Combien d’humains ?

Aujourd’hui, je veux m’attarder sur le nombre maximal d’êtres humains pouvant permettre une cohabitation harmonieuse avec les autres espèces et une prise en charge efficace de nos impacts environnementaux pour les réduire, les minimiser et les annuler.

SI vous lisez mes articles en horizontale plutôt qu’en diagonale, vous avez remarqué que j’utilise régulièrement le nombre «milliard» pour désigner ce que je considère comme étant la limite du nombre acceptable d’humains sur Terre. Au-delà, je crois qu’il devient impossible de garder le contrôle sur ses bonnes et ses mauvaises idées.

En fait, j’arrondis le nombre que j’ai réellement en tête puisque je l’évalue en réalité à sept-cent-millions. Je ne me suis pas adonné à faire de savants calculs pour en arriver à cette valeur, elle provient de mon subconscient qui me le souffle. Méthode très peu scientifique, j’en conviens, toutefois ce nombre provient probablement de plusieurs dizaines d’années de lectures scientifiques à partir desquelles mon cerveau l’a déduit.

Ce nombre correspond à la moitié de la population chinoise ou à la moitié des Indiens. Il est presque équivalent au nombre d’Européens en incluant les Russes. Imaginez une population mondiale du dixième de l’actuelle valeur.

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Oui, rasez neuf maisons sur dix en y laissant ses habitants à l’intérieur et vous verrez mieux à quoi votre quartier ressemblerait. Ça semble horrifiant et pourtant l’espace libéré est celui nécessaire pour voir prospérer les plantes et les animaux. Je ne parle pas des bêtes d’élevage ou des plantes de culture qui, inévitablement, ramènent la pauvreté des espèces. Je parle des plantes et bêtes sauvages à qui nous avons tout enlevé et surtout leur droit de vivre.

Je crois sincèrement à l’arrivée subite d’une forme d’éradication de l’espèce humaine. Les causes probables sont nombreuses et nous ne pourrons pas toutes leur échapper encore très longtemps. Bien au contraire, je pense à une série dramatique d’événements qui s’enchaineront en cascade à des moments rapprochés.

La plupart des effets d’entrainement liés aux catastrophes restent encore inconnus. Nous n’en percevons que quelques-unes, les plus évidentes, les plus faciles à associer. Nous en extrapolons d’autres, les plus susceptibles de découler des premiers effets. Mais au-delà de deux paliers de conséquences, notre boussole perd ses repères et tout devient spéculations. Pourtant, il est évident que la Nature ne se contente pas de deux simples paliers de causes à effets.

La signification profonde de cette phrase consiste à dire qu’il existera bien plus d’effets négatifs que ceux raisonnablement imaginables. Toutes les prétendues catastrophes actuelles ressembleront à des pétards mouillés lorsque la machine environnementale globale décidera de se dérégler pour de bon.

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L’absence de précédents reste l’élément le plus dangereux de la situation actuelle. Comment alerter la population alors que les preuves manquent? Car pour obtenir des preuves, ça prend des précédents et ils n’existent pas. Il est si facile de penser que certains lanceurs d’alerte parlent sans connaissance de cause, car incapables d’aligner la moindre preuve de leurs allégations. Bien évidemment, l’alerte n’est pas infondée, elle s’appuie sur des données ayant subi une extrapolation, c’est-à-dire une déduction basée sur des valeurs réelles précises et une connaissance minimale du fonctionnement du système et de ses interactions. Ces lois accompagnées de données fiables permettent de générer des prévisions raisonnablement justes.

Ceux qui crient à la fumisterie n’ont jamais rien compris à la façon dont la science peut engendrer des prévisions sérieuses sans avoir absolument à retrouver des événements passés similaires. L’empirisme n’explique pas, la science oui. Voilà ce qui distingue ces deux façons de voir le futur à partir du présent et du passé. Voilà pourquoi la science peut prévoir assez justement des futurs inédits, contrairement à l’empirisme qui doit se contenter d’événements antérieurs connus pour baser leurs futurs.

Les scientifiques du GIEC, le Groupe d’expertise et de conseil intergouvernemental sur l’évolution du climat, sont condamnés à l’impopularité. On les traite d’alarmistes, alors ils revoient leurs scénarios à la baisse en éliminant les pires scénarios de leur liste. Et lorsque la planète finira par se rebeller, les effets risquent de dépasser largement leurs prévisions édulcorées et ils seront blâmés une fois de plus pour ne pas avoir tiré suffisamment fort la sonnette d’alarme.

Les auteurs des rapports de ces études ont pleinement conscience du paradoxe. La psychologie humaine préfère le déni en bloc si les conséquences annoncées deviennent trop graves. À l’autre extrémité, l’humain banalise les conséquences peu alarmistes, car elles doivent mériter qu’il délaisse ses préoccupations quotidiennes.

Le GIEC joue donc à trouver le point d’équilibre où l’humanité sera conscientisée et alarmée juste assez pour qu’elle agisse, tout en évitant l’anodin pour qu’elle se sente concernée, ainsi qu’en évitant de parler du pire pour éviter son décrochage.

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Cette attitude fragile de mes «semblables» me désole au plus haut point. Nous ne faisons pas partie d’une espèce évoluée lorsqu’il faut sauver la chèvre, le loup et le pasteur en mentant à eux tous, en les flattant dans le sens du poil et en leur parlant comme à des enfants en bas âge afin d’éviter qu’ils tapent des crises de nerfs.

Pour ces raisons, l’humanité n’est pas prête à affronter de graves bouleversements. Notre nombre tombera en flèche et cette hécatombe sera principalement causée par nous-mêmes. Paniqués, nous nous en prendrons à nos semblables, nous les dépouillerons, nous les laisserons sans ressources et les pires d’entre nous massacreront des villages et des villes entières. Plus que tous les fléaux apportés par la Terre, nous prouverons une fois encore que le pire cataclysme de tous les temps, fut, est, et sera encore et toujours… l’humain.