Octobasse

Ce nom étrange évoque peut-être une guitare basse munie de huit cordes. Mais quand on connait la difficulté de jouer de cet instrument qui en possède cinq, on imagine mal jouer sur un modèle qui en déroulerait huit. À moins qu’il y ait deux manches, comme sur certains modèles de guitare à double manche (double neck guitar). Finalement, oublions ça, car l’octobasse n’est pas une basse ni une contrebasse… quoique là, je joue sur les mots. Effectivement, il existe une octobasse qui est une proche parente de la contrebasse. Mêmes formes avec sa caisse de résonnance, son manche, ses cordes et ses clés, son pont, etc. En fait, le mot octobasse signifie tout instrument de musique conçu pour jouer les notes d’une octave complète sous les notes les plus graves de son instrument modèle le plus grave. Et il en existe une pour la contrebasse qui est l’instrument à cordes le plus grave de l’orchestre. Une petite recherche sur le web vous permet de voir à quoi ressemble ce fabuleux et gigantesque instrument.

Vous vous souvenez du film « Twins » avec Danny DeVito et Arnold Schwarzenegger ? C’est à peu près la même image lorsqu’on place une contrebasse à côté d’une octobasse. La contrebasse ressemble à un jouet tellement sa grande sœur est énorme. Ôtez-lui une corde, placez des capots le long du manche pour remplacer les doigts qui ne pourront jamais atteindre son extrémité, grimpez le musicien sur un piédestal, donnez-lui des pédales et des leviers fermant les capots pour aider le musicien à écraser les cordes et voilà l’octobasse. Un étrange instrument inventé au XIXe siècle et qui ne s’est jamais vraiment imposé comme vous pouvez facilement l’imaginer. Son avantage est qu’il permet de projeter des notes aussi basses qu’un utØ, l’équivalent du bourdon sur un grand orgue, donc une fréquence de 16 Hz. Cette note est presque inaudible et on la ressent plus qu’on l’entend.

J’ai eu le privilège de voir et d’entendre une octobasse lors d’un concert de l’OSM (Orchestre Symphonique de Montréal) la semaine dernière pour la présentation de la symphonie n° 15 en la majeur de Chostakovitch. L’une des rares octobasse au monde, l’instrument est absolument gigantesque. Son manche s’élevait si haut qu’il frisait la rambarde du premier balcon. Seul le répertoire classique de la fin du XIXe et du XXe siècle y fait une place occasionnelle puisque sa conception remonte à seulement 1 834.

Ce type d’instrument d’exception vient enrichir notre patrimoine musical, car cette nouvelle acquisition est tout aussi spectaculaire au niveau visuel qu’auditif. Lorsqu’elle est inutilisée, l’octobasse de l’OSM est remisée au balcon de l’organiste. Elle reste donc toujours bien présente dans la salle de concert et elle partage ses moments de repos avec l’autre instrument d’exception qu’est le grand orgue Casavant de la Maison Symphonique.

Peu importe là où l’on vit, il existe presque toujours un orchestre symphonique qui offre un concert à proximité. Ne serait-ce que pour l’expérience auditive, il ne faut jamais hésiter à y aller au moins à une occasion. Vous en conserverez un souvenir inoubliable. Et si ce n’est pas le cas, racontez-moi ça.

Lire la suite « Octobasse »

L’OSM OSE

Vous reconnaissez ce sigle ? Non, ce n’est pas l’Organisation mondiale de la Santé. L’ordre des lettres diffère. Pas l’osmose, mais l’OSM ose. On touche maintenant au but. Oui, car l’OSM (l’Orchestre Symphonique de Montréal) ose nous présenter des concerts absolument divins. Et surtout, dans une salle exceptionnelle, extraordinaire, la Maison Symphonique de Montréal à la Place-des-Arts.

La musique classique a ses adeptes et ses détracteurs, je n’en ferai pas le sujet de cet article. Mais sachez qu’on retrouve régulièrement des artistes populaires de chez nous venus s’exercer à jouer avec l’Orchestre ou présenter des textes accompagnés de musique de circonstance. Que vous préfériez le rock, le métal, le hip-hop, le country ou… le classique, vous devez vivre au moins une fois l’expérience d’une matinée ou d’une soirée à la Maison Symphonique. Vous verrez, elle sera non seulement étonnante, mais absolument délirante.

Imaginez n’avoir mangé que des patates depuis toujours et soudainement, on vous convie à un festin gastronomique. La comparaison n’est pas si éloignée de la vérité. Vous n’aurez jamais entendu la musique être restituée de façon aussi divine et poignante. Sans aucun artifice technologique autre que celui des instruments, de la salle et de la virtuosité des musiciens, peu importe l’endroit où l’on se situe, les harmonies nous enveloppent, nous transportent et nous émeuvent au plus profond de notre âme.

Choisissez un concert, n’importe lequel, mais de grâce ne boudez surtout pas votre plaisir de ressentir la musique comme vous ne l’avez jamais vécue. Et si, par-dessus le marché, vous choisissez une œuvre mettant en scène l’incroyable orgue Casavant comprenant 6489 tuyaux, un tout petit peu plus qu’une flûte de Pan, alors là, vous vivrez la totale.

Si je vous ai convaincu d’aller y faire un tour, arrivez tôt et attardez-vous à admirer la beauté de la salle, la sobre douceur de son bois, ses proportions parfaites, ses formes invitant à l’épouser le temps de laisser les notes, même les plus délicates, vous envahir totalement. Elles persisteront longtemps après la fin du concert et certaines ne vous quitteront plus jamais. Le seul aspect moins plaisant, je l’avoue, c’est l’irrépressible sentiment d’avoir beaucoup trop attendu avant d’y avoir mis les pieds. Je prends donc maintenant les bouchées doubles. De fabuleuses soirées m’attendent et vous attendent tout autant. Allez-y hardiment et vous vous découvrirez un tout nouveau sens, celui de l’écoute, celui qui n’a jamais vraiment bien écouté, celui qui saura maintenant apprécier l’art musical dans ses formes les plus symphoniques.

Lire la suite « L’OSM OSE »