L’avenir sera courage et inhumanité

Nous avons trop longtemps cru, à tort, que l’humain pouvait avoir le dessus sur la Nature. Depuis les débuts de l’ère industrielle, nous avons vécu avec le sentiment que nous pouvions harnacher les éléments à notre profit. La Nature nous dérangeait, nous l’avons tassée, ignorée et maltraitée. Nous avons cru prendre le dessus sur celle qui nous empêchait de réaliser nos rêves les plus fous.

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En bon parent patient, elle a subi nos frasques, nous a enduré autant qu’elle a pu, mais aujourd’hui ces moments calmes sont terminés. La Nature n’est pas revancharde, elle en a juste plein le c… Son vase est rempli et il ne fait que commencer à déborder.

Imaginez la Terre comme un immense réservoir possédant une très grande capacité de rétention. Elle peut absorber une quantité phénoménale de gaz à effets de serre tout en laissant une partie du dioxyde de carbone et du méthane dans l’atmosphère afin de retenir un peu de la chaleur reçue du Soleil. L’équilibre atteint est parfait pour obtenir des températures moyennes favorisant la vie telle que nous la connaissons, c’est-à-dire à base d’eau liquide.

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Mais voilà, durant les deux derniers siècles, l’humain a exploité les ressources pétrolières et charbonnières enfouies dans le sous-sol afin de produire de l’énergie utilisée par ses machines et pour son confort. Avec une totale insouciance, il est parvenu à atteindre la capacité maximale de rétention des gaz à effets de serre de sa planète.

Cette limite dépassée, la Terre refusera les prochains excédents. Cependant, son véritable comportement ne se contentera pas d’être aussi simple. Si c’était le cas, nous aurions le temps de changer nos habitudes de vie et nous pourrions retrouver un équilibre légèrement différent de celui du passé, mais toujours acceptable. Ce qui surviendra ne s’apparentera pas, même de loin, à ce sage scénario optimiste, pour ne pas dire totalement irréaliste.

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Pensez plutôt à la Terre comme un immense réservoir derrière un barrage hydroélectrique où les excédents d’eau sont évacués en aval. Mais que se passe-t-il lorsque la pression d’eau devient plus grande que la résistance de la structure? Le barrage tout entier s’effondre et l’eau accumulée derrière lui se déverse en emportant tout sur son passage. Afin de mieux représenter ce qui surviendra plus précisément, considérons une désagrégation graduelle plutôt qu’un effondrement instantané. Quoi qu’il en soit, le réservoir se videra de toute l’eau accumulée de manière artificielle.

La Terre est déjà entrée dans une boucle de rétroaction positive et rien ne pourra changer cette situation qui s’avérera bien plus grave que nous le pensons, que nous voulons le croire, que nous l’espérons.

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Anciennement, l’humain avait de la compassion pour ses proches, ses voisins, ses connaissances puisque ces dernières se limitaient à un environnement plutôt immédiat. Aujourd’hui, on suit en direct sur tous nos écrans des sauvetages héroïques d’inconnus situés à l’autre bout de la Terre. Nous pleurons des victimes d’actes insensés perpétrés partout sur la planète. Nous vivons dans des mégalopoles impersonnelles et pourtant notre capacité à nous émouvoir reste toujours bien présente, vestige d’un passé où notre univers se limitait à notre entourage environnant.

À la vue des événements à venir, au mieux nous serons des témoins impuissants d’hécatombes, au pire nous ferons partie des nombreuses victimes. L’ère de l’insouciance est bien terminée et la prochaine sera celle de l’indifférence. Nous ne pourrons plus nous soucier de tous les événements catastrophiques violents tant ils seront nombreux et leurs victimes légion.

Nous nous préoccuperons tout d’abord de notre propre sécurité, car la Nature pourra venir nous frapper partout sur Terre. Aucun lieu ne sera totalement sûr. Nous utiliserons les événements climatiques survenant aux autres, non plus pour nous émouvoir de leur sort, mais comme sources d’information pour nous préparer nous-mêmes au pire.

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Nous retournerons à une ère où nos pensées seront essentiellement centrées sur nos proches et nos voisins. La vie redeviendra survie avec tout son beau courage, mais également avec sa si laide inhumanité.

Mauvaise foi

L’humain reste un humain et la mauvaise foi en fait malheureusement partie, quel que soit le parti qu’il adopte. Le sens imagé de l’expression « mauvaise foi » correspond au contenu des déclarations qui deviennent mensongères, sciemment fausses ou à l’inverse, des vérités passées sous silence.

La recherche scientifique n’échappe pas aux travers humains, donc à la mauvaise foi, car elle est menée par des humains. Devant des évidences qui nuisent à la théorie adoptée, celle qui semble la plus logique et bien pensante, certains scientifiques préfèrent éluder les autres possibilités et ils vont même jusqu’à détruire quelques évidences pour ne rien déplacer. Dans une moindre mesure, ils en minimisent l’importance ou simplement les ignorent.

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Devant de tels comportements irrespectueux de la science elle-même, des détracteurs voient le jour. Ces champions de la vérité, ces empêcheurs de tourner en rond traquent les anomalies scientifiques et proposent des théories alternatives. Quelquefois boiteuses, celles-ci ont au moins le mérite de proposer des pistes de solutions pour tenter d’expliquer ce que les chercheurs guindés relèguent dans un placard dont ils jettent la clé.

Lorsque les déviants s’avèrent être eux-mêmes des professionnels en la matière, ils sont systématiquement ostracisés afin de causer le plus de tort possible aux idées qu’ils véhiculent. Lorsque les attaques proviennent d’individus ne partageant pas le même bagage scientifique, ils sont simplement ridiculisés ou totalement ignorés.

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Malheureusement, l’armure des preux chevaliers ne reste pas impeccable au fil du temps. Si certains scientifiques n’hésitent pas à banaliser les preuves dérangeantes, leurs détracteurs s’accrochent bien trop souvent à leurs théories même lorsque de nouvelles évidences finissent par les battre en brèches.

Se livrant chacun à sa manière à un dialogue de sourds, ils s’invectivent à qui mieux mieux en ayant à la fois tort et raison de le faire. Malheureusement, l’humain reste toujours un humain, il déteste avouer s’être trompé et, par-dessus tout, il déteste voir son œuvre maitresse réduite en poussières, peu importe s’il fait partie des académiciens bornés ou des sonneurs de fausses alertes.

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Et le commun des mortels comme vous et moi les regardons s’entredéchirer sans pouvoir décider lequel a tort et lequel a raison, les deux mentent, les deux deviennent ridicules, les deux jouent de mauvaise foi. Toute faiblesse argumentaire de l’ennemi est exploitée, c’est de bonne guerre. Mais plutôt que d’avouer leurs erreurs, ils continuent de s’accrocher à leurs théories bancales en esquivant l’attaque par l’attaque. Les deux parties refusent de collaborer, préférant l’affrontement. Et comme toujours, ils empêchent le seul triomphe qui compte vraiment, celui de la vérité. Ça me fait penser à la théorie mathématique des jeux, mais l’importance de ce sujet vaut bien un article complet. Ce sera pour une prochaine fois.

Pour conclure ce texte, la morale à en tirer : ne jamais faire assurément confiance en l’humain, vous serez assurément déçus.