Crier au Voyageur

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Petit rappel, la sonde Voyager 2 a été lancée avec sa sœur Voyager 1 en 1977. Après son objectif atteint, visiter les planètes gazeuses Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, elle file maintenant à près de 20 milliards de kilomètres de la Terre dans le quasi-vide intersidéral.

Le 1er août, à cause d’une erreur humaine, la sonde Voyager 2 a vu son antenne de communication dévier de 2 degrés, ce qui a causé l’impossibilité de recevoir ses signaux. La situation se serait corrigée d’elle-même au prochain alignement automatique prévu pour octobre, mais qui sait ce que la sonde nous aurait transmis d’ici là ?

Si ses émissions étaient compromises, ses réceptions les étaient tout autant et lui envoyer une commande normale de réalignement serait tombé dans l’oreille d’un sourd. Ses opérateurs ont donc décidé d’utiliser la même méthode qu’avec grand-papa, crier très fort dans l’espoir qu’il nous entende.

Et ç’a fonctionné. Le 4 août, Voyager 2 a entendu le hurlement émis à partir du DSN (Deep Space Network) et s’est réaligné, rétablissant ainsi les communications bilatérales.

Noter que la sonde communique avec la Terre grâce à un émetteur de seulement 22 watts, l’équivalent d’une ampoule de frigo. Le DSN réussit malgré tout à capter ses signaux et à filtrer le bruit pour les rendre intelligibles.

Vieille de 46 ans, la sonde est toujours fonctionnelle grâce à ses trois générateurs thermoélectriques à radioisotope (RTG) qui, malheureusement, auront épuisé leur carburant aux environs de 2025. Espérons qu’elle continuera à nous abreuver de mesures scientifiques jusqu’à la toute fin de sa vie.

Mauvaise foi

L’humain reste un humain et la mauvaise foi en fait malheureusement partie, quel que soit le parti qu’il adopte. Le sens imagé de l’expression « mauvaise foi » correspond au contenu des déclarations qui deviennent mensongères, sciemment fausses ou à l’inverse, des vérités passées sous silence.

La recherche scientifique n’échappe pas aux travers humains, donc à la mauvaise foi, car elle est menée par des humains. Devant des évidences qui nuisent à la théorie adoptée, celle qui semble la plus logique et bien pensante, certains scientifiques préfèrent éluder les autres possibilités et ils vont même jusqu’à détruire quelques évidences pour ne rien déplacer. Dans une moindre mesure, ils en minimisent l’importance ou simplement les ignorent.

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Devant de tels comportements irrespectueux de la science elle-même, des détracteurs voient le jour. Ces champions de la vérité, ces empêcheurs de tourner en rond traquent les anomalies scientifiques et proposent des théories alternatives. Quelquefois boiteuses, celles-ci ont au moins le mérite de proposer des pistes de solutions pour tenter d’expliquer ce que les chercheurs guindés relèguent dans un placard dont ils jettent la clé.

Lorsque les déviants s’avèrent être eux-mêmes des professionnels en la matière, ils sont systématiquement ostracisés afin de causer le plus de tort possible aux idées qu’ils véhiculent. Lorsque les attaques proviennent d’individus ne partageant pas le même bagage scientifique, ils sont simplement ridiculisés ou totalement ignorés.

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Malheureusement, l’armure des preux chevaliers ne reste pas impeccable au fil du temps. Si certains scientifiques n’hésitent pas à banaliser les preuves dérangeantes, leurs détracteurs s’accrochent bien trop souvent à leurs théories même lorsque de nouvelles évidences finissent par les battre en brèches.

Se livrant chacun à sa manière à un dialogue de sourds, ils s’invectivent à qui mieux mieux en ayant à la fois tort et raison de le faire. Malheureusement, l’humain reste toujours un humain, il déteste avouer s’être trompé et, par-dessus tout, il déteste voir son œuvre maitresse réduite en poussières, peu importe s’il fait partie des académiciens bornés ou des sonneurs de fausses alertes.

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Et le commun des mortels comme vous et moi les regardons s’entredéchirer sans pouvoir décider lequel a tort et lequel a raison, les deux mentent, les deux deviennent ridicules, les deux jouent de mauvaise foi. Toute faiblesse argumentaire de l’ennemi est exploitée, c’est de bonne guerre. Mais plutôt que d’avouer leurs erreurs, ils continuent de s’accrocher à leurs théories bancales en esquivant l’attaque par l’attaque. Les deux parties refusent de collaborer, préférant l’affrontement. Et comme toujours, ils empêchent le seul triomphe qui compte vraiment, celui de la vérité. Ça me fait penser à la théorie mathématique des jeux, mais l’importance de ce sujet vaut bien un article complet. Ce sera pour une prochaine fois.

Pour conclure ce texte, la morale à en tirer : ne jamais faire assurément confiance en l’humain, vous serez assurément déçus.