Après la sixième extinction massive

Après une grande extinction comme l’une des 26 importantes qui ont frappé la Terre depuis sa naissance vient une explosion de nouvelles espèces qui conquièrent les niches écologiques laissées vacantes par les précédentes.

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Aucun cataclysme planétaire n’a encore signé l’extinction de toute vie sur Terre. Il serait peu probable que cela survienne, à moins que la planète tout entière soit disloquée, avalée, annihilée par un trou noir, une étoile à neutrons ou par une collision avec une autre planète qui ramènerait notre monde au stade de l’Hadéen (premier éon de l’histoire de la Terre).

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L’exemple du Cambrien

Lorsque la vie trouve des opportunités de foisonnement, les nouvelles espèces bourgeonnent de manière plutôt échevelée. Confinée à un certain territoire dépourvu de prédation sérieuse, la vie teste de nouvelles façons d’exister. Lorsque nous observons les fossiles de la faune de l’explosion cambrienne, plusieurs espèces seraient facilement qualifiables de nature extraterrestre tellement leurs caractères nous apparaissent exubérants.

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Cette période géologique débute voilà 541 millions d’années avec l’extinction de l’Ediacarien, la dernière période précambrienne, et s’étire sur 56 millions d’années au-delà.

Chaque environnement développe ses propres solutions qui seront mises à l’épreuve. Ainsi, il nous sera impossible de connaitre la majorité des espèces cambriennes, seules les plus mobiles et les plus aptes à survivre ont conquis de plus grands espaces permettant un nombre plus important de fossiles. Quelques espèces auront une descendance qui se perpétuera jusqu’à aujourd’hui, dont plusieurs arthropodes (corps segmentés articulés munis de pattes).

Sixième extinction de masse

Des traces permanentes confirment une nouvelle période géologique. L’Holocène s’est terminé pour laisser la place au Meghalayen, nommé officieusement Anthropocène durant plusieurs années. Extinction massive d’espèces, importants résidus des combustibles fossiles dont les plastiques, la Terre s’est transformée et les changements continuent de s’accélérer.

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La grande extinction actuelle causée par l’humain laisse elle aussi des niches vides qui se remplissent par des espèces existantes indigènes ou migratoires. Mais l’histoire nous montre qu’apparaitront également de nouvelles espèces issues de mutations de caractères plus favorables que ceux existants. Elles profiteront de toutes les faiblesses engendrées par les changements environnementaux pour s’imposer devant leurs semblables. Meilleure adaptabilité à la chaleur, à la sécheresse, aux vents, aux inondations, aux insectes, des plantes quasi indestructibles et des animaux supportant les extrêmes finiront par proliférer au profit d’une flore trop fragile et d’une faune trop spécialisée.

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Mutations

Certaines mutations paraitront légères tandis que d’autres afficheront des changements drastiques. Par exemple, avec la hausse moyenne des températures, le gigantisme pourrait facilement et rapidement redevenir à la mode. Mais l’inquiétude vient de ce que nous ignorons. Naitra-t-il des hybrides du style «alien», «the thing» ou «predator» apparaitre? Le prédateur parfait, l’ennemi idéal de l’humain verra-t-il le jour?

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À ce jeu de hasard génétique, de conditions environnementales encore inconnues et d’opportunités ratées ou profitées, il s’avère impossible de deviner ce que la Nature nous concoctera. Toutefois, le déséquilibre environnemental actuel risque d’engendrer de bien mauvaises surprises. Ce sera à découvrir, mais d’ici là, mes os m’auront depuis longtemps foutu la paix. Mais en suis-je bien certain? Les nouvelles sur le sujet pourraient s’avérer bien pires et survenir bien plus tôt qu’on pourrait le croire!

L’humain

Pour terminer, une autre nouvelle probablement pas très réjouissante, l’humain aussi s’adaptera ou il disparaitra. À quoi ressembleront les futures générations d’humains? Porteront-ils toujours la dénomination homo sapiens ou devrons-nous parler d’une nouvelle espèce?

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Ce pourrait être homo gigantis (homme gigantesque), homo troglodytis (homme vivant sous terre), homo coriaceus (homme à cuirasse) ou même homo pteryx (homme ailé). Si certains dinosaures ont su se transformer en bête volante, pourquoi pas notre espèce?

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On pourrait au moins affirmer que la sixième extinction de masse nous aurait élevés à des hauteurs insoupçonnées. Ça camouflerait peut-être un peu la sombreur de notre méfait!

Je vous le dis, cet endroit est dangereux !

La Terre a vu la vie naitre de ses entrailles et pourtant, elle s’ingénie à utiliser tous les moyens à sa disposition pour l’éradiquer. Séismes, volcans, glaciations, canicules, typhons, tornades, glissements de terrain, inondations, tsunamis, ondes de tempête, vagues scélérates, failles, éboulis, arcs-en-ciel, grêle, feux de forêt, et tralala.

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Si notre planète était seule à nous causer des difficultés, on pourrait presque se sentir au paradis. C’est toutefois sans compter sur ses petits amis météorites qui s’invitent sans prévenir, ainsi qu’aux colères solaires et celles bien pires de certains cousins éloignés tels les étoiles géantes, supernovæ, pulsars, quasars, magnétars, blazars, étoiles à neutrons et trous noirs. Tous ces sympathiques objets célestes fourbissent leurs armes pour un jour nous attaquer à coup de rayons X et gamma, de particules hyper véloces, qu’ils soient protons, neutrons ou noyaux d’atomes lancés à nos trousses.

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Toutefois, les dangers pour l’humain ne s’arrêtent pas là. Nous partageons la Terre avec d’autres organismes bien plus anciens que nous, dont certains préfèreraient jouir d’elle sans notre présence dans leurs parages. Virus, bactéries, champignons, levures et autres microorganismes s’attaquent à plus grands qu’eux sans ressentir aucune gêne ni démontrer aucun respect. Ils peuvent décimer des villages, des villes, des provinces et des pays entiers en moins de temps qu’il en faut pour acheter des billets pour un spectacle de Justin Bieber.

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Mais ce dernier n’est pas le seul humain à perpétrer des atrocités innommables sur la population mondiale, car notre espèce a toujours démontré une haine incommensurable envers ses propres individus. On se trucide à qui mieux mieux, on se bombarde, on s’empoisonne, on se fait disparaitre à grands coups de génocides barbares et après cela, lorsqu’il en reste, parce que certains résistent parfois, on les accuse de tous les torts pour les déshumaniser au fond d’affreux cachots secrets.

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Entre les deux, entre les microbes et les macrobes – j’invente ce mot que je trouve pertinent pour qualifier les humains – les seconds sont particuliers puisqu’ils demeurent incontestablement les pires ravageurs pour leur propre espèce. Nous polluons la terre, l’air et toutes les eaux du monde sans égards à récupérer ce que nous appelons nos déchets. En bref, nous buvons après avoir uriné dans notre écuelle, nous mélangeons nos excréments à notre bouffe et nous respirons les poisons rejetés inconsidérément dans l’atmosphère sous nos sages auspices.

Catastrophes naturelles ou anthropiques, homo sapiens a bien failli subir le même sort que ses cousins homo neanderthalensis et homo floresiensis. Il faut toutefois éviter de crier victoire, car la partie est loin d’être gagnée pour les gens de notre espèce, comme vous avez pu le lire précédemment, et ce malgré nos 7,6 milliards d’individus qui foulent les divers continents et se défoulent allègrement sur eux.

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En fait, le nombre de catastrophes potentielles ou actuellement en cours est si grand qu’il est absolument impossible que nous ne subissions pas de lourdes pertes de manière plus ou moins régulière. Pour preuve, la dernière hécatombe survenue le 26 décembre 2004. À ce moment, 250000 personnes ont perdu la vie à cause d’un tsunami dévastateur. Cependant, malgré ce nombre effarant de victimes, il a quand même représenté la disparition de seulement 0,0036 % de la population humaine. Au rythme où nous repeuplons la Terre, cette baisse subite de nos effectifs n’aura causé aucune diminution sensible.

Il en irait tout autrement avec une catastrophe de type galactique. Il n’est pas exclu qu’un tel événement ait engendré l’une des cinq grandes extinctions qu’a connues notre planète. Selon la situation, nous pourrions très bien tous disparaitre et très rapidement. Je ne parle pas d’un petit caillou de la taille de l’Everest qui nous tombe sur la tronche, non, je parle d’un tueur bien plus puissant et pourtant invisible.

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Nous pourrions être attaqués par des rayons si énergétiques que nos protections atmosphériques seraient toutes balayées, nous laissant exposés et vulnérables aux dangers toujours présents de notre propre soleil et ses copains.

Je parle de catastrophes parce que la plupart des gens préfèrent en oublier la possibilité jusqu’à ce qu’elles surviennent. Vivre en compagnie de spectres effrayants les indispose. Je les comprends, mais je ne partage pas leur opinion. Suis-je mal conçu pour être incapable de fermer mes yeux? Une chose est certaine, lorsqu’elles surviendront je ne serai aucunement surpris. Ce jour, je passerai peut-être pour un gars insensible, peu m’importe, je saurai que la vérité est ailleurs. Si je garde les yeux rivés sur la réalité des possibilités à survenir, je ne sursaute pas quand l’univers cherche à me stupéfier.

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Si une hécatombe arrive de mon vivant, je n’aurai pas à vous seriner que «je vous l’avais bien dit», car au fond de votre tête vous vous direz: «LeCorbot nous l’avait bien dit».

Toutefois, serons-nous toujours là l’un et l’autre pour tenir ces réflexions?

Adam, Ève et un certain Toba

Plusieurs cultures parlent d’un premier humain, un Adam duquel descendraient tous les autres humains. Jusqu’à tout récemment, la science considérait cette histoire comme un mythe, une façon de décrire nos origines en rembobinant le film disparu de notre histoire à partir de l’observation de la croissance démographique à différentes époques. De nos jours, on utilise ce même processus de rétrogradation pour décrire la théorie du Big Bang.

On comprend aisément comment cette technique associée à une autre coutume pratiquée à cette époque permettait de remonter le cours du temps. De fait, les enfants apprenaient le nom de tous leurs ancêtres (mâles) jusqu’au premier de leur lignée (!). Évidemment, cette liste ne peut être qu’incomplète. Si on calcule en moyenne cinq ancêtres du côté paternel par siècle, cinquante par millénaire, cinq cents par dix mille ans et cinq mille ancêtres par cent mille ans, la liste apprise de leurs aïeux ne remontait qu’à environs un ou deux millénaires tout au plus. Pourtant, l’apparition d’homo sapiens serait survenue voilà environ 200000 ans et il se serait même reproduit avec d’autres espèces que la sienne, dont les néandertaliens. Qui plus est, homo sapiens a eu des ancêtres pas si bêtes. Ainsi, la liste de nos ancêtres du genre homo s’étire dans le passé jusqu’à environ 2,5 millions d’années.

Les progrès de la génétique tracent un nouveau portrait plus rigoureux des origines de l’espèce humaine. Entre autres, il y aurait eu une sorte de goulot d’étranglement génétique datant d’environ 70000 ans. Il se serait produit un événement majeur durant lequel l’espèce humaine serait passée à un cheveu de l’extinction totale. Nous connaissons depuis peu l’existence d’un cataclysme planétaire survenu voilà -73000 ans ± 4000 ans. Il s’agit de l’éruption d’un supervolcan indonésien dont ses effets se sont fait sentir sur Terre durant près d’un millénaire. Aujourd’hui, ce volcan est une caldeira remplie d’eau et forme le lac Toba sur l’ile de Sumatra. C’est le plus grand lac volcanique du monde. Sa profondeur maximale atteint les 500 mètres et son cratère atteint les dimensions de la ville de New York.

Les deux dates concordent trop bien. On sait que l’éruption du Toba créa un hiver permanent sur la quasi-totalité de la planète avec des refroidissements dépassant les 15 degrés dans les régions tempérées de la planète. Une éruption semblable aujourd’hui décimerait également la population mondiale. À peine moins d’un pour cent de nos semblables pourraient probablement y survivre, sûrement moins. Seulement quelques milliers d’individus de notre espèce ont survécu à Toba quelque part dans le sud de l’Afrique.

L’analyse génétique de l’ensemble des peuples de la Terre tend à confirmer que tous les humains sont issus des mêmes ancêtres et ceux-ci seraient les seuls rescapés de cette épouvantable catastrophe. Malgré leurs apparentes différences physiques, les êtres humains sont quasiment frères et sœurs lorsqu’on compare les ADN de tous les peuples vivant à notre époque.

Ainsi, la théorie du couple mythique Adam et Ève ne relève pas nécessairement d’une bulle au cerveau. Toutefois, les scientifiques ne s’entendent pas encore sur ce point, malgré leur unanimité sur le faible nombre de nos ancêtres. Certains disent que l’analyse génétique mitochondriale (gènes transmis uniquement par la mère) prouve que toutes nos aïeules étaient des sœurs, qu’elles provenaient donc de la même Ève. Certains vont même jusqu’à affirmer que nous aurions également tous le même père, les rejetons des autres survivants s’étant éteints au fil du temps.

À la lumière des faits confirmant cette grande catastrophe mondiale qui fut de survivre à mille ans de changements climatiques drastiques qui éprouvèrent notre espèce et qui firent disparaitre tous nos cousins (ou presque), la plausibilité scientifique de la légende d’Adam et Ève devient forte.

Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons plus douter de la ressemblance génétique de tous les humains et cette dernière confirme nos origines communes. De plus, l’étude de la linguistique est également formelle sur le fait que toutes les langues du monde découlent d’une seule et même langue archaïque. Dans les deux cas, le calcul approximatif, mais non dépourvu de sens, des mutations génétiques et linguistiques visent un point de convergence comparable dans notre passé.

Ainsi, l’humain se serait pratiquement éteint, il aurait vivoté durant presque mille ans avant que la Nature ne redevienne suffisamment clémente pour qu’il recommence à se répandre un peu partout sur la planète pour atteindre aujourd’hui 7,3 milliards de semblables.

Alors, si vous haïssez votre belle-mère envahissante, votre ex infidèle, votre patron injuste ou votre voisine écornifleuse, soyez conciliant(e), car vous appartenez à la même sororité ou fraternité. Ça n’excuse peut-être pas ses comportements injustifiés à votre égard ou envers ceux qui vous sont chers, mais les membres d’une même famille se tolèrent toujours mieux, et ce même si le nom de votre ancêtre commun est à tout jamais perdu parmi les cendres du volcan Toba.