Une fiction réaliste

Écrire un livre ne consiste pas uniquement à étaler des mots les uns à la suite des autres. L’œuvre a besoin d’une planification avant de s’y attaquer en commençant par choisir le style littéraire. Roman, récit, (auto)biographie, autofiction, essai, témoignage, pamphlet, il faut décider comment partager une histoire, ses réflexions, ses idées. Deux grandes classes s’y prêtent de manière drastiquement différente, écrire de la fiction ou de la réalité.

Personnellement, à l’exception de ce blogue, je préfère épancher mes humeurs dans des histoires fictives. C’est pourquoi je m’attarderai sur cette classe d’écriture plutôt que sur l’autre. 

Certains auteurs utilisent des faits qu’ils déforment à peine, modifient les noms d’individus et des lieux afin de produire une œuvre pseudo-fictive. Je les trouve en manque d’imagination puisque toute la trame existait déjà. Les incohérences pouvant se glisser dans une histoire entièrement inventée ont toutes été lissées par la réalité.

On retrouve aussi l’inverse. Écrire de la fiction sous la forme d’une réalité afin de créer de faux faits, plausibles ou non. Ce style n’est pas l’apanage de nos politiciens modernes. Jules César et Hitler s’y adonnaient joyeusement. Malheureusement, même les gardiens de l’Histoire, les historiens, écrivent des tas de mensonges par complaisance ou pour continuer de sentir leur tête sur les épaules.

Règle générale (et troisième conseil), il est préférable d’écrire des faits sous forme de fiction que de la fiction sous forme de faits. La fiction permet tous les écarts entre les événements qu’on voudrait rapporter et leur justesse, elle n’exige pas d’étaler des preuves irréfutables. Dites-vous que personne n’est dépositaire de la vérité, tout n’est toujours qu’une question de point de vue. Décrire des situations en ne se préoccupant que d’un seul côté de la médaille (le sien) me fait penser à un discours démagogique dont les parties adverses n’ont pas le droit à la réplique.

Dans mon dernier roman, j’utilise abondamment la forme récit, annale ou mémoire pour raconter l’histoire. Ce style convenait à l’œuvre jusqu’à une certaine limite. La panoplie de personnages — plus d’une soixantaine — ne permettait pas logiquement à un seul narrateur d’avoir été le témoin ou le rapporteur de tous les faits racontés. Je m’en suis sorti en créant une équipe de narrateurs, chacun écrivant une partie de l’histoire selon leurs accointances avec les différents protagonistes.

Penser à l’histoire et imaginer la bonne façon de la raconter peuvent parfois s’entrechoquer. Dites-vous qu’un écrivain doit d’abord et avant tout trouver d’excellentes solutions à des problèmes souvent complexes. Votre imagination, mais surtout votre rigueur vous permettront d’éliminer les incohérences évidentes ou subtiles, les anomalies temporelles, les ellipses trop pratiques, et les hasards improbables qui rendent certaines œuvres si inconséquentes ou tellement bourrées de coïncidences rocambolesques qu’elles deviennent risibles, voire ridicules.

Plongez tête baissée dans votre histoire, ne soyez pas un maitre rigide ni un esclave asservi à vos propres règles. Osez écrire de l’imprévu. Préférez toujours adopter le point de vue de vos personnages plutôt que le vôtre. Ils vous amèneront peut-être sur des sentiers non balisés, mais parfois vos entités s’avèreront bien plus imaginatives que vous ne le pensez. De belles surprises risquent de vous attendre si vous vous laissez transporter vers des horizons incertains.

Dans une œuvre de fiction, les pièges se multiplient rapidement et certains peuvent même devenir insolubles. Mon quatrième conseil veut donc vous enjoindre de ne jamais tomber dans la facilité en prenant l’intelligence de votre lectorat à la légère. Si vous avez découvert une étrangeté, elle sautera aux yeux de la plupart des lecteurs. N’hésitez jamais, réparez-la en utilisant le moyen le plus approprié et si celui-ci consiste à brûler plusieurs chapitres, faites-le. Débarrassez-vous des personnages déficients et créez-en d’autres, réécrivez les dialogues, rétablissez la chronologie complète s’il le faut. Toutes les demi-mesures auront pour conséquence de doubler l’insatisfaction des lecteurs.

Le but ultime n’est pas simplement d’écrire une histoire. Le véritable objectif, c’est d’écrire une excellente histoire et pour y parvenir, acharnez-vous sur les problèmes jusqu’à tous les éliminer, jusqu’à ce qui n’en reste plus aucune trace.

Écrire ressemble parfois à de la torture et puisqu’elle se pratique volontairement, on peut se sentir totalement masochiste. Je compare alors ma situation avec une autre activité que je déteste vraiment, comme passer l’aspirateur. Soudainement, mes difficultés d’écriture prennent une perspective nouvelle, car j’adore fondamentalement m’adonner aux plaisirs de la plume.

« Écrire de la bonne fiction, c’est berner le lecteur avec son consentement s’il préfère penser que l’histoire est véridique plutôt que de l’admettre inexistante.»

Afin de ne pas gâcher ce sublime dessein, restez constamment en alerte en vous efforçant de trouver les défauts dans votre œuvre. Chaque élément impertinent, incomplet, incohérent ou inapproprié brisera la magie que vous cherchez à établir entre vous et le lecteur.

Soyez sévère avec vous-même, l’indulgence n’a pas sa place. En revanche, ne vous découragez jamais même si le constat de vos analyses vous effraie. Prenez le temps de décanter, de souffler, de vous ressaisir lorsque surviendra l’envie de tout balancer à la poubelle ou de fermer les yeux sur les manquements découverts. Choisissez la troisième voie, celle du travail acharné.

Vénus Atlantide

Vénus est la planète la plus semblable à la Terre. À peu de choses près, elles partagent les mêmes dimensions, la même masse et la même gravité. Alors, pourquoi s’acharner à toujours aller sur Mars, une planète beaucoup plus petite avec une atmosphère quasi inexistante et bien plus éloignée ?

Je peux lister quelques bonnes raisons, dont la température de surface avoisinant la température de fusion du plomb, une pression atmosphérique cent fois plus élevée que celle sur Terre et une atmosphère saturée d’acide sulfurique et de CO2. Durée de vie d’un humain à sa surface : nulle, même en scaphandre, même à l’abri dans un vaisseau.

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Toutefois, cette jumelle de la Terre n’a pas toujours connu cet enfer. Née aux mêmes instants et dans les mêmes conditions que notre planète, elle a déjà abrité des océans dans sa prime jeunesse. La vie a probablement éclos et a atteint un certain degré d’évolution. Mais quel degré d’évolution ?

Dépendant de plusieurs facteurs favorables ou non, la vie aurait pu atteindre un certain niveau de complexité. Beaucoup de scientifiques pensent que la vie intelligente exige beaucoup de temps avant d’émerger. Vénus n’aurait probablement pas connu une période saine suffisamment longue pour engendrer des êtres ayant notre niveau de complexité.

Venus-Milo

Le problème est que nous ne connaissons pas l’histoire d’autres peuples, à part le nôtre, pour tirer cette conclusion qu’on peut très certainement qualifier de hâtive. L’humain a une fâcheuse tendance à tout ramener à lui. Il aime croire que s’il a connu une certaine histoire, tous les autres peuples dans l’univers devraient avoir vécu une histoire à peu près semblable. S’il a fallu plus de 4,5 milliards d’années avant que notre planète accouche de l’humain, de facto il considère impossible d’obtenir le même résultat en 1 milliard d’années.

Si nous observons une roulette de casino une seule fois alors que la bille s’arrête sur le 10, ça ne nous apprend rien sur les autres résultats, antérieurs ou postérieurs. Il est toutefois absurde de penser qu’à tous les coups, elle s’arrêtera sur le 10.

La vie sur Terre a évolué à travers vingt phases d’extinctions de différents degrés d’importance parmi lesquelles cinq se sont avérées quasiment totales. Toujours recommencer presque du début ne s’avère pas très productif. Imaginons un instant que Vénus n’a pas connu autant d’extinctions massives à répétition, à quelle vitesse la vie aurait pu progresser à sa surface ?

La possibilité que notre sœur ait connu assez tôt dans son histoire une forme de vie intelligente n’est pas nulle. Il est même possible que cette intelligence ait agi comme nous le faisons actuellement, qu’elle ait voyagé à travers l’espace pour venir se poser sur d’autres planètes du système solaire, y compris sur sa jumelle, la Terre. Si des Vénusiens ont visité la Terre en des temps immémoriaux, qu’ont-ils fait ? Qu’ont-ils vu ? Qu’ont-ils laissé sur place et qu’ont-ils rapporté ? Au moment où ils auraient réussi cet exploit, la vie sur Terre devait encore se trouver à des stades peu avancés, mais elle existait très certainement. Pas de panspermie à envisager. Les effets dévastateurs de la tectonique des plaques ainsi que l’érosion continue ont très certainement effacé toutes traces de leur présence. Peu d’espoir de trouver des vestiges. Ils seraient repartis en abandonnant tout projet de colonisation si les conditions de vie ici ne concordaient pas à leurs besoins physiologiques différents de ce que nous pensons toujours être les seules conditions favorables. 

Vénus

Il est également possible que plus tard les Vénusiens aient ensuite causé l’emballement thermique de leur planète, tout comme nous le faisons actuellement avec notre Terre. Il est même possible que des Vénusiens aient trouvé refuge dans les entrailles de leur planète en attendant des conditions extérieures meilleures. Certains s’y trouvent peut-être même encore !

Quoi qu’il en soit, je ne repousse pas cette possibilité du revers de la main même si les chances sont des plus minces. Les surprises surviennent lorsqu’on a négligé certaines hypothèses parce qu’elles s’avéraient trop exotiques ou trop improbables pour être retenues.

L’Univers se fout de nos raisons et de nos désirs. Il n’a pas vécu dans le passé en fonction de nous faire plaisir le jour où on étudierait certains aspects de son histoire. L’Univers n’a jamais eu le mandat de s’arranger pour qu’un jour nos hypothèses trouvent de l’exactitude.

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Alors, j’aime bien imaginer que Vénus, notre planète sœur, la guide du berger, ait un jour abrité la vie. Peut-être qu’à cette époque reculée y trouvait-on des beautés incomparables, des coquillages, des fabricants de rasoirs ou des apothicaires concoctant des potions aphrodisiaques ? Vénus serait ensuite morte étouffée, engloutie sous une épaisse couche de nuages, cuite sous pression à 450 °C. Une Atlantide céleste. Vénus Atlantide.

Sous la contrainte des créatures

Dans mon dernier article traitant de l’écriture de fiction, j’abordais le concept de la création de personnages crédibles. Ils doivent se démarquer les uns des autres et pour ce faire, l’auteur doit cesser de puiser dans ses propres expériences ou lectures passées. Inventer des vies totalement imaginaires auxquelles les lecteurs croiront instantanément reste un exercice pouvant s’avérer complexe et périlleux, mais rempli de satisfaction pour un auteur réussissant ce délicat travail. Parfois, les inspirations adoptent de bien curieux chemins pour atteindre notre conscience. Voici un exemple.

J’avais besoin de créer un être troublé. Une image m’est soudainement apparue de lui et, étrangement, celle-ci prenait peu à peu la forme d’un poème. Une fois l’exercice terminé, je possédais tout ce dont j’avais besoin pour l’insérer dans la trame du livre, son passé, sa façon de penser, son état d’esprit. Lorsque je l’ai inscrit dans l’histoire, j’ai dû respecter son schème en le faisant réagir conséquemment, tout en lui fabriquant un discours représentatif de sa nature. Ma créature était devenue autonome et m’imposait des choix que je n’avais pas prévus en amont. Le livre prenait ainsi une tournure évolutive orientée différemment de mes désirs initiaux. Le personnage me contraignait à accepter ses réactions naturelles ou à le jeter par-dessus bord et à tout recommencer.

N’ayant pas la possibilité d’insérer le poème, il est devenu orphelin. Je vous le présente, n’hésitez pas à me dire si sa lecture vous transmet une certaine image dudit personnage.

J’abrite la haine

J’abrite la haine
Depuis le jour où je suis né
Depuis le sein trop refusé
Depuis les caresses oubliées
J’ai pleuré à m’en fendre l’âme
J’ai vidé des torrents de larmes
Inutiles solitaires vacarmes

J’abrite la haine
Depuis mes premiers jours d’école
Pris dans ce corps chétif à l’os
Incapable de défendre ce fol
Je vis otage des malins
J’envie les rages du destin
J’emplis d’orages mes deux mains

J’abrite la haine
L’adolescent sans avenir
Les filles aux regards sans désirs
Je me recourbe et je soupire
Je me destine à la violence
Ne me dis pas ce que t’en penses
Tu ne pèses rien dans la balance

J’abrite la haine
L’adulte aussi est pris au piège
Incantations et sortilèges
On me contraint au gris ou beige
Le bonheur toujours en cavale
Tous mes espoirs, je les ravale
Foutu, combat contre le mal

J’abrite la haine
Avec tes sales manigances
Tu crois à ton intelligence
Mais quelle déplaisante résistance
Tu redoutes mon regard oblique
Je confronte ta piètre logique
Remplis de mensonges empiriques

J’abrite la haine
Ce monde est meilleur pour les autres
Ni prédicateur ni apôtre
Une vie heureuse si tu te vautres
Mes pensées n’intéressent personne
Elles dérangent trop pour qu’elles résonnent
On les abrille ou les maçonne

J’abrite la haine
Funeste tsunami d’émotions
Volcanisme en ébullition
Nucléarisé champignon
Surtout ne me fais pas rager
Je t’explose sans même broncher
Humanité déshumanisée

J’abrite la haine
Je hais ce monde et ses sujets
Je hais les rois et leurs laquais
Je hais mes voix et leurs secrets
Je hais les merveilles en exil
Je hais mon existence futile
Je hais l’univers inutile

J’abrite la haine

Complété n’est pas synonyme de terminé

L’autre jour, j’abordais le sujet d’écriture de fiction, car depuis deux ans, j’écris un roman qui se veut un préambule à un autre roman écrit celui-là il y a une vingtaine d’années. L’œuvre sera bientôt prête. Le terme bientôt doit être compris dans le sens d’un bientôt écrivain. C’est donc que l’histoire est complétée et actuellement je me farcis la énième passe de corrections avant de la considérer comme étant plus ou moins terminée.

Sans l’avoir délibérément décidé au début de l’ouvrage, je me suis retrouvé à écrire environ cent-cinquante segments que j’ai ensuite rassemblés en les raboutant chronologiquement. D’une idée à l’autre, le roman prenait ainsi de l’ampleur et de la complexité tout en conservant une ligne directrice précise. L’œuvre met en scène une quarantaine de personnages dont seulement quelques-uns, une vingtaine d’années plus jeunes, proviennent du roman original. Bien sûr, tous les rôles ne s’équivalent pas. Certains d’entre eux passent comme des étoiles filantes tandis que d’autres se retrouvent dans plusieurs occurrences. Très peu ont l’honneur de tenir l’un des principaux rôles.

Je ne recommanderais pas de choisir cette technique d’écriture puisqu’elle engendre d’énormes difficultés, dont celle de gérer l’horaire de tout ce beau monde. Les invraisemblances temporelles se multiplient rapidement lorsqu’une aussi grande quantité de personnages interagissent et discutent d’événements s’enchainant en cascade alors que l’écriture fut tout sauf linéaire. 

Ce livre me fournit une multitude de difficultés à surmonter, mais selon moi, les défis font partie du plaisir d’écrire. C’est un roman d’action à saveur policière, une histoire contemporaine inventée, mais plausible qui ne m’a pas été inspirée d’un fait quelconque. Malgré ma propension naturelle à utiliser des concepts scientifiques, ici je n’en aborde aucun, ou si peu !

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J’ai beaucoup aimé fabriquer ce scénario où une foule d’histoires disparates s’entrecroisent et s’entrechoquent, pour finalement toutes s’incorporer dans la grande toile de fond. Un fait étrange, presque ésotérique de l’écriture, est lorsque je ponds des personnages d’arrière-plan dès le début sans savoir s’ils pourront jouer un certain rôle et qui, beaucoup plus loin, se voient confier une partie essentielle de l’histoire. Ne pas l’avoir eu sous la main, il aurait fallu que je l’invente. Donc, celui-ci n’apparait pas subitement, comme tiré d’un chapeau. Je n’ai pas non plus à reprendre plusieurs segments pour lui composer un passé, il possède déjà un vécu. 

Actuellement, même si je décrète cette histoire complétée, je me permets encore de rajouter quelques paragraphes ici et là afin d’améliorer la fluidité ou la compréhension générale.

Même si écrire un roman exige des efforts considérables, cet exercice recèle une foule de plaisirs et de satisfactions que toute personne peut connaitre tant qu’elle accepte les sacrifices inhérents. Composez une histoire simple, un cadre limité, quelques personnages et voilà ! Mais je vous mets en garde, le vrai travail d’écrivain commence à partir du moment où l’œuvre est complétée. Car si elle contient bien tous les éléments nécessaires, ceux-ci ne prendront de la valeur que sous le martelage intensif des touches de votre ordinateur. Seules d’innombrables lectures fastidieuses ponctuées de retouches simples ou en profondeur amèneront le travail à un niveau acceptable permettant aux lecteurs d’éprouver de l’intérêt et du plaisir.

Vous verrez également qu’un roman restera toujours une œuvre inachevée. À un certain moment, l’écrivain doit accepter de la délaisser et lorsqu’il le fait, c’est toujours à contrecœur. Si vous n’éprouvez pas ce sentiment devant votre œuvre, relisez-la comme un lecteur étranger, pas comme l’auteur, et vous verrez exploser les points à améliorer.

Les romanciers ne terminent jamais leurs œuvres, seuls les lecteurs les terminent lorsqu’ils les referment, en espérant que cela survienne après qu’ils aient lu la dernière page.

Écrire de la fiction

Je trouve une sorte d’équilibre dans l’écriture en orientant mes travaux le long de deux pôles. Les premiers sont consacrés aux œuvres de fiction. Romans, nouvelles, poèmes, je garde normalement ces écrits à l’extérieur de mon blogue, sauf à l’occasion, un poème, puisque son format se prête à celui d’un article de blogue. Ce sont les seules œuvres de fiction que je m’autorise à placer ici, car oui, ma poésie est fictive. Tous les autres articles écrits depuis trois ans ne contiennent que du contenu original et sont exempts de fiction. Vous pouvez donc être assuré de lire ce que je pense parce que je pense chaque mot que j’écris.

Comment faire alors pour écrire ce que l’on ne pense pas ? Comment écrire de la fiction ? Il n’est pas donné à tout le monde d’inventer de toute pièce et aisément des histoires crédibles. Certains signes peuvent aider à savoir si ce travail pourrait s’avérer plutôt facile ou, au contraire, passablement ardu.

J’avise immédiatement le lecteur. Mon opinion ne vise aucunement à décourager quiconque d’écrire de la fiction. Elle présente plutôt une façon de reconnaitre des talents innés, ou à se préparer à vivre quelques difficultés conséquentes. Rien n’est impossible lorsqu’on accorde le temps, les techniques et les efforts adéquats.

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La page blanche. Tout d’abord, voyons ce syndrome un peu embêtant pour un auteur de fiction. Si la page blanche l’assaille systématiquement, écrire de la fiction risque d’être un exercice difficile puisque celle-ci exige en général une imagination abondante et une inventivité flexible. Car, non seulement faut-il créer une histoire tirée (presque) du néant, mais elle devra bien souvent être triturée pour qu’en version finale, l’histoire coule le plus fluidement possible.

L’introspection versus l’extrospection. Un auteur plus à l’aise avec l’introspection pourrait trouver son style dans le récit, la biographie, le portrait, la poésie, les œuvres techniques plutôt que les œuvres de pure fiction. Tous les styles apportent leur lot de difficultés, mais choisir le plus naturel pour soi, du moins au début, permet d’accomplir et de terminer plus efficacement ses premières œuvres.

L’observation. C’est possible d’inventer des personnages ex nihilo qui ne sont pas des entités extraterrestres quelconques. La plupart des auteurs s’en tiennent à créer des humains. Les expériences de vie et les observations portées sur le monde entrent grandement en ligne de compte dans la facilité qu’aura l’auteur à imaginer une brochette de gens aux comportements distincts sans qu’ils soient des copies d’autres personnages, de personnes de son entourage ou de lui-même. Observer, c’est accumuler une panoplie de comportements différents permettant de créer une banque d’idées servant ensuite à composer des caractères originaux crédibles.

L’analyse. Inventer des personnages et des histoires ne suffit pas à écrire de la fiction. Un auteur doit posséder certains talents d’analyste pour revoir tous les aspects de son œuvre. La cohérence est ici le mot clé de toute bonne histoire de fiction puisque l’auteur désire faire d’une irréalité une vérité plausible aux yeux de son lectorat.

Oeil

L’autocritique et l’humilité. Une histoire fictive n’est pas bornée par la réalité, cette grande liberté contient également les germes menant à l’invraisemblance. Un auteur de fiction doit donc appliquer une autocritique à chaque étape de son travail. Sans cette capacité de se relire comme étant une personne distincte de l’auteur, écrire de la fiction risque d’engendrer des œuvres défaillantes et causer plus de frustrations que de plaisirs. Reconnaitre sans effort, sans gêne et sans amertume les faiblesses dans son travail apporte les outils permettant son amélioration et son peaufinage.

Les dialogues. Presque essentiels à toute œuvre de fiction, les dialogues se doivent d’être crédibles et percutants. Deux ou plusieurs personnes, la plupart du temps très différentes, échangent, s’opposent et s’influencent mutuellement. Il ne peut pas exister un seul style de langage, les gens sont différents et parlent différemment. Si l’auteur trouve difficile d’imaginer des mots dans la bouche d’autres personnes que lui-même ou ses proches, des mots qu’il n’a jamais entendus ou prononcés de sa vie, des mots qu’il n’ose pas prononcer ou même imaginer, des façons de dire qui ne sont pas les siennes, ces limites peuvent rendre l’écriture de fiction plus complexe.

Inutile

L’abandon. Enfin, le dernier mais non le moindre, pouvoir abandonner une mauvaise idée, un mauvais chapitre, une mauvaise décision, un mauvais personnage semble plus facile à penser qu’à faire. Tuer une partie de son œuvre n’est jamais simple pour un auteur ayant mis tout son cœur dans une idée qui s’avère être une erreur parmi le reste de l’œuvre. Je me suis donné un truc pour accepter de me débarrasser d’un personnage ou d’une idée inappropriée. Il ne faut jamais jeter ses idées ou ses personnages aux orties. Ce sont des produits parfaitement recyclables. Un jour viendra peut-être où l’idée ou le caractère laissé en plan viendra alimenter une autre œuvre.

Tout travail doit quand même commencer par l’essentiel et écrire de la fiction n’échappe pas à cette règle de base. D’abord et avant tout, se faire plaisir.

La paix du Corbot

Ça devrait en surprendre plus d’un à la lecture de certains des articles de ce blogue, mais le noir volatile atteste qu’il a enfin trouvé la paix. Difficile de le croire ?

Ouais, bon ! Je vous l’accorde, ce n’est pas la paix totale ni béate ni heureusement la paix éternelle. Certainement pas la paix amoureuse, celle-là ne surviendra probablement jamais, mais j’ai quand même atteint une forme de paix, la paix d’esprit entourant mon rôle social.

Lorsque je voyais la planète se déglinguer, aucun individu sensé ne pouvait laisser ce massacre s’accomplir sans lutter. Le problème est que la guerre était perdue d’avance puisque personne ne voulait combattre. Seule une lutte victorieuse aurait permis à l’humain de survivre et tout le monde s’en est foutu.

Après l’inévitable ahurissement, la déprime tout aussi inévitable m’attendait de pied ferme. Chacun d’entre nous avait le devoir de collaborer à la hauteur de ses moyens et de ses talents. Rien n’a été fait, sauf se donner bonne conscience pour s’en être désintéressé en triant ses recyclables. Wow ! Quel merveilleux accomplissement ! Quels actes héroïques dignes des plus grands champions ! Jeter des « jenveuxpu » dans un bac vert en plastique plutôt qu’une poubelle grise en métal pour qu’ils se retrouvent quand même dans un dépotoir ici ou en Malaisie. Tout un exploit ! Et après on se demande pourquoi on va crever ! L’histoire n’est même pas pathétique, elle est loufoque.

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Être pris entre les mâchoires de l’étau qui se resserrait incessamment me tuait à petit feu. Le maxillaire fixe du froid outil, les humains indolents, imperturbables, inactifs. Et la mandibule, notre système, les industriels, les politiciens qui rapprochent les deux pièces de métal l’une contre l’autre en écrasant tous ceux qui osent se placer entre les deux.

Même les esprits les plus fins, les plus respectés, les plus populaires n’ont pas tenu le coup. Al Gore, David Suzuki et mon compatriote Hubert Reeves, ils ont tous baissé les bras et pavillon. Ils ont jeté l’éponge, la serviette et les armes. Ils ont plié bagage et l’échine. Ils ont mis le genou par terre. Ils ont consciemment ou inconsciemment abandonné leur lutte, car inutile, car impossible. Aucune victoire, aucun progrès, aucun désir perçu, aucun plan valable mis en œuvre, aucun accord respecté, c’est l’échec le plus cuisant de toute l’histoire de l’humanité.

Et malgré cette décrépitude, ou peut-être à cause de celle-ci, j’ai atteint un moment d’intense compréhension du rôle de l’humain sur terre et dans l’univers. Cela m’a suffi pour cesser de me préoccuper de son avenir. D’une certaine façon, une illumination comme j’en ai eu peu dans ma vie. J’ai compris le véritable rôle dévolu à l’humain et il n’a rien en commun avec nos prétentions, nos désirs, nos espoirs ou nos ambitions, j’oserais dire heureusement.

On rêve de conquête spatiale alors qu’il nous est impossible de supporter la microgravité, le vide, le froid spatial, les tempêtes solaires, les particules cosmiques, le temps. On rêve de voyages intersidéraux qui nécessiteraient un recyclage de 100% de toutes nos ressources, y compris nos déjections et nos dépouilles alors qu’on est incapables de mettre le plus petit système fonctionnel ici sur le plancher des vaches où nous possédons tout pour réussir. Il faudrait vivre en vase clos dans un espace restreint et exigu durant des milliers d’années alors qu’il nous est absolument impossible de supporter un voisin à trois maisons de la nôtre.

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On renverra des gens sur la Lune et on plantera même des drapeaux sur Mars. Mais après, on fera quoi ? Où ira-t-on ? Voudrons-nous toujours nous étendre au-delà des limites de la Terre lorsque les astronautes mourront comme des mouches et les survivants développeront des maladies incurables, qu’ils deviendront aveugles, que leurs os se casseront comme du verre, que leur cœur fera patate, que leur cerveau se mettra à leur jouer de très mauvais tours ? Continuerons-nous d’envoyer des équipages dans l’espace lorsque nous perdrons tout contact avec ceux qui s’y seront déjà aventurés ? Continuerons-nous de nous préoccuper des astronautes partis depuis des siècles alors qu’on oublie de visiter nos parents ?

La conquête de l’espace au-delà de notre petit système solaire n’est pas de notre ressort. Nous ne sommes pas constitués pour ce genre de mission, quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse. Le transhumanisme ne nous sauvera pas, car viendront rapidement d’autres solutions bien plus intelligentes et efficaces. Par contre, et voilà comment la situation devient ironique, ces solutions viendront de nous-mêmes, les humains. Elles ne consisteront pas à développer des techniques et des équipements pour nous aider à voyager loin dans l’espace. À cause de notre biologie, notre véritable place ne peut être que sur Terre.

Cependant, si nous sommes incapables de prendre soin de nous-mêmes ici et maintenant, la situation actuelle le prouve, nous risquons fort également de rater cet ultime objectif.

Le calme dans ma tête se préparait depuis un certain temps. Ma paix intérieure découle de différents constats. J’ai compris qu’il était inutile de stresser à propos du sort de l’humanité. Qu’elle réussisse ou non à respecter son ultime engagement, qu’elle disparaisse parce qu’elle a failli à ses devoirs essentiels envers elle-même, envers les autres espèces et envers la planète, qu’elle gagne ou perde, qu’elle agisse en idiote ou en sage, notre sort ne fait simplement pas partie de l’équation finale. Se faire disparaitre ne serait pas si pathétique si nous n’entrainions pas des milliers d’autres espèces dans la foulée. Elles ne méritent pas de s’éteindre alors que nous, nous méritons bien pire que l’extinction.

Je sais, tout ceci reste ambigu si vous ignorez quel est ce fameux ultime mandat. Je l’ai récemment écrit, je vous invite donc à le lire en suivant cet hyperlien ainsi les deux articles qui le précèdent (partie1 et partie 2). En substance, sachez qu’en ayant synthétisé des décennies d’informations en une seule fonction logique, mon esprit s’est enfin apaisé.

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Imaginez un jongleur jouant avec des centaines de quilles toutes différentes. Tant qu’il jongle, il est incapable de se reposer et il continue de jongler, car il lui manque la réponse à l’ultime question qui est de savoir quoi faire avec les quilles. Comment s’agencent-elles ? Puis, vient l’illumination. Tout se clarifie, l’acrobate sait maintenant comment les organiser. Il les place par taille, par matériaux, par couleurs, par symboles gravés sur leur ventre. Le jongleur peut cesser de penser, il rattrape chacune des quilles, il les place au sol pour enfin contempler son œuvre. Bien sûr, d’autres combinaisons pourraient exister et l’acrobate en est pleinement conscient, mais celle-ci lui plait suffisamment pour le convaincre de cesser sa quête, de se reposer avant d’entamer un nouveau défi d’une tout autre nature.

Voilà où j’en suis. Je n’ai plus à me préoccuper d’informer la population, d’éduquer mes proches, d’alerter l’humanité, de la défendre contre les bonzes et aussi contre elle-même, de m’en inquiéter outre mesure, de hurler l’urgence d’agir. Tout ce qui me tuait à petit feu a disparu. Et tout ce stress existait parce que j’étais resté anthropocentrique. J’avais considéré l’humain comme la pièce maitresse de l’échiquier alors qu’il n’est que le fou. L’univers peut donc le sacrifier afin d’obtenir sa victoire, une victoire qui, lorsque la partie se termine, que le fou soit resté sur l’échiquier ou qu’il ait été bouffé au cours du combat, qui s’en soucie ?

Certains d’entre vous penseront qu’un tel article vise justement à vous alerter, contrairement à ce que j’affirme. D’autres diront que j’abandonne en cherchant à me justifier. J’essayerai de répondre à ces muettes questions et aux commentaires que vous voudrez bien me laisser dans un prochain article.

Le chemin du Roy, le temps d’une paix

Il existe deux façons et demie de parcourir le chemin entre les villes de Montréal et de Québec en passant par la rive nord du fleuve Saint-Laurent. Deux façons et demie, me direz-vous ? Et vous vous répondrez : « Certainement une histoire tordue à la Corbot ! » Laissez-moi vous expliquer la demi-façon de faire la chose.

Si vous êtes pressé ou blasé, ce serait dommage, l’autoroute 40 Est vous amène d’un point à l’autre en 165 minutes à vitesse permise. Les 250 km du cordon de béton se déroulent presque sans heurts, sans intersections, sans bouchons (une fois sorti de Montréal) et sans panoramas. La route passe loin du fleuve, loin des villages, loin de tout ce qui pourrait entraver le flot constant de véhicules.

Les touristes choisissent bien souvent cette option et, malheureusement, ils ratent le meilleur de ce qu’ils sont venus voir, soit la Nouvelle-France. Ils se forgent un horaire très serré afin de visiter un maximum de sites convenus et oublient souvent l’importance des distances dans un pays aussi grand que le Québec. Plutôt que des vacances, ils se livrent à une course permanente et finissent par se faire pousser des cernes jusqu’au menton.

L’alternative intelligente est de prendre son temps en évitant d’en faire trop. De toute façon, une bonne partie des touristes finissent par revenir, car sur place ils ont compris l’essentiel de ce que nous avons à offrir et ce ne sont pas nos autoroutes. En se pressant moins, le touriste futé choisira peut-être la route 138 Est, le chemin du Roy, pour se rendre à Québec à partir de Montréal. Cette route autrefois primitive longe le fleuve sur de très grandes portions et vous fait passer par tous les villes et villages. La plupart se sont convertis avec le temps à la vie moderne, mais tous ont un petit quelque chose à offrir de la Nouvelle-France.

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Je ne vous propose pas de les visiter si votre but réel est de vous rendre à Québec, mais vous découvrirez quand même une facette bien plus intéressante de notre histoire. Et vous voudrez certainement vous arrêter à plusieurs reprises, le temps d’une photo pittoresque.

Il est difficile pour moi de vous donner une estimation du temps requis pour compléter l’itinéraire, surtout si vous ne contournez pas la ville de Trois-Rivières située à mi-trajet. En planifiant le double du temps requis par l’autoroute 40, vous aurez quand même un aperçu valable.

Oui, je n’ai pas oublié, voici la demi-solution restante. À l’époque, la route 138 a été construite, elle aussi, en contournant occasionnellement le véritable chemin du Roy afin de préserver certains villages ou portions de villages où le passage de la grand-route aurait obligé la destruction de plusieurs maisons anciennes.

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Lorsqu’une bifurcation du genre est annoncée par un panneau indicateur routier bleu, le chemin du Roy vous propose de quitter la route 138 pour vous engager sur une bretelle qui vous ramènera un peu plus loin sur la grand-route. En empruntant ces segments, préparez-vous à effectuer un saut dans le temps. À plusieurs occasions, vous découvrirez la véritable Nouvelle-France campagnarde, agricole et religieuse.

Les bâtisses ont toutes été retapées avec un souci de conserver l’atmosphère d’antan. Le clin de bois est maintenant imputrescible et les fleurs abondent, les granges ne risquent plus de s’effondrer l’hiver, mais l’essentiel de l’apparence originale est préservé. Dans ces bourgs, le temps semble s’être arrêté, l’air respire la paix. Vous voudrez y acheter une maisonnette, tellement vous vous sentirez bien instantanément, même si votre passage ne dure que quelques instants. Certains tronçons doivent s’effectuer à 20 km/h, car la route très étroite se partage entre les véhicules à contresens, les vélos ainsi que les promeneurs à bottines. Respirez… le temps d’une paix.

Stranger Things 3 et une certaine controverse

Je viens de terminer de regarder la troisième saison de Stranger Things. J’avais fait la critique de la première saison qui, sans être dithyrambique, était à tout le moins élogieuse.

N’ayez crainte de lire la suite de cet article, je ne vous dévoilerai aucun punch ni aucune partie de l’histoire qui risquerait de gâcher votre plaisir de la découvrir. C’est la raison pour laquelle cet article ne fracassera aucun record de longueur ni de nombre de lectures.

D’abord et avant tout, cette nouvelle saison garde le cap sur un point essentiel qui est en partie à l’origine de son succès, je parle de l’amitié. Ensuite, on a toujours droit à la même qualité du scénario. Une histoire solidement ficelée, beaucoup de personnages complexes et très bien dirigés, ces qualités ne se démentent pas tout au long des 8 épisodes. On peut parler d’une saison très courte, mais, justement, on n’étire pas la sauce. Cette nécessité disparait maintenant que les séries produites pour la diffusion en continu ne se vendent pas en coffret.

Personnellement, je déteste les films d’horreur, et encore plus s’ils s’adressent à un public en boutons. Alors pourquoi j’aime cette série télévisée là? Parce que les frères Duffer nous racontent des histoires comme si elles avaient réellement existé. L’horreur n’est jamais prise comme excuse pour nous faire sursauter ou angoisser. Les monstres ne sont pas horribles, ce sont les situations qui le sont.

Cette série nous raconte également l’histoire d’une époque, y compris en musique, y compris avec les beautés et les travers du moment et ça comprend la cigarette. On en a beaucoup parlé du fait que cette série fait rage chez les jeunes et que le tube blanc, sans être omniprésent, c’est vrai qu’il fait partie d’un pourcentage important des scènes.

Personnellement, ça ne m’a pas véritablement dérangé puisque je considère la cigarette comme un fléau vécu par la population mondiale dans son entièreté et qu’il aurait été inapproprié de l’éluder alors qu’on s’efforce de nous plonger dans cet univers de manière la plus fidèle possible.

Mais il existera toujours des gens qui voudront cacher les faits réels pour toutes sortes de raisons plutôt que de tenter de les expliquer. S’ils utilisaient les mêmes énergies en éducation plutôt qu’à s’offusquer de ce que l’histoire fut, les jeunes seraient bien mieux préparés à affronter la vie telle qu’elle est et non telle qu’ils voudraient qu’elle soit.

Regardez Stranger Things avec vos ados. Vous replongerez dans votre jeunesse, vos jeunes verront votre époque et vous partagerez de bons moments de loisir ensemble, fait rarissime lorsqu’ils atteignent l’âge où ils perdent leurs illusions sur l’héroïsme de leurs parents.

Expliquez-leur cette époque telle que vous l’avez vécue. Rajoutez-y vos propres expériences et votre progéniture continuera de garder de vous une image bien plus positive que si vous décriez la série parce qu’elle ose vous montrer jeune avec vos travers. Prenez le temps nécessaire pour leur parler de la cigarette et de votre opinion sur le fait d’en avoir beaucoup montré au cours de cette série. Parlez du combat de votre génération contre cette drogue dite douce. Expliquez ce qui doit être expliqué plutôt qu’enterré.

Cataclysme du Dryas récent, une autre preuve

Dans de récents articles, je donnais des précisions sur l’épisode météoritique survenu voilà 12900 ans qui a laissé un formidable astroblème de 31 km de diamètre au Groenland et qui a causé tout un tas de dérèglements climatiques apportant la décimation totale et radicale de la mégafaune en Amérique. Je reliais également les inondations causées par l’apport subit d’une quantité titanesque d’eau douce dans les océans au mythe de Noé et aux autres histoires semblables à travers le monde.

Enfin, des preuves solides étayent ce que bien des gens savaient déjà, tout en fermant définitivement le clapet aux fervents détracteurs qui continuent de parler de légendes sans fondements pour éviter de perdre la face.

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Mais voilà que d’autres scientifiques en remettent. Comme c’est souvent le cas en science, une découverte en déclenche une autre, ou à tout le moins elle permet d’attirer l’attention sur d’autres études venant appuyer la même hypothèse. Et c’est exactement ce qui survient avec l’histoire que j’ai racontée dans mes récents articles sur «la comète de Noé».

Cette fois-ci, la découverte se situe dans l’hémisphère Sud, là où peu de terres peuvent accumuler des traces de cataclysmes. Cependant, il existe un site géologique au Chili qui est une des références mondiales pour étudier l’époque du Dryas récent, ce moment peu éloigné dans le temps constituant la fin et la sortie du dernier épisode glaciaire, une période s’étirant sur 1300 ans commençant justement lors de la chute de la météorite groenlandaise 12900 ans dans le passé.

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En Patagonie chilienne près de la ville d’Osorno située juste à l’ouest de la chaine volcanique, un site du nom de Pilauco a accumulé des preuves troublantes d’un cataclysme contemporain à celui du Groenland! Les couches sédimentaires datées du Dryas récent retracent un épisode d’incendies majeurs de la biomasse, de changements climatiques drastiques et d’extinctions massives.

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Ces résultats ont été publiés dans un article paru dans la revue Scientific Reports du 19 mars 2019. Il est signé par 16 scientifiques qui font état, eux aussi, de changements climatiques catastrophiques. L’article a toutefois été proposé en 2018 et il a fallu un an à la revue pour accepter de le publier et s’exécuter. Les découvertes, quant à elles, datent de plusieurs années et l’on peut croire leurs auteurs d’avoir manqué d’ardeur pour affronter la meute de vieilles barbes prêtes à les traiter d’hérétiques.

Les mêmes évidences sédimentaires que dans l’hémisphère Nord sont répertoriées, mais ce qui est surprenant est l’absence d’un cratère d’impact à proximité. On sait qu’une comète ou un astéroïde est fortement susceptible de se fragmenter lors de la traversée de l’atmosphère terrestre, causant des impacts multiples simultanés. La probabilité qu’il y ait eu plus d’un fragment à toucher terre reste élevée. On est donc en droit de s’attendre à de nouvelles découvertes.

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Dans ce cas précis, il semblerait toutefois que les conséquences de la seule chute de la météorite groenlandaise furent mondiales et pas seulement en ce qui concerne les inondations, mais également au niveau des incendies, des extinctions animales, tout comme la disparition subite d’artéfacts d’origine humaine.

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Des sphérules microscopiques déposées sur le site prouvent que des roches ont fondu lors d’un violent impact, ces sphérules sont caractéristiques de conséquences de la chute d’une météorite. Jusqu’ici, tout se tient, mais les sédiments de Pilauco possèdent une étrange particularité, ils sont anormalement riches en chrome, une anomalie absente des sites comparables d’Amérique du Nord. Par contre, les terres chiliennes environnantes regorgent de chrome, mais pour qu’il se retrouve dans les sédiments, il aurait fallu un impact météoritique régional que personne n’a encore découvert.

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Les graines et les pollens recensés dans les couches sédimentaires avant et après la rupture montrent clairement qu’un changement climatique drastique est survenu. Les températures ont réagi exactement en sens inverse de celle de l’hémisphère Nord, elles sont devenues beaucoup plus chaudes et sèches alors qu’au même moment, elles se refroidissaient et devenaient plus humides en Europe, en Asie et en Amérique du Nord à cause de l’apport massif d’eau douce froide provenant de la fonte partielle mais subite de la calotte glaciaire nordique.

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Bien qu’il reste encore plusieurs mystères à éclaircir autour de cet épisode charnière dans la vie de l’humain sur Terre, quelques pans importants de notre histoire se révèlent enfin et ils pointent tous dans une même direction. La Terre a connu des civilisations qui ont subitement disparu voilà près de 13000 ans à la suite d’un cataclysme mondial qui a causé des ravages sans précédent, dont des inondations, des incendies, des extinctions et des changements climatiques radicaux.

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Ce petit pas dans cette direction fait naitre d’autres espoirs de découvertes significatives chez ceux qui ont toujours cru que des civilisations avancées auraient peuplé la Terre autour de cette époque, les Atlantes en tête de liste. Pour ma part, les constructions mégalithiques incompréhensibles partout dans le monde sont des preuves bien suffisantes, mais leur datation pose et posera probablement toujours un certain problème.

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Quoi qu’il en soit, sans faire un mauvais jeu de mots, la glace est maintenant rompue. Nous ne reviendrons plus en arrière sur cette question. Il reste maintenant à savoir jusqu’où nous parviendrons à remonter le fil du temps et de notre histoire que plusieurs ont désespérément tenté de nous cacher.

Je prédis que les langues vont maintenant se délier, mettant en lumière des études tenues depuis toujours sous silence par peur de déplaire et de perdre les crédits de recherche. La vérité finit toujours par se faire connaitre, mais parfois nous l’attendons beaucoup trop longtemps.

Un nom d’étoile avec une date de péremption

Les observateurs sur la Terre voient actuellement toutes les étoiles tourner autour de Polaris, plus communément connue sous le nom d’Étoile polaire. En prenant un cliché à grand temps d’exposition, cela devient parfaitement évident. Une seule étoile demeure au centre de toutes les autres et c’est Stella Maris, un autre de ses nombreux noms, l’étoile de la mer et des marins qui se guident grâce à elle pour ne pas perdre le nord.

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Même si l’effet n’est pas apparent, bon an mal an, l’axe nord-sud autour duquel le monde tourne quotidiennement se déplace lentement sur la voûte céleste. Tous les 72 ans, l’axe se déplace d’un petit degré le long du périmètre d’un cercle virtuel. Ainsi, en 25769 années, la Terre aura connu plusieurs étoiles différentes le long de son pôle Nord. Ce fut le cas dans le passé et ce scénario se répètera dans le futur.

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Le 24 mars 2100, l’étoile Polaire, Polaris, se trouvera au plus près de la projection de l’axe de rotation de la Terre. Après cette date, elle commencera à s’en éloigner. Dans 12950 ans, elle se trouvera au plus loin dans son cycle. Elle aura été remplacée par une étoile très brillante, on la nomme aujourd’hui Alpha Lyræ ou encore Vega, on la renommera alors «Polaris» avec justesse, au détriment d’Alpha Ursæ Minoris, notre Polaris actuelle.

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Voilà la raison du titre de cet article. Si l’humain vit encore suffisamment longtemps, je n’y compte pas, mais qui sait, les teignes pouvant s’avérer coriaces, changera-t-il le nom de son ancienne étoile polaire ou bien le gardera-t-il en l’honneur du bon vieux temps? Il pourrait aussi se dire que dans environ 13000 ans, son nom redeviendra pertinent, suffit de patienter.

La précession des équinoxes, c’est le terme utilisé pour définir ce mouvement de notre Terre, un mouvement semblable à l’axe de rotation d’une toupie qui oscille parce qu’elle n’est pas parfaitement balancée. Ce cycle a des effets certains sur le climat des deux hémisphères, mais il n’explique pas le cycle des grandes glaciations qui, elles, surviennent environ aux 100000 ans.

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Ouais, j’ai constaté moi aussi qu’avec quatre cycles de précession, on obtient justement un chiffre autour de 100000 ans. Toutefois, rien ne permet de comprendre pourquoi la Terre en aurait besoin de quatre précessions complètes pour obtenir un seul cycle glaciaire. Le mystère reste total encore aujourd’hui. Heureux, l’individu qui finira par lever définitivement le voile sur cette énigme.

Mais là, j’empiète sur le sujet d’un autre article.