L’usurier

La réputation des usuriers n’est un secret pour personne. Visages à deux faces, ils sont tout miel lorsque vient le temps de vous prêter de l’argent et de véritables crapules sans aucun scrupule si vous avez eu la fâcheuse idée de ne pas respecter les termes de l’entente verbale vous liant à l’un d’eux.

Si vous êtes habité par un vice quelconque, ne cédez jamais à la tentation de vous racheter ou de payer un autre prêt en contractante une dette auprès de l’un ces faux amis. Obtenir un prêt est d’une facilité déconcertante, mais le rembourser devient une tout autre histoire. Les taux d’intérêt faramineux vous enchainent aussi sûrement qu’un esclavagiste en maraude. Et si par chance, vous parvenez à le rembourser, il vous aura coûté la peau des fesses. Dans le cas contraire, vous venez de vous enrôler à votre insu dans une bande criminalisée. En échange de plusieurs « services », vous parviendrez à diminuer votre dette, mais vous risquez de ne jamais la réduire à néant. Si vous refusez cette avenue, vous ramperez sur le ventre sur le bitume de celle qui conduit à l’hôpital après avoir vu vos avoirs partir en fumée.

J’ai connu un de ces types. En revanche, celui-ci faisait cavalier seul, il n’était lié à aucune bande criminalisée. Un gars très poli, bonne éducation, bien vêtu, toujours sobre, au langage dépourvu de vulgarités, bref un gars des plus fréquentable. J’ai su ce qu’il faisait dans la vie assez rapidement après sa rencontre. Puisque j’étais persuadé que je ne lui emprunterais jamais d’argent, j’étais convaincu de n’avoir absolument rien à craindre.

Il ne buvait jamais d’alcool puisqu’il s’entrainait quotidiennement afin de conserver un corps fortement musclé, son principal moyen de persuasion auprès de sa clientèle la plus récalcitrante. Nous avions des conversations très intéressantes concernant la nature humaine et d’autres sujets connexes.

Lorsqu’il n’exerçait pas ce métier illégal, il vendait des produits de toutes sortes aux personnes venues s’entrainer au même gym que lui. Il recrutait ainsi l’autre partie de sa clientèle. Le gars avait une petite amie, vous savez, le genre à faire baver un eunuque ! Ils s’étaient associés pour acheter un petit resto, le fantasme de sa copine. Après environ un an, épuisés, ils l’ont vendu sans véritablement avoir gagné ni heureusement perdu trop de fric dans l’opération.

Un jour, je me suis retrouvé avec un problème. À ce moment-là, j’étais travailleur autonome et je venais de recevoir après plusieurs mois d’attente un gros chèque d’un important client. Ma banque n’a pas voulu l’encaisser à moins que je n’aille préalablement le faire certifier auprès de l’institution financière du client. Malheureusement, sachant que je venais de recevoir le chèque, je m’étais moi-même engagé à payer certains fournisseurs la journée même et leur faire faux bond, manquer à ma parole, me rendait abominablement furieux.

Alors que je discutais de ma situation avec l’usurier, il me proposa de me prêter la somme requise durant une semaine « sans intérêts », un moyen très efficace d’apaiser les réticences des nouveaux clients. N’ayant aucune crainte concernant la certification du chèque, j’acceptai son offre. J’ai donc pu payer les fournisseurs comme convenu et deux jours plus tard, une fois le chèque encaissé, je remboursais l’argent emprunté à l’usurier, non sans relâcher un profond soupir de soulagement.

Cette expérience m’a permis de tester le système de prêt usuraire sans que l’opération me coûte un sou, mais surtout j’ai analysé comment je me suis senti durant cette transaction. Pas du tout confortable, si vous voulez savoir.

J’ai perdu sa trace un peu plus tard. Un jour, un ami m’a texté pour m’annoncer que l’usurier s’était suicidé alors qu’il venait à peine de franchir le cap des quarante ans. Je me suis alors demandé qui aurait pu découvrir ce que cachait sa bonne humeur constante ?

J’ai utilisé ma connaissance de cette personne et de son travail pour créer dans mon dernier roman un personnage exerçant cette profession. Comme toujours, cela ne reste qu’une inspiration. Le vrai et le faux diffèrent passablement, mais lorsque j’animais sa doublure dans mon livre, inévitablement je pensais à lui, à cet usurier un peu hors du commun.

L’usure l’avait-il usé ? Je crois plutôt que ce fut sa quête incessante d’un idéal difficilement atteignable et encore plus péniblement conservable qui a finalement eu raison de lui. Peu importe qu’ils soient réalisés ou non, la vie nous fait toujours payer chèrement nos rêves démesurés.

Penser sera-t-il encore permis ?

Aujourd’hui, vous pouvez rire du titre de cet article. Êtes-vous si certain de toujours être autorisé à penser dans un quelconque avenir?

Vous avez probablement visionné le film «Minority Report» dans lequel un triplet de médiums parvient à capturer des pensées et à les associer à des événements futurs. Je ne veux pas jouer dans cette talle où des gens réussissent à voir le futur. Je préfère rester au ras des pâquerettes en abordant le sujet par l’angle technologique, du style 1984 modernisé.

Je ne vous apprends rien, du moins je l’espère, si je vous dis que tous vos faits et gestes sont déjà épiés grâce aux technologies de l’internet et surtout grâce à votre précieux assentiment par le truchement de votre accord à l’installation de licences d’applications quelconques. Pour le moment, ce suivi à la trace vous inonde de publicité plus ou moins ciblée. Ce désagrément s’avère plutôt bénin et lorsque le produit vous intéresse réellement, elle a même l’avantage de montrer une quelconque utilité.

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Qu’importe le système politique en fonction, tous les gouvernements redoutent une même chose, les soulèvements populaires. Aucune autorité étatique ne veut devoir gérer des contestations, des soulèvements, des séditions et surtout des émeutes. Pour les éviter, ils utilisent quelques trucs dont le meilleur est certainement d’éviter les abus trop répétés.

Mais le pouvoir corrompt et le corrompu refuse obstinément l’arrêt de ses activités illicites ou immorales lorsqu’il est parvenu à les rendre légales. Ayant goûté aux douceurs des avantages que procurent l’argent et la puissance, il lui en faut toujours plus, raison de ses abus immodérés. Il les camouflera un certain temps, mais plus ils seront nombreux et importants, plus ils sortiront sur la place publique. La table est mise pour faire surgir la grogne populaire tant et aussi longtemps que le peuple est encore en mesure de penser par lui-même.

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Mettez entre les mains des dirigeants des outils capables de détecter vos pensées les plus intimes par le truchement de vos activités sur le web, par vos articles, mais aussi par vos étoiles d’appréciation, par vos lectures et par votre historique de navigation. Rajoutez à cela votre historique de déplacements à partir des applications de positionnement géographique et les dirigeants possèdent tout ce qu’ils ont besoin de savoir sur votre façon de penser.

Mettez tous ces renseignements personnels dans les mains de dirigeants démagogues peu scrupuleux et vous obtenez un état totalitaire capable de résorber n’importe quelle manifestation antigouvernementale. Dans l’ancienne Union soviétique, la police comptait sur la délation de voisins et même de la famille. Aujourd’hui plus besoin de compter sur les proches puisque vous êtes votre propre délateur.

Bof! Dites-vous. Vous préférez la paix sociale aux émeutes. Peut-être, mais les changements, même les plus nécessaires, surviennent rarement de manière posée et calme, et jamais si les dirigeants s’avèrent de la pire espèce. Donc, pour avoir raison des despotes, il faut imaginer le changement et celui-ci exige de penser, de réfléchir, d’organiser et parfois d’ourdir.

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Mais comment ferons-nous si toutes nos pensées passent dans la moulinette d’intelligences artificielles triant les gens capables de fomenter le changement? Une liste des indésirables sera remise aux corps policiers spécialisés dans la répression politique qui agiront soi-disant au nom de la stabilité ou de la paix sociale.

Ça ne vous inquiète pas outre mesure puisque vous vivez dans un pays aux habitudes politiques et sociales saines et c’est tant mieux. Si vous saviez le temps requis pour passer de cet état stable à un autre où le despotisme est roi, votre niveau d’inquiétude changerait drastiquement. Aucun état n’est à l’abri d’une dérive subite vers la dictature non éclairée.

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Il existe déjà tout ce qu’il faut pour lire vos pensées et vous faire regretter d’avoir consulté tel site, d’avoir écrit tel commentaire, d’avoir aimé tel article, d’être allé à tel endroit, d’avoir répondu à tel blogueur, d’avoir fait un coucou à tel étranger, d’avoir levé le pouce à une sortie d’un membre de votre famille dans un endroit que vous ne connaissez pas, d’avoir lu tel journal, d’avoir ri d’un tel individu, de vous être abonné à tel blogueur ou à tel magazine, d’être tombé par hasard sur un site subversif en surfant sur la mer web, etc.

Cela ne devrait pas vous décourager de montrer votre appréciation en marquant cet article d’une belle étoile, en vous abonnant à mon blogue et en lisant mes pages et articles précédents. Je ne suis pas suffisamment populaire pour oser prétendre être une menace sérieuse et ça me convient. De cette façon, je garde ma liberté de penser. Du moins, pour l’instant! Lorsque je deviendrai timoré, posez-vous des questions.

La laideur du sport

Dans le sport, comme dans tout le reste que l’humain touche, c’est la raison pour laquelle je le déteste en général, il dénature des actes nobles par de la compétition maladive et malsaine, ce qui engendre de la triche, du trafic d’influence, de la corruption afin d’atteindre des niveaux inégalés de prestige, le tout, évidemment dans le but de décupler les gains monétaires.

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Le sport se positionne tout au haut de cette liste d’actes qui devraient être sains – le sport c’est la santé après tout – et qui sont devenus des plus contestables, soit en engendrant maladies, empoisonnements, blessures, handicaps et décès. Les sportifs sont des gens trop dopés dans tous les sens du terme pour voir clair dans le jeu de ceux qui les poussent dans le but de profiter de la manne qu’ils représentent.

Le sport d’équipe est le pire, car il donne les moyens de commettre les actes les plus antisportifs d’entre tous. Quant aux sports individuels, ce n’est plus qu’une apparence d’individualité avec les fédérations sportives, les entraineurs de haut niveau, les équipes de professionnels multidisciplinaires autour des athlètes et les équipements d’entrainement valant des fortunes que même Midas ne pourrait s’offrir.

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On est bien loin du succès individuel lorsque plus de 30 spécialistes dans tous les domaines te soutiennent et te portent à bout de bras. Dans certains cas, le talent y est pour quelque chose lorsqu’on voit certains athlètes perdurer. Sans en nommer, on en connait que ne courent pas après les balles inutiles. Ils se ménagent en sachant quels points ils peuvent se permettre de perdre et lesquels ils doivent remporter. L’intelligence n’est pas plus équitablement distribuée dans le sport qu’ailleurs.

Je ne parlerai pas de cyclisme, la mecque des nouvelles drogues et des nouvelles techniques de camouflage. C’est tout simplement une honte internationale sans nom. Je ne parlerai pas non plus de hockey, le sport national canadien aux sept équipes partageant une ligue avec 24 équipes sises sur le territoire américain. Lorsque les séries de fins d’année surviennent, on ne verra jamais deux équipes canadiennes s’affronter en finale même si le tableau le permettait. Les droits de télévision aux É.U.A. rapportent tellement d’argent à la ligue que celle-ci ne peut pas se permettre de les perdre en laissant ses deux meilleures équipes s’affronter pour la coupe si les deux villes hôtes s’avèrent être situées du côté nord de la frontière. L’arbitrage veille à ce que cela n’arrive jamais. Comment appelle-t-on ça ? Ah oui ! Vous connaissez le mot autant que moi.

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Si vous êtes un mordu de sport, vous avez toutes les chances pour que vos favoris soient dopés, trichent pour gagner ou soient manipulés pour perdre. Et vous continuez malgré tout à y mettre votre cœur et surtout votre argent en achetant des billets, des produits dérivés, en écoutant les matchs à la télé, en achetant des revues, en consultant des sites web spécialisés et en en parlant avec émotions et passions avec vos amis et votre famille.

Ce n’est que de la frime et vous mordez à l’hameçon, jour après jour, saison après saison, année après année. Plus rien n’est vrai dans le sport puisque l’argent a tout remplacé, justement en commençant par l’esprit sportif.

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Vous vous défendrez par l’argument que ce sont de bons moments de divertissement et ce n’est pas pire que lire un roman ou regarder un film qui présentent des histoires fictives, eux aussi dans le but de nous divertir. Ouais, la différence, c’est l’apparence. Les arts n’ont jamais caché le fait que leurs histoires soient de la fiction tandis que le sport prétend le contraire et ils comptent sur une armée de consommateurs crédules pour faire vivre leurs mensonges comme s’ils présentaient des moments de pure vérité.

Allons, venez me dire que vous n’avez jamais trouvé louche un penalty donné dans des circonstances plus que discutables et tout juste au bon moment pour renverser le résultat final de la partie. Les exemples sont si nombreux que la question serait plutôt de savoir si ça arrive que des penalties soient appelés équitablement dans des circonstances dramatiques sans qu’il y ait eu implication d’argent.

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Vous trouvez que j’exagère, que je suis désabusé, injuste, paranoïaque, que je n’y connais rien, que je généralise ? Pour ma part, je vous trouve d’une navrante, décevante et enfantine naïveté. En revanche, je vous reconnais le droit de dépenser votre argent et votre temps pour les causes que vous voulez. Pour ma part, enrichir sciemment les tricheurs milliardaires, ça ne rentre pas dans mes principes de vie, parce que ça leur donne raison de tricher, une leçon de vie que je ne voudrais transmettre à aucun enfant, même à ceux que je déteste, parce qu’aucun enfant ne mérite ça.

Voyez ces voisins voyous

On a des voyous comme voisins. Voilà le triste constat auquel on doit arriver lorsqu’on regarde la façon dont les autorités réglementaires et le fabricant d’avions ont comploté dans la mise en marché du type d’appareil qui s’est écrasé deux fois. La sécurité du public n’a plus jamais été un enjeu, seule l’économie a compté et voilà le résultat.

Il n’existe qu’une seule façon d’agir afin que ce comportement ignoble cesse, c’est de parler le même langage qu’eux, celui de l’argent, sinon on leur donne raison d’avoir menti, triché et tué. Pendant combien de temps doit-on les punir? Mais pour toujours, voyons! Sinon à quoi cela servirait-il de les laisser s’échapper? On ne pourra jamais prouver la négligence criminelle ayant causé la mort. Les responsables de ces décès s’en sortiront avec des frousses et du fric. L’incitatif donné aux autres dirigeants pour garder leurs mains propres est pourtant simple. «Si tu triches, tu tues ta compagnie».

Malheureusement, ceux qui ont comploté pour faire voler cet appareil défectueux, s’en tireront, tout comme la compagnie qui continuera de vendre sa camelote en la bradant aux réticents qui laisseront leurs principes au vestiaire pour parler économie d’argent, eux aussi. Le gouvernement leur viendra même en aide pour retrouver le niveau des ventes antérieur qui, pourtant, a été établi sur des mensonges.

Les gens aiment oublier et les compagnies voyous le savent, alors elles en profitent. L’honneur, l’honnêteté et la rectitude ne tiennent plus aucune place dans le type de monde dans lequel nous vivons. Nous ne valons pas mieux que ces voyous, car nous continuerons d’acheter des billets d’avion de compagnies aériennes qui achèteront encore ces appareils.

Pour ma part, je pratique la devise de notre province qui est: «Je me souviens». Je pourrais aussi dire: «Je n’oublie pas». Je n’oublierai pas cette malveillance parce que les gens qui sont décédés dans les deux accidents valent qu’on se souvienne de la cause de leur disparition. Cette cause n’est pas une défectuosité mécanique, c’est une défectuosité humaine qu’on appelle la cupidité.

La limite de la mondialisation

Toute compagnie possède deux buts et comme sur une patinoire de hockey, ils sont diamétralement opposés. Le premier est de faire des profits, une compagnie ne peut pas survivre si elle dépense plus qu’elle ne récolte. Le second but est de produire quelque chose en dépensant de l’argent afin d’obtenir ses produits vendables. Ces dépenses réduisent d’autant les profits et certains P.-D.G. y voient une foutue mauvaise chose.

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Leur solution est alors de contester chaque centime dépensé. Aucune dépense n’est sacrée, sauf leur salaire et boni, il va sans dire. La diminution des dépenses passe inexorablement par les acquisitions en avalant tous les concurrents possibles. Plus de pouvoir d’achat, moins de ruban rouge, les acquisitions se payent à même les économies d’échelle réalisées.img183

Cette stratégie fonctionne, mais jusqu’à quelle limite ? Heinz-Kraft, la première a avalé sa concurrente en 2015, vient peut-être de démontrer que ce type de gestion n’est pas une panacée et finit inévitablement par atteindre sa limite.

Pourquoi ? Tout d’abord parce que ce type de compagnies n’a rien à foutre de leur second but. Tout ce qu’elles désirent, c’est imprimer de l’argent. Ils méprisent leurs produits, alors imaginez leurs clients ! Ils ont perdu le vrai sens des affaires, celle de répondre aux besoins de leur bassin de clientèle. Alors l’arme-requin continue de fabriquer du ketchup à base de 50 % de sucre raffiné, même si l’intérêt des consommateurs pour ce genre d’antiquité d’un autre millénaire est heureusement en chute libre.93dbdc6bafbb761f018931dccbf89271be3031de

Mais puisqu’elle se désintéresse totalement de sa production, une fois encore, elle va probablement tenter d’avaler un autre concurrent, toujours dans le but de réduire ses dépenses, avant de s’étouffer définitivement avec cet achat qu’elle ne pourra plus rentabiliser à partir des économies d’échelle. Gober Kraft aura peut-être été ce geste de trop. Nous le saurons dans quelques années.

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Toute stratégie atteint un jour ses limites et celle de mondialiser son entreprise, fusionner, dégraisser, faire fondre les chairs et se désosser n’y fait pas exception. Un jour, ce type d’entreprise se transforme elle-même en géant aux pieds en Jell-O. Il restera donc à Heinz de se vendre bouchée par bouchée, s’il existe encore des gens suffisamment « scupides » pour vouloir acheter cette coquille vide ayant perdu toute valeur commerciale en même temps que son âme.

Gamines pensées, société puérile

La pensée humaine moderne reste tributaire de celle de nos ancêtres, c’est-à-dire les chasseurs-cueilleurs, puis des agriculteurs-éleveurs. Malgré toute notre évolution technologique et scientifique, nous continuons de penser comme eux, de placer nos priorités aux mêmes endroits et de prendre les mêmes moyens qu’eux pour réaliser nos projets. Voilà probablement la raison profonde de nos échecs actuels.

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La société a technologiquement évolué sans progresser dans ses paradigmes. Ceux-ci se sont avérés valables à d’autres époques et pour d’autres conditions, mais maintenant ils plombent nos projets d’avenir en nous ramenant constamment à ne regarder qu’à court terme, jusqu’au prochain repas, jusqu’à la prochaine chasse, jusqu’à la prochaine saison des semailles ou des récoltes.

Aujourd’hui, nous devons nous donner des défis indépendants des politiciens et de leurs considérations presque uniquement centrées sur leur réélection. La société a besoin de projets vus, prévus, planifiés et réalisés sur le long terme.

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Tous les quatre ans, on change la couleur des fusées et leur destination, bien plus pour des considérations d’héritage politique que pour atteindre des objectifs scientifiques et sociologiques.

Les oligarques imposent leurs vues et leurs objectifs à l’ensemble des citoyens. S’ils détestent l’épeautre, gagez que nous ne verrons jamais de pains composés d’épeautre sur les rayons des marchés. S’ils détestent l’énergie solaire, il végètera au fond des labos désœuvrés. S’ils aiment les armes, le monde vivra en guerre permanente, peu importe les efforts adverses. S’ils se foutent de l’environnement parce qu’ils se montrent incapables de comprendre comment ils peuvent en tirer profit, nous resterons tous et toujours des pollueurs exemplaires.

Force est de constater que nos vrais dirigeants, les oligarques, nous prouvent jour après jour leur incapacité à regarder au-delà du prochain trimestre et nous les laissons nous diriger, nous dire ce que nous devons faire, nous dire quoi penser, nous dire quoi aimer, nous dire comment vivre et comment mourir. Nous pensons et agissons comme des gamins, alors nous en sommes.

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Voilà où en est rendue la société humaine. En fait, elle est rendue nulle part puisqu’elle n’a pas progressé d’un seul pas depuis l’Antiquité, depuis les grottes et même depuis les savanes. Nous avons donné nos sociétés sans rien recevoir en échange à une bande d’enfants gâtés, égoïstes, totalement imbus de leur rang, incapables de la moindre empathie, du moindre projet rassembleur, des moindres pensées progressistes et nous les suivons comme s’ils pouvaient nous apporter le bonheur alors qu’ils nous enlisent dans la mouise la plus débilitante et la noirceur la plus totale.

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Nous ne reconnaitrons jamais nos erreurs, tout d’abord celle qui consiste à se laisser diriger par une bande de junkies à l’argent, et ensuite celle de continuer à les suivre docilement jusqu’au précipice où ils nous laisseront nous bousculer jusqu’à tous s’y précipiter de gré ou de force.

Ce dernier constat est pour moi le pire à accepter. Reconnaitre ses erreurs, ses gaffes, ses faiblesses est une étape essentielle dans un processus d’évolution et la société humaine actuelle reste totalement imperméable à l’autocritique et absolument incapable de choisir de nouvelles directions.

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Bien que les dinosaures aient dominé sur Terre pendant 165 millions d’années, ils n’ont pas pu s’adapter suffisamment rapidement aux nouvelles conditions, sauf une petite branche pourtant bien plus fragile, les espèces aviaires qui nous ont donné tous nos oiseaux actuels.

L’humain agit en prédateur suprême. Toutes les espèces ayant porté cette étiquette, leurs os ont terminé entre deux couches géologiques, sauf le requin ! Nous sommes les prochains sur la liste. L’Anthropocène, ou si l’on préfère le Meghalayen, aura été de très courte durée, quelques centaines d’années tout au plus.

À moins que nos sociétés se dotent d’outils pour briser leur dépendance absolue face à cette bande de caïds juste bonne à répéter la même recette ad nauseam. Cette recette, évidemment, est celle qui les avantage tout particulièrement, raison de leur collage à l’époxy sur leur siège rembourré au papier-monnaie. Que croyez-vous réellement? Qu’ils décolleront d’eux-mêmes de leur confortable siège? Qu’ils amèneront la société quelque part ailleurs où il fait meilleur? Qu’ils possèdent une vision cohérente et perspicace du futur? Votre réveil s’avérera méchamment brutal si vous croyez à ces âneries.

Notre naïveté ne peut pas durer éternellement. Notre dépendance aux décisions d’une minorité confirme notre statut de gamins. Agissons en vrais adultes, relevons nos manches et attaquons les problèmes à la racine. Enfin, donnons-nous des objectifs clairs et indépendants des classes politiques et oligarchiques. Déterminons ensemble des objectifs de société et réalisons-les, pour le bien de notre société et de tous ses citoyens.

Lorsque nous renverserons la vapeur et que ce sera la société qui dira aux oligarques et aux politiciens quoi faire et comment le faire, nous commencerons à vivre dans une société adulte. En attendant, nous ne faisons que jouer aux billes !

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L’alchimie n’est pas un mythe

Ceux qui me connaissent savent que j’ai généralement plus d’accointances avec la science qu’avec l’ésotérisme, même si je ne nie pas catégoriquement l’existence de phénomènes que la science est aujourd’hui incapable d’expliquer.

Le titre de cet article se veut donc une vérité scientifique et non pas un slogan pour vendre des livres aux contenus nébuleux. Mais tout d’abord, définissons l’alchimie.

Étymologie

Preuve que l’alchimie a intéressé bien des gens à bien des époques et dans bien des pays, l’étymologie de ce mot s’avère complexe et incertaine. Cependant, au plus près de nous, il nous a été légué par les Arabes comme beaucoup de mots possédant le préfixe al- (alambic, alcali, alcôve, algèbre, almanach). En arabe, le mot se dit (’) ăl-kīmĭyā’ et signifie «pierre philosophale». Au-delà, il vient soit du copte chame «noir» (égyptien), soit du grec tardif khêmia «magie noire».

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Une pierre philosophale est en fait une substance dont les propriétés sont censées:

– transformer des métaux communs (vils) en métaux précieux (argent ou or)
– guérir des maladies graves
– prolonger la vie au-delà de la durée normale

Ces trois fonctions ne sont pas nécessairement remplies par une seule pierre ou ingrédient.

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Un alchimiste est une personne qui s’intéresse principalement à la transmutation des métaux. Les autres propriétés recherchées de la pierre philosophale se sont peu à peu éclipsées au profit de la cupidité. Aujourd’hui, on ne retient que ce rôle.

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Il fut longtemps où les alchimistes étaient bannis, poursuivis et exécutés pour sorcellerie. On peut le comprendre, si quelqu’un pouvait changer le fer, le cuivre ou le plomb en or, les rois seraient devenus pauvres face à la fortune qu’aurait pu détenir un alchimiste et leurs royaumes seraient tombés.

Ainsi, les travaux de recherche des alchimistes se réalisaient dans le plus grand secret, ils utilisaient des pseudonymes et étaient aidés de serviteurs fidèles et discrets.

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L’un des plus grands alchimistes que le monde a connus a pourtant été l’un de leurs plus féroces pourchasseurs. Son nom vous est nécessairement connu, mais pour d’autres raisons que l’alchimie. Il est né en 1643, son nom, Sir Isaac Newton. Oui, le contemplatif des pommes tombant de l’arbre, l’inventeur des fluxions, le maitre de la gravitation universelle, le spécialiste de la lumière. Cet Isaac Newton était aussi alchimiste.

Sous le couvert de son travail qui consistait à être directeur de la Monnaie, il voulait éliminer toute menace de fausse monnaie dans le royaume de Sa Majesté d’Angleterre et des autres terres conquises, il s’employait à faire de multiples recherches en alchimie afin de prendre les vilains de court. Il a toutefois gardé cette activité très secrète et on imagine qu’il en aurait fait de même avec les pommes tombées de l’arbre philosophal.

L’alchimie aujourd’hui

J’affirmais d’entrée de jeu que l’alchimie existe et c’est vrai. En fait, l’alchimie a toujours existé, mais l’humain l’ignorait. Nul besoin d’une pierre philosophale pour transmuter un métal en un autre métal. Certaines lois de la Nature s’en chargent toutes seules. Le défaut est qu’on ne possède aucun contrôle sur les types de métaux créés et l’argent et l’or en sont exclus.

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Au sens strict où l’alchimie consiste à transmuter des métaux, celle-ci existe effectivement, mais on l’appelle plutôt radioactivité.

Effectivement, le cas de l’uranium U est peut-être le plus connu de l’alchimie moderne. Il se transmute en isotope du plomb 206 Pb ou 207 Pb dépendant si on avait affaire à l’isotope 235U ou 238U. Transmuter un produit dispendieux comme l’uranium en vulgaire plomb, ce n’est pas avec ce procédé qu’un gars deviendra Crésus! Mais indépendamment de notre cupidité qui cherche des transmutations préférentielles, la radioactivité est sans conteste une réelle transmutation métallique.

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Il existe tout un tas de transmutations différentes. Le plus souvent, chacune d’elles consiste en une cascade de mutations dont les constituants intermédiaires sont très instables et ne durent que peu de temps avant de muter à leur tour jusqu’à parvenir à un noyau stable.

Car le principe fondamental de la radioactivité est la désintégration d’un noyau atomique qui perd un ou plusieurs protons par fission. Petit rappel, le nombre de protons que contient un noyau atomique définit la nature de l’atome, bref son élément chimique. Quant à la quantité de neutrons qui s’y greffent, ils définissent l’isotope de l’élément chimique et la stabilité ou l’instabilité du noyau.

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Ainsi des noyaux d’uranium 235U ou 238U possèdent exactement le même nombre de protons, soit 92, mais diffèrent sur leur nombre de neutrons, 143 ou 146 pour un total de 235 ou 238 hadrons.

L’uranium 235 se désintègre avec une demi-vie de 700 millions d’années. L’uranium 238 se désintègre avec une demi-vie d’environ 4,5 milliards d’années. En analysant des échantillons de roches, on parvient à les dater très précisément en faisant l’inventaire des isotopes d’uranium et de plomb et en comparant les deux chaines de désintégration pour vérifier leurs correspondances.

Cette méthode a permis de connaitre précisément l’âge de notre bonne vieille Terre, soit 4,54 milliards d’années, n’en déplaise aux créationnistes et autres aficionados de la littéralité de certains textes.

L’or, bâtard!

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L’or contient 79 protons. Ainsi, par fission de noyaux, seuls les éléments en possédant plus sont habiletés à se transmuter en or. Le plomb est l’un d’eux, car son noyau contient 82 protons. Ainsi, les Anciens avaient vu juste en croyant la transmutation du plomb en or possible. Cependant, le plomb contient un noyau très stable. Il existe toutefois deux isotopes capables de se transmuter en mercure (Hg) ou en thallium (Tl) respectivement de 80 et 81 protons. On voit donc que l’or avec ses 79 protons ne se trouvait qu’à un petit saut de certains types de plomb. Cependant, aucun élément connu ne se transforme en or par radioactivité naturelle.

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La création artificielle d’or existe grâce aux accélérateurs de particules qui peuvent bombarder des noyaux de plomb jusqu’à obtenir le nombre de nucléons de l’or. Toutefois, les chances d’y parvenir sont si faibles et les coûts de fonctionnement si astronomiques que cette transmutation forcée s’avère totalement déficitaire.

Richesse… euh ! Un autre mot ?

Cet article oppose deux types de richesse. Est-il alors pertinent d’utiliser le même terme ?

Je lisais une citation de Thoreau dans l’excellent blogue philosophique de Camille (lepetitcoinphilo.wordpress.com) qui allait comme suit:

«La richesse d’un homme se juge à la quantité de choses dont il peut se permettre de ne point s’occuper»

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Richesse pécuniaire

Je concède à Thoreau l’exactitude de cette assertion en ce qui concerne la richesse pécuniaire. Une personne riche paye des gens pour s’occuper de certaines obligations. Une personne très riche paye des gens pour s’occuper de dresser et gérer la liste des obligations. Et une personne immensément riche paye des gens pour surveiller les gens qui gèrent la liste des obligations. Une particularité de l‘argent, il se dilapide, il fuit aisément.

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Richesse intellectuelle

Au contraire, on juge la richesse intellectuelle d’un individu à la quantité de sujets auxquels il s’intéresse et qui deviennent matière à préoccupations et à réflexion. Une fois le mandat de faire prospérer une richesse intellectuelle remis entre les mains d’un tiers, elle cesse d’être sienne. Au mieux, la personne pourra recevoir des résumés, des avis de ceux qui ont acquis, conservé et fait progresser ce pan de richesse intellectuelle à sa place. Toutefois, elle ne détient plus cette nouvelle richesse. Bien sûr, elle peut toujours l’utiliser à partir des conseils des autres, mais elle n’en est plus la détentrice. Elle conserve toutefois ses acquis, heureusement. Et contrairement à l’argent, plus les idées fusent ,moins elles se tarissent.

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Dissociation de sens

Comment deux richesses peuvent-elles se heurter à ce point? Plus on a de moyens financiers, plus on peut se permettre de ne rien faire d’utile en laissant ces choses aux mains de tiers individus. Tandis que plus on a de moyens intellectuels, moins on peut se permettre de se désintéresser des idées pour les laisser cogiter par les autres.

L’utilisation du même mot semble donc constituer une erreur. Si je dresse un parallèle avec le mot «énergie», on trouve plusieurs types d’énergies différentes, mais aucune ne représente l’antithèse de l’autre. Alors d’où vient cette dichotomie avec le concept de richesse?

Elle provient des différences fondamentales dans le fonctionnement de chacune en rapport avec leurs limites, leurs modes d’acquisition et leur mode de reproduction. Mais pourra-t-on réconcilier le mot «richesse» pour continuer de parler des deux types

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Limites

Des richesses matérielles et pécuniaires peuvent s’accumuler sans aucun plafond déterminé ni même plausible. La richesse intellectuelle, en revanche, est contrainte par les limitations de notre cerveau. Mémoire, organisation, interconnexions, aujourd’hui les connaissances à acquérir semblent infinies alors que nos moyens de les apprendre et de les digérer ne peuvent en embrasser qu’une toute petite fraction.

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Mathématique

L’argent se divise, les connaissances se multiplient. Les enrichissements financiers proviennent d’une distribution. Plus un individu s’enrichit, moins les autres dans son giron le deviennent. La tarte se partage et il existe toujours une part du lion. Les connaissances, quant à elles, se multiplient autant de fois qu’un ouvrage est lu et utilisé à des fins intellectuelles. On ne devient pas intellectuellement moins riche lorsque notre voisin lit le même article de blogue, c’est exactement le contraire, tout le monde y gagne.

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Reproduction

L’argent se reproduit sans presque aucun apport extérieur, sans nécessairement produire autre chose en retour. On peut dire qu’il se clone, car l’argent ne se distingue pas de l’argent généré par lui. Les connaissances font des petits qui ne ressemblent pas à leurs parents. Les idées nouvelles engendrées par les connaissances acquises sont originales, uniques, différentes, rares, comme lors d’une reproduction sexuée où l’enfant n’est pas tout à fait comme ses parents, il n’est personne d’autre que lui-même.

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Pouvoir et savoir

La richesse pécuniaire engendre du pouvoir à l’état brut et procure des moyens pour agir. Les connaissances engendrent de la sagesse, du discernement et permettent de trouver des solutions pertinentes à des problèmes complexes. Il est possible de dilapider très rapidement tout son argent en le manipulant sans sagesse. On ne peut pas dilapider toutes ses idées durant une beuverie. Dans les limites de nos capacités de mémorisation, elles s’accumulent et seront potentiellement ramenées en avant-scène lorsque les conditions deviennent avantageuses pour qu’elles fleurissent. Une mauvaise idée est bien souvent une bonne idée plantée dans le mauvais terreau à la mauvaise saison.

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Néologisme

J’aimerais posséder un mot différent, nouveau, pour parler de la richesse intellectuelle, l’abondance de connaissances, la souplesse et l’originalité avec laquelle elles sont utilisées. Le terme «culture générale» ne me satisfait pas. Le mot culture traine ses pénates dans trop de bassins tandis que la culture générale, eh bien! ça fait deux mots. Une personne cultivée fera-t-elle mûrir ses connaissances pour produire de nouvelles idées? Pas nécessairement. Il faut donc chercher un autre mot pour désigner la richesse intellectuelle.

Un néologisme tiré des notions présentées dans cet article permettrait de distinguer les deux types de richesses trop peu semblables pour partager le même vocaable. Un mot qui mettrait définitivement un terme à l’apparente analogie existant entre la pécuniaire et l’intellectuelle.

Avis aux linguistes, venez à mon secours! sinon je devrai tenter seul de l’inventer à partir de mes maigres connaissances en la matière. Ne laissez pas un amateur faire votre travail et suggérez-moi un terme intelligent pour accroitre la richesse de notre langue et la précision de notre pensée et surtout pour cesser de croire que ces deux possessions partagent le moindre point commun.

Peintures : Jean-Paul Riopelle

Armistice climatique

Vous, climatosceptiques, vos magouilles ont atteint leur but. Vous avez muselé toutes les générations de politiciens depuis cinquante ans, sinon plus.

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Je vous concède la victoire. Personne n’a encore levé le petit doigt, personne ne s’apprête à le faire et personne ne s’en donnera la peine. Alors, ayez maintenant au moins la décence de vous fermer le clapet et commencez à admirer les résultats de vos efforts et à assumer les conséquences de vos actes et de votre réussite.

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Vu la tournure du climat, tout combat entre les deux factions est devenu inutile. Je vous propose donc plus qu’une trêve, je suggère un armistice à instaurer entre nos deux clans. Je voudrais maintenant passer le reste du temps qui m’est imparti à discuter d’autre chose. Je ne veux plus vous entendre, ni vous lire, ni même savoir que vous existez. Écrasez-vous dans un coin, trinquez à votre victoire avec vos semblables en vivant naïvement vos derniers moments dans le monde actuel au seuil du basculement que vous niez encore si énergiquement alors que ses ancrages ont tous cédé.

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Je souris parce que les puissants de ce monde qui vous ont utilisé comme de bons vassaux pour véhiculer leurs mensonges finiront comme nous, comme vous, comme tout le reste de la population. Ils auront beau se payer tous les moyens de fuir la chaleur, ils vivront dans des aquariums sans possibilité de s’en échapper au risque de frire.

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Leur univers chimérique qu’ils ont si chèrement défendu ne leur fera aucune faveur. Enterrés pour le reste de leurs jours, ils regarderont des albums souvenirs en se demandant pourquoi personne n’a rien fait, oubliant pour le bien de leur santé mentale restante qu’ils ont été les instigateurs, les architectes et les promoteurs du gâchis.

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Vous croyez que je plaisante? Vous croyez que j’exagère comme tout bon adepte du dérèglement climatique? Vous auriez le cul profondément incrusté dans l’élément du poêle que vous continueriez de nier l’évidence de la chaleur qui s’en dégage. Vous auriez beaucoup trop mal si vous constatiez la réalité que vous avez si hargneusement niée.

Je suggère donc à tous ceux qui ont partagé mes opinions de signer l’armistice. Chers amis, n’oubliez pas qu’avoir raison n’a jamais été l’enjeu de cette guerre. La raison étant absente chez nos ennemis, nous avons cherché à les convaincre avec des arguments rationnels. Ce fut une grave erreur stratégique. Une erreur dont une armée ne se relève pas. Nous avons tout misé sur une fausse hypothèse, celle de l’existence d’un minimum de bon sens chez les membres de la partie adverse.

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Rentrons chez nous et embrassons nos proches, nos êtres chers. Partageons de beaux moments avec eux, loin des invectives, pansons nos plaies que de tels débats stériles ont créées dans nos esprits visionnaires passionnés.

Lorsque les évidences deviendront indéniables pour les serviles du clan des climatosceptiques, je ne voudrais pas que les gens les lynchent en guise de défoulement pour avoir continué de nier avec toutes les preuves inverses sous le nez. Seul un vrai armistice les protégera des abus potentiels de ceux qui ne leur pardonneront pas.

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On pourrait me rétorquer qu’ils mériteraient bien de passer au hachoir, mais ma morale me dicte de rester humain avec tous les humains, même avec ceux qui se comportent en esclaves amadoués au service d’une certaine caste dirigeante cherchant par tous les moyens à fixer leur bateau comme s’il se trouvait en cale sèche alors qu’il navigue sur des océans imprévisibles.

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Les climatosceptiques comprendront trop tard que l’argent et le pouvoir des gens puissants ne prouvent aucunement qu’ils possédaient une intelligence supérieure. Les apôtres vivront l’amère déception de s’être acoquinés à des géants aux pieds d’argile qui vouaient un culte sans bornes à l’argent et que celui-ci, comme la pire des drogues, leur avait brouillé l’esprit et le jugement depuis des lustres.

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Cherchant à obtenir une part inexistante d’un illusoire gâteau, ils se verront jeter par leurs maitres dans les oubliettes de leurs châteaux en ruines en guise de remerciement pour leur dévouement aveugle. Pour ma part, ce rejet dédaigneux des gens à qui ils ont léché les bottes sera suffisant pour me sentir vengé de leur traitrise. Je n’irai pas les tirer de ces donjons nauséabonds, mais je garderai quand même pour eux une petite pensée.

Cette pensée pour mes anciens ennemis, l’armistice, comme le temps, n’y changera rien. Elle survivra intacte et non édulcorée. Ils n’auront été qu’une «bande d’imbéciles». Puissent ces mots devenir mes dernières paroles et j’autorise leur gravure sur ma tombe au cas où il resterait quelques humains pour les lire et pour se rappeler leur incommensurable bêtise.

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Expressions québécoises — 2

Quoi de mieux que parler d’argent, sujet universel par excellence. L’exemple suivant donnera un aperçu de la mondialisation, bien avant l’époque actuelle, car ses origines sont hispano-franco-anglo-québécoise. Elle est instinctivement compréhensible sans vraiment piger grand-chose.

L’expression est : « Changer quatre trente sous pour une piasse ».

Sa signification est : ne rien avoir gagné dans l’échange. S’être démené inutilement, pour rien ou pour trop peu.

Les devises canadiennes sont depuis le milieu du XIXe siècle le « dollar canadien » et le « cent » valant un centième de dollar. On utilise occasionnellement ici comme ailleurs le mot « sou » plutôt que « cent » pour désigner la petite monnaie et lorsqu’on ne dit pas « sou », on dit « cenne » plutôt que « cent ». Quant à la « piasse », elle est espagnole et elle provient du mot « piastre », grâce ou plutôt à cause d’une élocution molle.

Mais que viennent faire une piastre espagnole et quatre trente sous censés valoir plus ou moins cette piastre ? La piastre espagnole a été une devise courante en Nouvelle-France durant le XVIIe siècle. Noter que dans une colonie, n’importe quoi peut prendre valeur de devise, l’important étant l’impossibilité d’en produire à volonté. Ça aurait pu être des cartes à jouer, des miroirs, des cailloux d’origine volcaniques, des oranges ou des peaux de castor. Noter que la peau de castor et le miroir furent effectivement utilisés comme monnaies d’échange entre les Amérindiens et les Européens. En Angleterre, à l’époque de la piastre espagnole, une couronne anglaise valait 120 sous, le quart de couronne correspondait donc à 30 sous. En emberlificotant toutes ces devises et prononciations, la piastre devenue la piasse, le quart de couronne à 30 sous, le dollar, les cents, les cennes et les sous on obtient une piasse valant quatre trente sous.

Aujourd’hui au Québec, dans le langage parlé courant, le mot « piasse » domine totalement le mot « dollar » qui est relégué aux situations officielles comme durant des négociations ou lorsque vous signez un contrat. Mais entre amis ou avec la famille, le mot piasse est roi. « Donne-moi deux piasses, je vais nous acheter un billet de loterie ». « Ça m’a coûté dix piasses ». Ou dans du plus vulgaire avec : « Se torcher avec des cent piasses ». Mais là, j’empiète sur le prochain article dédié aux expressions québécoises.

Quant au trente sous, encore très utilisé comme expression, qui correspond dans notre réalité quotidienne à un vingt-cinq cents, il avait la faveur des quêteux avant qu’il ne vaille plus grand-chose. « Vous auriez pas un p’tit trente sous pour un café ? », le trente sous n’existant pas, c’est bien d’un vingt-cinq cents (cennes) dont il est question. Aujourd’hui les sans-abris préfèrent la piasse ronde, qui n’est pas ronde du tout, mais hendécagonale (11 côtés) appelée aussi le huart à cause de l’image de cet oiseau aquatique au dos. Mais surtout, les émules de Saint-François d’Assise préfèrent le deux piasses rond montrant un ours polaire avec lequel ils parviennent tout juste à s’acheter un café et qui, habituellement, de toute façon, est utilisé à acheter un autre liquide plus satisfaisant que du café.

On dit des Québécois qu’ils ont peur de l’argent. Notre ancienne culture judéo-chrétienne associait le pouvoir de l’argent au diable. Mais quand on vous raconte dès votre jeune âge qu’un trente sous vaut réellement vingt-cinq cennes, que dix sous valent bien dix cennes, que la piasse, le sou et la cenne n’existent pas, mais qu’on en parle tout le temps, que les cennes sont des cents, cinq sous c’est la même chose que cinq cennes, que quatre trente sous ne valent pas une piastre tout en le valant, c’est facile ensuite de s’imaginer se faire rouler dans la farine en voulant parler argent.

Blague à part, l’histoire de ces quatre trente sous et de cette piastre espagnole est un superbe exemple de la capacité de rémanence de faits anciens, totalement disparus depuis des siècles, mais toujours culturellement bien présents et pratiquement indécrottables. Même si un jour le Québec se dotait de sa propre monnaie, il est fort à parier que cette nouvelle devise, peu importe son nom, resterait toujours dans le langage parlé, une piasse, une cenne ou un sou.

Ainsi, pour faire les choses simplement, aussi bien choisir les mots piastre et sou comme futures devises. Ça nous simplifierait l’existence. Malheureusement, on sera toujours pris avec une incongruité, car si le sou vaut le centième d’une piastre, il faudra expliquer à nos enfants pourquoi 4 trente sous, ainsi que 4 vingt-cinq sous valent tous les deux 1 piastre !

Ah, Culture… quand tu nous tiens !