Combien d’humains ?

Aujourd’hui, je veux m’attarder sur le nombre maximal d’êtres humains pouvant permettre une cohabitation harmonieuse avec les autres espèces et une prise en charge efficace de nos impacts environnementaux pour les réduire, les minimiser et les annuler.

SI vous lisez mes articles en horizontale plutôt qu’en diagonale, vous avez remarqué que j’utilise régulièrement le nombre «milliard» pour désigner ce que je considère comme étant la limite du nombre acceptable d’humains sur Terre. Au-delà, je crois qu’il devient impossible de garder le contrôle sur ses bonnes et ses mauvaises idées.

En fait, j’arrondis le nombre que j’ai réellement en tête puisque je l’évalue en réalité à sept-cent-millions. Je ne me suis pas adonné à faire de savants calculs pour en arriver à cette valeur, elle provient de mon subconscient qui me le souffle. Méthode très peu scientifique, j’en conviens, toutefois ce nombre provient probablement de plusieurs dizaines d’années de lectures scientifiques à partir desquelles mon cerveau l’a déduit.

Ce nombre correspond à la moitié de la population chinoise ou à la moitié des Indiens. Il est presque équivalent au nombre d’Européens en incluant les Russes. Imaginez une population mondiale du dixième de l’actuelle valeur.

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Oui, rasez neuf maisons sur dix en y laissant ses habitants à l’intérieur et vous verrez mieux à quoi votre quartier ressemblerait. Ça semble horrifiant et pourtant l’espace libéré est celui nécessaire pour voir prospérer les plantes et les animaux. Je ne parle pas des bêtes d’élevage ou des plantes de culture qui, inévitablement, ramènent la pauvreté des espèces. Je parle des plantes et bêtes sauvages à qui nous avons tout enlevé et surtout leur droit de vivre.

Je crois sincèrement à l’arrivée subite d’une forme d’éradication de l’espèce humaine. Les causes probables sont nombreuses et nous ne pourrons pas toutes leur échapper encore très longtemps. Bien au contraire, je pense à une série dramatique d’événements qui s’enchaineront en cascade à des moments rapprochés.

La plupart des effets d’entrainement liés aux catastrophes restent encore inconnus. Nous n’en percevons que quelques-unes, les plus évidentes, les plus faciles à associer. Nous en extrapolons d’autres, les plus susceptibles de découler des premiers effets. Mais au-delà de deux paliers de conséquences, notre boussole perd ses repères et tout devient spéculations. Pourtant, il est évident que la Nature ne se contente pas de deux simples paliers de causes à effets.

La signification profonde de cette phrase consiste à dire qu’il existera bien plus d’effets négatifs que ceux raisonnablement imaginables. Toutes les prétendues catastrophes actuelles ressembleront à des pétards mouillés lorsque la machine environnementale globale décidera de se dérégler pour de bon.

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L’absence de précédents reste l’élément le plus dangereux de la situation actuelle. Comment alerter la population alors que les preuves manquent? Car pour obtenir des preuves, ça prend des précédents et ils n’existent pas. Il est si facile de penser que certains lanceurs d’alerte parlent sans connaissance de cause, car incapables d’aligner la moindre preuve de leurs allégations. Bien évidemment, l’alerte n’est pas infondée, elle s’appuie sur des données ayant subi une extrapolation, c’est-à-dire une déduction basée sur des valeurs réelles précises et une connaissance minimale du fonctionnement du système et de ses interactions. Ces lois accompagnées de données fiables permettent de générer des prévisions raisonnablement justes.

Ceux qui crient à la fumisterie n’ont jamais rien compris à la façon dont la science peut engendrer des prévisions sérieuses sans avoir absolument à retrouver des événements passés similaires. L’empirisme n’explique pas, la science oui. Voilà ce qui distingue ces deux façons de voir le futur à partir du présent et du passé. Voilà pourquoi la science peut prévoir assez justement des futurs inédits, contrairement à l’empirisme qui doit se contenter d’événements antérieurs connus pour baser leurs futurs.

Les scientifiques du GIEC, le Groupe d’expertise et de conseil intergouvernemental sur l’évolution du climat, sont condamnés à l’impopularité. On les traite d’alarmistes, alors ils revoient leurs scénarios à la baisse en éliminant les pires scénarios de leur liste. Et lorsque la planète finira par se rebeller, les effets risquent de dépasser largement leurs prévisions édulcorées et ils seront blâmés une fois de plus pour ne pas avoir tiré suffisamment fort la sonnette d’alarme.

Les auteurs des rapports de ces études ont pleinement conscience du paradoxe. La psychologie humaine préfère le déni en bloc si les conséquences annoncées deviennent trop graves. À l’autre extrémité, l’humain banalise les conséquences peu alarmistes, car elles doivent mériter qu’il délaisse ses préoccupations quotidiennes.

Le GIEC joue donc à trouver le point d’équilibre où l’humanité sera conscientisée et alarmée juste assez pour qu’elle agisse, tout en évitant l’anodin pour qu’elle se sente concernée, ainsi qu’en évitant de parler du pire pour éviter son décrochage.

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Cette attitude fragile de mes «semblables» me désole au plus haut point. Nous ne faisons pas partie d’une espèce évoluée lorsqu’il faut sauver la chèvre, le loup et le pasteur en mentant à eux tous, en les flattant dans le sens du poil et en leur parlant comme à des enfants en bas âge afin d’éviter qu’ils tapent des crises de nerfs.

Pour ces raisons, l’humanité n’est pas prête à affronter de graves bouleversements. Notre nombre tombera en flèche et cette hécatombe sera principalement causée par nous-mêmes. Paniqués, nous nous en prendrons à nos semblables, nous les dépouillerons, nous les laisserons sans ressources et les pires d’entre nous massacreront des villages et des villes entières. Plus que tous les fléaux apportés par la Terre, nous prouverons une fois encore que le pire cataclysme de tous les temps, fut, est, et sera encore et toujours… l’humain.

Ordinal cardinal

Non, en ce premier mai, je n’aborderai pas le sujet de la fête des Travailleurs, un tas d’autres personnes s’en chargent bien mieux que je ne pourrais jamais le faire. Je veux plutôt vous parler du premier mai, ou plus précisément du premier de chaque mois.

Mis à part les chèques de loyer, de pension, d’aide sociale, etc., le premier de chaque mois possède quelque chose de bien particulier.

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Il faut pour cela connaitre la différence entre un nombre cardinal et un nombre ordinal. Un, deux, trois, ce sont des nombres dits cardinaux qui donnent une quantité, une grandeur. Tandis que les nombres du style premier, deuxième, troisième, on les appelle des nombres ordinaux, ils ne définissent pas une valeur, mais un rang, un ordre.

En français, les dates sont toutes écrites à l’aide des nombres cardinaux, toutes sauf le premier jour de chaque mois. Nous serons demain le 2 mai, mais aujourd’hui, nous sommes le premier mai et non pas le 1 mai.

C’est tellement inscrit dans nos habitudes que nous n’avons bien souvent jamais pris conscience de cette exception.

Bonne Fête à tous les travailleurs !

A comme dans a

Dans ma série de mots commençant par une lettre précise, j’ai longtemps repoussé le jour où je traiterais de la lettre A. Jusqu’à maintenant, vous avez eu droit à D, Y, C, P, E, H, K et V.

Je vais travailler le A comme j’ai fait pour le Y, en choisissant un mot qui ne fait pas simplement commencer par cette lettre, mais qui est cette lettre.

La lettre A, l’entame de notre alpha… bet. On l’appelle aleph dans plusieurs langues. Pour nous, elle est notre première lettre et est également plusieurs mots, plusieurs unités de mesure et même plusieurs préfixes.

Que la première lettre soit une voyelle et qu’elle représente le phonème le plus facile à prononcer, ces faits ne sont certainement pas dus au hasard. Tout commence par le a… enfin, pas tout, mais tout de même 8573 entrées au dictionnaire commencent par cette lettre.

Pour les unités de mesure, lorsqu’il est écrit en minuscule, le a symbolise l’are ou l’an. Oui, nos amis anglo-saxons écrivent eux aussi Ma et Ga pour désigner des millions ou des milliards d’années. Toujours en minuscule, le a devient atto, soit le milliardième du milliardième (10-18) d’une unité lorsqu’il la précède.

En majuscule, le A signifie le très connu ampère et aussi le nombre atomique, soit la somme des protons et des neutrons composant un noyau atomique. C’est aussi le symbole de l’argon jusqu’en 1957 où il fut alors remplacé par Ar.

On le retrouve aussi dans les groupes sanguins et même en musique, en nomenclatures anglaise et allemande, le A ou le a signifie la note «la».

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angstromEnfin, coiffé d’un petit o, il devient la mesure de l’angström soit 10-10 mètre.

Le A peut également se faire chiffre. Dans la numérotation hexadécimale utilisée en informatique, le A symbolise la valeur dix.

Et à tout seigneur tout honneur, le A désigne l’Altesse dans les sigles A.R. et S.A.R.

Curiosité de notre typographie, si vous ne l’aviez jamais remarqué, dans la plupart des polices normales, le a minuscule se dessine différemment lorsqu’on le met en italique (a vs a).

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En mathématique, on utilise le a pour désigner une valeur quelconque, comme une constante dans une équation. Quand on veut personnifier une équation, on remplace le a par «Alice».

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Du côté des locutions, la très populaire «de a à z» signifie «la totale». Aucun hasard dans le nom et le logo de la compagnie Amazon où la flèche-sourire commence au a pour se terminer au z.

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Du côté littéraire, on a également la truculente expression «n’avoir pas fait une panse d’a» signifiant que la personne n’a pas encore commencé à écrire le moindre mot. La panse d’une lettre est sa partie ventrue.

Accentué, le a devient une préposition «à» tout faire, signifiant souvent la possession, l’appartenance , le lieu à atteindre ou le temps. « Je suis à toi », « Passons à table », «Soyez-y à midi ».

J’ai, tu as, il a. Le verbe avoir à la troisième personne du présent de l’indicatif devient simplement un a. Le verbe avoir semble donc voué à tout commencer, peut-être une explication pourquoi nous accordons une importance démesurée à l’avoir plutôt qu’à l’être. «Il a»… et pourquoi pas avec un accent de jalousie?

On utilise «a-» sous forme de deux préfixes de sens différents. Abréviation du mot latin ad, il marque la direction, le but ou le passage. On y trouve des mots comme «abaisser», «accorder», «arriver». Au Moyen-Âge, ce mot s’écrivait «ariver», atteindre la rive.

«A- » est aussi utilisé dans le sens de l’absence, de la privation, de la négation comme dans «apolitique», «anomalie», «acéphale», «anoure».

Finalement, pour terminer cet article en beauté, je change d’idée. Je ne parlerai pas simplement du mot «a». Je choisis de lui «adjoindre» un autre mot, un mot court, relativement méconnu et qui a la fabuleuse propriété de ne contenir que des A, et c’est le mot «aa». Il existe deux entrées dans le dictionnaire pour le mot aa sans accents.

D’origine hawaïenne, aa est utilisé en volcanologie pour signifier une coulée de lave plutôt lente, rugueuse, possédant des scories et de nature basaltique.

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En botanique, Aa est un genre de la famille des Orchidaceæ (orchidées).

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Voilà, ça termine cette courte description de la lettre A. J’espère que cet article vous a plu. Si c’est le cas, vous pouvez découvrir d’autres petits trésors sur d’autres lettres de l’alphabet déjà «abordées» dans ce blogue. La liste se trouve au commencement de ce texte. Bonne lecture.

Savoirs anciens, 60

Dans ma série d’articles sur les savoirs anciens, je me permets une brève incursion du côté arithmétique pour parler du nombre 60. Cela peut paraitre étonnant que ce nombre soit si présent dans notre quotidien, et ce depuis des temps immémoriaux.

La valeur 60 a envahi la vie d’homo sapiens dans un passé lointain. Attestée chez les Sumériens voilà plus de 5000 ans, les Babyloniens l’ont ensuite adoptée. On le retrouve plus tard dans les calendriers hindou et chinois. Par la suite, les Grecs, les Indiens, les Arabes, les Égyptiens et les Européens ont tous adopté cette base de calcul pour mesurer le temps et les angles.

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Un cercle est divisé en 360 degrés (6 x 60), chaque degré en 60 minutes et chaque minute en 60 secondes. Une journée est divisée en 24 heures (4 x 6), chaque heure en 60 minutes et chaque minute en 60 secondes.

On voit que la base 60 n’était pas globalement utilisée comme notre base 10 actuelle. 24 (heures) ne divise pas 60, mais cela s’explique. On doit en fait considérer la base 60 comme étant la multiplication de deux bases. D’une part, les facteurs 5 et 12 donnent 60, de même que les valeurs 6 et 10. Ces deux multiplications correspondent à deux moyens de facilement compter jusqu’à 60 à l’aide de nos deux mains.

Oui, nos ancêtres apprenaient à compter sur leurs doigts jusqu’à 60 et pas seulement jusqu’à 10 comme nous ! Comme quoi l’avancement des connaissances se permet parfois de reculer. Certains peuples actuels continuent toujours de compter de la sorte, reliquat d’une culture multimillénaire. La plus utilisée est la technique des phalanges. Excluant le pouce qui sert de marqueur, les 4 autres doigts d’une même main contiennent 3 phalanges chacune pour un total de 12. Le bout du pouce désigne à la suite les 3 phalanges de l’auriculaire, de l’annulaire, du majeur et de l’index pour un compte de 12. La deuxième main lève alors 1 doigt pour désigner qu’on a atteint 1 fois ce compte. En recommençant ce processus jusqu’à ce que les 5 doigts de la seconde main soient tous levés, on a atteint le compte de 60. On a donc 60 en ayant multiplié 5 fois le nombre 12.

Toujours pour compter 60 à l’aide de deux mains, il existe une deuxième technique qui multiplie 10 fois le chiffre 6. La main droite compte en levant 1 doigt à la fois. Une fois les 5 doigts levés, on lève 1 doigt de la main gauche pour un total de 6 levés de doigts. Lorsque la main gauche est pleine, on a atteint le compte de 30. En inversant le rôle des deux mains et en recommençant le processus précédent, on parvient à obtenir la valeur 60.

Diviser la demi-journée en 12 heures, celles pouvant s’afficher sur un cadran solaire, ne constituait donc pas un choix aléatoire. Les anciens ont donc obtenu une journée complète totalisant 24 heures. Une fois l’heure définie, ils l’ont subdivisé en 60 minutes et chaque minute en 60 secondes.

Les 360 degrés d’un cercle peuvent paraitre plus mystérieux. On n’obtient pas des quadrants de 60 degrés mais 90. Diviser un cercle en 6 portions de 60 degrés peut paraitre géométriquement illogique. Et pourtant, une raison précise pourrait se terrer sous cette étrange division. J’en réfère à mon article sur un autre savoir ancien où j’inscris un hexagone dans un cercle. En reliant le centre du cercle à chaque sommet de l’hexagone, on obtient bien 6 angles de 60 degrés. Et pourquoi choisir d’inscrire un hexagone plutôt que toute autre figure géométrique ? Parce que chacun de ses côtés mesure précisément la valeur du rayon du cercle. Ainsi, l’hexagone et le cercle ont une relation intime qui pouvait s’avérer très utile. Ainsi, subdiviser un cercle en 6 portions de 60 degrés parait bien plus sensé qu’à priori. En reprenant pour le degré la subdivision temporelle des 60 minutes et 60 secondes, on obtient la précision des angles désirée.

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Et voilà comment la base sexagésimale a marqué nos mesures, celle du temps qui passe ainsi que celle des subdivisions d’un cercle. Notez qu’un mouvement cyclique comme celui d’un bœuf qui tourne autour d’un axe relie les notions de temps et de géométrie. Il est donc normal de retrouver les minutes et les secondes dans les deux notions.

Dernier point non négligeable, les six premiers chiffres divisent 60 et il en possède six autres pour un total de douze facteurs (1, 2, 3, 4, 5, 6, 10, 12, 15, 20, 30, 60). Il est donc possible de subdiviser 60 en parts égales de douze façons différentes. Dans un monde où on comptait des valeurs entières, têtes de bétail, œufs, baies, lapins, perdrix, etc., compter par groupes de 60 unités pour ensuite les subdiviser également parmi la communauté constituait un atout de taille.

En définitive, la base sexagésimale (60) ne doit rien aux hasards, mais bien à des considérations pratiques compréhensibles pour chacun des habitants des temps anciens. La valeur 60 désignait peut-être aussi un grand nombre au-delà duquel on devenait riche, l’ancêtre de notre million ou notre milliard. L’humain n’avait pas encore transformé ses avoirs en papier-monnaie qu’il pourrait accumuler sans limites. 60 chèvres l’occupaient suffisamment pour qu’il n’espère pas en posséder bien plus, une façon naturelle d’éviter les abus des systèmes économiques. Oui, lorsqu’on doit travailler fort pour conserver son dû, on manque de temps pour en rajouter. Pourrait-on se servir de cette leçon de l’histoire pour revoir le prochain système économique lorsque l’actuel collapsera ? La base 60 reprendra peut-être du service au-delà de la mesure du temps et des angles.

T comme dans tout

Aujourd’hui je poursuis ma série d’articles sur un mot commençant par une lettre précise, le hasard a choisi le t. Me restant ensuite à déterminer le mot dont l’entame est un t, je n’ai pas hésité bien longtemps, en fait, pas du tout. C’est tout.

Vous saurez donc tout sur tout, car aujourd’hui je traite surtout de tout et des t qui le composent. Tout. Tout un mot! Et notez qu’il contient 50 % de t.

Cette lettre t [te] possède, elle, la particularité d’être l’homonyme d’un objet ayant sa forme graphique, du moins dans sa graphie majuscule (T), c’est le té du dessinateur. La majuscule est composée d’un trait vertical et d’un trait horizontal appelé traverse placé à son sommet. Elle se distingue de la minuscule dont on a légèrement rabaissé la traverse en la plaçant plus haut que le centre pour ne pas le confondre avec le signe + de l’addition. Le t minuscule possède généralement une patte vers la droite (t).

Quant au mot «tout», pour tout dire, il me parait plutôt court. Et tout peut tout aussi bien devenir un nom masculin, un adjectif, un pronom ainsi qu’un adverbe de quantité. Aussi bien dire qu’il peut pratiquement tout faire.

La dominance de la lettre t dans son orthographe est atténuée par le fait que le dernier t est muet. Quant au premier t, il se prononce [t], une consonne occlusive dentale sourde. En phonétique, tout s’écrit [tu].

Adjectif

Étrangement, tout ne fait pas partie des adjectifs superlatifs. En adjectif qualificatif, il s’apparente aux mots «complet, entier et intégral», pourtant tout n’en est pas un synonyme. Le Grand Robert précise qu’«il a une valeur moins nette, qu’il doit à sa forme monosyllabique et à ses rôles de mot grammatical». Ainsi, tout n’est pas tout. En tant que subtilité de la langue française, il faut le faire! Tout est également un adjectif indéfini exprimant la totalité, sans exception, la globalité ou la généralité ou une périodicité comme dans «tous les jours». Il se fait généraliste comme dans «à tout coup, en tout état de cause, etc.».

Pronom

En tant que pronom, il prend généralement les formes plurielles «tous ou toutes» et il se prononce [tus, tut]. «Ce sont tous de parfaits idiots. Elles vont toutes mourir.» Toutefois, la forme singulière est utilisée en opposition à rien. «Tout ou rien. Tout est parti en fumée. À tout prendre. Bon à tout faire.» Il résume également une liste prédéfinie. «Alcool, drogue, sexe, tout pour ne plus y penser».

Nom

En tout et partout, ce n’est pas encore tout, car tout est aussi un nom masculin. Le tout qu’on subdivise, qu’on partage. «C’est tout ou ce n’est rien du tout». On renforce une négation avec «pas du tout» qui joue alors à l’adverbe (absolument pas). C’est un nom pris dans un sens binaire, sans compromission, dans «le tout ou rien».

Adverbe

Et enfin, il se fait adverbe de quantité pour désigner la globalité, l’entièreté, synonyme de totalement, complètement, entièrement, exactement. Il devrait donc être invariable, mais ce n’est pas vraiment ou toujours le cas. On écrit «les tout premiers», mais dans une expression présentant un adjectif féminin, il s’écrit au féminin «la toute première».

Avec du féminin pluriel il s’accorde également en genre et en nombre «les toutes premières», mais pas nécessairement si l’adjectif féminin commence par un h muet comme dans «tout hivernale» ou une semi-voyelle «tout oisive». Dans ces cas de figure, la règle devient floue, les auteurs divergent d’opinion et on retrouve de tout. Enfin, l’adverbe tout reste invariable dans d’autres circonstances dont je vous fais grâce.

Le mot de la fin

En introduction, j’ai menti lorsque je vous ai écrit que vous sauriez tout sur tout. Tout est l’un des mots les plus complexes de la langue française et le maitriser relève de l’exploit, sinon de la légende urbaine. Et tout urbaine qu’elle soit, la légende de tout connaitre sur tout est surtout surfaite. Tout en ratisse peut-être trop large pour que nous comprenions tout, même en étant tout ouïe. Un point, c’est tout.

L’ile aux bas perdus

Qu’arrive-t-il à nos chaussettes perdues entre le tiroir et le tiroir en passant par mes pieds, le panier à linge sale, la laveuse puis la sécheuse ?

Pourtant je ne jette aucune chaussette dépareillée afin de leur permettre de recouvrer leur conjoint un jour ou l’autre.

Malgré cette précaution élémentaire, mes chaussettes veuves ne retrouvent jamais leurs maris.

J’accrois les statistiques en leur faveur en achetant plusieurs paires identiques et pourtant, ça finit toujours à tomber sur un nombre impair alors qu’en perdre deux du coup, je n’y verrais que du feu.

Déduction, elles sont allergiques ou ont horreur des nombres pairs. Peut-être alors que les chaussettes sont faites pour habiter dans mon tiroir en nombres premiers puisque ceux-ci sont tous impairs (évidemment sauf le 2). Ce serait le premier cas connu où les nombres premiers contrôlent des objets physiques.

Je plains mes chaussettes devenues célibataires. Toutefois, sachant qu’aucune énergie n’est perdue au sein de l’Univers, les chaussettes doivent donc à tout prix émerger quelque part ailleurs.

Je pense qu’il existe une ile magique sise dans les immensités de l’océan ou une planète accueillante où toutes les chaussettes perdues se retrouvent afin de s’apparier entre elles. N’ayant pu retrouver leur partenaire d’origine, elles accroissent ainsi leurs chances de trouver chaussette à leur pied. « L’ile aux bas perdus ».

L’essoufflement des séries télévisées

Tiens, pour changer de registre, un sujet léger pour le week-end. Je regarde quelques séries télévisées et après un certain nombre d’épisodes, je sens que la série a manqué ou va manquer de souffle.

L’intrigue principale a déjà souffert de rebondissements trop nombreux pour qu’elle reste crédible. Les personnages principaux ont eu des comportements contradictoires, illogiques par rapport à leur psychologie. Les personnages secondaires deviennent des bons, des méchants, encore des bons et encore des méchants, tout ce méli-mélo ayant pour but de larder la série d’événements multiples aux incroyables revirements. Ici j’utilise le mot «incroyables» dans son sens littéral.

Tout d’abord, 22, 23 ou 24 émissions par saison ça me semble une quantité exagérée pour la plupart des séries. Je suis certain que le scénario initial se terminait après 12 ou 13 émissions et que le reste a été écrit durant le tournage des premiers épisodes. Il existe souvent des démarcations franches entre les deux parties de la saison, la partie homogène et la partie «faut respecter le contrat».

Toutefois, certaines séries télévisées ne souffrent pas de ce défaut. J’ai déjà parlé de la série «Stranger Things». On remarque aussi un nombre réduit d’épisodes pour les deux premières saisons, soit 8 et ensuite 9.

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Quant à Sense 8, on retrouve 12 épisodes lors de la première saison et ensuite 11 pour la seconde. Un nombre permettant aux scénarios une rigueur époustouflante et des histoires parallèles totalement imbriquées entre les huit personnages principaux. Cette série est un tour de force cinématographique absolument ahurissant. Si vous ne l’avez pas encore regardée, sautez immédiatement sur votre téléviseur pour l’acheter, la louer ou la voler à votre meilleur ami… ex-meilleur ami.

USA - "Non-Stop" Premiere - Los Angeles

Même la série «24: Legacy», une sorte de suite aux 8 saisons de Jack Bauer n’en comporte que 12, tout comme l’a été la série intermédiaire «24: Live another day». Il y a des limites à passer des nuits blanches, pourrait-on y commenter.

Je me suis aussi tapé les deux saisons de «Quantico». Toutes les deux affichent 22 émissions au compteur saisonnier et l’essoufflement est parfaitement visible, surtout dans la deuxième saison où l’intrigue principale se termine aux environs du 15e épisode. Quant à moi, il y avait déjà 12 à 14 épisodes de trop puisque l’intrigue ne cesse de rebondir n’importe comment dès les premiers moments de la saison 2. Les producteurs poursuivent le reste de la saison avec une autre intrigue principale et l’arrimage est tiré par les cheveux. Bon, il y a de jolies filles dont une avec de grosses babines à faire pâlir d’envie Angelina Jolie, mais ça en prend plus, et je ne parle pas des babines, évidemment, le téléviseur a une largeur maximale. Tous les acteurs s’efforcent de bien faire leur boulot, mais le rendu est parfois à la hauteur du scénario.

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Je m’en voudrais de ne dire que des vacheries sur la série Quantico puisque les scénarios reposent sur un concept très intéressant. Il existe deux histoires parallèles tout le long des saisons. Durant la première saison, on voit des recrues à Quantico, le lieu de formation d’une nouvelle cohorte d’agents du FBI et on assiste à leur formation point par point. L’histoire parallèle consiste en l’intrigue principale qui se déroule à partir de ce qu’on a vu dans la partie formation des agents. C’est intelligemment ficelé, mais 22 épisodes font qu’ils étirent l’intrigue principale au-delà de l’intelligence de tout le monde.

La deuxième saison répète ce même concept, mais cette fois ça se passe sur la Ferme, lieu de formation des nouveaux agents de la CIA. On revoit  leur entrainement point par point et comment elle diverge de la formation des agents du FBI. Malheureusement, l’intrigue principale n’est qu’un ramassis de stupides rebondissements tous plus incohérents les uns que les autres.

La troisième saison de Quantico est confirmée. J’espère qu’ils vont la raccourcir et mieux lécher les histoires. Verra-t-on la formation des agents de la NSA ou d’une autre agence encore plus secrète?

Photos : Netflix

Possible et impossible

L’impossible est-il impossible ou possible? Avec ce genre de mots, les paradoxes ne se situent jamais bien loins, car on parle en termes d’absolus.

Un bon domaine pour tenter de découvrir la réponse à cette question est la mathématique. Est-ce possible qu’un problème mathématique bien concret ne contienne aucune solution? Si c’est vrai, l’impossible est possible. Si c’est faux, l’impossible impossible aura au moins été prouvé pour un domaine particulier et touts ses dérivés dont la physique.

Autrefois, l’humain ne s’était jamais posé cette question et il considérait tout problème mathématique comme étant soluble. Lorsqu’il s’est retrouvé devant ce problème d’algèbre suivant:

x2 + 1 = 0

il a commencé à douter de l’assertion comme quoi tout problème possède une réponse. Pourquoi? Parce que si je résous cette équation, ce qui signifie que je cherche la valeur de x, j’arrive à

x = √-1

la racine carrée de moins un. Autrement dit, quel est le nombre qui, multiplié par lui-même, donne comme réponse -1? À la petite école, j’avais appris que cela était impossible puisque tous les nombres élevés au carré donneront toujours une valeur positive, jamais négative.

L’humain s’est dit, voilà enfin un problème mathématique insoluble qui tendrait à prouver que l’impossible est possible. Le hic est que si on élimine de toutes les démonstrations mathématiques ce résultat apparemment impossible, on se retrouve bloqué sur un tas de problèmes qui ont une solution bien réelle, comme la puissance des génératrices électriques. Par contre, en acceptant la solution à l’équation du haut comme étant possible, on peut calculer les puissances effectives des génératrices. Ça ne manque pas de croustillant, vous ne trouvez pas ?

Un problème à la réponse impossible rend impossible le calcul d’une possibilité bien réelle, mais si on accepte comme étant possible la réponse à ce qui semble impossible, on rend possible le calcul d’une réalité et le résultat final correspond exactement à la réalité.

Pour en revenir avec notre question initiale qui était à savoir si les problèmes mathématiques impossibles à résoudre sont possibles, la balance venait de pencher sur le côté «impossible».

Il a fallu un philosophe de génie, Kurt Gödel, pour dénouer ce problème et prouver mathématiquement une fois pour toutes que l’impossible est possible grâce à son théorème dit d’incomplétude paru en 1931.

À partir de ce moment, les mathématiciens se sont vus administrer une pilule empoisonnée. Avant 1931, ils se disaient que s’ils travaillaient suffisamment fort, ils finiraient par trouver la solution à tous les problèmes et voilà que cet illustre inconnu vient de prouver l’inverse. Il se peut que certains problèmes mathématiques n’aient aucune solution, rendant l’impossible possible.