Mon dernier Salon du livre de Montréal ?

Tout comme les librairies qui se transforment peu à peu en magasin de jouets, le Salon du livre de Montréal suit cette tendance amorcée depuis quelques années par ceux qui ont ou avaient la mission de vendre des œuvres en papier.

Autrefois reléguées à l’entrée et à quelques endroits moins achalandés du plancher de l’exposition, aujourd’hui on constate que les enfants sont rois partout dans le salon.

Je suis heureux pour eux qui peuvent maintenant s’abreuver à bien plus d’œuvres que les seules bandes dessinées ou les livres pour bébé comme ce fut longtemps le cas. On trouve aujourd’hui une multitude de collections visant tous les âges de l’enfance et de l’adolescence. Mais force est de constater que le livre continue sa transformation inéluctable en jouet.

Je louvoie sur une mer peuplée d’une myriade de petites pattes effrénées. Tous les grands kiosques arborent fièrement une ou plusieurs sections pour enfants. Mondialisation oblige, les gros éditeurs de sont regroupés et ont créé des entités encore plus importantes. Ils occupent la très grande partie des mètres carrés disponibles. Quant aux petits éditeurs, ils brillent de plus en plus par leur absence à cause de leur incapacité à se payer l’espace plancher devenu hors de prix par rapport à l’espérance des ventes.

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Ce salon autrefois riche en littérature de toutes sortes restreint maintenant beaucoup son offre en l’orientant de plus en plus vers le jouet. Évidemment, l’offre suit la demande qui ne cesse de régresser pour les livres papier ordinaires de plus en plus achetés en ligne en format électronique et qui ne demandent pas de subir tous les inconvénients reliés à la fréquentation d’une foire publique.

Je constate également que le salon se dégarnit. Beaucoup de l’espace plancher est maintenant aménagé avec des aires de repos de toutes sortes. Ça détonne par rapport aux « belles » années où la fatigue des clients ne semblait pas du tout inquiéter les organisateurs tellement la demande pour obtenir un espace pour installer un kiosque était grande.

Personnellement, je constate une certaine nostalgie, mais d’un autre côté, mon esprit résolument tourné vers l’évolution me fait dire qu’elle ne fait que suivre son cours normal. Ma peine provient de mes nombreuses années à travailler dans le fascinant domaine de l’impression et de l’édition. Je m’en remettrai.

Sauf que d’année en année, je me reconnais de moins en moins dans ce qui trône sur les rayons des éditeurs. Peut-être était-ce mon dernier rendez-vous puisque je n’ai plus de kids à emmener bouquiner. L’an prochain, je pourrais en emprunter un, question de revivre la magie de la découverte des livres en papier. Par hasard, vous n’en auriez pas un à me suggérer ?

Voyez ces voisins voyous

On a des voyous comme voisins. Voilà le triste constat auquel on doit arriver lorsqu’on regarde la façon dont les autorités réglementaires et le fabricant d’avions ont comploté dans la mise en marché du type d’appareil qui s’est écrasé deux fois. La sécurité du public n’a plus jamais été un enjeu, seule l’économie a compté et voilà le résultat.

Il n’existe qu’une seule façon d’agir afin que ce comportement ignoble cesse, c’est de parler le même langage qu’eux, celui de l’argent, sinon on leur donne raison d’avoir menti, triché et tué. Pendant combien de temps doit-on les punir? Mais pour toujours, voyons! Sinon à quoi cela servirait-il de les laisser s’échapper? On ne pourra jamais prouver la négligence criminelle ayant causé la mort. Les responsables de ces décès s’en sortiront avec des frousses et du fric. L’incitatif donné aux autres dirigeants pour garder leurs mains propres est pourtant simple. «Si tu triches, tu tues ta compagnie».

Malheureusement, ceux qui ont comploté pour faire voler cet appareil défectueux, s’en tireront, tout comme la compagnie qui continuera de vendre sa camelote en la bradant aux réticents qui laisseront leurs principes au vestiaire pour parler économie d’argent, eux aussi. Le gouvernement leur viendra même en aide pour retrouver le niveau des ventes antérieur qui, pourtant, a été établi sur des mensonges.

Les gens aiment oublier et les compagnies voyous le savent, alors elles en profitent. L’honneur, l’honnêteté et la rectitude ne tiennent plus aucune place dans le type de monde dans lequel nous vivons. Nous ne valons pas mieux que ces voyous, car nous continuerons d’acheter des billets d’avion de compagnies aériennes qui achèteront encore ces appareils.

Pour ma part, je pratique la devise de notre province qui est: «Je me souviens». Je pourrais aussi dire: «Je n’oublie pas». Je n’oublierai pas cette malveillance parce que les gens qui sont décédés dans les deux accidents valent qu’on se souvienne de la cause de leur disparition. Cette cause n’est pas une défectuosité mécanique, c’est une défectuosité humaine qu’on appelle la cupidité.