Zone volcanique de Taupo

Il n’existe heureusement que très peu de supervolcans dans le monde. Le plus connu et surtout le plus médiatisé de tous est le Yellowstone aux É.U.A. Ce dernier mérite probablement son titre du plus dangereux et du plus susceptible d’éclater à tout moment.

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Si vous croyez que des supervolcans ressemblent au Vésuve, au Krakatoa, au Pinatubo, au Santorin, au Tambora, à la montagne Pelée, au Laki ou au mont St Helens, détrompez-vous, car ceux-ci ne sont que de vulgaires pets de nonnes à comparer aux véritables monstres que sont les supervolcans.

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Parmi cette courte liste, je vous ai déjà parlé de l’Ilopango au Salvador et du Toba à Sumatra ainsi que des champs Phlégréens en Italie, mais il y en a un autre que je n’avais jamais abordé.

Ce supervolcan est méconnu et pourtant ses dernières frasques sont plutôt récentes et elles ont été gigantesques. Sa position géographique l’aide peut-être à se faire oublier puisqu’il se situe en Nouvelle-Zélande, plus précisément sur l’ile Nord. Aujourd’hui, comme d’autres supervolcans, il se démarque, non pas par un joli cône, mais au contraire par sa cuvette, sa caldeira remplie d’eau et formant un immense lac, le lac Taupo.

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Voilà environ 26500 ans, le supervolcan Taupo est entré en éruption avec un indice VEI de 8, le maximum sur cette échelle d’éruptivité. Il a projeté dans les airs plus de 1000 km3 de cendre, de gaz et de roches. Pour point de comparaison, en 1883, le Krakatoa n’a atteint que le niveau 6, le Vésuve, un petit 5 et la montagne Pelée, seulement 4. Seuls les supervolcans atteignent l’indice 8 sur cette échelle qui multiplie par 10 la quantité d’éjecta à toutes les fois qu’elle grimpe d’un échelon.

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Les conséquences climatologiques de l’explosion qu’on nomme aujourd’hui «Oruanui» restent difficiles à quantifier puisque la Terre traversait déjà à cette époque un épisode d’intense refroidissement et il se trouvait pratiquement à son minimum. Il est possible que le climat ait plongé encore plus bas, c’est tout ce qu’on peut tirer comme hypothèse. Voilà la raison pour laquelle cet événement est passé presque inaperçu et pourquoi on n’en parle pratiquement jamais.

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On a su évaluer les quantités de gaz et de poussières émises dans l’atmosphère et à ce chapitre, il est clair qu’on a eu affaire à une super éruption, la dernière des 74000 dernières années où son frère, le Toba, faisait des frasques.

Le lac Taupo constitue aujourd’hui une partie de la caldeira du volcan. Ses dimensions de 20 km x 30 km montrent le gigantisme du géant somnolent. Toutefois, la zone volcanique au complet fait 350 km de long sur 50 km de large et comprend plusieurs volcans. Elle est causée par une zone de subduction qui fait remonter du magma des entrailles de la Terre par la pression générée par la plaque océanique lorsqu’elle s’enfonce profondément dans le manteau terrestre.

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La dernière importante éruption du Taupo date probablement de 230 de notre Ère. Une fois encore, celle-ci se perd dans les arcanes de l’histoire où l’on peine à lui attribuer une datation précise. Elle fut toutefois de bien moindre ampleur que celle du minimum glaciaire précédent.

Malgré son indice de dangerosité, on en connait très peu sur le Taupo. Il vient toutefois s’ajouter à notre sac à catastrophes mondiales potentielles. Une des particularités des supervolcans est qu’ils finissent tous par refaire de super éruptions un jour ou l’autre. Reste à savoir quand et de quelle ampleur, mais chose certaine, leurs prochains débordements ne seront jamais anodins.

Le paradoxe de la machine

L’outil n’est pas propre à l’humain, même des corbeaux en conçoivent et les utilisent, c’est pour dire! La machine, par contre, semble effectivement être un point d’inflexion entre l’humain et ses proches biologiques.

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Un outil est manipulé par un animal quelconque, parfois par l’humain, pour effectuer un travail. Une machine effectue un travail sans l’apport constant d’une entité biologique. Une fois en route, elle poursuit sa tâche de manière autonome. Elle accomplit une opération pour laquelle elle a été conçue. Une machine ne doit rien au hasard, sauf peut-être l’idée, mais ensuite, on la harnache par volonté afin d’obtenir un effet prévisible et prévu.

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La machine a commencé de manière toute simple. Le moulin à vent, la roue à aubes. On récupère une énergie et la machine la transforme. La machine est donc bien plus qu’un outil, elle déplace de l’énergie pour en produire une autre plus adéquate à nos besoins. À part sécher le linge, le vent était plus nuisible qu’utile. Les voiliers ont changé la donne, ils ont transformé l’énergie éolienne pour faire mouvoir leur imposante masse sur un liquide susceptible de les déplacer plus aisément.

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Le vent moud du grain en faisant tourner une meule. Une fois les pales en action, le moulin poursuit son travail tout seul. C’est une machine, pas juste un outil, car une machine doit être munie d’une source d’énergie pour garder son autonomie d’action. Vent, gravité, électricité, différence de température ou de pression, lumière, le choix énergétique est vaste et l’humain a harnaché la plupart des formes d’énergies de la nature. Il s’est construit une quantité phénoménale de machines à tout faire et celles qui lui manquent verront le jour.

Étrangement, ou plutôt paradoxalement, la machine qui devait nous affranchir du travail ne nous a pas affranchis d’elle. Bien au contraire, nous avons toujours été dépendants de nos créations et aujourd’hui plus que jamais. Ce n’est plus un culte en son honneur, c’est une soumission totale envers elle.

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Bien sûr, tout ceci était prévisible et a effectivement été prévu par certains visionnaires ou simplement par des gens dotés d’un gros bon sens. La machine nous a affranchis de certaines tâches qu’elle prend en charge pour nous asservir à elle-même.

L’échange valait-il le coût? Sommes-nous mieux aujourd’hui qu’avant l’invention de la machine?

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Bien entendu, la machine possède une certaine autonomie, elle ne nous enchaine pas totalement à elle, mais lorsqu’elle cesse de fonctionner, elle n’a pas son pareil pour nous culpabiliser et nous obliger à la remettre en fonction. On nous apprend vite qu’une machine arrêtée fait perdre une fortune à ses propriétaires sans donner la contrepartie, combien elle leur fait amasser de fric. On nous parle toujours que des pertes et plus la machine est grosse…. Alors on court la secourir et la remettre en marche, peu importe le jour, l’heure et ce que nous étions en train de faire.

Voilà le nœud du problème. Nous ne maitrisons plus notre horaire, nous laissons la machine décider à notre place. On apprend à laisser pleurer un enfant la nuit pour qu’il s’habitue à ne pas nous manipuler et on devient incapable de laisser une machine hors d’usage sans virer fous.

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Les nouvelles bestioles technologiques enfouies dans nos poches sont les pires de toutes. Elles nous soumettent aux supplices de la pastille, du bandeau, du vibrateur et de l’alarme sans égards à notre sommeil, nos pauses, ni même à nos moments intimes sur le trône. Et on les laisse nous manipuler, nous enchainer, nous esclavager, alors qu’elles devraient nous libérer. Nous libérer de quoi? Certainement pas des machines!

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Alors, partez immédiatement à la recherche de notre John Connor, celui qui nous sauvera du règne des machines, car cette ère est déjà commencée.

C’est la faute au zéro !

Cet article parle des deux façons différentes de compter.

Nous vivons aujourd’hui au XXIe siècle qui a commencé le Premier de l’an 2001 et se terminera à la toute fin de l’année 2100.

Nous commettons deux erreurs en lien avec les siècles. La première est de croire qu’ils commencent l’année où le chiffre marquant le centenaire change. Ça aurait été si simple, mais nous verrons pourquoi cela n’est pas le cas.

La seconde erreur est de calculer mentalement le siècle actuel en tronquant l’année et la décennie pour ne garder que le siècle et le millénaire. On obtient ainsi le XXe siècle plutôt que le XXIe pour la date actuelle. Ça semble logique et pourtant c’est encore faux.

D’où proviennent ces erreurs ? Est-ce une ancienne faute commise aux premiers temps du calendrier et perpétuée depuis par nécessité de conserver des intervalles de dates correspondant à la réalité ? Ça aurait pu être le cas, mais il n’en est rien. Il n’y a pas d’erreur.

On vit actuellement dans l’ère de Jésus, l’ère chrétienne, que vous y croyez ou pas. Celle-ci commence à sa naissance supposée. Toutefois, on n’a commencé à écrire la date de l’ère chrétienne que bien après sa vie et même bien plus tard après sa mort. L’Église chrétienne ne devint pas très populaire instantanément après sa crucifixion. Aux alentours de 525 de l’ère chrétienne qui n’était pas encore désignée sous cette forme, l’Église tenta avec succès d’implanter l’ère de Jésus-Christ. Donc toutes les dates antérieures à l’année 525 correspondaient à des dates en rapport avec le règne d’autres rois, pharaons, empereurs, etc. et aucune n’était universelle. On peut imaginer l’imbroglio occasionné par autant de dates différentes qu’il y avait de souverains narcissiques !

L’Église chrétienne a calculé le nombre d’années qui séparait le présent de la naissance du Christ. Il en découla le nombre 525. C’est alors qu’elle commença à calculer les années de l’ère chrétienne à partir de ce chiffre. La France adopta cette façon de désigner la date au cours du VIIe siècle.

Intuitivement on comprend pourquoi qu’en 2017 on est au XXIe siècle. Entre l’an 1 et 100 inclusivement, c’était le 1er siècle et en continuant de cette façon, inexorablement on obtient le résultat actuel du XXIe siècle pour les ans 2 001 à 2 100.

Aujourd’hui, lorsqu’on a le bonheur d’avoir un enfant, on compte son âge de façon intéressante. Il a 1 an uniquement à la fin de sa première année d’existence. On ne dit pas qu’il est dans sa première année de vie lorsqu’il vient de naitre. Pourtant avec les siècles, c’est bien ce que nous faisons. Dès le début du compte, c’est le premier siècle. Pour un bébé, on ne dit pas qu’il a zéro an lorsqu’il n’a pas encore 1 an. On compte alors les mois, plus jeunes on compte les semaines, et avant une semaine, ce sont les jours.

On parvient de cette façon à éviter de parler du chiffre zéro. C’est normal puisque zéro ne donne aucune indication sur l’âge du nourrisson. Pour calculer l’âge, chaque nombre avancé est considéré comme étant chose terminée. Pour le nombre de siècles, on aurait pu considérer l’an 1 jusqu’à l’an 100 comme étant le siècle zéro. Ainsi, le siècle 1 aurait signifié que plus de cent ans se seraient écoulés, d’autant plus qu’on n’a jamais écrit ni utilisé les siècles actuels de notre ère avant l’an 525. Ce n’est pas ce qui survint.

Alors pourquoi dit-on que nous vivons dans le vingt-et-unième siècle plutôt que de dire avoir complété vingt siècles entiers ? Les deux formulations sont rigoureusement exactes, mais l’usage de la première formulation s’est imposé pour une raison bien précise. À cette époque, le chiffre 0 (zéro) n’était pas vraiment connu et encore moins utilisé par la population, ni même des savants. Ainsi, le siècle zéro n’aurait correspondu à aucune réalité compréhensible, car personne n’imaginait en ces temps reculés qu’un jour, on comprendrait l’intérêt d’utiliser le zéro comme un vrai nombre au même titre que tous les autres. Pour preuve, il est impossible d’écrire le nombre zéro en numérotation de l’époque, en chiffres romains, puisqu’il n’existe pas de chiffre romain pour désigner le zéro. Ainsi, le siècle dont les années sont comprises entre un (I) et cent (C) est forcément le premier siècle puisque le siècle zéro n’aurait pas pu être écrit. C’est le même constat pour l’année. L’an zéro n’existant pas plus, l’année où Jésus serait né est l’an premier. S’il est mort en l’an 33e de notre ère, en fait il serait mort alors qu’il avait 32 ans par rapport à la façon actuelle dont nous comptons l’âge de quelqu’un. Rien ne sert de s’en faire avec cette imprécision puisqu’en recoupant certaines dates de l’époque, il apparait que Jésus serait vraisemblablement né aux alentours de l’an -5e ou -7e de sa propre ère et il serait mort en l’an 30e ou 33e. Et encore là, l’an zéro n’existant pas, on saute une année entre les années -1 et +1, une fois de plus à cause de l’absence du zéro. Alors J.C. serait mort à un âge compris dans une fourchette de presque dix ans. Aussi bien considérer qu’on n’en sait strictement rien.

C’est aussi pourquoi nous continuons à utiliser la notation romaine pour écrire les siècles, car les chiffres arabes comprennent ce qu’est le zéro. De plus, on parle du vingt-et-unième siècle, pas du siècle 20. L’usage de l’adjectif numéral ordinal vingt-et-unième (XXIe) plutôt que l’adjectif numéral cardinal 20 permet de différencier la façon dont le compte est effectué.

Voilà comment on parvient encore à notre âge à se rendre compte qu’on utilise deux façons différentes de compter. Le type d’adjectif numéral utilisé distingue si le compte commence avec 1 (premier) ou avec 0 (zéro) et aussi pourquoi dans le premier cas, il est nécessaire de rajouter un e (ième) au bout du chiffre pour marquer cette distinction dans l’adjectif numéral utilisé.

En revanche, l’heure a très bien intégré le zéro. À minuit, il est 0 h. La journée commence et il ne sera 1 h qu’à la fin complète de la première heure. On utilise donc les nombres cardinaux lorsqu’il est question de donner la « quantité » d’heures passées dans la journée plutôt que les nombres ordinaux qui ne feraient que classer les heures dans un certain « ordre ». Si on parle de la « huitième heure », cette façon de s’exprimer correspondrait à un intervalle de temps compris entre 7 h 01 et 8 h 00. Elle ne spécifie aucunement une heure précise à l’intérieur de cet intervalle d’une heure. Les nombres cardinaux donnent un compte précis. Les nombres ordinaux ne marquent que l’ordre à l’intérieur d’un ensemble donné.

Jeune, je servais la messe à l’église de la paroisse. Durant une prière lue par le prêtre, il disait « et le troisième jour il est ressuscité des morts » en parlant évidemment de Jésus. Pourtant, il était mort le vendredi pour ressusciter le dimanche. Dans ma tête d’enfant, ça ne faisait que deux jours, pas trois. Lorsque j’ai posé la question en classe, j’ai failli causer l’apoplexie de ma prof de catéchèse qui m’a répondu que c’était un mystère comme celui de la Trinité. L’Univers semblait profondément détester le chiffre 3 avec lequel il ne s’entendait jamais. Mais en utilisant la méthodologie précédente, tout se comprend puisque la formulation parle du troisième jour et pas qu’il est resté mort trois jours. Le premier jour de sa mort est le vendredi, donc le troisième tombe effectivement le dimanche même si l’intervalle entre vendredi et dimanche ne donne bien que deux jours.

Mais le concept des adjectifs numéraux cardinaux et ordinaux et leur différence dans le langage ne faisait pas partie du corpus de la petite école. J’en étais donc venu à croire que les gens de l’Antiquité, pas plus que ma prof de catéchèse, ne savaient correctement… compter jusqu’à trois.

Je vous le donne en mille ! Par un curieux hasard, le prochain article s’intitulera : « Compter jusqu’à trois ».

Soyez-y, sinon vous pourriez rater quelque chose, même si ça semble difficile à croire ! Après tout, ce n’est que trois !