Guide d’interprétation des cris du Corbot — 1

Ce guide me servira pour inviter les lecteurs à s’y référer lorsque leur interprétation ne correspond pas, ou risque de ne pas correspondre, à l’esprit de mes textes.

Je voudrais tellement que cet article soit le dernier de sa série, mais je ne m’illusionne plus depuis belle lurette, raison de sa numérotation.

Pour cette entrée en matière, comment interpréter correctement mon cri lorsque je fais référence à l’humain ou à l’humanité, surtout lorsque je décris ses pires défauts. Plusieurs de mes lecteurs pensent que je généralise, que je globalise les humains, que j’arase leurs différences. Rien n’est plus faux.

Je me sens malheureusement obligé d’expliquer certains fondements de ma pensée, même ceux qui me semblent les plus évidents. Oui, j’ai été éberlué de constater que bien des gens ne font pas ou ne veulent pas faire la différence entre une probabilité et une généralité. Je vais donc l’expliquer ici même à l’aide d’un support visuel.

Courbe-Gauss

Parmi les courbes de ce graphique, l’une d’elle montre une généralité où tous les humains sont identiques sur un point, celle qui ne montre aucune diversité, la ligne de couleur cyan. Ce graphique serait adéquat si la question était de savoir par exemple combien de cerveaux ont les humains. Affirmer que les humains ont un cerveau, c’est émettre une généralité représentée par la courbe cyan ayant une probabilité de cent pour cent sans écart type.

Par contre, si la question posée permet un grand nombre de réponses et si l’échantillonnage est élevé, il apparait systématiquement la fameuse courbe en cloche, la courbe de densité de Gauss. Elle présente la distribution des humains et les probabilités de trouver la majorité d’entre eux, de situer les pires et les meilleurs en rapport avec une question précise.

Dans la réalité, cette courbe n’apparait jamais aussi parfaite, mais elle s’applique partout, peu importe le sujet traité, dès que le nombre d’individus est élevé. Et à 7,3 milliards d’humains, on ne se trompe pas sur la quantité mise en examen. Il est facile de constater la différence entre une distribution et son contraire, une généralisation.

Dans mes articles, je ne généralise jamais un comportement lorsque je décris « l’humain ». Je concentre habituellement mon attention autour du pic de densité. Mais il y a des exceptions et je peux également décrire des comportements d’individus qui se situent tout au bas de la courbe, soit les pires de leur espèce. Dans ces circonstances, j’utilise encore la formule « l’humain » pour parler d’eux. Est-ce une faute ? Si l’on s’entend sur le principe de la courbe en cloche, il faut interpréter mes croassements en conséquence. Les pires humains sont des individus faisant également partie de l’humanité. Et concernant l’humanité que je décris dans plusieurs de mes articles, voici ma position.

Les humains sont égaux, mais n’influencent pas leurs semblables de façon égale. Souvent, ce sont les pires qui détiennent le pouvoir et ils dirigent l’humanité là où ils le veulent, sans égard aux volontés des autres et peu importe leur nombre. Lorsque j’utilise le terme « humanité », je ne cherche jamais à décrire individuellement chacun des humains. Je décris le mouvement global de l’humanité orienté par très peu d’individus.

Vous savez maintenant comment interpréter les cris du Corbot lorsqu’il écrit « humain » ou « humanité ». Alors j’aimerais bien en terminer avec la fausse idée que je cherche à mettre tout le monde dans le même bac. 

Dans mes futurs articles, je ne rajouterai aucune précision qui, à mon avis, est superflue car triviale. Dorénavant, lorsque les lecteurs exprimeront cette opinion, je les référerai à ce texte.

Cependant, je me questionne sur cette propension à considérer mon opinion comme une généralisation des humains, une compression outrancière de la courbe de Gauss. Mon comportement serait parfaitement inapproprié et surtout inexact. Mes pensées s’élèvent bien au-dessus de ce niveau simpliste de raisonnement, n’en déplaise aux pistoleros de la critique.

Rejeter en bloc le fondement de mes textes par cet argument équivaut à les mettre dans un gros sac vert pour en disposer plus facilement, tout cela parce les cris du Corbot dérangent.

Nous désirons tous se savoir au-dessus de la moyenne, surtout très au-dessus de la moyenne. La réalité se veut rarement aussi condescendante, alors l’esprit cherche une échappatoire. Interpréter inadéquatement les cris du Corbot apporte inconsciemment l’issue par laquelle il est possible de se défiler en douce.

Cette généralisation qu’on me prête, elle ne m’appartient pas, alors je la retourne à leur propriétaire.

Symbolisme du corbeau

Je continue la présentation du symbolisme du corbeau avec une vision occidentale et orientale du même oiseau. Vous pouvez lire le premier article traitant de sa couleur et d’une légende amérindienne lui étant associée en cliquant ici.

tour-londres-00070

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L’Orient et l’Occident ont souvent des visions et des symbolismes diamétralement opposés d’une même chose ou d’un même animal. Le corbeau ne fait pas exception à ce schéma antipodal.

Probablement à cause de sa couleur l’associant au deuil, probablement à cause de son cri rauque, le corbeau en Occident a plutôt mauvaise réputation. À la tour de Londres, on garde des corbeaux sur la pelouse en leur rognant une aile, ce qui les empêche de voler, mais pas de marcher. Ce moyen peu respectueux des oiseaux a pour objectif de rehausser l’aspect funèbre de cette tour-prison. Lorsque cet oiseau est en colère, les plumes de sa gorge se hérissent et lui donnent un air résolument menaçant.

Sur la photo, notez l’irisation de ses plumes qui passe souvent inaperçue. Beaucoup d’oiseaux la voient beaucoup mieux que les humains, ce qui en fait un oiseau «coloré» à leurs yeux.

Corbeaux-de-la-tour-de-Londres-1

En Orient et plus particulièrement en Chine et au Japon, l’oiseau noir est symbole de gratitude filiale, car cet oiseau nourrit père et mère. Au Japon, il exprime l’amour familial. Les jeunes Japonais à l’école primaire apprennent et chantent cette chanson :

Pourquoi le corbeau chante-t-il ?
Parce que dans la montagne
Il a un enfant chéri de sept ans
Le corbeau chante
Mon chéri ! Mon chéri !
Il chante
Mon chéri ! Mon chéri !

Le croassement du corbeau se dit « kâ kâ » en japonais et « chéri » se dit « kawaii ».

On note principalement qu’en Occident, on regarde surtout l’apparence de l’oiseau tandis qu’en Orient, ce sont ses comportements qui importent.

Ça en dit long sur ces deux cultures !

Photos : shotsofscience.com ;
wingsunfurled-web.com ;