pas un régime utopique, ni dans un couple ni pour une nation entière. Elle s’instaure naturellement dans le but primaire d’accroitre l’efficacité décisionnelle. Ensuite, elle glisse aisément pour se transformer en totalitarisme aveugle. Le pouvoir non partagé corrompt toutes les âmes, même les plus pures. Il en va de même dans un couple lorsqu’il a dérivé vers ce côté obscur.

idee-jeu-couple.jpg

Ainsi, la démocratie dans un couple ne pourrait vraiment exister que si un nombre impair de personnes le forment. Et c’est là où j’en arrive au trip à trois, au trio, ou pour piocher dans le lexique musical, au triolet.

Un triolet consiste en un groupe de trois notes jouées dans le temps normalement imparti à deux. Alors, un triolet de vie serait un groupement de trois individus composant l’équivalent d’un couple et prenant ensemble des décisions réellement à majorité simple.

3083959363_1_5_gbBc8SSt

Petit problème que vous pouvez anticiper, dans la vie normale, le mot couple rime fortement avec le mot sexualité. Un triolet équilibré devrait donc laisser la place à une sexualité satisfaisante pour tous ses participants.

111354891_o.jpg

Voilà, rien n’est parfait dans la vie. Pour régler un problème de vote démocratique à l’intérieur d’un couple, il faut accepter le trip à trois permanent. On comprend aisément pourquoi si peu de triolets existent, mais également pourquoi tant de couples échouent en refusant d’adopter la solution la plus performante pour la démocratie et le bien-être décisionnel de leur couple.

240_f_112067513_xb7ii5igsc4t8kskb8yiuo49c5df45rs

Alors, chère lectrice, cher lecteur, si votre partenaire ose un jour vous proposer un triolet, ne vous offusquez pas. Il s’agit peut-être de la seule occasion que vous aurez dans votre vie de faire partie d’un vrai système démocratique pur et non utopique.

Vous vous croyiez démocrate? Prêt à vivre en vraie démocratie ? Prouvez-le maintenant!

Nuit de mains

De ta soie peau vêtue

Collier désirs te pare donne

My love lovée doigts uncinés

Agrippe la brute fierté

Enceint de mains je m’abandonne

Délices dépravent toutes vertus

Cœur brisé

Je me souviens de mon dernier ECG à l’hôpital. Cet examen avait été commandé par mon médecin de famille afin de lever un doute que les limitations de son stéthoscope ne parvenaient pas à dissiper ou à confirmer.

Tout semblait correct, mis à part un petit souffle. Rien de bien important, rien pour attenter à ma santé, mais une légère anomalie quand même.

esa

Sans y réfléchir, mais probablement aiguillonné par la joliesse de l’infirmière, je lui ai déclaré qu’il avait été causé par une peine d’amour. Elle s’est retournée en me lançant un regard chargé de questionnements, de reproches, et d’inquiétudes. Muette, elle venait pourtant de tout me dire.

obsession-amoureuse.jpg

«Êtes-vous sérieux?» «C’est possible, vous savez?» «On ne badine pas avec ces choses-là!» «Qu’en savez-vous?» «Faut pas être à ce point sensible!» «Faites plus attention à vous lorsque vous aimez.» «Ça me plairait bien de savoir que mon homme pourrait être aussi amoureux de moi!»

Bien sûr, ma théorie sur la cause de ce souffle restera invérifiable et je n’y crois qu’à moitié.

large-2.jpg

Avez-vous déjà eu si mal en amour que vous avez senti votre cœur littéralement se briser? La moitié de ma croyance provient d’un épisode de ce type. À prendre avec modération et même avec sobriété au cas où ces événements causeraient réellement des souffles au cœur.

Pour conclure ce billet, un petit mystère auquel je viens de penser.

Comment se fait-il que seules les femmes ayant fait fondre notre cœur parviennent ensuite à le briser? S’est-il cristallisé entre les deux ? Ce serait l’explication de sa fragilité.

Au-delà de l’invisible

8 août 1982. Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire. Moi, pour qui les dates me posent de sérieux problèmes, chaque année, pourtant, je regarde des photos… et je lui souris.

Mon fils est né ce jour-là. J’ai également su à ce moment précis que ma vie ne se déroulerait pas comme un conte de fées, sans être banale pour autant.

Devenir du jour au lendemain le père d’un enfant lourdement handicapé physiquement et mentalement m’a obligé à me poser des questions fondamentales et à y répondre rapidement. Vous me trouverez probablement bizarre, mais mes préoccupations les plus sérieuses à ce moment ne portaient pas sur le diagnostic ni les pronostics. De toute façon, ce n’était pas à moi à y répondre. Je me souciais de celles dont les réponses m’appartenaient.

Ne-trop-tot-Soins

La plus importante fut : est-ce que je veux tenter de faire une différence dans sa vie ? Peu importe le temps que durerait l’aventure, je devais savoir si je l’acceptais, si je désirais lui donner mon espace, mon temps, mes énergies, mon présent ainsi que mon futur.

Ayant répondu par l’affirmative, mes problèmes avec les dates, les jours, les nuits, les ans ont commencé à ce moment précis. Le temps s’est transformé en un concept peu utile et même, je pourrais dire, nuisible à l’atteinte de mon objectif.

Mais qu’était donc cet objectif et quelle importance pouvait-il bien avoir pour lui sacrifier toute notion de temps ? Mon seul vrai désir se résumait simplement. Que mon fils puisse vivre heureux, et ce malgré son handicap.

dads_intro.jpg.560x0_q80_crop-smart

Cet objectif ne possède aucune courbe normalisée sur laquelle se baser pour évaluer son degré d’avancement. Il ne possède aucun jalon, pas de nombre de jours, aucun graphique, pas de marqueurs, aucune référence.

Au début, les progrès de mon garçon restaient invisibles pour tout le monde ainsi qu’à sa mère. Moi, j’en voyais. On me disait que j’inventais ce que je voulais voir. Je savais que c’était faux parce que je n’ai jamais cherché à voir autre chose que la réalité. J’avais réglé le problème potentiel de me cacher la vérité alors que j’avais tout juste onze ans.

Une nuit à cette époque, j’étais loin dans la forêt, il faisait nuit et j’étais seul dans ma tente. Le tonnerre frappait sans arrêt devenant plus terrifiant de minute en minute. Les éclairs fusaient si nombreux que la nuit se faisait jour. Le terrible orage déversait des torrents qui délavaient le sol forestier. Je me protégeais des intempéries à l’aide, ou malgré une tente sans plancher. Une rivière s’était invitée à faire des cascades dans mon habitacle de fortune et je pataugeais littéralement dans mon sac de couchage. Je grelottais de tous mes membres, j’étais transi et au bord de l’hypothermie. Une pensée fugace m’est tout à coup venue à l’esprit, je pourrais trouver refuge au fond de ma tête afin d’échapper à ce désastre.

Old-School-Tent-1

Sans jamais avoir su pourquoi, j’ai refusé net. J’ai préféré ressentir toutes les affres de cet orage plutôt que sombrer dans l’irréel. Cet épisode charnière m’a permis de connaitre un des mécanismes menant à la fuite, à la création de l’irréel, à l’abandon d’un présent concret détestable pour un rêve plus doux et agréable.

Sachant que je ne m’étais pas enfui dans ce monde, j’étais convaincu que mes observations concernant mon fils, aussi ténues fussent-elles, devaient être véridiques. Et progressant d’un iota invisible à un atome tout aussi intangible, le résultat finit par devenir visible aux yeux de mes proches, et ensuite à tout le monde.

La vie de Mathieu n’a pas été parsemée ici et là de quelques moments de bonheur. Il a vécu heureux la plupart du temps, plus que bien des gens normaux.

Atteindre cet objectif fut la plus grande et la plus belle de toutes mes réalisations. Pourtant, elle n’a tenu qu’à un fil, qu’à une seule capacité, qu’à une seule volonté, qu’à une seule certitude, celle de percevoir la réalité à travers et au-delà de l’invisible.

La magie de l’amour

Vivez-vous en couple? Est-ce que votre conjoint-conjointe se permet de vous dire «mon amour»? Souvent? Parfois? Rarement? Jamais?

ab88ba99

On se sent si bien lorsqu’on entend ces mots, n’est-ce pas? Dans ce cas, est-ce que vous les dites à votre partenaire?

«Mon amour!» Si les mots magiques existent, vous pouvez être certains que ces deux-là en font effectivement partie.

menopause

Quand on y pense, agir en magicien, en magicienne n’a rien de très compliqué. Il suffit de prononcer ces deux petits mots. Dites-les plusieurs fois, souvent, car même la magie n’opère pas sur une base permanente.