D’entrée de jeu, une précision très importante. Lorsqu’il est question d’inversion des pôles dans l’actualité, il est toujours question des pôles magnétiques de la Terre, jamais des pôles géographiques. Certains JeConnaisTout semblent incapables de faire la différence entre les deux types. Ils font ainsi toutes sortes de prédictions stupides à partir d’une fausse hypothèse. Les pôles géographiques ne peuvent pas s’inverser à cause de la présence de la Lune, entre autres choses. L’impact de la Terre avec un astéroïde géant pourrait les inverser, mais on crèverait pour une autre raison que l’inversion des pôles géographiques.
Ceci étant clarifié, les pôles magnétiques, eux, certainement qu’ils peuvent s’inverser et ils l’ont fait très souvent dans le passé. La dernière inversion s’est produite voilà 780 000 ans. Comment est-ce possible de savoir ces choses alors qu’il n’y avait personne pour s’en rendre compte ?

Les planchers océaniques se renouvellent à partir des dorsales qui rejettent de la lave. Les particules ferromagnétiques de cette lave sont sensibles au champ magnétique terrestre et s’orientent selon ce dernier. Lorsque la lave durcit, les particules figent en conservant pour toujours leur orientation magnétique. Il ne reste qu’à lire cette orientation et à mesurer le temps géologique déterminé par la distance séparant les particules aimantées de la dorsale. Connaissant la vitesse à laquelle le plancher océanique se régénère, on obtient le temps. Voilà comment on parvient à mesurer le moment où la dernière inversion et toutes les précédentes se sont produites.
Depuis quelques années, le nord magnétique s’affole. Il se déplace très rapidement du Canada vers la Sibérie. C’est l’un des signes précurseurs d’une inversion, ou à tout le moins d’une excursion si le pôle magnétique se déplace, mais ne bascule pas. Il y a eu 7 excursions depuis le dernier basculement. Les inversions ne semblent pas suivre de périodicité. Certaines inversions furent très rapides, alors que d’autres ont pris encore plus de temps que la dernière dans laquelle nous vivons aujourd’hui. On ne peut donc pas les prédire à partir d’un cycle stable.
Mais le problème ne vient pas de l’inversion des pôles si on exclut l’obsolescence des boussoles. Il vient de l’affaiblissement du champ magnétique avant et après l’inversion. La force du champ magnétique diminue actuellement de 5 % par décennie, 10 fois plus vite qu’avant 1980. De plus, le pôle Nord magnétique se déplace actuellement de 90 km par année du Canada vers la Sibérie. Tous ces signes sont précurseurs d’une inversion qui semble survenir beaucoup plus rapidement qu’imaginée auparavant. La Terre pourrait aussi adopter plusieurs pôles magnétiques Nord et Sud durant l’inversion comme on le voit ici sur la simulation numérique.

Un champ magnétique plus faible nous protège moins bien des rayons cosmiques et des tempêtes solaires. En haute altitude, comme en avion, nous serons laissés pratiquement sans aucune protection. Et même sur le plancher des vaches, cette protection moindre ouvrira la voie à de multiples conséquences au niveau de notre santé, dont de multiples cas de cancers.
Images : le-veilleur.com; maxicours.com; sites.google.com
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