COVID-19, un coup de semonce

Le 5 mai dernier, l’OMS publiait un communiqué concernant la COVID-19. En voici un court extrait.

« Le Directeur général de l’OMS souscrit à l’avis du Comité concernant la pandémie actuelle de COVID-19. Il estime que la COVID-19 est maintenant un problème de santé établi et à caractère persistant qui ne constitue plus une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). »

Under an Ancient Sun

On comprend que le virus n’a certainement pas disparu, mais qu’il est maintenant classé dans la même catégorie que l’influenza. Il y aura encore annuellement plusieurs morts causés par la maladie, mais celle-ci est maintenant maitrisée par les autorités sanitaires de la plupart des pays. Elle ne crée plus de pression indue sur le personnel et les infrastructures de santé. En clair, on continuera de vivre avec la présence de la COVID-19 pendant encore très longtemps, par contre son urgence planétaire n’a plus sa raison d’être.

On peut certainement s’en réjouir et célébrer l’événement. La très grande majorité de la population mondiale y a survécu, dont vous et moi. Physiquement et psychologiquement, ce poison en a fait baver à beaucoup d’entre nous. Malheureusement, certains continuent de subir les effets de la COVID longue comme la youtubeuse Physics Girl. Le plus effrayant de la maladie semble maintenant chose du passé. Mais en est-on si certain ?

J’ai déjà écrit que la COVID-19 n’était que le début d’un nouvel état mondial et que nous allons devoir nous y faire. À cause de nos habitudes de vie que nous n’avons pratiquement pas modifiées, inévitablement les pandémies se succéderont. Ce n’est qu’une question de temps avant la prochaine, le temps que les virus actuellement en circulation évoluent vers une forme plus virulente et plus contagieuse. Ou qu’à l’instar de la COVID, un labo peu précautionneux laisse malencontreusement échapper une autre cochonnerie du même genre ou pire encore.

La population en général n’a rien compris de la façon dont elle devait agir pour éviter le pire. Bien au contraire, tout ce qui l’intéressait était de retrouver le plus rapidement possible sa vie antérieure, ses habitudes, justement celles à l’origine de la propagation fulgurante de la maladie.

Il ne faut pas être devin pour prédire le devenir, il faut plutôt être idiot pour croire en des effets différents pour les mêmes causes. La COVID-19 fut simplement un coup de semonce tiré à proximité de notre navire qui n’a eu pour effet que de nous éclabousser. Se réjouir d’avoir évité le pire, et ce faisant de maintenir son cap et sa vitesse, prouve que nous n’avons pas du tout pris cet avertissement au sérieux.

Oui, bientôt nous vivrons un autre épisode d’urgence sanitaire et cette fois-ci, nous n’échapperons peut-être pas à des effets bien plus dévastateurs. Un jour pas très éloigné, notre navire recevra un tir direct sous la ligne de flottaison. Je vous laisse deviner les conséquences.

Le paradoxe Thanos

Dans le Marvel Cinematics Universe (MCU), on exploite la sempiternelle confrontation entre le bien et le mal, ce dernier étant principalement incarné par le personnage de Thanos. Et pour bien se faire, on l’a imaginé très grand, surpuissant, passablement laid et d’une cruauté sans bornes. Dès ses premières apparitions et notamment dans Les Gardiens de la Galaxie, Marvel s’assure qu’il soit allègrement détesté des autres héros et surtout des cinéphiles. Même son nom est un dérivé de Thanatos, le dieu grec de la mort. En psychanalyse moderne, thanatos signifie l’ensemble des pulsions de mort.

Pour aisément parvenir à se faire haïr, il cherchera à récupérer les six pierres de l’Infini par les moyens les plus cruels et les plus abominables qui soient. L’atrocité grimpe encore plus lorsqu’on nous dévoile son objectif ultime.

Si vous ne connaissez pas le résultat du combat des braves gentils contre Thanos et ses alliés, je vous déconseille de poursuivre la lecture de cet article puisque l’objectif n’est pas de divulgâcher l’intrigue, mais plutôt d’analyser les gestes et les intentions du colosse qui ne peut se faire sans dévoiler les conclusions de plusieurs films de cette série.

Dans ce genre cinématographique, le scénario classique consiste à faire vivre d’épouvantables épreuves aux héros afin d’insister sur leurs vertus. Et la très grande majorité de ces histoires se termine par la victoire in extremis des représentants du bien. L’histoire du Seigneur des anneaux en est l’archétype.

Dans le MCU, Thanos cherche à rassembler les six pierres de l’Infini en usant de barbarie mais pas seulement. Souvenez-vous du geste du Dr Strange qui se départit de sa pierre verte en la remettant volontairement au monstre. Et lorsque ce dernier arrache finalement la sixième pierre, la jaune, du crâne de Vision, il est difficile d’appréhender la suite, tellement son objectif ultime nous semble impensable. On anticipe ici un geste d’éclat de la part d’un quelconque héros ou encore d’une remise en question de Thanos.

Et contre toute attente, il claque quand même des doigts, faisant du coup disparaitre la moitié des êtres vivants. Le méchant gagne… et dans la foulée la moitié de nos héros s’envolent en cendres, mais également la moitié de nos proches ! Car malgré la fiction cinématographique, notre esprit projette toujours une partie des images sur notre monde. Sans confondre le réel de l’irréel, on se demande cependant comment nous nous sentirions, comment nous réagirions si une telle catastrophe devait vraiment survenir.

Une fois la mission du vilain accomplie, Marvel change drastiquement l’image de Thanos. On le croyait féru de pouvoir et pourtant il délaisse l’usage des pierres surpuissantes pour tranquillement se consacrer à la popote. Il n’a pas détruit la moitié du monde pour le plaisir, mais au contraire pour le bien de la moitié restante. Et c’est ici où le paradoxe Thanos prend toute sa forme et sur lequel il est important de réfléchir.

Doit-on sciemment faire disparaitre une grande partie de nos semblables pour le bien des survivants ? Nous, qui nous évertuons à sauver à l’unité toutes les vies humaines possibles grâce à la médecine, à la pharmacologie et aux multiples interventions d’urgence, peut-on d’autre part accepter l’idée d’un humanicide même s’il est aléatoire et non discriminatoire ? Notre réponse instinctive est bien évidemment « non ». De tout temps, nous sommes programmés pour sauver nos semblables. Pourtant, on accepte également de tuer d’autres de nos semblables s’ils n’appartiennent pas à notre gang, à notre tribu, à notre peuple, à notre nation et bientôt peut-être à l’humanité lorsque d’autres planètes habitées d’êtres intelligents seront connues.

L’humain vit déjà avec le paradoxe de la protection-destruction. Il suffit d’apporter un subtil mélange de justifications basées sur la crainte et l’obtention d’avantages significatifs pour faire basculer les esprits d’une nature pacifique vers un comportement agressif.

Quelle différence y a-t-il entre deux tribus qui guerroient jusqu’à ce que l’une d’entre elles s’éteigne et le choix de Thanos de zapper une moitié de tous les êtres vivants ? Le nombre, direz-vous. Oui et non. C’est vrai, mais la vraie différence ne se situe pas sur ce point strictement mathématique. La vraie différence réside dans le principe. Thanos n’a pas la prétention de vouloir aider son clan, son peuple, sa nation ou lui seul, puisque le choix des victimes est basé sur le hasard. Contrairement aux peuples se faisant la guerre, l’action de Thanos est désintéressée. Bref, il le fait par bonté au nom d’une nécessité absolue !

Et voilà où je veux en venir. Qui sont les bons et qui sont les méchants ? Quelles actions sont bonnes et lesquelles sont à proscrire à tout prix ? Nous avons tous appris à polariser le bien et le mal et s’ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre, il nous est toujours très difficile d’accepter de les faire cohabiter. Pourtant, le paradoxe Thanos vit partout autour de nous, mais également et surtout à l’intérieur de nous-mêmes.

Si l’on se départit des notions absolues du bien et du mal, le paradoxe Thanos tend à disparaitre. Toutes les actions possèdent une partie des deux et il y a plus. Le bien d’aujourd’hui se transforme la plupart du temps en mal à plus long terme et vice versa. L’idée consiste donc à définir nos priorités sans toutefois oublier qu’on ne fait le bien que pour faire émerger le mal, au mieux, plus tard. Le contraire s’applique également.

Thanos n’est peut-être qu’un visionnaire incompris, donc détesté pour cela. Il réfléchit au long terme au détriment du court terme. Notre culture penche généralement du côté opposé. En fait, privilégier le court terme serait censé être réservé aux urgences immédiates. Pourtant, malgré un niveau de confort quasi assuré, nous ne parvenons plus à faire basculer nos priorités vers des objectifs à long terme. Et c’est à ce moment où un Thanos finit par devenir nécessaire, pour rétablir l’équilibre à long terme par un geste immédiat d’apparence insensée.

Heureusement, Thanos n’existe pas vraiment ! Détrompez-vous. La Nature possède tous les moyens de nous faire regretter notre mode de vie centré exclusivement sur des objectifs immédiats sans jamais nous soucier de nos impacts dans un futur éloigné. Donc, nous sommes à la veille de vivre le retour du balancier et cette prédiction n’est pas issue d’une boule de cristal, mais d’une loi universelle fondamentale qui est celle du balancier. Un pendule ne peut pas se maintenir longtemps d’un seul côté du centre. Inexorablement, il finira par aboutir à l’autre extrémité, son état d’équilibre ne pouvant être atteint que lorsque le court et le moyen terme deviennent égalitaires.

Notre mode de vie actuel aura bientôt une fin brutale sans devoir invoquer l’apport d’un Thanos ou d’un astéroïde géant. Les signes avant-coureurs foisonnent et même si on cherche à ne pas les observer et surtout à ne pas en tenir compte, ils ne disparaitront pas pour autant.

Surpopulation, pollution, destruction des milieux et de la biodiversité, changements climatiques, surexploitation des sols et des espèces, il est difficile d’en faire abstraction et pourtant l’humain parvient très bien à se voiler la figure afin de faire perdurer sa folie de la vision courte encore quelques années, et ce sans apporter de changements radicaux à son mode de vie.

Thanos n’est pas un paradoxe lorsqu’il est compris. Il serait plus juste de parler d’une solution extrême nécessaire. L’idée est que nous ne nous entendrons jamais sur l’importance d’appliquer ce genre de procédé drastique et irréversible. Et même si le concept était reconnu et accepté, il sera toujours reporté. Celui qui un jour pressera le bouton rouge, malheureusement il ne commettra pas ce terrible geste à l’instar de Thanos, mais plutôt comme un émule de Staline.

Que nous le voulions ou non, chose certaine, notre population vivra bientôt – à l’échelle temporelle de la planète – une réduction draconienne, et plus probablement une éradication. Ce phénomène exceptionnel emportera l’humain ainsi qu’une grande quantité d’autres espèces vivant sur Terre. Pour ceux qui y survivront, un âge d’or surviendra. Plusieurs preuves géologiques démontrent ce fait, le plus marquant datant de 66 millions d’années lorsque les petits mammifères dont nous sommes issus ont survécu et ont prospéré après d’extinction des dinosaures non-avions.

À quoi ressemblera la Terre après l’humain ? Quelles espèces le remplaceront et prospéreront au-delà du grand cataclysme ? Personnellement, je penche en faveur des insectes, les espècs actuelles négligées de notre monde, comme l’étaient les minuscules mammifères au temps où les sauriens géants régnaient sur Terre.

Bienvenue aux futurs états terrestres des Termitières-Unies, de la République Démocratique des Libellules, de l’Union Apicole, du Royaume-Cafard et de la Principauté de la Grande Fourmi Volante.

À propos d’écoanxiété

Le premier ministre du Québec, monsieur Legault, soulignait durant son passage à la COP26 qu’il n’était pas anxieux, et ce malgré l’alerte lancée par le GIEC qui considère que nous sommes rendus à « minuit moins une » pour sauver l’humanité des changements climatiques.

Comment peut-on interpréter cet optimisme presque débordant ?

Peut-être qu’en bon père de famille, il veut se montrer rassurant et protecteur. En bon général, il tient à garder haut le moral de ses troupes.

Mais quand la maison brûle, le temps des sourires pepsodent n’a plus sa place. Sans paniquer, l’anxiété est certainement de mise afin de prendre les bonnes décisions sans encore une fois les reporter.

Ne pas être anxieux dans des conditions semblables s’apparente dangereusement à du scepticisme. Si M. Legault voulait être un premier ministre responsable, il demanderait à toute la population de cesser de prendre l’évolution du climat à la légère.

Bien sûr, quand une maison brûle, un bon père de famille extrait ses enfants du brasier pour les emmener en lieu sûr. Dans la situation actuelle, il n’y a pas d’autre endroit sécuritaire où nous évacuer. Puisque le réchauffement sévit à la grandeur de la planète et qu’on a oublié de s’équiper d’une planète de sauvetage, on ne peut que passer d’un brasier à un autre et c’est la raison pour laquelle il faut absolument devenir anxieux et même angoissé.

Quand on pourra se réfugier ailleurs que sur Terre, mon écoanxiété diminuera d’un cran. D’ici là, que personne ne vienne me dire qu’elle n’a pas sa place, qu’elle est exagérée ou qu’elle est contreproductive.

Monsieur Legault, si vous voulez vraiment agir en bon père, en bon citoyen et en bon premier ministre, il est plus que temps de devenir anxieux et de le faire savoir à la planète entière pour enfin assumer le leadership que personne ne veut, celui du sauvetage de l’espèce humaine.

Photo d’entête : PHOTO D’ARCHIVES STEVENS LEBLANC

Le Grand filtre

J’ai abordé à quelques reprises le sujet du paradoxe de Fermi. Ce physicien se demandait où étaient tous les extraterrestres si des multitudes de mondes existaient dans l’Univers. Puisque celui-ci est vieux de 13,77 milliards d’années et que la Terre n’en a que 4,5 milliards, des hordes d’étrangers techniquement plus avancés que nous auraient déjà dû débarquer sur notre planète. Or, on n’en voit pas, du moins pas de manière évidente et officielle.

Des centaines de raisons ont déjà été invoquées pour expliquer leur absence, ou du moins leur invisibilité. Parmi celles-ci, l’une d’elles a particulièrement attiré mon attention. Il s’agit du Grand filtre.

Si cette théorie est juste, eh bien ! on est mal barrés. Elle expliquerait l’absence d’E.T. par le fait que toute civilisation technologiquement avancée finit inexorablement par se détruire à l’aide de ses propres inventions ou des conséquences de sa croissance et de son développement.

Le filtre agirait tôt ou tard et, dans la majorité des cas, il surviendrait avant d’acquérir les moyens de peupler d’autres lieux dans la Galaxie. L’humanité a frôlé l’extinction lors de la guerre froide à cause de l’arme atomique et cette menace n’est pas encore entièrement révolue. Il pourrait également s’agir d’une catastrophe naturelle. Ça pourrait être une arme biologique ou tout simplement d’un virus naturel virulent issu de la dégradation de l’environnement, de la surpopulation et des modes de vie irrespectueux de la Nature. Ça ne vous sonne pas quelques cloches ?

Si toutes les populations extraterrestres disparaissent avant de coloniser à grande échelle d’autres systèmes planétaires, leur existence restera à jamais une simple hypothèse. Le Grand filtre agirait rapidement après l’élévation d’une civilisation au rang de peuple technologique puisqu’il regrouperait des centaines de causes létales plausibles, toutes capables de l’anéantir. Tant de dangers et si peu de sagesse acquise pour tous les affronter feraient en sorte de réduire à néant les chances qu’une civilisation puisse évoluer vers une espèce capable de visiter et coloniser la Galaxie.

Puisque les lois de la physique et de la chimie sont semblables, peu importe le lieu où les espèces vivantes évoluent, on peut parier que les civilisations extraterrestres font face aux mêmes contraintes que nous-mêmes et qu’elles progressent de manière à peu près équivalente. L’inverse est également vrai. Si, inexorablement, les peuples des étoiles se détruisent, probablement le même fâcheux destin nous attend.

Alors, priez pour observer une panoplie de peuples extraterrestres débarquer sur Terre dans les plus brefs délais, la théorie du Grand filtre sera ainsi mise à mal, nous permettant peut-être d’espérer avoir un avenir autre que celui de sombrer dans l’oubli ou l’ignorance universelle d’avoir un jour vécu, évolué, inventé et d’être passé à un cheveu de visiter les étoiles.

Les six monstres

Autrefois, nous pouvions compter sur six types d’événements distincts très efficaces pour limiter la population mondiale.

Commençons par les événements les plus frappants, les cataclysmes naturels. Chutes de météorite, bouffées de rayons gamma, explosions de volcans, séismes destructeurs, tsunamis ravageurs, ouragans monstrueux, ces causes multiples tuaient vite et en très grande quantité. Ces situations existent encore, mais maintenant il est possible de limiter les pertes par des prévisions fiables et des alertes adéquates.

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Ces cataclysmes naturels causaient la plupart du temps de grandes famines, accroissant du même coup le nombre de victimes collatérales, mais les temps de disette pouvaient être dus à bien d’autres facteurs, comme à des agents pathogènes, à la pauvreté et même à des despotes. La famine a existé de tout temps et continue, aujourd’hui encore, son œuvre destructrice. Chaque année, plus de 10 millions de personnes meurent de malnutrition. Ce chiffre représente environ 0,1 % de la population. Autrefois, ce pourcentage était bien plus grand. Aucune région et aucune époque n’était épargnée par le manque de nourriture ou par sa qualité compromise.

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Ensuite, évidemment, la faucheuse pouvait compter sur les maladies. Qu’elles aient été causées par des insectes, des rongeurs, par des volatiles ou par tout autre vecteur infectieux provenant d’une hygiène déficiente, une bonne peste décimait facilement le tiers de la population d’une région en quelques semaines. Rajoutons à cela les autres maladies naturelles non soignées, l’humain tombait comme des mouches. Une médecine minimaliste n’y pouvait pas grand-chose et la plupart du temps elle n’était accessible qu’aux plus fortunés.

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Plus près de nous, la grippe de 1918, dite espagnole, a fait 100 millions de morts, soit près de 5 % de la population de l’époque. Cette pandémie est survenue après une autre grande cause de mortalité chez l’humain, les guerres, et dans ce cas particulier, c’était la Première Guerre mondiale qui venait d’emporter 20 millions d’individus, soit près de 1 % de la population totale de la Terre.

Puisque les guerres ont toujours existé, le nombre d’humains à trépasser à cause d’elles est innombrable. Qu’il s’agisse de petits ou de grands conflits, autrefois les guerres achevaient de décimer les populations que les autres causes avaient encore épargnées.

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Il ne faut surtout pas oublier que l’humain mourait également dans de nombreux accidents occasionnés par trop peu de précautions et si peu d’intérêt pour les prévenir. L’humain était une bête facilement sacrifiée au nom de la moindre convoitise. Les accidents faisaient partie des « risques du métier », comme on disait à l’époque.

Le sixième fléau occasionne moins de victimes que les autres. Cependant, il est certainement le plus monstrueux de tous. Les homicides de toutes natures se perpètrent au quotidien sans accalmie aucune. Ils surviennent dans toutes les régions du monde. Bien sûr, certains pays ont des bilans à décrocher les mâchoires. Les pires endroits concernés se retrouvent surtout en Amérique du Sud où les systèmes politiques, policiers et judiciaires auraient urgemment besoin d’une version 2.0.

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Avant notre ère moderne, à cause de la conjugaison de toutes ces causes mortelles, l’humain se reproduisait comme un lapin afin d’espérer conserver au bout du compte quelques descendants aptes à poursuivre la lignée. La survie de l’espèce, en passant par celle de la famille, s’avérait fortement compromise.

Aux époques anciennes, la Terre était vaste, grandement inhabitée et ses ressources semblaient illimitées, mais de nos jours cette belle naïveté n’a plus sa place. Nous savons maintenant que la Terre est très petite en regard à notre population actuelle.

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Paradoxalement, l’avènement de la machine censée nous déshumaniser a amené le combat contre les six fléaux présentés précédemment. Chaque humain est devenu plus que jamais un être important qu’il faut protéger contre tous ces fâcheux événements. Ainsi est survenue la surpopulation mondiale. L’humain dans son ensemble ne se reproduit plus autant qu’auparavant, fort heureusement, mais les batailles contre la mort se gagnent bien plus souvent qu’elles ne se perdent.

Les six monstres continuent et continueront de nous tuer. Cependant, pour la plupart d’entre eux, ils n’ont rien de comparable à ceux d’autrefois. Des organismes nationaux et internationaux dirigent la lutte aux pandémies. Les guerres se font à coups d’unités d’élite plutôt qu’avec des troupes de chairs à canon. L’excellente hygiène quasi généralisée protège les populations contre la prolifération de foyers d’infection. Les causes des accidents de travail sont traquées et éliminées. Les alertes aux cataclysmes permettent aujourd’hui aux gens d’évacuer à temps les zones à risques. La médecine moderne protège, répare et guérit les individus. La qualité de vie rend les homicides plus rares.

Pour la grande majorité d’entre nous, aujourd’hui nous vivons dans l’insouciance. Notre vie est exempte de la plupart des problèmes occasionnés par ces fléaux. Alors qu’adviendra-t-il de nous lorsque l’un d’eux frappera sans avertissement ?

Nous avons perdu nos techniques de survie. Nous croyons vivre des malheurs alors qu’ils ne sont qu’insignifiances à comparer aux grandes catastrophes. Nous avons déprogrammé notre débrouillardise, nous nous sommes ramollis, nous vivons en pachas et nous l’ignorons.

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Lorsqu’un grave fléau s’abattra sur nos populations, une bonne partie d’entre elles mourra simplement parce qu’elle ne saura plus comment réagir. Elle se plaindra au lieu de prendre le taureau par les cornes. Elle attendra du secours plutôt que de se battre pour sa survie et pour celle de ses proches. Elle se découragera quasi instantanément, si peu habituée à surmonter des difficultés majeures de ce genre.

Il restera bien sûr des survivants et parmi eux, on pourra compter sur ceux qui se seront battus de toutes leurs forces avec l’énergie du désespoir, avec le désir profond et inaltérable de transcender les difficultés, quelles qu’elles soient. Ces survivants redéfiniront de nouvelles façons de vivre où l’on verra toujours la vie aussi précieuse, mais aussi que chaque vie doit se prendre en mains sans devoir attendre une aide providentielle qui n’arrive jamais dans des circonstances exceptionnelles de grande envergure. Les rescapés ajouteront leurs batailles à celles des autres. Ils se créeront une existence où ils ne deviendront pas un pénible fardeau ni une inutilité braillarde.

Tous, ils retrousseront leurs manches comme nos ancêtres savaient si bien le faire. Tous, ils verront la vie comme une bataille chèrement gagnée et non comme un dû gratuit et inaliénable. Tous, ils cesseront leurs jérémiades individualistes pour véritablement devenir des battants solidaires.

Attendez-vous cependant à ce que le prix à payer soit incommensurable, car malheureusement, il faudra que survienne une très grande catastrophe pour qu’une fois de plus nous puissions passer à un stade supérieur de notre évolution.

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Craindre la peur

L’amour n’est pas le plus puissant moteur des humains, c’est la peur. Parc qu’il faut survivre afin de pouvoir se reproduire, la peur agit en dictateur sur les émotions, et en colonel sur le plan décisionnel. Même lorsque le danger est passé, la peur continue d’œuvrer en arrière-plan.

La peur, vient toujours de l’autre. On n’a jamais peur de soi-même ou de ses propres décisions, à moins d’agir en crétin devant une caméra pour tenter d’infester internet avec un virus visuel insignifiant.

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Autrefois, la survie dépendait de la rapidité à reconnaitre le danger. Pour déclencher instantanément sa peur de l’autre, on a appris à fabriquer des étiquettes facilement reconnaissables. Aujourd’hui, nous utilisons encore et toujours cette méthode même si l’ennemi ne porte plus des crocs en forme de sabre, des cornes capables d’embrocher trois personnes à la fois ou des griffes pouvant décapiter un individu d’un seul coup.

Aujourd’hui, l’étiquette n’est pas basée sur un danger évident, mais sur une simple différence. « Il n’a pas ma couleur de peau, c’est une femme, il n’est pas né ici, elle est pauvre, il s’habille autrement ». Nous craignons des dangers inventés de toute pièce, afin de perpétuer une technique de survie millénaire, mais décalée par rapport aux défis qu’a véritablement à affronter l’humain moderne.

Paradoxalement, notre espèce néglige de voir de véritables dangers capables de l’anéantir. J’ai suffisamment parlé des changements climatiques dans mes chroniques pour ne pas être obligé de préciser davantage. La question est pourtant de savoir pourquoi cette incurie, cette négligence crasse, ce jemenfoutisme presque généralisé ?

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Pourquoi sommes-nous prêts à défendre si vaillamment une banalité et si mollement un danger extrême ?

Ma réponse est que le vrai danger émane de nous-mêmes, pas des autres. En attaquant le danger, nous devons attaquer sa cause qui s’avère n’être nulle autre que nous-mêmes.

Malgré leur ressemblance, les mots « humain » et « humilité » ne font pas bon ménage. Si vous lisez mes articles sur une base assez régulière, vous savez que je fonde peu d’espoir sur les chances de survie de notre espèce. Nous sommes trop imbus de nos réalisations et fiers du chemin accompli pour changer une recette gagnante pour une nouvelle façon de vivre non éprouvée.

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Et voilà ! Encore et toujours la peur ! La peur d’agir différemment, d’oser changer de méthodes, d’admettre nos erreurs, de regarder la réalité en pleine face, la peur de reconnaitre nos laideurs, la peur de baser notre estime personnelle sur nos futures décisions plutôt que sur nos prétendus succès du passé.

Nous ne cesserons jamais d’avoir peur, mais nous pouvons changer ses raisons. Aujourd’hui, pour survivre, nous devons craindre nos vieilles peurs, tout comme nous devons craindre nos actuelles insouciances, car le vrai danger se situe exactement là… que nous l’acceptions ou pas.

Une recette éculée

Ce qu’on appelle la civilisation humaine a réellement commencé à exister lorsque des peuplades se sont sédentarisées en adoptant un changement radical de comportement par rapport à leur nourriture.

Lorsque nous étions des chasseurs-cueilleurs, nous ressemblions aux autres animaux, cherchant perpétuellement notre nourriture. Nous la trouvions, l’amassions durant la manne, l’entassions un petit moment et la consommions presque au fur et à mesure. La recherche de nourriture était constante et pour ce faire, nous suivions les migrations d’animaux, ratissions d’autres parcelles abritant des denrées mûres et pêchions en des lieux différents selon les espèces et la saison.

Chasseurs-cueilleurs

La vie à cette époque se résume essentiellement à quérir la nourriture là où la nature la dépose. Peu de réserves sont possibles, la recherche est donc perpétuelle et les affres du climat mettent gravement en péril la survie des petites communautés. Cette pression pour la survie en des lieux non délimités engendre des guerres territoriales afin de repousser un clan osant s’aventurer dans le garde-manger des autres. Chasser l’animal ou l’humain s’effectue avec les mêmes armes, seules les techniques varient un peu. La vie est rude, car elle ne laisse aucun répit. Il faut trouver de la nourriture ou crever.

Cette précarité a forcé nos ancêtres à inventer des solutions afin d’aménager un peu de répit dans leur vie. L’élevage s’est imposé comme étant une solution pleine de bon sens. On ne court plus après les animaux, on les accompagne, mais aussi on les dirige vers les bons pâturages. On crée des enclos pour les protéger des prédateurs, on les aide à mettre bas, bref on prend soin de son cheptel. Ainsi, devenir éleveur permet d’éviter les longues, complexes et dangereuses migrations de troupeaux. Nos réserves à portée de main ne sont plus mortes, mais vivantes. En transformant localement et paisiblement de l’herbe en viande, les animaux d’élevage apportent un apaisement dans les tensions entre les clans. Les lances restent affutées tandis que les habiletés des chasseurs s’émoussent.

Transhumance

L’agriculture répond aux mêmes besoins que l’élevage. Faire pousser localement et en sécurité ce dont on a besoin plutôt que de parcourir de grands territoires potentiellement dangereux.

Ainsi, le problème quotidien de trouver de la nourriture est devenu moins critique. Une famille d’agriculteurs-éleveurs parvient assez aisément à nourrir plusieurs familles. C’est alors qu’elle prend des ententes avec des voisins. Elle leur fournira la nourriture, en retour elle recevra la protection des guerriers, de l’aide pour la construction de sa cabane, on l’aidera à s’approvisionner en eau, on lui construira des outils plus performants pour atteler ses animaux, creuser sa terre ou transporter sa production. Et voilà comment les métiers spécialisés se sont créés, ainsi que l’économie basée sur une évaluation de la valeur des travaux de chacun. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la civilisation.

Vieux-outils

Toutefois, quelque chose d’important a basculé. Lorsque les richesses étaient éphémères parce que périssables, les individus ne restaient pas riches très longtemps. Mais un outil en bois, ça se conserve. Il est donc possible d’accumuler des biens sans perdre leur valeur avec le temps.

Avec le talent et l’imagination, les techniques des artisans se raffinent. Ils deviennent plus productifs et ils échangent une plus grande quantité de biens qui, personnellement, ne leur serviraient absolument à rien. Que faire de 42 haches lorsqu’on n’a que deux bras, sinon de les échanger pour des biens diversifiés ? Une plus grande hutte, un atelier plus fonctionnel, plus de nourriture, plus d’aides, etc. Le troc, l’asymétrie des échanges a finalement favorisé la création des monnaies et devises et conséquemment leur accumulation.

Vous pouvez le constater, rien n’a vraiment changé depuis ce temps. Nous en sommes encore à la case 2 d’un grand jeu qui pourrait en contenir bien d’autres. Nous agissons encore aujourd’hui comme nos lointains ancêtres qui se sont affranchis de la chasse-cueillette pour adopter un style d’économie basé sur la spécialisation des tâches et l’accumulation de richesses impérissables.

Nous agissons depuis plus de dix mille ans à complexifier un système économique basé sur la croissance continue sans vraiment le transformer à cause de l’abondance des territoires et des ressources.

Ce système est resté fonctionnel tant que la Terre parvenait à offrir de nouveaux endroits à conquérir. On comprend donc la frénésie engendrée par la découverte du Nouveau Monde.

Ce n’est plus le cas. La planète ne suffit plus à la tâche. Pourtant, on ne voit aucun changement notable à l’horizon, car rien n’est plus difficile à oublier qu’une vieille recette gagnante datant de dix mille ans, même lorsqu’elle nous fait perdre. La solution inventée pour l’occasion est honteuse. On dissimule les pertes et l’on rend les gains ostentatoires.

Bilan

Nous refusons de regarder tous les effets de nos actions. Nous calculons tous les revenus en omettant de comptabiliser plusieurs dépenses. Les effets négatifs des industries sur la nature n’ont jamais été pris en compte ou ne le sont que depuis très récemment et de façon très parcellaire. La compétition encourage les industries des pays aux lois environnementales laxistes, pourtant la pollution est mondiale. En polluant son air, un pays comme la Chine pollue le nôtre et pourtant nous ne lui imposons aucun tarif. Nous préférons ne pas adopter de nouvelles lois environnementales plus contraignantes plutôt que d’exiger de tous les pays qu’ils se mettent à niveau s’ils veulent continuer d’exporter leur production.

En donnant une valeur au carbone via sa bourse, nous fixons un prix à la pollution afin de comptabiliser toutes les dépenses entrant dans la réalisation des biens de consommation. Les activités industrielles contractent une dette auprès de l’environnement, car elles le dégradent. Il est tout à fait naturel de rajouter cette dépense dans les rapports financiers des entreprises. 

Nous avons vécu et agi d’une certaine manière durant dix mille ans et celle-ci nous a apporté la prospérité. C’est difficile à accepter de changer sa façon de voir le succès, mais est-ce si difficile à comprendre que cette méthode a vidé le frigo et rempli la poubelle ?

Dans les faits, le statu quo n’apparait même pas sur le bulletin de vote relatif à notre avenir. Il ne reste qu’à se demander si on place son crochet dans la seule case présente ou si on s’abstient de voter. Que vous l’acceptiez ou pas, c’est un fait, il ne reste qu’une seule option.

Seul-Choix

Il reste à savoir si nous disposons encore de temps pour mettre des changements en application. Personnellement, je crains que nous l’ayons épuisé. Alors, pourquoi s’efforcer d’infléchir le cours des événements ? Un père de famille ne se rue-t-il pas dans sa maison en flammes pour sauver les siens même s’il a conscience de l’inutilité de son geste ? Mourir piteusement ou mourir courageusement, là encore, votre vote est requis. Et qui sait ? Parfois survient l’impossible.

Serons-nous envahis sous peu ?

Pourquoi les extraterrestres ne nous envahissent-ils pas? Nous avons une planète extraordinaire et nous leur démontrons que nous sommes absolument incapables d’en prendre soin. C’est fantastique! Toutes les conditions sont réunies pour se faire irrémédiablement évincer. Exit du paradis terrestre! Étrange comment certaines écritures millénaires décrivent le certain passé alors qu’ils pourraient parfaitement correspondre au futur, un futur proche.

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Nous nous retrouvons une fois de plus à la limite de nos folies. Ce fut le cas durant les années soixante où les bombes nucléaires faisaient planer la menace réaliste d’une élimination radicale et instantanée de l’espèce humaine. Si j’avais fait partie d’une civilisation extraterrestre à cette époque, je me serais empressé d’activer la guerre totale par la ruse afin de m’emparer de la Terre une fois exempte de son pire fléau. C’était certes le moment le plus propice et réaliser ce coup d’État pour des entités venant des confins du cosmos ne devait pas poser de grands défis.

Or, à l’évidence, ce scénario ne s’est pas matérialisé et l’humain continue sa détérioration systématique du milieu qui l’a vu naitre. Mais si l’envahisseur s’est autrefois tenu à carreau, le fera-t-il une seconde fois? Oui, je sais, je postule leur existence. Ce n’est qu’une question statistique. Il est mathématiquement quasi impossible qu’ils n’existent pas. Il y a trop d’exoplanètes beaucoup plus vieilles et possédant de meilleures conditions de vie que la Terre pour croire que les extraterrestres ne sont qu’imaginaires. Et si certains peuples ont vécu des millions d’années plus que nous, il est raisonnable de penser que leurs connaissances et leurs technologies se situent bien au-delà des nôtres.

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Il est donc logique d’imaginer une grande quantité de peuples extraterrestres en train de nous observer, nous et plusieurs autres espèces scientifiquement évolutives comparables. Ils savent donc à quoi s’attendre d’un peuple belliqueux tel que le nôtre. Nous n’avons probablement pas encore touché le fond du baril galactique sinon les extraterrestres se seraient ouvertement manifestés. Tout comme dans Star Trek, leur directive (primordiale) les empêche peut-être d’agir et d’interagir. Si nous sommes voués à nous détruire, ils attendent probablement que nous le fassions par nos propres moyens sans qu’aucune société extraterrestre intervienne dans un sens ou dans l’autre.

Donc, la Terre ne sera probablement pas envahie par une horde d’étrangers avant que nous ayons pris le soin de nous effacer en quasi-totalité. Nous pouvons dormir sur nos deux oreilles, la cohabitation n’aura probablement jamais lieu. Ils n’envahiront pas la Terre avec des humains au sommet.

Il est possible toutefois qu’une petite partie de notre population survive à l’apocalypse et que les futurs maitres de la Terre l’épargne en cloisonnant les individus dans un lieu duquel ils ne s’échapperont pas. Y voir un zoo, récompense bien connue des humains pour leur faune en voie d’extinction.

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Méritons-nous toujours la Terre? En tant qu’espèce dominatrice et hégémonique, nous devrions prendre tous les moyens possibles pour la bichonner. Puisque nos actes vont dans une direction diamétralement opposée, je considère que nous n’en sommes absolument pas dignes.

On connaitra bientôt les répercussions de nos actions et inactions. Entretemps, rien ne nous empêche de les imaginer. J’y consacre beaucoup de temps et dans tous les cas je ne parviens pas à voir l’humain s’en tirer à bon compte. Sois je manque cruellement d’imagination, soit je suis trop réaliste pour inventer des histoires abracadabrantes censées remonter le moral. Entre les deux suppositions, je connais la réponse.

Je pourrais bien me passer de…

Nous devons craindre ce genre d’affirmation qui, bien souvent, si elle se réalisait, nous placerait devant des situations intenables. Vouloir se passer de quelque chose ou de quelqu’un n’apparait pas comme un désir raisonnable lorsqu’on regarde ses conséquences au-delà d’un apparent et éphémère bénéfice.

L’exemple le plus évident nous vient probablement de la météo. Lorsqu’il pleut plusieurs jours d’affilée, ça peut paraitre très déprimant, mais s’il ne pleuvait plus, imaginez le malheur. Vouloir se passer de la pluie consiste à vivre sur une planète stérile et inhabitable.

Les moustiques font également partie des mal-aimés de ce monde. Pourtant, sans ces satanées bestioles au bas de la pyramide alimentaire, oubliez tout le reste plus gros qu’une mouche. Dans cette chronique je m’efforcerai donc d’éviter de chercher à me passer de certains trucs qui, s’ils disparaissaient réellement, me causeraient les pires difficultés et par ricochet, à vous aussi.

Alors je commence en affirmant que je pourrais bien me passer… des boissons gazeuses sucrées ou édulcorées. Les unes et les autres n’ont aucun avantage, pas même celui de désaltérer. Quant aux ravages sur la santé qu’elles provoquent, ai-je besoin de vous les rappeler? Je n’en bois pas une seule goutte, diraient ceux qui me connaissent. Exactement, vous qui en consommez, vous vous sentiriez bien mieux si vous vous en absteniez, occasionnant du même coup une amélioration significative dans nos relations. Oui, sachez qu’il faut savoir analyser plus loin que le seul premier degré.

Quoi d’autre? Hum! Je pourrais bien me passer… des saveurs artificielles. Ce n’est pas comme si nous habitions un vaisseau spatial en route vers une planète hypothétique et que nous devions nous aménager de la variété qui n’existe pas à bord. Sur terre, nous possédons tous les produits imaginables pour pouvoir en extraire leurs saveurs naturelles. Et en plus, ces pâles imitations des saveurs originales goûtent généralement la chose qu’il s’avère impoli d’écrire. Quant à leur toxicité possible, on en apprend chaque jour davantage sur le sujet. Je lève mon chapeau aux chimistes pour leurs exploits, mais ils ont également inventé la mort-aux-rats. Ils semblent bien meilleurs à inventer des poisons que l’inverse. Normal, tout ce qui nous est réellement bon et utile, la nature l’a déjà inventé.

Je pourrais bien me passer… d’une bonne partie du suremballage. Emballer des produits, assembler des produits emballés, assembler des assemblages de produits emballés, assembler des assemblages d’assemblages de produits emballés, vous voyez le topo. Déjà, je trouve aberrant de tout emballer en format individuel. Jus, fromages, gâteaux, croustilles, yogourts, noix, lasagnes, pâtés, etc. Oui, préparer mon lunch en piochant dans de gros emballages m’oblige à y consacrer un tout petit peu plus de temps que si je ramassais juste des contenants individuels, mais ce petit sacrifice en vaut vraiment la peine.

Celle-là, je vais gagner votre assentiment. Dans le cas contraire, vous êtes un des leurs. Je me passerais bien… des missionnaires à ma porte le samedi matin. Je ne veux pas dresser une liste des pires casse-pieds de la planète, mais je considère tout type de missionnariat comme une grave atteinte à la sérénité et à la liberté des gens. Vous, adeptes des habits et cravates noires, du porte-document mince, des robes grises au mollet, de la coupe de cheveux des années 1960, croyez en ce que vous voulez, mais croyez-y derrière votre propre porte de logement, pas devant la mienne. Ça me fait penser à cet idiot de John Chau en 2018 qui voulait évangéliser les Sentinelles de l’ile de North et qui est mort de plusieurs flèches dans le dos. Difficile de ne pas rire du crétinisme de l’individu. Tiens, ça me donne l’idée d’organiser un beau voyage exotique pour tous les missionnaires du samedi! Devinez où je les amènerais pour leur première escale. Dommage, cette solution s’avère trop onéreuse pour mes faibles moyens,

Je me passerais bien…, ah! Contrairement à la précédente, celle-là, vous ne l’aimerez probablement pas. Je me passerais volontiers d’une bonne partie des êtres humains. Dire que notre nombre sur la planète a dépassé un seuil critique est un euphémisme. De toute façon, même si nos effectifs étaient coupés par dix, il me resterait encore bien suffisamment de lecteurs potentiels. On voit bien que ce ne serait pas si grave, après tout. Les méga industries écoperaient le plus de cette diminution subite puisqu’elles comptent sur une croissance ininterrompue de leurs revenus pour éponger leurs faramineuses dettes acquise en avalant leurs concurrents. Bien peu d’entre elles, sinon aucune, ne survivraient à une diminution drastique de la population mondiale.

Tiens! Voilà un avantage collatéral des plus intéressants. D’ailleurs, ces entreprises se spécialisent souvent dans les boissons gazeuses et autres produits vides et hyper transformés, elles utilisent des produits chimiques artificiels en quantités faramineuses et elles font du suremballage de leurs produits à outrance. Si 90 % des humains disparaissent subitement, ces monstrueuses créatures inhumaines créées par les gens en mal de pouvoir s’évaporeraient comme glace au soleil d’été. On peut presque dire qu’il existe de l’espoir!

Malheureusement, même si notre population se divisait par dix, il resterait encore quelques missionnaires parmi les survivants de l’hécatombe. Cependant, du même coup, il deviendrait bien plus facile d’organiser un voyage dans cette fameuse ile où ils seraient accueillis par les joyeux cupidons portant la couche et munis de leurs arcs. Bon, je sais que ce sont des pagnes, mais ça y ressemble. Ce peuple dit primitif aura certainement su rester bien vivant malgré les causes de l’effondrement des autres humains. Je les soupçonne de bien mieux savoir affronter l’adversité et les difficultés que nous, les technophiles.

Ainsi, les missionnaires auraient véritablement une mission de taille à accomplir une fois sur les lieux, celle de survivre. Mon espoir se ravive puisqu’une solution existe pour ne plus entendre parler d’eux et surtout pour ne plus les entendre parler tout court. Ouais, ces moulins à bonne parole découvriraient assez rapidement qu’au fond, nous étions pas mal tolérants à leur égard, et malgré leur ténacité légendaire, ils comprendraient enfin que se taire… c’est une vraie bénédiction!

Penser sera-t-il encore permis ?

Aujourd’hui, vous pouvez rire du titre de cet article. Êtes-vous si certain de toujours être autorisé à penser dans un quelconque avenir?

Vous avez probablement visionné le film «Minority Report» dans lequel un triplet de médiums parvient à capturer des pensées et à les associer à des événements futurs. Je ne veux pas jouer dans cette talle où des gens réussissent à voir le futur. Je préfère rester au ras des pâquerettes en abordant le sujet par l’angle technologique, du style 1984 modernisé.

Je ne vous apprends rien, du moins je l’espère, si je vous dis que tous vos faits et gestes sont déjà épiés grâce aux technologies de l’internet et surtout grâce à votre précieux assentiment par le truchement de votre accord à l’installation de licences d’applications quelconques. Pour le moment, ce suivi à la trace vous inonde de publicité plus ou moins ciblée. Ce désagrément s’avère plutôt bénin et lorsque le produit vous intéresse réellement, elle a même l’avantage de montrer une quelconque utilité.

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Qu’importe le système politique en fonction, tous les gouvernements redoutent une même chose, les soulèvements populaires. Aucune autorité étatique ne veut devoir gérer des contestations, des soulèvements, des séditions et surtout des émeutes. Pour les éviter, ils utilisent quelques trucs dont le meilleur est certainement d’éviter les abus trop répétés.

Mais le pouvoir corrompt et le corrompu refuse obstinément l’arrêt de ses activités illicites ou immorales lorsqu’il est parvenu à les rendre légales. Ayant goûté aux douceurs des avantages que procurent l’argent et la puissance, il lui en faut toujours plus, raison de ses abus immodérés. Il les camouflera un certain temps, mais plus ils seront nombreux et importants, plus ils sortiront sur la place publique. La table est mise pour faire surgir la grogne populaire tant et aussi longtemps que le peuple est encore en mesure de penser par lui-même.

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Mettez entre les mains des dirigeants des outils capables de détecter vos pensées les plus intimes par le truchement de vos activités sur le web, par vos articles, mais aussi par vos étoiles d’appréciation, par vos lectures et par votre historique de navigation. Rajoutez à cela votre historique de déplacements à partir des applications de positionnement géographique et les dirigeants possèdent tout ce qu’ils ont besoin de savoir sur votre façon de penser.

Mettez tous ces renseignements personnels dans les mains de dirigeants démagogues peu scrupuleux et vous obtenez un état totalitaire capable de résorber n’importe quelle manifestation antigouvernementale. Dans l’ancienne Union soviétique, la police comptait sur la délation de voisins et même de la famille. Aujourd’hui plus besoin de compter sur les proches puisque vous êtes votre propre délateur.

Bof! Dites-vous. Vous préférez la paix sociale aux émeutes. Peut-être, mais les changements, même les plus nécessaires, surviennent rarement de manière posée et calme, et jamais si les dirigeants s’avèrent de la pire espèce. Donc, pour avoir raison des despotes, il faut imaginer le changement et celui-ci exige de penser, de réfléchir, d’organiser et parfois d’ourdir.

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Mais comment ferons-nous si toutes nos pensées passent dans la moulinette d’intelligences artificielles triant les gens capables de fomenter le changement? Une liste des indésirables sera remise aux corps policiers spécialisés dans la répression politique qui agiront soi-disant au nom de la stabilité ou de la paix sociale.

Ça ne vous inquiète pas outre mesure puisque vous vivez dans un pays aux habitudes politiques et sociales saines et c’est tant mieux. Si vous saviez le temps requis pour passer de cet état stable à un autre où le despotisme est roi, votre niveau d’inquiétude changerait drastiquement. Aucun état n’est à l’abri d’une dérive subite vers la dictature non éclairée.

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Il existe déjà tout ce qu’il faut pour lire vos pensées et vous faire regretter d’avoir consulté tel site, d’avoir écrit tel commentaire, d’avoir aimé tel article, d’être allé à tel endroit, d’avoir répondu à tel blogueur, d’avoir fait un coucou à tel étranger, d’avoir levé le pouce à une sortie d’un membre de votre famille dans un endroit que vous ne connaissez pas, d’avoir lu tel journal, d’avoir ri d’un tel individu, de vous être abonné à tel blogueur ou à tel magazine, d’être tombé par hasard sur un site subversif en surfant sur la mer web, etc.

Cela ne devrait pas vous décourager de montrer votre appréciation en marquant cet article d’une belle étoile, en vous abonnant à mon blogue et en lisant mes pages et articles précédents. Je ne suis pas suffisamment populaire pour oser prétendre être une menace sérieuse et ça me convient. De cette façon, je garde ma liberté de penser. Du moins, pour l’instant! Lorsque je deviendrai timoré, posez-vous des questions.