Bombe à retardement : la subsidence

L’humain a construit la plupart de ses grandes métropoles à l’embouchure des fleuves, sur ses deltas. Profitant de terres arables riches, de dénivelés nuls, d’eau potable, de ports de mer accessibles et de superficies disponibles importantes et faciles à construire, ces lieux semblaient idéaux pour assurer la prospérité. Mais aujourd’hui, cette solution d’un autre siècle se retourne contre tous ceux qui l’ont privilégiée, c’est-à-dire la moitié de la population urbaine du globe.

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Au Moyen Âge, l’art de la guerre exigeait la construction des agglomérations autour de châteaux eux-mêmes construits la plupart du temps au sommet de pics rocheux. Les cités fortifiées ainsi créées se retrouvaient habituellement loin des océans et le grand défi à relever à l’époque consistait à les approvisionner en eau potable.

Aujourd’hui, les villes modernes ont apparemment résolu le défi de l’eau en se positionnant sur des deltas, mais la réalité les rattrapera toutes bientôt. Cette «bonne idée» a peut-être réglé quelques problèmes liés à l’eau potable et à l’accès à la mer et à ses ressources, mais elle en a engendré bien d’autres qui commencent à devenir évidents pour les 136 agglomérations côtières de plus d’un million d’habitants réparties partout sur les pourtours des continents.

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Le premier constat négatif vient de la subsidence naturelle des deltas. C’est l’affaissement lent du sous-sol sous le poids des sédiments. Cependant, la présence humaine dans les parages des deltas accélère fortement ce phénomène naturel puisque les villes et ses usines pompent les eaux de la nappe phréatique sous-jacente. Le sol s’enfonce partout à vitesse grand V et ce résultat est permanent et irréversible.

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Plusieurs métropoles comme Tokyo, Osaka, Shanghai, La Nouvelle-Orléans et Jakarta ont toutes perdu de trois à quatre mètres de hauteur par rapport à l’océan tout près. La plupart des cités ont limité sinon interdit tout pompage d’eau de leur sous-sol, mais la subsidence naturelle ne cesse tout de même de se poursuivre et un sol affaissé ne retrouvera plus jamais sa hauteur d’origine.

Les sédiments du sous-sol se tassent graduellement sous leur propre poids, mais également sous la masse des gratte-ciels et d’autres méga- constructions bétonnées. À Shanghai, les autorités nient catégoriquement cet effet anthropique, et ce malgré l’avis officiel de son propre centre d’études qui mesure et rapporte les résultats scientifiques sur le phénomène.

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Le danger le plus évident de ces affaissements de terrains à proximité des océans est l’envahissement par l’eau de mer lors de typhons. Partout, les inondations sont rendues inévitables.

Mais voilà que d’autres conséquences d’ordre anthropique se conjugueront pour amplifier les effets des inondations, car non seulement les sols s’enfoncent, mais le niveau des océans grimpe.

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La température plus élevée de l’eau de mer augmente son volume. La fonte des glaciers et des masses de glace en Antarctique et au Groenland fait remonter le seuil océanique. Depuis un siècle, ce niveau s’est déjà accru de 20 cm et le phénomène s’accélère.

À cela, il faut rajouter la violence plus importante des grandes dépressions dont leurs ondes de tempête s’élèvent de plus en plus haut, ravageant les structures humaines toujours plus profondément dans les terres.

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Certaines grandes métropoles disparaitront très certainement et ces événements ne se produiront pas dans un avenir si lointain, car toutes les causes néfastes ne cessent de croitre en importance. L’ouragan Sandy qui a mis New York à genoux n’est qu’un hors-d’œuvre parmi un banquet de catastrophes à survenir. Bien sûr, la mégalopole s’est maintenant remise, mais imaginez d’autres cités plus vulnérables frappées à répétition par des inondations monstrueuses.

Un jour, les autorités décrèteront plusieurs secteurs inaptes à être reconstruits et ces villes perdront leur influence au profit de d’autres, mieux situées, plus sûres à long terme, moins susceptibles d’être victimes des colères océaniques et à d’autres cataclysmes, dont je m’évertue à en faire régulièrement étalage dans ce blogue.

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Reviendrons-nous aux solutions moyenâgeuses? Construire nos nouvelles villes au sommet de collines, de montagnes non volcaniques, de pitons de granit quasiment indestructibles? Les défis reliés à l’eau resteront toujours nombreux, peu importe le lieu choisi. Toutefois, est-il vraiment nécessaire de faire vivre les individus si près des océans? Ça n’a jamais été une nécessité, seulement plus simple, regardée à court terme sur la durée de vie d’une ville.

La catastrophe Cascadia

On pourrait croire à une rumeur, comme il en existe des milliers sur internet provenant de gens en mal de célébrité ou de revenus provenant d’une vidéo mal foutue mise sur YouTube.

Pourtant, ce dont je vais vous parler n’est pas du tout une farce ou une rumeur infondée et elle concerne une catastrophe naturelle encore plus importante que celle ayant engendré un tsunami dévastateur en Indonésie en 2004, mais cette fois-ci, le malheur frappera l’ouest du Canada et des É.-U.

Pâtiront de ce cataclysme, les villes populeuses de Vancouver, Seattle, Portland et Tacoma. Cependant, des dégâts majeurs et des pertes de vies par dizaines de milliers se produiront sur une longueur de 700 km le long de la côte ouest-nord-américaine. Les autorités des deux pays sont au courant depuis un bon bout de temps, mais on n’évacue pas des millions de personnes réparties dans une région aussi grande que la France sans raison évidente à très court terme.

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Je parle d’un séisme comme nous en avons peu connu. Les experts évaluent la magnitude du séisme déjà nommé Cascadia à 9,2 sur l’échelle Richter. En comparaison, le méga séisme de 2004 avait une magnitude de 9,0. Le cataclysme Cascadia correspondrait au troisième plus important séisme enregistré de notre histoire.

Pourquoi cette prévision n’est-elle pas une rumeur? Voici les faits. En l’an 1700, un terrible tsunami a dévasté le Japon ainsi que la côte ouest-américaine. Des légendes amérindiennes et des écrits japonais en ont attesté. Les géologues ont pu relier ces deux événements à un seul cataclysme de magnitude approximative de 9,0 survenu près des côtes américaines. D’autres cataclysmes d’amplitudes comparables se sont produits au même endroit à des époques plus lointaines. Ces séismes de très grandes amplitudes attestées par des preuves géologiques laissées par les tsunamis ont une récurrence d’environ 240 ans.

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Ainsi, autour des années 1940, un autre séisme de cette nature aurait dû se produire, mais ce ne fut pas le cas. Ce retard de 78 ans augure très mal puisque l’énergie continuant de s’accumuler à un rythme constant, lors de sa libération, elle en sera d’autant plus importante, de là l’évaluation du 9,2, une prévision très réaliste vu la longueur importante de 700 km de la rupture qui l’engendrera.

De fait, la cause de ces séismes de grande amplitude est bien connue. Le restant d’une vieille plaque tectonique nommée Juan de Fuca plonge sous la plaque nord-américaine qui se déforme sous l’énorme pression occasionnée par le frottement des plaques l’une sur l’autre. Lorsque l’élasticité de la plaque nord-américaine atteindra son point de rupture, elle décrochera en libérant toute l’énergie qu’elle aura accumulée durant ces 318 années le long des 700 km que mesure la plaque Juan de Fuca (ligne rouge).

Cascadia1.pngLa Colombie-Britannique et les états américains de Washington et de l’Oregon seront les premiers touchés par ce séisme, mais aussi par le tsunami dévastateur qui frappera les côtes seulement une quinzaine de minutes après le méga tremblement de terre. Bien peu de gens des basses altitudes auront le temps et l’opportunité de fuir vers des lieux surs à hauteur suffisante pour éviter les flux et reflux meurtriers.

Les organismes comme l’USGS (US Geological Survey)) et le FEMA (Federal Emergency Management Agency) ne peuvent rien faire pour éviter cette catastrophe. Ils installent des pancartes le long des côtes pour indiquer aux gens vers où s’enfuir. Ils organisent les futurs secours, mais s’ils voulaient réduire de façon importante les victimes, il faudrait évacuer les habitants de la côte ouest-nord-américaine sans connaitre pour combien de temps. On parle donc d’un déménagement permanent et non d’une simple évacuation. Puisque cela ne se produira pas et que le séisme frappera sans prévenir, le nombre de victimes sera conséquent.

Photos : geide.asso.frsciencealert.comexpress.co.uk