Bien du courage

Autrefois, je me questionnais souvent à savoir si j’étais presque le seul à penser ceci ou cela. Pas que je m’inquiétais outre mesure de mes opinions, j’ai réglé cet aspect de ma personnalité alors que je devais être âgé de 12 ans. Je me le demandais, car ma vision semblait rester marginale malgré mes arguments logiques forts et une analyse solide pas si complexe. Et cette inadéquation entre l’apparente simplicité d’une relation causale et l’incompréhension quasiment générale qu’elle provoquait autour de moi avait le don de me subjuguer.

Plus jeune, je ne pouvais croire que l’évidence crasse semblait rester invisible aux yeux des autres. Je décuplais d’efforts pour faire comprendre mes points de vue… jusqu’à ce que, devenu plus âgé et moins idiot, je saisisse enfin que les gens comprenaient fort bien, tout en simulant l’inverse. Lorsque j’étais récompensé par des faces ahuries, je semblais si souvent sortir d’une boite à surprise qu’il était facile de penser que mes idées ne valaient pas la peine d’être émises et encore moins d’être défendues.

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La vérité est que je regardais les événements du mauvais côté de la lorgnette et ainsi je me méprenais sur le sens exact de leurs expressions et de leur gestuelle. Je présente l’interprétation la plus juste de ces comportements sous forme d’un questionnement.

«Pourquoi faut-il que tu déclares ce qu’on essaye tous de taire?» Voilà ce que j’aurais dû décoder bien plus facilement si mes tendances pédagogiques avaient été moins exacerbées et si je m’étais moins questionné sur mes capacités à bien me faire comprendre. Aujourd’hui, mes doutes à cet effet ainsi que sur la pertinence de mes idées ont cessé et j’interprète différemment les silences gênés, les yeux écarquillés, les détournements des regards.

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Parfois je prends le temps d’écrire un billet d’humeur. Cette activité ne vise pas à me défouler, ni à cracher du venin bien macéré dans de la bile verte, ni à convaincre le plus grand nombre de gens à penser comme moi. Alors pourquoi est-ce que je continue d’écrire publiquement?

Je vise parfois à faire le point sur mes propres idées. L’écriture confronte mes opinions à la logique argumentaire et me permet d’intégrer des faits nouveaux dont je n’aurais pas encore pris compte. D’ailleurs, j’abandonne régulièrement l’écriture de certains articles en construction, toutefois le but pour lequel j’avais entrepris cette tâche a quand même été atteint puisque publier des articles n’a jamais été une de mes obligations. Je préfère garder un texte sur la touche plutôt que de regretter ultérieurement de l’avoir publié.

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Un autre objectif de mon écriture est d’expliquer, de tracer un itinéraire d’idées et de le parcourir. Lorsque je me transforme en lecteur, si je parviens à me comprendre, j’estime que d’autres le pourront. Et à partir de là, les pensées de ceux qui osent et prennent le temps de me lire pourront évoluer de manière autonome. Je ne vise jamais à convaincre les autres ou à les endoctriner. Bien au contraire, je vise à donner des ailes en affermissant certaines bases de connaissances. Ensuite, plus les chemins développés seront nombreux et variés, plus j’aurai le sentiment d’avoir vraiment donné de la valeur à mes articles.

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J’estime posséder un certain bon sens. J’assortis à ce constat une obligation morale, celle d’avoir le courage d’émettre et de partager certaines de mes opinions. Et qu’en est-il pour vous?

Nous devons cesser de mettre en scène notre timidité, car elle ouvre toute grande la porte aux autres, à ceux qui veulent à tout prix nous faire penser comme eux, non pas d’une façon logique, mais en utilisant des arguments tendancieux et des craintes fondées sur des préjugés.

Si, ensemble, nous avions tenu tête aux mandarins des énergies fossiles voilà 30 ans plutôt que de les laisser docilement nous emmener dans le gouffre, nous aurions aujourd’hui une planète et un avenir bien différents. Nous avons raté cette occasion passée, raterons-nous également celles qui se présentent actuellement?

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Nous devons mordre les molosses aux jarrets en affirmant haut et fort nos opinions lorsque nous sommes convaincus d’avoir compris une problématique. Bien trop souvent, nous laissons toute la place aux gueulards cherchant à impressionner par le truchement de déclarations enflammées, mais elles ne sont qu’écrans de fumée servant à dissimuler la faiblesse des arguments sous-jacents.

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Et si tout autour vous causez des regards ahuris, des visages qui se détournent, des yeux exorbités, interprétez ces signes de la bonne manière. Vous venez de toucher à des vérités trop lourdes de conséquences pour être facilement admissibles. La majorité des gens préfèrent une vie pépère, ils ne veulent pas trop se poser de questions et ils détestent par-dessus tout ceux qui se permettent d’en donner des réponses compréhensibles, mais qui demandent pour les réaliser… bien du courage, courage dont ils sont dépourvus.

Coup de pied au C…orbot

Mentir peut être considéré à plusieurs niveaux. Pour simplifier cet article, je me contenterai d’aborder les mensonges émis par des organismes gouvernementaux, incluant la police, les militaires et les politiciens.

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Disons qu’il se produit un ou plusieurs événements incompréhensibles. Les citoyens s’inquiètent, s’interrogent, et leurs craintes finissent sur le bureau d’un quelconque fonctionnaire, d’un policier, d’un colonel, par l’entremise d’un citoyen, d’une personne élue, d’un groupe de pression ou par des représentants des médias.

Cet individu interpellé se fout éperdument des plaintes et des récriminations des citoyens. Sans même s’intéresser au sujet, ou encore il connait la vérité, mais ne veut la révéler, il balaye le dossier sous le tapis en inventant une histoire stupide censée avoir un certain sens. Mais au fond, son profond mépris des gens le pousse à rester médiocre et à consentir très peu d’efforts pour forger un mensonge possible.

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Son histoire est reprise par d’autres individus sommés de répondre, par des élus, par le corps policier, bref par tout le monde.

Les médias ou les réseaux sociaux relèvent les incohérences de cette explication bancale. Ça crée un tollé, mais l’explication a été donnée et il faut s’en tenir comme à la prunelle de ses yeux, Plus les gens discutent du sujet, plus l’explication prouve sa stupidité. Jusqu’au point où celle-ci ne peut plus tenir.

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Des experts entrent alors en scène et concoctent un mensonge encore plus gros puisqu’ils doivent eux aussi couvrir la vérité sur les événements décriés ainsi que sauver la face des menteurs. Mais mentir a ses limites. Leur nouvelle explication parvient parfois à répondre aux plus évidentes aberrations, mais du coup, ils rendent les autres incohérences encore plus contestables.

Et après on tergiverse sur la possibilité ou non qu’on nous mente. On devrait plutôt tergiverser sur la possibilité qu’on nous dise parfois la vérité.

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Est-ce si difficile à comprendre que dans nos sociétés, mentir est la norme absolue et que la vérité est plus rare à trouver que les filles qui pissent bien assises sur la lunette d’une toilette publique sans sortir tout un attirail digne d’un labo de microbiologie de niveau pathogène P4 ?

Certains diront que LeCorbot, en plus d’être noir, est cynique. Mais ce n’est pas du cynisme lorsqu’il n’y a pas tant d’exagération que ça (oubliez ma remarque sur les filles… quoique…).

Aidez-moi à trouver un seul exemple où une entité gouvernementale a immédiatement prouvé sa transparence dans un dossier controversé ou sensible et que celle-ci n’a pas été précédée d’au moins un mensonge éhonté ou d’un mutisme indécent.

Et même si vous me donniez plusieurs exemples, vous seriez encore bien loin du compte qui prouverait que j’exagère, donc que je fais du cynisme.

Mais si je parviens à vous prouver que je ne suis pas cynique, vous devrez alors croire que vous ne méritez pas de vous faire dire la vérité. Ça, c’est plus difficile à accepter puisque cela signifie que vous consentez sciemment à être traité en petit citoyen bonasse.

Entre vous auto-insulter et donner un coup de pied dans un Corbot, le choix est évident, n’est-ce pas ?