La surprise des galaxies primordiales

Je fus parmi ceux qui corrigeaient la date de mise en orbite du fameux télescope James Webb dans l’article principal sur Wikipédia. J’ai par la suite abandonné cette lassante activité, car je n’en voyais pas le bout. Avec environ 340 points critiques comparativement à une cinquantaine pour d’autres télescopes spatiaux, chaque point critique étant un élément d’échec complet de la mission advenant un malfonctionnement partiel ou complet, on comprend (un peu mieux) la décennie de retard et le budget de vingt fois supérieur à celui prévu initialement. Heureusement, l’attente en valait la peine et plus personne ne chipote sur les coûts « astronomiques » après avoir constaté ses premières images et résultats tout bonnement époustouflants.

Je dois signaler le magnifique travail de la fusée Ariane 5 qui a doublé l’espérance de vie du télescope spatial grâce à la précision de son tir. Ainsi, il pourra nous abreuver plus longtemps d’images à couper le souffle lorsqu’on les compare avec celles des autres télescopes. J’insiste également sur le fait que le James Webb ne succède pas au célèbre Hubble puisque le premier observe dans les longueurs d’onde infrarouges contrairement au second qui voit principalement dans la portion visible du spectre électromagnétique.

Et justement, grâce à cette différence fondamentale, James Webb peut voir tout un tas de trucs laissés dans le noir jusqu’à présent, car l’expansion de l’univers décale la lumière émise par les objets célestes vers des longueurs d’onde plus longues. Donc, ce qui se trouvait autrefois dans le spectre visible peut maintenant être observé uniquement en infrarouge. Et plus on remonte loin dans le passé, donc au plus près du Big Bang, plus les objets s’observent, non plus en rayons visibles, mais en infrarouge éloigné.

Et du coup, à des distances immensément éloignées, une surprise de taille nous attendait. Alors qu’Hubble nous montrait au mieux de ses capacités des galaxies ayant un degré de mochitude élevé (j’ai emprunté ce terme à David Elbaz), James Webb nous fait voir des galaxies bien plus immenses que prévu et apparemment mieux formées.

Les astrophysiciens n’y comprennent plus rien. Leurs modèles de formation des galaxies viennent de voler en éclats, car selon ceux-ci, les plus vieilles d’entre elles devraient plus ressembler à celles présentées par Hubble qu’à celles observées par James Webb.

J’ai lu quelque part que ces résultats remettaient même en cause la théorie du Big Bang alors que rien n’est plus faux. Une multitude d’autres évidences n’ayant rien à voir avec les galaxies primordiales ne sont aucunement réfutées ni même ébranlées par ces nouvelles images. Oui, les astrophysiciens doivent absolument refaire leurs modèles de formation des galaxies. Ils devront peut-être même revoir l’âge de l’Univers actuellement estimé à 13,8 Ga, mais en aucun cas le télescope James Webb n’a pris en défaut le principe du Big Bang.

L’étendue et la qualité de nos connaissances dépendent de la fabrication de nouveaux instruments complémentaires et de plus en plus performants. Puisque le vénérable Hubble vit actuellement sa dernière phase active, on devra bientôt lui fournir un véritable successeur. Pour ce faire, la NASA planche actuellement sur le télescope spatial Nancy-Grace-Roman dont sa mise en orbite initialement prévue pour 2025 est maintenant planifiée en 2027. Tous espèrent que l’expérience acquise avec le Webb permettra d’éviter dix années de retard. Deux suffiront amplement à éprouver notre patience.

Nouvelles fusées, charges moindres

Elon Musk, le propriétaire de SpaceX a revu à la baisse la puissance de sa prochaine fusée, la Big Falcon Rocket (BFR), alias Big Fuckin Rocket, de 150 à 100 tonnes de charge utile en orbite basse.

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Big Falcon Rocket

 

Au début du projet, elle était censée détrôner la mythique Saturn V du programme Apollo des années 1960-1970, la plus puissante fusée jamais construite et utilisée.

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Saturn V

 

Ni Ariane 5 ni Falcon Heavy ni Delta 4 Heavy ne rivalisent avec la fusée de Herbert Von Braun et voilà que la BFR est également retirée de la course. Quant au projet de la fusée Ares V censée être 60 % plus puissante, il est mort dans l’œuf en 2011. Pour les Européens et leur future fusée Ariane 6, sa charge utile sera une fraction de celle d’Ariane 5. Comme quoi, le défi relevé par l’équipe du père des V1 et V2 allemands a été totalement incroyable pour l’époque. Cinquante ans plus tard, on ne parvient toujours pas à rééditer l’exploit.

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Ariane 5

 

En parlant d’exploit, demain nous assisterons au centième lancement d’une fusée Ariane 5 depuis la base de Kourou en Guyane.

Je dois cependant avouer être un peu de mauvaise foi. Je suis certain qu’on pourrait construire une fusée plus puissante que la Saturn V, toutefois la rentabiliser resterait difficile, raison pour en construire des moins puissantes, des moins dispendieuses et des plus rentables.

Cependant, le choix de diminuer la puissance des lanceurs retarde la possibilité de construire de vastes structures spatiales ou martiennes afin de coloniser Mars de façon permanente puisqu’il demeure plus avantageux de remplir une grosse fusée au maximum de sa capacité que d’en lancer deux ayant chacune moitié moins de charges utiles. Il sera également impossible de transporter là-haut de lourds modules, ce qui limitera le genre de technologies utilisables.

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SLS

 

Il ne reste plus dans la course que la fusée SLS de la compagnie Lockeed Martin, toujours en conception et promise pour fin 2019, pour battre le record de satellisation en orbite basse de 118 tonnes. Dans sa première version, elle est calculée pour lancer en orbite basse une charge utile atteignant seulement 70 tonnes. Éventuellement, elle pourrait transporter jusqu’à 130 tonnes et viendrait ainsi reléguer aux oubliettes les records du célèbre lanceur du programme Apollo. Toutefois, beaucoup des projets ne se sont jamais concrétisés et la SLS Block 2 pourrait bien faire partie de ces mort-nés. Cette nouvelle génération de fusée est prévue dans le cadre d’un retour des missions habitées vers la Lune. Le premier vol prévu sans équipage devrait amener la capsule Orion dans les environs de notre Satellite dès la fin 2019, début 2020.

La fusée Saturn V possédait également la capacité d’envoyer 47 tonnes sur une orbite de transfert. J’ignore si la SLS pourra faire mieux.

Tous ces efforts et tous ces argents investis dans des technologies rudimentaires tendent-ils à confirmer l’inexistence de rétro-ingénierie sur des ovnis équipés de propulseurs exotiques à antigravitation? Vous pouvez en apprendre plus sur l’antigravitation en lisant ma série de trois articles traitant du sujet.

Antigravitation — 1: Ce qu’elle est et n’est pas

Antigravitation — 2: La piste de l’antimatière

Antigravitation — 3: La solution

Le fil cassé d’Ariane

La fusée européenne Ariane 5 est l’un des meilleurs lanceurs de satellites sur le marché, mais l’offre devient de plus en plus grande et le dernier succès de la fusée Falcon Heavy de SpaceX n’arrange en rien la position de plus en plus précaire d’Arianespace qui ne recycle pas les premiers étages de ses fusées et qui verra donc ses coûts de lancement largement dépasser ceux de cette concurrence.

Par contre, on pouvait compter sur la fiabilité de la marque Arianespace. Ce n’est plus tout à fait le cas avec le demi-échec du vol VA 241 de janvier dernier qui a propulsé deux satellites sur de mauvaises orbites.

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La bonne nouvelle vient de tomber. La fiabilité de la fusée Ariane 5 n’est pas remise en cause, car l’erreur est due à un mauvais paramétrage. La mauvaise est qu’Arianespace a quand même manqué à ses devoirs de contrôle de qualité.

J’ai suffisamment travaillé longtemps en contrôle de la qualité pour savoir exactement ce qui s’est produit. Les modules contenant des programmes informatiques sont conçus pour être compilés. À partir de ce moment, il n’est plus vraiment possible de le modifier sans retourner au code source, faire les modifications, le compiler et le redéployer.

Cependant, pour ajuster les paramètres de vol des fusées qui varient d’un lancement à l’autre, ces modules comportent des valeurs pouvant être modifiées de l’extérieur du module sans altérer son code source. Ce sont les paramètres du code source.

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Concernant le dernier échec d’Ariane 5, on a omis de modifier certaines valeurs de ces paramètres pour les rendre conformes au plan de vol.

C’est la base d’une planification de vol. L’erreur est tellement stupide qu’elle a immédiatement démontré l’amateurisme du groupe du contrôle de qualité d’Arianespace. Entre ça et une erreur de conception, c’est évidemment mieux puisque la fusée n’est pas interdite de vol. Pour les clients par contre, il y a de quoi les rendre nerveux, suffisamment pour lorgner ailleurs. Et c’est là qu’une bêtise anodine prend toute son importance, car en aérospatiale, les bêtises idiotes ne doivent jamais exister. Les procédures standards d’opérations utilisées en QC (contrôle de la qualité) sont censées être suffisamment élaborées et pertinentes pour réduire à zéro les chances de rater son coup de la sorte.

Arianespace vient de servir sur un plateau d’argent ses clients les plus fidèles à ses compétiteurs qui l’en remercient certainement. Ils en profiteront pour affaiblir encore plus la réputation du consortium européen en tournant le fer dans la plaie. C’est à suivre.