On le sait tous, depuis la pandémie, les prix à la consommation ont explosé.
Certaines hausses peuvent s’expliquer, tandis que d’autres s’inscrivent clairement dans un plan bien orchestré pour gonfler les profits au détriment des consommateurs les plus vulnérables. Et quoi de plus essentiel dans la vie que la nourriture ?
Dans l’alimentation, on a droit à la réduflation. Au lieu d’augmenter les prix, une technique qui demeure facilement détectable, on diminue les quantités sans nécessairement modifier les dimensions des emballages. Maintenant, si j’achète deux boites contenant chacune cinq barres de céréales, au lieu autrefois de six, les dix unités rentrent aisément dans une seule d’entre elles. Essayez-le, vous verrez.
Une autre technique largement utilisée est celle de l’ascenseur. Durant une semaine ou deux, on gonfle les prix de certains articles pour ensuite inventer de faux rabais en affichant les prix précédents et en les comparant avec les prix gonflés. Plus ces prix ont été artificiellement haussés et plus les économies semblent importantes. La majorité des consommateurs n’y voient que du feu, puisque les articles les plus en solde disparaissent rapidement des tablettes.
On a également droit au mensonge éhonté. Encore plus facile à mettre en place que l’ascenseur, les marchands indiquent simplement que certains articles sont à prix réduit alors qu’il n’en est rien. Ne pouvant afficher l’ancien prix puisqu’il n’a pas changé, ils se contentent tout bonnement d’ajouter un carton marqué « spécial », « prix réduit » ou « baisse de prix », mais ce n’est que de la poudre aux yeux.
L’autre technique bien connue est la disette, celle des soldes menant à des tablettes vides que les épiciers remplissent les semaines suivantes avec les mêmes articles, mais cette fois-ci, à prix réguliers et en quantité astronomiques. Combien de consommateurs se prévaudront de leur droit à obtenir un coupon rabais ? Très peu, compte tenu du temps passé à courir après les gérants qui subitement deviennent injoignables. Ces derniers se défendent en prétextant que les consommateurs ont été trop nombreux à dégarnir les tablettes. Mais si un spécial est censé durer une semaine, les commerçants doivent posséder des quantités conséquentes, alors qu’ils tombent facilement et fréquemment en rupture de stock dès la première journée.
Récemment, le gouvernement a menacé les épiciers de les obliger à réduire leur marge de profits qui est simplement devenue indécente. Mais au lieu de se conformer à cette demande, ils utilisent un florilège de stratagèmes pour passer outre sans se faire taper sur les doigts.
Ils font même courir la rumeur que plus de 50 % des articles vendus sont soldés. J’ai entendu des journalistes « sérieux » relayer cette fausse nouvelle. Pourtant, plus ce pourcentage parait élevé et plus il doit devenir suspect. C’est impossible qu’un commerçant solde 50 % de ses articles courants, et ce à moins de fortement gonfler les prix de l’autre 50 %. Leurs riches amis risqueraient de leur faire des reproches. Mais ils n’ont pas besoin d’en arriver là s’ils s’adonnent à diminuer les quantités, à fausser les prix des articles apparemment soldés ou à simplement les rendre indisponibles.
Depuis l’invention de l’argent, la cupidité a toujours existé puisqu’il est possible d’engranger plus que nécessaire sans perdre ses possessions. Les chasseurs-cueilleurs n’avaient que faire de plus de réserves qui inévitablement finissaient par pourrir. Gaspiller consistait à emprunter aux prochaines saisons des ressources essentielles. Vue sous cet angle, toute réserve en surnombre menaçait ensuite la survie de l’espèce. Il existait un frein naturel à la surconsommation, ce que l’humanité a perdu depuis le travail rémunéré en argent qu’on peut accumuler sans trop risquer de le perdre.
Mais cette cupidité devient indécente et immorale lorsqu’elle empêche la population la moins bien nantie de se nourrir décemment à un coût acceptable. Nous vivons dans des pays où l’abondance existe, mais elle est devenue inaccessible à une tranche de la population de plus en plus importante, et ce, évidemment, au profit grandissant d’une très petite minorité d’individus à l’appétit inassouvissable et au pouvoir incontrôlable puisqu’ils possèdent déjà tout, y compris le peuple, y compris ses dirigeants.