La taupe et l’aiglon

Les fameuses séquences dans notre ADN que les scientifiques nomment des séquences poubelles. Eh bien là, ils commencent à dire que ça sert probablement à quelque chose.

J’ai de la difficulté avec ces scientifiques faisant grand étalage de leur ânerie en qualifiant certains éléments de leur science d’ « inutile », de « poubelle », de « sans importance », « en trop », etc. Vous voyez le genre. Ils font partie de la même cohorte de crapauds que ceux qui ont inventé la bêtise qu’on n’utilise que 10 % de notre cerveau.

Évidemment, ils devraient dire « 10 % du cerveau est utilisé à ceci ou cela, le reste, j’en sais encore rien » et « j’ignore à quoi servent 90 % de nos séquences d’ADN » plutôt que de les considérer comme des résidus inutiles.

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On dirait que l’humain ne parvient pas à se corriger de sa suffisance à se croire omniscient dès qu’il effleure la moindre surface d’une discipline naissante. Mais surtout, j’en veux aux scientifiques qui font des déclarations publiques en ce sens, créant du même coup de fausses vérités reprises par des générations de gens après eux comme étant paroles d’Évangile.

L’humilité aide à progresser tout en se rendant sympathique. Alors, y a-t-il quelqu’un dans l’audience qui peut y faire quelque chose une bonne fois pour toutes ? Ou faudra-t-il que l’humain garde cette tare génétique pour le reste de sa minable existence ? Cette tare doit certainement se retrouver dans un segment qu’ils appellent du junk.

Parfois, non souvent, j’en viens à me considérer comme un extraterrestre. Je ne suis pas généticien et pourtant j’aurais pu choisir le bon constat entre « j’ignore à quoi servent ceci et cela » et « ça ne sert absolument à rien ».

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Je vous en prie, ramenez-moi sur ma planète d’origine ! Je n’en peux plus de vivre ici parmi ces pédants croyant détenir la vérité alors qu’ils n’ont toujours rien compris à ce qui est important et fondamental, même après 20 ans et plus à s’échiner à leur faire comprendre le bon sens.

Mais j’oubliais, c’est vrai, ceux qui enseignent à ces abrutis viennent du même moule. Comme quoi une taupe n’accouche pas d’un aiglon.

P.S. Désolé pour tous les autres scientifiques faisant bien leur travail, la majorité en fait, qui évitent de passer à l’histoire pour avoir transmis des bêtises, cette critique ne vous concerne évidemment pas. Sauf si vous en connaissez dans votre entourage, donnez-leur un petit coup de pied dans une partie de leur anatomie où ça ne fait pas vraiment mal, mais qui leur montrerait l’organe qu’ils utilisent pour penser ainsi. Ça pourrait débloquer l’autre siège de la pensée logique qu’ils ont délaissé.

Photos: nextinpact.com ; lpo.frimagedelilou.e-monsite.com

 

Je t’aimerai toujours

Vous rappelez-vous du premier « je t’aime » ? Vous l’avez probablement pensé très fort durant un certain temps avant de le lui avouer. Ce tout premier « je t’aime » a été une étape difficile à franchir. Vous auriez préféré l’entendre de la bouche de votre chéri(e) plutôt que de vous mettre à nu en premier. Mais lorsque vous souffriez trop de vous taire, vous avez fini par traverser le Rubicon dans un moment de… faiblesse ou d’intenses émotions. Au début, vous le déguisiez parfois en slogan, en rigolade ou en chuchotement pour ne pas trop en dévoiler du coup. Le temps passant, « je t’aime » devint plus naturel, plus fréquent et plus normal. Puis un jour, vous avez eu la désagréable impression qu’il était devenu anodin. Il avait perdu de sa superbe et de sa magie des premiers temps.

Par dichotomie, votre amour a continué de croitre et vos « je t’aime » sont restés identiques. Vous vous êtes retrouvé au point de départ, à la recherche de mots nouveaux pour exprimer avec justesse l’intensité de vos sentiments. Tout à coup, une idée folle traverse votre esprit. Sans les avoir sciemment choisies, quelques lettres deviennent une éventuelle déclaration, mais vous vous gardez de les lui dire. C’est trop gros, trop tôt et encore trop incertain.

Pourtant, à l’instar du ruisseau cherchant la mer, l’idée se fraie lentement un chemin parmi les obstacles de la quotidienneté. Vous scandez la phrase lorsque vous êtes seul, craignant puérilement de l’oublier si elle reste muette. Vous ressentez intensément son grand pouvoir qui vous fait aussi craindre de mourir avant d’avoir osé la lui révéler. Vous tentez de vous calmer, de réfléchir, de cogiter en constatant soudain que la distance entre « je t’aime » et « je t’aimerai toujours » se mesure en années-lumière. Puis un jour, par hasard, survient un événement distinctif et vous franchissez la mer des doutes pour la toute dernière fois.

Car plus jamais d’autres mots n’exprimeront votre amour avec une plus grande intensité. Tout aura été dit et entendu ou lu, car la plume sait se faire entendre même en chuchotant à travers le brouhaha de l’effervescence des vies modernes. Elle sait également répéter le message sans jamais se lasser. Elle sait même transformer une déclaration en poème, un mot en fleur et une phrase en arc-en-ciel.

« Je t’aimerai toujours » n’est pas un cadeau à donner ni un vœu à exprimer, c’est un serment, une promesse solennelle. C’est pourquoi cette déclaration irrite tellement lorsque votre cœur s’est insuffisamment préparé. Vos paroles sortent, acide, de vos commissures et se répandent en bave irritante ou en écume mensongère.

Comme le brin d’herbe, vous ne pouvez tirer sur vos sentiments pour les faire croitre plus rapidement. Il est fort possible que votre amour n’atteigne jamais son apex. C’est peut-être mieux ainsi, car comme tout don, celui de l’amour absolu se paye à prix fort.

À moins d’une situation exceptionnelle, vous déclarerez cette courte phrase de quatre mots à une seule personne dans votre existence (excluant vos enfants) et chaque fois votre cœur se resserrera et cessera de battre durant une infinie seconde. C’est pourquoi cette déclaration ne deviendra jamais banale ni euphémique.

Malheureusement, même les professions de foi les plus sérieuses et les plus engagées risquent de mourir précocement. Vous pourrez accuser le manque de réciprocité, les changements de conditions imprévus ou tout autre dérangement susceptible d’excuser votre récusation. Cette affirmation absolutiste serait-elle alors vouée à n’être rien de mieux qu’une promesse d’insensé ?

Comme tous les superlatifs, « je t’aimerai toujours » ne peut souffrir d’aucun fléchissement sinon il s’amenuise et disparait dans le brouillard des amours trahies. Auraient-elles alors simplement existé ? Et pourtant, subsistent quelques-unes de ces promesses contre temps et mortalités. Votre dernier souffle sera-t-il voué à renouveler votre serment Unique ? Alors que vous fuyez vers le crépuscule, que les dernières secondes s’égrènent, tous vos doutes enfin disparaitront lorsque vos dernières paroles prononcées seront « je t’aimerai toujours ».

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