Redondance et écrasements d’avions

Je considère que le chiffre 5 correspond au niveau de redondance optimal d’un système dont une panne pourrait entrainer des conséquences fâcheuses, pourvu que la réparation des unités défaillantes puisse être effectuée. Dédions deux unités simultanément fonctionnelles pour se contre-vérifier, une troisième unité pour la redondance à chaud, une quatrième unité en maintenance ou en réparation et une cinquième unité qu’on laisse en stock. L’unité en réparation va rejoindre l’unité en stock lorsqu’elle est réparée ou ajustée.

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Évidemment, on peut étirer ce chiffre pour rajouter de la sécurité, mais de manière générale, ce type de quintuple système permet un niveau de fiabilité du système de 99,9999 %.

De fait, en cas de divergence importante entre les deux systèmes en fonction, le troisième vient trancher le litige en comparant sa lecture aux deux autres et en désactivant celui qui obtient la plus grande marge d’erreur. Cette unité s’en va se faire réparer tandis que l’une des unités en stock prend la place de l’unité de remplacement à chaud qui a permis de détecter laquelle des deux unités de base était défaillante. Et il reste toujours une unité en stock advenant le bris d’une autre unité.

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Même avec deux unités en réparation, il reste toujours l’unité de remplacement à chaud pour subvenir à une défaillance.

Et s’il n’en reste que 2, ils peuvent encore se contre-vérifier pourvu qu’un diagnostic puisse être effectué pour trouver quelle unité entre les deux aurait éventuellement un comportement anormal.

Et s’il ne reste qu’une seule unité, le système est encore opérationnel jusqu’à la panne de cette dernière.

En considérant que les unités peuvent être réparées, il est virtuellement impossible qu’elles flanchent toutes avant que l’une d’entre elles ne soit remise en fonction.

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Mais il existe des cas de figure où cette possibilité pourrait survenir, par exemple lors d’un sursaut gamma de forte amplitude ou simplement une éjection solaire très violente de particules alpha.

Certaines étoiles, certains trous noirs, étoiles à neutrons ou cœurs de galaxies peuvent émettre un rayonnement gamma de puissance extrême. Si ce rayon est dirigé vers nous, il peut griller n’importe quel appareil électronique alimenté ou non.

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On connait peu de ripostes pour contrer les bouffées d’énergie gamma très pénétrantes. Une cloison en plomb, un épais mur d’eau peuvent faire l’affaire, mais l’énorme poids de ces systèmes les disqualifie. On préfère alors se fier à la chance et rester vulnérable en espérant que rien de tel ne surviendra.

Les Boeing 737 MAX 8 qui se sont écrasés n’avaient pas de troisième capteur pour trancher un litige entre les deux situés au bout des ailes. On connait les conséquences désastreuses de ce design à rabais. Pire, les deux capteurs ne se contre-vérifient pas. Un seul capteur défectueux peut entrainer la chute de l’avion.

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Je me demande comment se sent aujourd’hui l’individu qui a pris la décision d’opter pour ce système alors que forcément d’autres ingénieurs devaient le supplier d’ajouter de la contre-vérification et de la redondance.

S’il a empoché son boni, sa conscience est peut-être sauve. N’a-t-il pas été récompensé pour avoir fait économiser de l’argent à la compagnie ? Une récompense, ça ne peut pas signifier une mauvaise chose !

Cher individu corrompu, tu peux dormir sur tes deux oreilles, mais de grâce, ne te réveille plus !

Une rivière et un havre

Une journée d’été magnifique, un peu trop chaude à mon goût, malgré un mercure indulgent. Le soleil bénéficie de l’air relativement pur pour mieux nous assommer. Ma casquette endure l’épreuve en silence, mais pleure tout de même quelques larmes de sueur.

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Vous voyez dans cet article des clichés que je viens de réaliser à deux pas de chez moi à Montréal. Le plan d’eau, c’est la rivière des Prairies, un bras du fleuve Saint-Laurent ceignant la rive nord de l’ile de Montréal. La largeur de la rivière à cette hauteur atteint environ un kilomètre.

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Le niveau de cette rivière et celui de son affluent demeurent très bas à cause de la chaleur et du manque de précipitations. Le débit du seul émissaire des Grands Lacs est régulé par une série de barrages contrôlant les niveaux des cinq immenses résidus d’eau douce de la dernière grande glaciation. La linéarité du fleuve exempt de méandres confirme sa jeunesse, mais aussi que son eau coule dans une faille géologique majeure, la faille Logan, séparant les Appalaches au sud du bouclier Précambrien au Nord.

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À cette hauteur, les rives sont gardées à leur état naturel et les oiseaux aquatiques viennent y nicher en grand nombre. Canards noirs, colverts, branchus, huards, pluviers, hérons et mouettes n’ont pas à se disputer le territoire beaucoup plus vaste que leurs besoins. Ça ne les empêche pas toutefois de participer à des petites sauteries en groupe où leur promiscuité contraste avec la vastitude des paysages. La grégarité se décline chez bien des espèces autres que l’humaine.

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Les bosquets environnants regorgent d’oiseaux discrets, parulines, sittelles, chardonnerets, mésanges et étourneaux, mais la chaleur les cloue sur place, les rendant invisibles puisque les prédateurs rôdent en permanence. Le parc se situe à une dizaine de mètres au-dessus du niveau d’eau actuel. Au printemps, la rivière en crue atteint sa bordure. Le boulevard Gouin tout près est parfois inondé. La différence des niveaux saisonniers est impressionnante, et ce malgré les barrages régulant les débits. Maintenant, c’est tout le contraire et la navigation de plaisance peine à éviter les hauts-fonds. Tant mieux, ça fait moins de moteurs pour la polluer.

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Le temps de rebrousser chemin est arrivé, confirmé par le niveau d’eau dans ma petite bouteille. Je dévisse mon trajet jusqu’à l’appart, heureux de la promenade, mais aussi d’une fraicheur retrouvée.

Je vois la vie comme à bord d’un voilier. Aussi plaisante que soit la navigation où le marin découvre des mers et des iles magnifiques, il n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il jette l’ancre dans une anse qui lui servira de havre.

Navigation et savoirs anciens

Dans la mer Méditerranée, à l’extrémité sud de la Sicile se trouve la toute petite ile des Courants. À marée basse, elle se transforme en presqu’ile. Un brise-lame partiellement détruit est encore bien visible. L’ile n’est située qu’à cent mètres de sa grande sœur, la Sicile.

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Il existe sur l’ile des Courants un phare autrefois tenu par un gardien qui y vivait avec sa famille. Aujourd’hui, ce poste est abandonné, tout comme l’ile qui n’accueille maintenant que des baigneurs et des surfeurs. Du fait de la faible profondeur de la mer dans les environs, l’eau en été surchauffe jusqu’à atteindre la température de l’eau d’un spa.

Son phare tombe en décrépitude comme pour la plupart des autres phares dans le monde. À l’ère du GPS, ces constructions autrefois essentielles sont devenues désuètes. Mais la désuétude est-elle une raison suffisante pour abandonner ces bâtiments qui ont tous eu un passé chargé et des heures glorieuses? Ou au contraire, devons-nous nous empresser de récupérer les terrains, détruire les constructions et rebâtir autre chose de plus contemporain, de plus utile?

Au Québec, nous avons 43 phares, principalement le long de la Voie maritime du Saint-Laurent, l’une des plus difficiles et dangereuses voies navigables au monde. Nous tentons de les maintenir en état – pas nécessairement opérationnels – par divers moyens, comme avec le tourisme et sa Route des phares.

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Pour la navigation maritime, les phares ont été aussi essentiels que les GPS de notre époque, mais ces temps semblent révolus. Pourtant je m’interroge. Jusqu’à quel point devons-nous être nostalgiques du passé? Reviendrons-nous un jour à la navigation traditionnelle? Si c’est le cas, il aura fallu qu’un bouleversement majeur vienne jeter aux orties notre civilisation technologique.

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Photo : micheljulien.com

Tous les savoirs antiques ont-ils encore un sens, mis à part la richesse d’une culture maritime? Je pense que la connaissance avait et aura toujours un sens. Bien sûr, autrefois la connaissance était un des biens les plus précieux. Ne devenait pas capitaine de vaisseau qui voulait, ou architecte, ou guérisseur. Les savoirs se payaient cher et prenaient une grande partie de sa vie pour être appris et maitrisés. Des guildes ou des maitres veillaient à nous enseigner ces savoirs en y greffant une partie ésotérique qui faisait partie intégrante de ces connaissances.

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Photo : Journalmetro.com

Est-il bien sage de confier l’avenir de la navigation à une seule source, en l’occurrence le GPS? Oui, il existe trois autres systèmes, le Glonass russe, le Beidou chinois et le Galileo européen, mais les quatre systèmes sont basés dans l’espace et susceptibles d’être endommagés par des rayons provenant d’éruptions solaires, d’une supernova proche, ou de rayons gamma émis pas des sources spatiales hyper puissantes. L’humain est lui aussi capable de perturber, endommager, voire détruire ces systèmes.

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D’autres systèmes d’aide à la navigation existent, comme le Loran, mais du fait de la position terrestre de leurs émetteurs, ils ne sont pas «globaux», c’est-à-dire qu’on ne peut pas connaitre notre position en tout temps et en tout lieu.

Après cela, il nous reste les cartes, les boussoles, les étoiles, les sextants, les lunettes, les compas et les horloges, si tant est que nous sachions les utiliser puisqu’ils font maintenant partie des savoirs anciens.

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