COVID-19, un coup de semonce

Le 5 mai dernier, l’OMS publiait un communiqué concernant la COVID-19. En voici un court extrait.

« Le Directeur général de l’OMS souscrit à l’avis du Comité concernant la pandémie actuelle de COVID-19. Il estime que la COVID-19 est maintenant un problème de santé établi et à caractère persistant qui ne constitue plus une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). »

Under an Ancient Sun

On comprend que le virus n’a certainement pas disparu, mais qu’il est maintenant classé dans la même catégorie que l’influenza. Il y aura encore annuellement plusieurs morts causés par la maladie, mais celle-ci est maintenant maitrisée par les autorités sanitaires de la plupart des pays. Elle ne crée plus de pression indue sur le personnel et les infrastructures de santé. En clair, on continuera de vivre avec la présence de la COVID-19 pendant encore très longtemps, par contre son urgence planétaire n’a plus sa raison d’être.

On peut certainement s’en réjouir et célébrer l’événement. La très grande majorité de la population mondiale y a survécu, dont vous et moi. Physiquement et psychologiquement, ce poison en a fait baver à beaucoup d’entre nous. Malheureusement, certains continuent de subir les effets de la COVID longue comme la youtubeuse Physics Girl. Le plus effrayant de la maladie semble maintenant chose du passé. Mais en est-on si certain ?

J’ai déjà écrit que la COVID-19 n’était que le début d’un nouvel état mondial et que nous allons devoir nous y faire. À cause de nos habitudes de vie que nous n’avons pratiquement pas modifiées, inévitablement les pandémies se succéderont. Ce n’est qu’une question de temps avant la prochaine, le temps que les virus actuellement en circulation évoluent vers une forme plus virulente et plus contagieuse. Ou qu’à l’instar de la COVID, un labo peu précautionneux laisse malencontreusement échapper une autre cochonnerie du même genre ou pire encore.

La population en général n’a rien compris de la façon dont elle devait agir pour éviter le pire. Bien au contraire, tout ce qui l’intéressait était de retrouver le plus rapidement possible sa vie antérieure, ses habitudes, justement celles à l’origine de la propagation fulgurante de la maladie.

Il ne faut pas être devin pour prédire le devenir, il faut plutôt être idiot pour croire en des effets différents pour les mêmes causes. La COVID-19 fut simplement un coup de semonce tiré à proximité de notre navire qui n’a eu pour effet que de nous éclabousser. Se réjouir d’avoir évité le pire, et ce faisant de maintenir son cap et sa vitesse, prouve que nous n’avons pas du tout pris cet avertissement au sérieux.

Oui, bientôt nous vivrons un autre épisode d’urgence sanitaire et cette fois-ci, nous n’échapperons peut-être pas à des effets bien plus dévastateurs. Un jour pas très éloigné, notre navire recevra un tir direct sous la ligne de flottaison. Je vous laisse deviner les conséquences.

Déconfinement

Depuis le début du confinement, je me suis organisé une petite vie selon les obligations et les interdits reliés à la pandémie. À la maison, mon bureau pour le télétravail est encore mieux équipé et plus fonctionnel que celui du siège social. Avec mes trois moniteurs, mes écouteurs-micro sans fil, ma chaise ergonomique, mon téléphone et tous mes livres à portée de main, mes performances surclassent celles qu’il m’était possible d’offrir lorsque j’étais entouré de collègues.

Mes journées commencent plus tôt puisque j’économise sur le temps de transport et je termine mon travail plus tôt, ce qui me donne la marge de manœuvre nécessaire pour entreprendre mon deuxième travail, l’écriture. Celle-ci est une amante demandante et épuisante. Sans le confinement, mon plus récent livre, « Le domaine Ondana-Watermore » (DOW), ne serait pas encore paru et la suite, « L’ascension du Watermore » (LAW), végèterait au stade des balbutiements.

Le déconfinement signera peut-être mon retour au travail en présentiel. Je perdrai alors énormément en qualité de vie. Je ne pourrai plus écrire autant, je ne pourrai plus faire autant d’activité physique, je serai plus fatigué et je deviendrai plus hargneux. Bon ! Difficile de devenir plus hargneux que je le suis, mais j’espère que ce soit quand même possible. Le déconfinement me semblera plutôt une déconfiture.

Comme quoi, le confinement qui paraissait être un malheur, une épreuve, une calamité, peut prendre exactement la forme inverse. Alors avant de prendre des airs affectés concernant les changements qui affectent nos aires de vies, commençons par les vivre avec la plus grande sérénité. Ils cachent peut-être de bien plus grands bonheurs que nous pourrions l’imaginer.

Distanciation sociale

N’oubliez pas de garder une distance sécuritaire entre deux émojis. J’ai reçu un texto ce matin avec deux émojis qui ne respectaient pas la distance sécuritaire de 2 mètres. Faut-il encore le répéter ?

J’ai fait quelques tests et il n’y a pas de formule magique pour savoir combien d’espaces nous devons taper entre deux émojis pour obtenir cette distance acceptable. En fonction des icônes et de l’appli utilisées, il m’est apparu que 2 espaces semblent être une valeur minimale absolue. Dans le cas des deux icônes utilisées dans l’entête, j’ai dû en utiliser quatre pour atteindre environ ce 2 mètres. Même s’il ne faut pas virer fous, nos efforts ne sont pas inutiles et si nous faisons tous attention, au bout du compte, 

#cavabienaller.

Alors, écrivez prudemment !

Spectacle Lost Souls de Loreena McKennitt

Ce mercredi, j’ai été invité par une amie à voir un spectacle de Loreena McKennitt (merci encore, Isa). J’aimerais vous faire part de mes impressions après quelques jours de silence musical. Étant déjà un amoureux de ses œuvres, j’abordais ce spectacle avec énormément de flammes dans les yeux et dans le cœur.

Commençons par les faits. Auteure-compositrice-interprète et pluri-instrumentiste canadienne de grands talents, elle manie avec brio les claviers, la harpe et l’accordéon. Entourée de cinq musiciens, dont un batteur, une violoncelliste, un guitariste, un bassiste et un violoniste, ils offrent ensemble un spectacle musical sans faute.

Loreena_McKennitt_Band

Si vous ne la connaissez pas, son style tourne autour de la musique celtique, parfois arabisée, de musique à caractère spirituel, sentimental, de musique d’atmosphères. Sa musique et ses chansons font du bien à l’âme, si vous comprenez ce que j’entends par là.

Piochant à travers son impressionnant catalogue de succès, elle sait varier les styles afin de nous transporter tantôt au cœur de l’Irlande, tantôt en Arabie, tantôt dans son Manitoba natal et tantôt au cœur de nous-mêmes.

Sa voix unique et généreuse est à son reflet. Dès les portes de la salle franchie, nous recevions tous un CD double contenant plus de 20 plages. Possédant encore tous les droits sur ses œuvres, Loreena s’est permis de nous l’offrir à même le prix du billet.

Le décor et l’éclairage de son spectacle sont minimalistes puisque la musique trône d’abord et avant tout. Il faut dire que je la vois plus à l’aise assise au piano dans son salon à composer de la musique que devant des foules. Ses musiciens partagent une complicité de plusieurs dizaines d’années avec elle et la facilité avec laquelle ils enchainent les chansons en fait foi.

Loreena McKennitt est maintenant âgée de 62 ans et pourtant sa voix continue d’être d’une limpidité cristalline. Elle termine très bientôt sa tournée mondiale ayant pour titre celui de son dixième album studio.

Un astéroïde porte le nom de Loreena en son honneur. Ainsi, le ciel retiendra l’existence d’une personne que j’ai qualifiée de phénomène à mes voisins de rangée dans la salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-Arts de Montréal.

Je compte trois véritables amis dans ma vie actuelle et deux étaient présentes à ce spectacle ce soir-là. Je ne crois pas que ce fut un hasard.

Une soirée parfaite, ça existe.

La chouette

Tracer mes rêves à la plume
Autour de son corps d’enclume
Laissé sciemment martelé
Par mes yeux acier déclarés

Risquer le glacial frisson
D’une insoutenable humiliation
Cœur désireux devenu volereau
Au contact du velours de sa peau

Vivoter exalté par sa fragrance
L’illusoire à mante se joue du hère
Aphrodite relâche sa carnassière
Marmoréenne est sa substance

Imprégnée des charmes d’une fausse gosse
Elle noie en son for mes pensées d’Éros
Dans son monde cadenassé parallèle
Ma convoitise ne se rapproche du réel

Qu’aux rythmes courbes de ses formes
Dandinantes, cruelles, provocantes
Répertoire maitrisé de la bacchante
Je sens en moi monter l’homme

 

© Mathis A. LeCorbot
Peinture : Paul Gauguin 1896 – Te Arii Vahine

Une auberge de Corbot

Je poursuis ma série d’articles sur mon séjour dans Charlevoix au Québec avec un arrêt à l’auberge L’Estampilles à Baie-Saint-Paul. Le «s» final est voulu… pour des raisons obscures de… numérologie! Enfin! Je ne commenterai pas!

L’Estampilles est une charmante auberge comportant onze chambres de quatre catégories différentes nichée sur la rue Cap-aux-Corbeaux à Baie-Saint-Paul. Évidemment, je ne pouvais rater l’occasion de m’y arrêter, ne serait-ce que pour constater si l’auberge les considère à leur juste valeur!

Toujours sans réservation, je rencontre l’actuel gérant, Régis Barthe qui, malgré la haute saison, réussit à me trouver une chambre. Je me doute bien que, dans ces circonstances, soit il me logera dans la moins dispendieuse, soit l’inverse. Oui, j’ai déjà dormi dans la chambre du Premier ministre canadien au Château Laurier à cause de circonstances semblables.

De fait, j’obtiens la plus modeste de toutes qui, pourtant, s’avère très spacieuse, est équipée de tout le confort moderne, est superbement meublée et décorée avec grand goût. Ici, pas de rusticité, rien de sorti des boules à mites, que du noble comme en témoignent les planchers pur chêne, les abat-jours en verre soufflé, les meubles sélectionnés avec goût et la literie en percale la plus fine.

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Régis Barthe, natif de Perpignan, est arrivé à Charlevoix en 2009. Déjà il se démarque dans la région grâce à sa solide expérience en tant que chef cuisinier et chef pâtissier. Son menu est bien ficelé et sa technique parfaite. J’ai eu le privilège de diner au restaurant intégré à l’auberge et je peux vous assurer que l’expérience en vaut la chandelle. Les quatre services vous emportent sinon au septième ciel, du moins au ciel de Charlevoix. Sans fioritures inutiles ni titres ronflants, ses plats mettent l’accent sur le bon goût au sens propre.

Des rouleaux impériaux dignes de marabouts, une vichyssoise avec un accompagnement-surprise, un fondant de porc confit fait de joues parfaitement cuites, un gratin dauphinois céleste et des asperges juste à point. Comme dessert, un nougat aux saveurs subtiles d’érable et aux textures aériennes.

Le fameux accompagnement-surprise de la vichyssoise est un petit verre de vin de tomate. Ce liquide dont je lui réserve un article indépendant accompagne la soupe à la perfection et permet de faire le chabrot. Cette tradition occitane consiste à rincer le fond d’un bol de soupe avec un alcool afin de ne rien perdre. On se donne bonne conscience en ne perdant rien tout en augmentant un peu son taux d’alcoolémie. J’adore.

Malgré ses obligations diverses et nombreuses, car lui aussi souffre de la pénurie de personnel généralisée, j’ai eu le plaisir de discuter assez longuement avec Régis, un homme à l’image de son pays d’origine, un peu exubérant, fier et déterminé. Mais ce qui définit Régis par-dessus tout est sa passion débordante pour son travail et son dévouement total envers sa clientèle. Un homme d’une autre époque, pourrait-on dire. Je dirais plutôt un exemple venu d’un autre monde. Il nous prouve l’existence rare, mais persistante, d’une façon de vivre peut-être en voie d’extinction dans ce domaine d’affaires, le professionnalisme amoureux.

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De plus, Régis s’est parfaitement intégré à sa région d’adoption et il en parle comme s’il y était natif. On serait tenté d’y croire si ce n’était de son accent du Languedoc toujours bien présent et maintenant fleuri de plusieurs mots et expressions purement québécois. Le mélange des genres s’avère plein d’heureuses trouvailles sémantiques.

Je vous recommande cette auberge sans réserve, mais pas sans réservation. Il faut être un peu Corbot pour venir s’y poser sans l’annoncer, surtout si vous venez de pays lointains. Malgré la réalisation de certains miracles, Régis reste totalement humain et c’est tant mieux. Un sauna, un spa, un bar, une table de billard et de la bonne humeur vous y attendent dans un cadre enchanteur. Bon séjour!

Carpe diem

Le gite

La ville de Baie-Saint-Paul dans Charlevoix au Québec est prisée pour ses magnifiques paysages qui attirent bien des artistes s’établissant à demeure. Leur présence a fait pousser une panoplie de galeries d’art et quelques bons restos. Le tourisme se nourrit de tout cela et la boucle est bouclée.

J’y suis actuellement en vacance, une habitude délaissée depuis plusieurs années que je tente de renouer. Cette région du Québec m’a toujours beaucoup attiré et je vous expliquerai pourquoi une autre fois. Lorsque je pars en vacances, je le fais toujours sur un coup de tête et cette fois-ci n’a pas fait exception. Sans réservation en haute saison, je m’y attendais, entamer la recherche d’une chambre à 17 h risque de se solder par un échec. Qu’importe, la spontanéité possède ses inconvénients et je suis prêt à les subir pour profiter de ses avantages.

Après de multiples appels, les réponses se ressemblent toutes. Une femme m’a cependant suggéré d’appeler un gite situé à une quinzaine de minutes de Baie-Saint-Paul et qui, pour cette raison, risque d’avoir une vacance. Et, effectivement, les propriétaires du gite Carpe Diem me proposent une chambre à prix raisonnable.

Perdu dans un endroit où on ne se rend jamais sans raison, dans un rang longeant deux flancs de montagnes, dans un lieu où vivent tous les animaux de la forêt et très peu d’humains, on retrouve évidemment une petite église de fond de campagne. Nos origines religieuses se retrouvent partout et surtout dans ces régions où autrefois l’on sanctifiaient tous les noms de villages, de rivières, de montagnes, de rues et de patronymes.

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Quant au gite, il est à la hauteur de mes attentes, c’est-à-dire calme, chaleureux, loin de tout et modeste. Je ne suis pas du genre à courir les Marriott et autres grands hôtels impersonnels. Je préfère la compagnie des quelques chattes et poules en liberté qui me tournent actuellement autour que des poules de luxe et des chattes de bars.

Pas de télé, une guitare accrochée au mur, un piano droit, quelques invités discrets venus principalement des Europes, j’en profite pour écrire mes impressions à la lueur blafarde d’une lampe de salon provenant d’une autre époque, comme tout ce qui compose le mobilier et la décoration.

J’ai l’impression de me retrouver au cœur des années 1800 avec la dentelle fine accrochée aux fenêtres, le rustique poêle à bois trônant fièrement dans un coin du salon, les lits aux têtes en fer forgé et le bois partout, omniprésent. Le gite dégage une atmosphère chaleureuse et apaisante, exactement ce dont les vacanciers ont besoin pour terminer sur une bonne note leur excitante journée passée à courir après les baleines, à gravir les sentiers escarpés du parc des Grands jardins ou plus simplement à dévaliser les boutiques du cœur de la ville, à rendre visite à quelques artistes-peintres de la région ou à gouter aux étonnants produits du terroir directement chez les producteurs.

La deuxième autoroute

La route pour se rendre au gite longe une autoroute de fils électriques perdue au beau milieu de la forêt. Ce sont des lignes à haute tension amenant l’hydroélectricité produite à Manicouagan et à la Romaine jusqu’aux consommateurs plus au Sud. Deux séries de trois pylônes se partagent la charge. Ils vont éventuellement bifurquer pour rejoindre l’une ou l’autre des grandes villes québécoises.

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Bien entendu, le passage du courant à très haute tension sur d’aussi longues distances ne s’effectue pas sans produire d’énormes balafres à la forêt. Moins que la coupe systématique des arbres sous les pylônes, ce sont ces géants plantés en pleine nature qui défigurent le plus la beauté des lieux autrefois vierges.

C’est notre tribut à payer pour assurer notre mode de vie moderne et technologique. Ce prix me parait relativement raisonnable, compte tenu des avantages qu’offre cette énergie relativement propre, même si nous la transportons sur d’énormes distances et que nous devons nous taper la vue de ces rangées incessantes des géants évidés qui jalonnent la verte autoroute sur des milliers de kilomètres. Heureusement, la vue à partir du gite est exempte de ces plantations modernes.

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Demain, direction L’Isle-aux-Coudres et ses attraits poétiques, gastronomiques et historiques. Je vous tiens au courant, car je dois terminer ici la rédaction de cet article. Il me reste une chose à faire avant de plonger dans le lit qu’on me prête pour la nuit: carpe diem.

Les 7 jours d’une grippe d’homme

On dit souvent que les hommes ressentent la grippe différemment des femmes. Si aptes à endurer des douleurs physiques aiguës, ils semblent pourtant incapables d’affronter honorablement cette maladie qui, sommes toutes, reste dans la très grande majorité des cas relativement banale aux conséquences mineures et aux séquelles plutôt inexistantes.

Plusieurs personnes avancent des explications d’ordre psychologique. Il n’en demeure pas moins que ce comportement de la gent mâle semble répandu, pour ne pas dire généralisé. Il transcende les générations, les cultures et les époques. Aujourd’hui, je n’apporterai pas ma contribution personnelle à l’édifice théorique, mais puisque je termine actuellement une grippe… d’homme, ma mémoire est fraiche pour vous rapporter assez fidèlement mes impressions des sept derniers jours. Voici donc la petite histoire de ma grippe d’homme en sept phases, une pour chaque jour.

Jour 1 —J’ignore — Le déni

La gorge me pique, j’ai de légers étourdissements, je sens un bandeau m’enserrer la tête, je frissonne occasionnellement, mais ce n’est pas la grippe. Tout au plus une irritation de la gorge par un polluant quelconque, la grippe, c’est pour les autres. Je pars travailler comme à l’habitude ce serait idiot de rater une journée de travail pour une simple supposition certainement fausse. Plusieurs personnes au bureau s’absentent ces temps-ci pour soigner une grippe, mais je refuse catégoriquement de relier ces cas à mes symptômes. Et même si j’ai effectivement chopé un virus, je suis fort et en santé, ça va passer rapidement.

Jour 2 —Je suis capable — L’optimisme

Je me rends à l’évidence, c’est bien une grippe. Une toute petite grippe, une grippette de rien du tout. Ça va passer tout seul si je fais attention. Je poursuis mes activités normales, mais je m’abstiens de faire des folies. Je me couche un peu plus tôt pour m’aider à guérir. Ainsi, je n’aurai pas besoin de prendre des médicaments, surtout que la grippe, on en soigne seulement les symptômes, alors je vais les endurer le temps qu’ils passent. Les symptômes changent rapidement et pas pour le mieux, je vis probablement l’apex de la maladie, demain ça ira mieux et je dirai adieu aux papiers-mouchoirs.

Jour 3 —Je ne suis pas capable — Le réalisme

La vache, elle est en train d’avoir ma peau. Je ne parle plus de symptômes, mais d’abominations. Ça ne fait que quelques jours et déjà je pense à un combat perdu d’avance. Je ne saurais nommer une seule partie de mon corps exempt de douleurs. Mon nez se compare à la fontaine de Trévi et mon gosier à du fil barbelé. Ma tête a cessé de fonctionner au moment où la pression interne a fait sauter les valves à idées. Je dévalise la pharmacie du coin et en rapporte tout objet dont l’étiquette comporte le mot «grippe». En arrivant à la maison, je prends une dose de tous les produits pour ne pas avoir à choisir et risquer de rater le meilleur. L’appel du lit est ma nouvelle vocation. J’y plonge en espérant m’en extirper plus en forme dès demain matin.

Jour 4 —Je ne suis plus capable — L’abandon

Il n’y a plus aucun espoir. C’est fini. La grippe fera une autre victime. Je ne sors de mon lit que pour remplir ma gourde et vider ma vessie. La chambre est jonchée de papiers-mouchoirs, d’emballages de médicaments et de désespoirs. Bien drogué, mes courbatures sont heureusement moins pénibles, mais les éternuements et les quintes de toux demeurent ininterrompus. Je regarde ma vie et je la trouve moche, inutile, misérable. Je dors et au réveil je me rendors. Si on m’avait dit que l’humain vivait cela, j’aurais refusé de naitre. Je peux me battre contre n’importe quel adversaire de ma taille, et même plus grand, mais pas contre ces guerriers microscopiques tortionnaires dénués de la moindre pitié.

Jour 5 —Je vais mourir — La fatalité

Seule consolation, l’agonie sera de courte durée, mais entretemps je dois encore subir cette torture incessante. J’ai perdu tout appétit ainsi que mon humanité. Je ressemble à une loque, à un zombie, à un ver de terre. Parce que j’ai vidé la réserve, je dois recycler mes papiers-mouchoirs et ça ne me dérange même pas. Mes seules occupations conscientes sont de boire de l’eau et d’uriner, je mange également quelques chips. Tant qu’à mourir, j’exauce mes dernières volontés. Du côté de la gorge, il y a amélioration, mais je mouche mes poumons et mon cerveau. Décérébré, foutue façon de crever. Mon seul exercice intellectuel encore possible, je peux encore prévoir mes flatulences. Ça m’encourage à penser que ma fin approche.

Jour 6 —Je survis — Une lueur d’espoir

Y aurait-il une vie après la grippe? J’ai mieux dormi que les nuits précédentes, d’épuisement, très certainement, mais au réveil j’ai un peu perdu de ce misérabilisme caractéristique des derniers jours. Mes savates trainent moins lourdement sur le parquet. Mon dos a un peu perdu de son quasi modo. Mon nez coule encore, mais la grande inondation semble vouloir se tarir. Je redécouvre la signification du mot appétit et même le sens de dévorer. Mes cinq sens n’affichent plus leur pancarte «hors d’usage». Je présume toutefois avoir plus d’énergie que la réalité et je redécouvre mon lit assez tôt dans la journée. Malgré ce début de journée en pétard mouillé, une flamme semble s’être toutefois rallumée au plus profond de mon organisme. Il ne me reste qu’à la protéger et à la faire croitre.

Jour 7 — Je prends du mieux — Le retour graduel à la normale

Malgré un sentiment de faiblesse toujours présent, mais grandement atténué, je réussis à vaquer à mes occupations plutôt normalement. Bien sûr, je me déplace encore avec ma boite de papiers-mouchoirs et ma bouteille de sirop contre la toux dans les mains ou les poches, cependant les quintes deviennent de plus en plus espacées. J’ai l’idée d’aller m’acheter un t-shirt avec l’affirmation suivante imprimée dessus: «J’ai survécu à la grippe». Je me retiens, car cette intention me semble encore prématurée, une rechute est si vite arrivée! Alors je m’abstiens malgré le sentiment de fierté d’avoir échappé de justesse à la grande faucheuse. Ça semble exagéré et pourtant je ne donnais pas cher de ma peau lorsque j’étais au plus mal. Vivre avec un bras coupé me semblait moins catastrophique que d’endurer cet ennemi invisible encore plusieurs jours. La nature est bien faite, malgré tout. Ces bestioles nanométriques semblent connaitre notre niveau de tolérance maximal qu’ils atteignent sans toutefois l’outrepasser. Bien entendu, s’ils tuent leur hôte, du même coup ils se suicident, une stratégie perdante qu’ils tentent certainement d’éviter. Le soir du septième jour, j’obtiens une preuve concrète de mon rétablissement en cours, je me sers un glencairn de scotch que je parviens à déguster, le coup de grâce donné à l’ennemi, l’état de grâce pour le survivant.

Le moment présent

Scientifiquement parlant, le moment présent n’existe pas. La fluidité permanente du temps crée du passé qui n’existe plus à partir d’un temps futur qui n’existe pas encore. Le temps n’existe donc ni vers l’avant ni vers l’arrière, alors que les deux segments se touchent à un moment qu’on dit présent, une quantité si infinitésimalement courte qu’elle n’existe pas non plus.

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Dans notre vie régulière, le moment présent est la journée en cours. Demain est un autre jour, demain est un autre moment. Vingt-quatre heures constituent donc nos moments présents.

Vivre le moment présent est un concept si difficile à appréhender que la plupart d’entre nous n’ont aucune idée de la façon de faire. Pourtant, on croit tous en être capables, mais la réalité s’avère tout autre.

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Depuis notre tout jeune âge, on a été éduqué, formé, entrainé à penser à d’autres temps que le moment présent au point tel que celui-ci semble ne plus vouloir rien dire. Seul le futur compte et seules les pensées dirigées vers l’avenir retiennent notre attention.

Par la force des choses, j’ai été amené assez tôt dans ma vie d’adulte à penser différemment et pour moi, c’est le futur qui n’a pas de sens. Je me consacre donc au moment présent. Toutefois, pour les gens qui m’ont côtoyé, mon mode opératoire leur était inconnu, il devenait donc rapidement intolérable et ainsi inacceptable.

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Vous pensez vivre le moment présent, pourtant je pourrais probablement vous reprendre plusieurs fois par jour en vous donnant des preuves du contraire. Vivre le moment présent, ce n’est pas de se prélasser au spa ou de profiter d’un bon film. Vivre le moment présent va bien au-delà de ces douceurs qu’on s’offre occasionnellement.

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Je ne pense pas que ma façon de vivre soit meilleure qu’une autre, bien au contraire. Elle apporte son lot de difficultés et je ne vous les énumérerai pas ici. Mais de grâce, ne dites pas que vous vivez le moment présent si vous ignorez totalement ce que cela signifie dans la réalité.

C’est la même chose avec ceux qui se disent véganes, mais qui portent des souliers et des ceintures en cuir et des sous-vêtements en soie. Mais là, j’empiète sur un autre article de blogue.

Les dangers du nano

En 1668, Antoine van Leeuwenhoek observe des bactéries à l’aide d’un microscope. L’ère du micro… scopique en est à ses débuts et deux cents ans plus tard, Louis Pasteur démontre l’aspect pathogène de ces animalcules.

Nous avons depuis quelque temps entamé l’ère du nano, soit celle du un milliardième de mètre. Les puces de nos téléphones intelligents récents sont gravées à moins de 10 nanomètres de résolution. Des nanotubes de carbone sont usinés pour renforcer et alléger des matériaux. Des nanorobots transportent des produits pharmacologiques sur commande en se dispersant dans le sang. En 2016, on répertoriait de par le monde près de 2000 produits contenant des nanomatériaux et aujourd’hui, leur nombre a explosé.

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Il existe de réels dangers liés à l’utilisation de ces nouveaux produits. Leur taille nanométrique les rend très nocifs, car le corps n’oppose aucune barrière efficace à leur ingestion, à leur inhalation ou à leur absorption cutanée. Nous n’en sommes qu’au commencement de cette nouvelle ère technologique, mais il faudra prendre des moyens draconiens pour éviter de répandre ces produits dans la nature. Et devinez quoi? Nous n’en ferons rien. Nous attendrons les centaines, les milliers, voire les millions de victimes de ces matériaux pour enfin réagir et que l’on commence timidement à s’en préoccuper.

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L’histoire se répètera et une fois encore, nous jouerons aux idiots qui ignoraient tout de la toxicité de nos réalisations. L’humain n’apprend rien de ses erreurs puisqu’il les répète ad nauseam. Ce fait n’est pas le signe d’une espèce supérieure, c’est le signe d’une espèce dégénérée. Croyez-vous encore que l’humain finira par survivre à ses multiples conneries? Si oui, vous avez l’optimisme débordant ou vous faites de l’aveuglement volontaire. Pour ma part, ça fait un bail que je ne lui fais plus confiance. Je n’ai qu’à regarder les bulletins de nouvelles, ils me confirment quotidiennement que j’ai raison.

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